Bonus - Mélodie interdite
ATTENTION : Ceci est un bonus pour ma nouvelle "Mélodie Interdite" écrite dans le cadre du concours de la Plume Encrée. Il vaut donc mieux d'abord l'avoir lue. (Je la mets ici parce que le changement d'ambiance est trop flagrant)
Thème : Croisée de monde
Livre choisi : Tara Duncan (La Direction ne prend aucune responsabilité en cas de spoil)
Infos utiles sur « Tara Duncan » par Sophie Audouin-Mamikonian (en gras le plus important pour le texte) (non nécessaire aux initiés):
Tara Duncan a été élevée sur Terre comme une adolescente ordinaire par sa grand-mère et ignore tout de la magie. Elle découvre ses pouvoirs avec Fabrice et Betty, ses amis d'enfance. Elle vient donc sur AutreMonde, la planète où vivent de nombreux sortceliers (celui-qui-sait-lier-les-sorts) et de races inconnues. Elle se rend compte par la suite qu'elle possède une puissance potentielle formidable (avec une tendance à semer le chaos sur son passage à la moindre contrariété) et qu'elle est l'héritière du plus puissant empire humain d'AutreMonde, l'Empire d'Omois (dont le palais est énorme et recouvert de beaucoup trop d'or pour la santé des yeux).
(Cela fait également d'elle la cible privilégiée de, entre autres, Magister, un sortcelier utilisant la magie démoniaque, cherchant à s'emparer des objets démoniaques, les plus puissants et dangereux objets magiques de cet univers (peu important pour le texte, mais complémentaire))
Elle va se faire des amis sortceliers : Robin M'angil, le demi-elfe, fils du chef des services secrets du Lancovit, Gloria Daavil, dite Moineau, princesse du Lancovit et descendante de la Bête, Caliban Dal Salan, futur Voleur Patenté, dit Cal, Fabrice de Besois-Giron, fils du gardien de la Porte de Transfert terrestre de Tagon, et Fafnir Forgeafeux, la naine guerrière et l'équivalent d'une princesse chez les siens
Info supp :
Les krakdents ressemblent à une peluche rose mais sont extrêmement dangereux, car leur bouche extensible peut quintupler de volume et leur permet d'avaler à peu près n'importe quoi. Beaucoup de touristes sur AutreMonde ont terminé leur vie en prononçant la phrase : « Regarde comme il est mign... »
Le Château vivant du Lancovit est une entité facétieuse qui a le pouvoir de manipuler tout le château en question (passage, illusions (dont il est particulièrement friand) et autres fonctions)
Note : Le style est une sorte de remix du mien dans Mélodie Interdite et de celui de Tara Duncan qui se caractérise par un sacré humour.
P.S : Dans ses aventures, Tara a été amenée à atterrir sur une gigantesque bouse de traduc avec son tapis volant.
P.P.S Le développement Jill-Killian a déjà été fait, ils sont dans la phase dans laquelle ils s'entendent bien. Le début est une sorte de rechute psychologique dû au souvenir de la musique.
Un voyage inattendu, ou comment puer labouse de traduc
La musique s'infiltrait dans son corps, battait le tempo de son sang, envahissait son cerveau sans qu'il ne puisse y résister. Sa vision se brouilla, le décor autour de lui s'effondra en un seul trou noir. Le mince rayon de lumière du lampadaire provenant de l'interstice se dilata d'abord avant de s'effacer en un éclair foudroyant. Killian sentit ses pieds décoller du parquet, puis le monde vira au néant.
Un amer regret filtra de la panique ascendante ; tel était donc le prix de la tentation. La mélodie interdite, dernier repaire pour ses sens, résonna dans l'infini qui s'étalait devant lui avant de faiblir, elle-aussi. Il s'y accrocha comme on s'agrippe à l'ultime bouée de sauvetage, déploya des efforts de concentration pour revenir dans sa demeure, dans son lit ferme, près de cette fichue fenêtre qu'il devrait fermer dès que possible avant que la maudite mélopée ne contamine le reste de la maisonnée. En vain. Sa conscience dérailla du droit chemin et tomba dans l'abîme qu'il avait lui-même creusée.
***
Une forte odeur de... d'excrément chatouilla ses narines. La fange puante qui s'infiltrait dans ses chaussures et qui, lentement, le submergeait, le réveilla complètement. Étourdi, Killian battit des jambes et des bras, ce qui ne fit qu'accélérer sa lente descente dans la masse brunâtre. La puanteur le rendait malade.
— Grand... Grand-frère... Qu'est-ce que tu as fait ?
