Amnésie

Parfois, le sport est le moyen que l'on a de se sentir vivant, de se sentir fort, bien dans sa peau, d'oublier un quotidien pas facile mais parfois quand on en fait trop, que l'on en demande trop à son corps, alors le sport peux s'avérer dangereux. Comment fait-on quand on enlève à quelqu'un sa raison de vivre ? Pire comment on fait quand c'est cette même raison de vivre qui nous empêche de vivre ?

Alexia, c'est réveillée dans une chambre d'hôpital sans aucun souvenir de rien. Elle ne se souvenait même pas de son nom avec que l'on lui rappelle. Elle panique, elle ne sait pas qui elle est, qui elle était, elle aimerait trouver ce qui bloque l'accès à ses souvenirs, mais son cerveau est juste une brume opaque. En face d'elle, une personne, qu'elle identifie comme une infirmière, lui parle, essaie de lui expliquer la situation. Mais la jeune fille n'écoute pas, elle a simplement compris que la femme ne sait pas qu'elle est amnésique. D'ailleurs, Alexia ne comprend pas comment elle peut se souvenir de ce genre de détail, la profession de la personne en face, ce qu'est l'amnésie, mais pas de sa vie. Elle coupe l'infirmière qui lui liste ses blessures.

« Je me souviens de rien, je ne sais pas qui je suis, ce que je fais là, ni qui est ma famille, rien de rien. Enfin si, je connais... Elle hésite sur les termes a employer, je connais la vie, je sais comment vivre, mais moi je suis qui, j'en ai aucune idée. »

L'infirmière avait perdu son sourire bienveillant avant même la fin de la phrase de sa patiente, elle bafouille quelques excuses et sort de la chambre précipitamment, laissant Alexia les bras ballants, enfin ce qui lui restait de bras.

Pour la première fois depuis son réveil, elle se retrouve seule et peut découvrir son corps ainsi que ses blessures. Alexia a un bras dans le plâtre et une attelle au poignet opposé, elle n'arrive pas à bouger ses jambes et n'ose pas soulever le drap, elle ressent la douleur que lui impose des bleus parsemés partout sur son corps, elle sent la peur monter. Comment a-t-elle pu se retrouver ici, dans cet état ? Elle ne comprend vraiment rien de ce qui se passe autour d'elle, sa tête bourdonne un peu.

L'infirmière rentre suivit d'un médecin qui affiche une mine inquiète.
« Bonjour Mademoiselle, comment vous vous sentez ?
-Mal, je suis perdue, pourquoi je suis ici ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Comment je suis arrivée ici ? Et...
-Doucement, on va répondre à toutes vos questions, vous dites ne vous souvenir de rien ? Pourtant, aux examens que nous avons effectués, il n'y avait aucun signe de traumatisme au niveau du cerveau. Il va falloir effectuer des examens complémentaires, mais avant, je crois qu'il y a des personnes qui sont impatients de vous revoir.
-Qui ?
-Votre famille bien sûr, cela faisait deux semaines que vous étiez plongé dans le coma, ils sont très inquiets, vous leur avez fait terriblement peur.
-Ils savent que je suis réveillée ?
-Non, pas encore, nous n'avons pas encore eu le temps de les prévenir, mais ça ne saurait tarder.
-Je ne me souviens pas d'eux, mieux vaut attendre que l'on comprenne ce qu'il se passe non ?
-Vous êtes encore mineure, malheureusement les décisions ne vous reviennent pas. »

L'infirmière l'informe qu'on viendra bientôt la chercher pour faire de nombreux examens pour comprendre la source de cette amnésie et trouver une solution et quitte une nouvelle fois la chambre sans répondre à aucune question de la jeune fille qui commence à perdre patience, qui s'agace.

Après un nombre incalculable d'examens, la jeune fille est enfin de retour dans sa chambre beaucoup trop blanche à son goût. Elle a toujours autant de questions en tête et presque aucune réponse. Elle craint aussi d'oublier le peu qu'elle sait, elle avait remarqué à son retour dans la chambre qu'il y avait un joli petit carnet et un stylo posé sur la table de chevet. Elle ne sait pas d'où il vient, mais un instinct la pousse à écrire tout ce qu'elle sait, c'est-à-dire pas grand-chose. Cet instinct, il ressemble à un vieux réflexe gardé d'une vie antérieure.

Alexia, c'est mis à espérer que ce carnet n'était pas aussi vide qu'il ne paraissait. Évidemment, elle a été déçue, il était aussi vide que sa mémoire, à elle de le compléter, peut-être qu'elle complétera avec sa mémoire.

Plus tard, quand la jeune blessée avait déjà noirci presque quatre pages de questions, doutes et idées sur sa vie, elle entendit quelqu'un toquer à la porte, un tout léger son, comme si la personne derrière la porte craignait de ne pas être à sa place. Depuis son lit, Alexia invita la personne à rentrer, doucement une tête apparu derrière la porte, la personne avait les mêmes cheveux qu'elle, elle pensa que c'était forcément quelqu'un de sa famille. Une femme, habillée très simplement, qui inspiré une grande confiance, c'était glissée dans la chambre. Alexia compara directement la personne à une fée, avant même qu'elle ne lui ait parlé. Elle avait aussi remarqué directement que la femme, qui n'avait pas plus de la quarantaine, cachée une profonde inquiétude.

