« Prologue » (Chara)

Je marchai sous un soleil de plomb, épuisée, en prenant garde à ne pas perdre de vue le pelage noir de Mirage, qui guidait notre troupe. Des pierres grises, rongés parle temps, nous entouraient. « Si vous lisez cette inscription, c'est que l'éclipse vous submergera de nouveau. » Cette inscription écrite avec du sang que nous avions trouvé plus tôt avait jeté sur la troupe une énergie néfaste. Nous étions silencieux. Aerys et Isha, les deux aristées au pelage immaculé bondissait agilement entre les pierres pour trouver d'autres indices. Quand aux héspérides et aux hestias, sous leur forme de jour, ils semblaient mois imposants et tout à coup vulnérables. Cette impression, je ne l'avais pas eu les journées précédentes, et pourtant elle ne me quittait plus. Aki, Yami, Gojira, Lune, Lotus, Soom, Sköl, Cendre, Solstice, Ombre et Vent venant du Nord étaient amaigri, et leurs yeux moins pétillants qu'au début du voyage. Quand aux meiden et aux méphitis, ils ne semblaient pas en meilleur état. Leur fierté les avaient quitté.

Je restai près d'Aki et Vent, mais ce fut Aerys et Isha qui prouvèrent que la situation était critique. Il régnait toujours un silence de mort et une ambiance triste, malgré la présence de quelques rosiers rouges comme le soleil couchant et de quelques fleurs violettes en étoile.

Ce fut le mâle à l'apparence de chat blanc qui se figea en premier. Perché sur un mur de pierre à moitié écroulé, il ne bougeait plus. Je m'approchais.

« Ne bouge pas, Fleur d'Oranger ! » tonna Mirage, le poil hérissé. Aki et Vent ne m'avaient pas suivi.

Un peu plus loin, Isha était en proie au même mal.

Soudain, les deux seuls aristées tombèrent des ruines lentement, comme si le temps s'était figé. Ils atterrirent au sol silencieusement, et n'émirent pas un bruit, pas même quand leur tête heurta violemment le sol.

Malgré les mises en garde de Mirage, j'accourais auprès de mes amis. Écroulé à quelques pas l'un de l'autre, ils n'étaient pas blessé, mais avaient la bouche entrouverte.

Je la contournais pour voir son visage. Elle avait sur la langue une petite rose rouge sang. Je tapotais l'oreille d'Isha de la patte. Elle ne réagit pas, mais son poil ne montrait aucun mauvais signe.

« Ils ne sont pas blessés ! criai-je à ma mère adoptive.

- Non, ils sont morts. »

Son corps était secoué de spasmes. Mirage tremblait de tous ses membres. Les larmes me montèrent aux yeux. Dans ce silence fatal, j'entendis Aki cracher. Elle crachait... des fleurs ? Des pétales violets voletaient dans tous les sens. Elle fut bientôt imitée par tous les autres hespérides et hestias, si bien que je n'entendais plus que la toux de mes amis, alors que ces millions de pétales me gâchaient la vue.

Entre les pierres, les meiden et mephitis étaient à terre, enseveli sous des fleurs qui continuaient à volé autour de moi. Le bruit de toux fut bientôt remplacé par des cris d'agonie. Je hurlai à mon tour, sans savoir pourquoi.

Au bout de quelques minutes, les pétales retombèrent, me laissant voir toute la clairière. Ils gisaient tous dans l'herbe, entre les pierres, sous les pétales de fleurs.

Il n'y avait plus un bruit. Plus rien pour venir troubler la douceur du silence des terres de l'Aube.

« Non... Non... »

Il fallait que je parte. Loin, très loin d'ici.

Je me mis à courir, plus vite que je ne l'avais jamais fait. Mes pattes me portaient entre les arbres, à travers les plaines et les marais.

Là-bas, enfin. La frontière.

Je fis un dernier pas pour le trouver hors des terres maudites qu'étaient celle de l'Aube. Et puis, ce fut le noir.

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