Le jeune homme se retourna vivement – enfin, dans la mesure du possible – vers la voix d'une personne qui n'aurait pas dû être là. Le cauchemar virait en catastrophe. Jill, sa petite Jill aux cheveux toujours impeccablement ordonnés, aux manières parfaites, glapissait de dégoût en s'extrayant d'une manière bien plus habile que lui de l'immense tas de fumier. Une peur primaire et viscérale transparaissait néanmoins de ses prunelles sombres quand elle se tourna vers lui, désemparée.
— Où est-ce qu'on est ? Est-ce qu'on... est devenu fous ? Je n'aurais jamais dû rester près de ta chambre ! reprit-elle avec une once de panique de plus en plus perceptible avant de prendre un ton docte qui sembla la calmer. Arrête de te débattre, tu vas juste t'enfoncer plus vite, laisse-toi faire, puis glisse-toi jusqu'à moi... Sans opposer trop de résistance à la matière !
Killian suivit les conseils de la gamine sans réfléchir ; le génie ici, c'était toujours elle, pas lui, même si la confiance habituelle de la gamine s'effritait au contact de cet environnement étranger. Quand enfin le plancher des vaches se fit sentir sous ses pieds, il s'élança vers sa sœur pour l'enlacer. La gamine se laissa d'abord faire, impassible, même si ses épaules se rigidifiaient face au toucher peu familier.
— Tu n'es pas folle, chuchota Killian. Ne t'inquiète pas, on va sortir de là. Tu sens ma chaleur ? Elle a l'air réelle, non ?
— Je crois que l'odeur suffit à me convaincre, répliqua-t-elle en se dégageant avec douceur de l'étreinte, un sourire caché derrière ses joues rebondies. Mais... quel est cet endroit ?
Ils se redressèrent tous les deux pour observer les alentours. Des kilomètres de champs s'étendaient jusqu'une forêt qui semblait border une ville... étincelante. La morne grisaille elle-même s'embrasait derrière un palais monumental dont les parois d'or refileraient une conjonctivite à tous ceux qui la contemplerait trop longtemps.
Un coup d'adrénaline fila dans leur veine lorsqu'ils remarquèrent que la folie luxueuse éclipsait le coucher du soleil derrière de lointaines montagnes.
— Il faut trouver un abri, Grand-frère ! s'écria Jill. La campagne grouille de Débauchés qui travaillent de nuit... Ils sont sous contrat, mais ils n'auront aucune pitié s'ils nous découvraient !
Killian jeta un coup d'œil en biais à sa petite sœur. Ainsi, certains Débauchés travaillaient pour eux... Combiens d'autres secrets le gouvernement dissimulait-il à la population ? Sa suspicion s'accrut lorsqu'une sorte de peluche rose apparut dans son champ de vision.
— C'est ça, un Débauché ? demanda-t-il, troublé.
Jill secoua la tête en fronçant les sourcils. Elle s'approcha de la créature velue aux grands yeux aguicheurs avec précaution.
— Je n'ai jamais entendu parler d'une telle espèce, mais il ne doit pas être dangereux, regarde comme il est mign...
Un souffle d'air caressa sa chevelure sombre. La gueule de la boule de poil se décrocha alors et une mâchoire deux fois plus grande que la gamine et bien pourvue de dents apparut, prête à la gober. Jill, la main encore tendue, écarquilla les yeux de terreur. Les membres de Killian devinrent aussi lourds que du plomb.
Alors que la gueule acérée plongeait vers la petite, un rayon doré faucha le monstre qui se ratatina comme un ballon dégonflé. Jill se laissa tomber sur les genoux, encore sous le choc. Son frère tituba vers elle, embrassa sa tête en sanglotant. Une voix ironique les sortit de leur état apathique.
— Eh beh, je croyais qu'il n'y avait que Tara pour trouver l'idée merveilleuse d'atterrir sur une bouse de traduc géante !
Le jeune homme aux yeux gris acérés et à la silhouette fine et petite qui semblait sortir de nulle part se tortilla en constatant le manque de réaction de ses interlocuteurs.
— Un petit « merci monsieur Caliban Dal'Salan le meilleur Voleur Patenté de l'Histoire – mais vous pouvez m'appeler Cal – pour nous avoir sauvé » ? Non ?
Les deux drôles de zigotos le fixèrent avec de gros yeux sans répondre. Cal haussa des épaules, mal à l'aise. Ils possédaient probablement un QI d'huître pour laisser un krakdent s'approcher aussi proche d'eux.
— Jill, la musique peut se matérialiser sous un rayon d'énergie ou quoi ? chuchota ce qui devait être son frère.