« Bonjour, on nous a appris que tu ne te souvenais de rien, je suis...
-Ma mère, elle souffla la fin de phrase de la femme en face d'elle,
-Tu te souviens de moi ? Une lueur apparue dans ses yeux, l'adolescente l'interpréta comme une lueur d'espoir, mais n'en était pas sûre
-Non, je suis désolée, mais quand vous êtes rentrée, je ne sais pas comment dire, je l'ai su, par contre je n'arrive rien à débloquer d'autre...
-Tutoie-moi par pitié, je vois que tu as commencé à écrire, c'est tellement encourageant, tu remplis énormément de carnet, de cahier et ton téléphone de notes et de lettres.
-C'est un genre de réflexe que j'ai eu... J'arrive pas tout à expliquer.
-C'est que tes souvenirs ne sont pas totalement perdus enfin, je crois, ça veut dire que tu pourras les récupérer. D'ailleurs, pour t'aider, je t'ai ramené tes derniers carnets et ton téléphone, mais il faut que tu trouves le code d'abord. »

Tatiana, c'était le nom de sa mère, était restée quelques minutes pour lui raconter quelques bases de sa vie, mais elle n'a pas voulu rester trop longtemps pour que sa fille puisse se reposer au maximum. Sa fille, une fois partie, se dit qu'elle ne c'était pas totalement trompée sur la personne, elle portait un prénom de fée, elle était d'une douceur sans pareille et surtout elle a su la rassurer comme personne ne l'a fait auparavant dans cet hôpital.

Après avoir fait une petite sieste, qui l'a bien reposé, Alexia décide que c'est le moment de redécouvrir sa vie, d'apprendre qui elle est et ce qu'elle a vécu. Elle a peur, elle tremble quand sa main se tend pour attraper son carnet, enfin le sien, celui de la personne qu'elle était.

Elle en a l'intime conviction, elle l'a écrit d'ailleurs dans le nouveau carnet, que même si elle retrouve un jour ses souvenirs, sa vie d'avant, rien ne sera plus pareil, elle hésite. Et si le fait d'avoir tout oublié était un moyen envoyé par le destin pour qu'elle recommence une vie. En vérité, si Alexia n'était pas mineure, elle ne chercherait peut-être pas qui elle est, elle changerait de vie, claquerait tout. Ce n'est pas possible, ce n'est qu'une lycéenne, elle n'a pas encore le choix de sa vie, enfin pas totalement.

Malgré toutes ses craintes, elle ouvre délicatement le carnet, comme si c'était une relique précieuse. Elle lit attentivement toutes les pages, une à une, elle relit même certains passages qui lui semblent importants. Elle ne voit pas le temps passer, ne ressent pas la faim et par conséquent est surprise quand l'infirmière lui apporte le repas du soir. Elle engloutit rapidement la soupe immonde et la salade fade pour se replonger le plus rapidement possible dans son histoire.

Il est minuit quand elle ferme le carnet argenté, elle reprend sous souffle. Elle est complétement perdue, elle ne sait même pas si sa lecture l'a aidé. Elle est déphasée, totalement déphasée. Elle prend le verre d'eau qu'elle n'a pas pris le temps de boire avec son repas.

Elle ne sait si elle doit être déçue ou rassurée de ne pas se souvenir. Parce que oui, malheureusement sa lecture, bien qu'attentive, ne lui a servi à rien, à part quelques émotions des souvenirs, elle ne se rappelle rien.

Elle a lu ce carnet comme une histoire, une histoire qui lui a fait remonter à la surface de nombreuses émotions, mais aucun souvenir n'a accompagné ses sentiments. Elle avait aucune envie de rouvrir ce carnet, déjà l'histoire n'est pas très joyeuse, mais en plus elle est déçue, elle s'attendait vraiment à quelques choses.

Et puis si elle avait au moins son téléphone, elle pourrait effectuer des recherches sur l'amnésie, fouiller dans sa propre vie privée pour apprendre à se connaître, mais elle ne pouvait même pas faire ça. Dans ce carnet, elle n'a trouvé aucun indice, aucune date qui pouvait lui rappeler ses mots de passe. Enfin, en réalité, elle avait celui de sa carte sim, car sa mère se souvenait que c'était sa date d'anniversaire, c'est déjà une étape certes, mais ce n'est pas assez selon elle.

Elle sentait une déprime monter de plus en plus et prendre de plus en plus de place, Alexia n'avait aucune idée de comment gérer cette déprime, elle n'avait aucune solution, elle ne se souvenait de rien. Alors, oui elle avait de la chance d'être en vie, mais à quel prix est-elle restée en vie ? Et puis, elle n'arrivait pas à s'évader, partir loin grâce à quelques choses. L'écriture l'avait rapidement aidé, pourtant, ça n'a pas suffi.