La fille secoua la tête, puis se tourna vers le Voleur Patenté avec la tentative nette de reprendre en main la situation. Ses lèvres tremblotaient.
— Vous êtes... un Débauché ? Ne vous approchez pas, nous avons les accréditations nécessaires pour vous surveiller, vous serez punis s'il nous arrivait quoique ce soit !
Cal se vexa.
— Un Voleur Patenté, j'ai dit. Je sers la Reine du Lancovit. Et même si j'aime bien boire un coup, je ne fais pas autant la fête que Robin.
Le demi-elfe, fort de ses centaines d'années d'expérience, profitait bien plus des centaines de casinos qui constellaient Omois que lui. Une vague de mélancolie le traversa. Oh, comme ses amis lui manquaient. Depuis que Tara était retournée pour suivre sa formation d'Héritière, Robin, son petit ami, sur ses talons et que Moineau et Fabrice étaient partis sur Terre pour aider Isabella, il se sentait bien seul. Même Fafnir la naine était partie en lune de miel avec le fameux Sylver Claquétoile.
— Lanco... quoi ? articula difficilement le jeune homme recouvert de défécation dont la mâchoire crispée trahissait son angoisse.
Une lumière s'alluma dans l'esprit dans Cal qui agita la main d'un signe apaisant, sans trop s'approcher du duo puant.
— Je crois que j'ai compris, ne vous en faites pas, je vais régler ça.
D'un geste élégant, il sortit une boule de cristal de sa poche et clama en un souffle :
— Tara'tylanhnem T'al Barmi Ab Santa Ab Maru T'al Duncan.
La surface de la pierre s'embua et le visage ennuyé d'une jeune fille blonde à la mèche blanche typique s'afficha. Sa figure s'illumina lorsqu'elle aperçut son ami Voleur.
— Cal, tu tombes à pic, sors-moi de là, je vais péter un câble.
Le jeune homme grimaça. Personne ne voulait que Tara explose, personne. Surtout pas ceux qui se trouvaient à moins de cinq tatrolls autour d'elle. Et vu la foule qu'il devinait en arrière-plan, elle devait se trouver en une réunion particulièrement ennuyante. Mauvais.
Il lui indiqua alors qu'il avait un problème avec des nonsos qui avaient jaillis de nulle part, comme par magie. Tara soupira d'abord qu'elle en avait marre d'AutreMonde, puis lui fit remarquer que la magie était une explication très rationnelle pour l'apparition de ces deux étrangers.
— Eh, note que j'essaie d'utiliser des expressions terriennes !
***
Alors que le jeune homme à la petite stature parlait avec véhémence devant... une pierre plutôt bizarre, Killian tenta de s'éclipser. Si l'être devant lui ne faisait pas partie des Débauchés, il était selon toute vraisemblance devenu fou sous l'influence de la musique.
Jill tremblait lorsque son frère s'empara de sa main pour l'emmener dans le sous-bois le plus proche. Alors qu'ils n'avaient que franchi quelques mètres, une jeune fille se matérialisa soudainement aux côtés du fou. Or, Killian, persuadé d'avoir été contaminé par la sorcellerie, l'ignora, convaincu que son esprit lui jouait encore des tours. Une seule chose importait : la sécurité de sa sœur.
— Par l'Immobilitus, que sans résister tu m'écoutes, pour qu'aucun effort cela me coûte, scanda Cal, avant de grimacer envers la blonde qui levait les yeux au ciel. Oui, c'est bon, je sais, je fais plus élégant d'habitude... Mais je n'ai pas d'inspiration.
Alors que la dénommée Tara rigolait, le jeune Eveillé tomba la face la première contre le champ graisseux, paralysé. Des larmes s'extirpèrent de ses cils. Tout compte fait, leur gouvernement avait juste tenté de les protéger contre la sorcellerie des Débauchés qui dépassait les limites du rationnel. Cal s'approcha alors de lui et lui tapa gentiment dans le dos.
— Tu sais où on est, mon grand ?
— Un cauchemar ? Ah, j'ai mal à la tête...
Killian ponctua sa phrase par une gerbe de vomissure qui s'étala à un cheveu près des chaussures noires du Voleur. Celui-ci glapit et sauta en arrière.
— Bon, tu viens de Terre, c'est ça ? demanda Tara, un léger sourire sur les lèvres. Par l'Immaculus, que la tache d'efface et ne laisse aucune trace !
Le peu ragoûtant liquide disparut. Jill gémit et se cramponna à son frère qui balbutia :
— Ou... oui...
— Quelle ville ?
— Brighton.