Elle avait une intime conviction que la chose qui lui permettait de s'évader un peu avant, elle ne pourrait pas la refaire avant un long moment. C'était une boucle infernale, elle essayait de trouver du positif, mais son cerveau réfléchissant trop la ramener toujours à des conclusions plus que négatives.

Elle constata que ça faisait longtemps qu'aucun personnel de santé n'était venu la voir, elle se sentait abandonnée à son sort, comme si elle devait affronter son amnésie toute seule. Ce sentiment d'abandon était doublé d'un sentiment d'impuissance. Elle avait vraiment besoin de parler, mais à qui ? Elle ne voulait pas faire de mal à sa famille en leur montrant combien elle est détruite, elle ne peut parler à un médecin ou à une infirmière puisque personne ne vient dans sa chambre. Elle pourrait appeler quelqu'un avec le bouton d'urgence, mais elle n'ose pas, ce n'est pas un problème urgent.

Alors elle rumine seule, si seulement sa mère pouvait lui ramener un autre carnet, si seulement quelqu'un connaissait son mot de passe de téléphone. Elle aimerait être utile, utile pour retrouver ses souvenirs, sa mémoire, mais elle ne trouve pas le moyen. Elle n'a pas les clés qui lui permettraient de récupérer ses souvenirs, elle suppose que c'est quelqu'un de spécialisé dans la psychologie qui a les clés. En vérité, elle n'en a strictement aucune idée, mais elle a espoir que quelqu'un puisse l'aider.

Comme si on l'avait entendu, la porte de sa chambre s'ouvre après quelques légers coups tapés dessus. Une toute petite tête brune rentre. La très jeune fille avance en hésitant, elle n'est pas sûre d'avoir le droit d'être ici.

« -Bon'our ! 'suis ta 'tite sœur, Mama dit que tu te 'appelle de rien et me veux t'aider. 'peux monter sur le lit pour un câlin ?

-Viens, tu peux monter, je suis désolée, je ne me rappelle rien, comment tu t'appelles ?

-M'appelle Laura, 'ai 4 ans !

-Cool, par hasard, tu ne connaîtrais pas le code de mon téléphone, la jeune fille était gênée de demander cela à sa sœur, très jeune qui plus est, mais elle sentait le besoin de découvrir sa vie, elle ne pouvait pas rester une inconnue à ses propres yeux.

-'est pour ça que 'suis là. Je jouais beaucoup sur ton téléphone, avec toi.

-Tu es très intelligente pour être venue ici pour me déverrouiller mon téléphone, merci beaucoup Laura.
La petite sœur d'Alexia attrape le téléphone posé sur la table de nuit et se hisse seule sur le lit d'hôpital. En faisant bien attention de ne pas toucher sa grande sœur, elle vient se blottir contre elle.

-Tu m'as beaucoup 'anquer, peux prendre une photo ?

-Bien sûr, tu la prends ? »

Laura était restée deux heures au moins ainsi, blottie contre sa sœur, elle voulait inconsciemment lui transmettre de son amour. C'est Tatiana, leur mère qui les a trouvées ainsi, les deux c'étaient endormies, elle en a évidemment profiter pour faire une photo avant de délicatement retirer Laura du lit de sa première fille. Mais à la seconde où Laura ne se trouvait plus dans le lit, Alexia c'est réveillée.

Alexia n'a pas dormi de la nuit, elle a fouillé son téléphone très attentivement, comme un enquêteur avec des indices, elle a tout regardé, jusqu'aux moindres paramètres. Encore une nouvelle désillusion, aucun souvenir ne lui est revenu.

Après le passage l'infirmière, elle est encore en plein doute, elle a vu à quoi ressemblait sa vie avant son accident, elle a vu ce qu'elle était pendant son accident et ce que les personnes ont fait, elle ne sait pas ce qu'il se passera après, mais elle n'est pas sûre de le vouloir.

Sa vie, clairement, n'a rien de glamour, en dehors de sa passion, l'escalade, elle est même nulle sa vie.Alexia a plus d'un ennemi ou plutôt des personnes qui lui veulent du mal, elle n'est pas sûre de vouloir à nouveau leur faire face. Elle ne sait pas si elle veut retrouver ses souvenirs, elle pourrait avec sa famille se reconstruire une vie de a à z.

Elle voudrait demander conseil, mais elle connaît la phrase de Jean-Paul Sartre « S'il veut vous demander conseil, c'est qu'il a déjà choisi la réponse ». Elle sait que sa vie, il faut le dire, est merdique, mais elle connaît aussi l'importance des liens familiaux, elle l'a bien compris avec l'après-midi passé avec sa famille.

Au fond d'elle, elle ne veut pas encore se l'avouer par peur des conséquences que ça va avoir sur sa vie, mais elle a déjà fait son choix. Elle veut connaître le bonheur avec sa famille, elle veut se souvenir des moments avec sa famille, c'est le plus important, si elle est bien entourée, elle se sent capable de tout affronter.

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