La jeune blonde murmura quelque chose à la pierre de cristal qu'elle venait de sortir de la poche. L'image d'un assemblement de métal cubique apparut. Situé près de ce qui ressemblait à un désert réduit et au bord d'une surface d'eau en mouvement, des gens en sortaient à pas précipités, comme s'ils étaient tous en retard.
— C'est ça, hein ?
Jill secoua la tête, au bord de la crise de nerf. Killian sentit les entraves invisibles qui l'immobilisaient se délier. Il en profita pour couvrir la gamine d'un bras protecteur avant de trouver un chemin dans son fil de pensée tortueux pour énoncer qu'il n'avait jamais vu l'endroit en question.
— Hm, c'est bien ce que je pensais, murmura la jolie blonde. Vos vêtements ne sont pas de la dernière mode. On dirait qu'il y a eu une faille spatio-temporelle. Ne vous inquiétez pas, je vais trouver une solution.
L'air déterminé de la fille possédait un effet calmant sur Killian qui se sentit partir loin du chaos émotionnel avec l'espoir de se réveiller dans son lit. Pour fermer cette fichue fenêtre.
***
Tara était déjà venue s'excuser un millier de fois pour l'attente : en train de jongler avec ses devoirs d'Héritière et des ennemis avec une tendance nette à vouloir la kidnapper pour diverses raisons, elle ne trouvait pas le temps pour chercher une solution au problème de Killian et Jill.
Alors qu'au début, l'idée de rester bloquer sur AutreMonde – ceux qui avait nommé la planète ne possédait vraisemblablement pas une once d'imagination – l'avait troublé au point de passer des nuits blanches, il s'acclimatait lentement à ce monde fou dont les possibilités ne se limitaient pas aux inscrutables mathématiques.
Personne ne l'empêchait de flâner toute la journée dans la gigantesque bibliothèque du Château Vivant dans lequel il logeait temporairement et, comble de bonheur, toutes les informations lues s'inscrivaient sans difficulté dans son cerveau. Cette forme de magie lui permit de mieux connaître sa nation d'accueil que sa patrie natale en moins de quelques semaines.
Il s'était même habitué à subir les frasques du Château Vivant, dont le plus grand plaisir était d'ouvrir le sol sous le pied de ses occupants pour les effrayer, et surtout... à écouter de la musique.
Les sons au début étrangers et terrifiants apportaient à présent une étrange consolation mâtinée de regret. Alexa lui manquait. Se dire qu'elle n'existait pas dans sa spirale temporelle entraînait une vague de tristesse qui le menait à se réfugier dans la bibliothèque pendant de longues heures, les yeux accrochés dans le vide.
Jill, cependant, accusait le coup. La moindre mélodie provoquait une crise de panique. Sa phobie, au lieu de s'améliorer, s'accroissait de jour en jour. Conditionnée depuis le plus jeune âge à parfaitement entrer dans les critères de la société Eveillée, la gamine n'arrivait pas à s'adapter et ne sortait pas de sa chambre. Seul son frère pouvait encore l'approcher. Mais même ce contact devenait de plus en plus étranger. À chaque passage, elle ne cessait de répéter qu'il fallait se réveiller, que la réalité n'était pas loin. À portée de doigt. Une tristesse infinie envahissait Killian quand les doigts fins de la gamine brassaient l'air dans l'espoir de défaire un rideau d'illusion. Ses visites s'espacèrent.
Un jour de Saltan, alors que la pluie battait les grandes fenêtres, une licorne rose, forme que le Château aimait prendre pour contacter ses habitants, réveilla Killian alors qu'il prenait sa sieste habituelle dans un des confortables poufs de la bibliothèque. Le visage de Jill s'afficha sur le mur, entouré d'un cadre rouge palpitant. Une décharge d'adrénaline secoua son corps. Le jeune homme sauta sur les pieds, un mauvais pressentiment niché dans sa tête. Le livre qui lui servait de masque de sommeil tomba sur le plancher. Un passage s'ouvrit alors devant lui et il s'y engagea, préoccupé. Qu'était-il donc arrivé à sa sœur ?
Le couloir menait directement devant la chambre de la gamine. La porte glissa. Le cœur de Killian rata un battement. Un bourdonnement sourd emplit ses oreilles, engourdissant toute autre sensation.
Jill se tenait au milieu de la pièce, par terre, un couteau de cuisine à la main, des zébrures sur les avant-bras. Elle se retourna vers son frère. Des poches sombres pendaient de ses yeux opaques. Son visage hagard trahissait la fatigue et le désespoir. La folie.
Le tapis bleu en laine se noyait dans le sang.
Titre typique de Tara Duncan
Équivalent de kilomètres
Non-sorcelier (moldu, quoi)
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