Chapitre 18
Ça fait maintenant deux mois que je suis au repère. Deux mois que je n'ai pas vu la lumière du soleil. Deux mois à devoir passer mes journées entières avec les mêmes personnes. Deux mois où rien ou presque n'a changé. En deux mois, une horrible routine s'est installée. La seule chose plus pesante que cette routine, c'est l'absence de Jonas. Ce garçon que je n'ai pas eu le temps de beaucoup connaître. Ce garçon dont l'absence se fait douloureusement ressentir. Harry et Julie sont de plus en plus inquiets. Je crois que ce sont les personnes les plus proches de Jonas, et sa disparition les affecte tout particulièrement. Julie a tenté pendant un temps de cacher sa douleur, mais elle a fini par abandonner. Quand à Harry, le peu que je l'ai vu, j'ai remarqué son front plissé par l'inquiétude et les cernes noires sous ses yeux. Et son regard, un regard tourmenté et absent. Il m'évite depuis quelques temps, pour une raison qui m'échappe. J'ai bien tenté de lui en toucher deux mots, mais dès qu'il me voit il s'enfuit, trouve toute sortes d'excuses pour éviter de me parler. Il a même demandé à Julie de m'entraîner, pour ne pas être obligé de me parler.
Pendant ce temps, Lucie ne cesse ses tentatives de rapprochement. Même Benjamin a essayé quelques fois, mais ça n'a pas duré. J'ai cependant plus de mal à me débarrasser de sa femme. La première fois, quand elle est venue dans ma chambre, sa culpabilité m'a fait me poser des questions. Puis j'ai fini par laisser tomber. Je me suis rendue compte que ça ne servait à rien de me torturer l'esprit pour ça. Ce fameux soir, en ouvrant ma porte, j'étais prête à en découdre avec la personne, quelle qu'elle soit, qui était là. J'ai à peine fait attention à Julie en la renvoyant. Elle venait voir comment j'allais, ayant été alertée par mes cris. Je lui ai à peine laissé le temps de finir sa phrase, j'ai refermé la porte en lui accordant à peine un regard. Cette nuit là j'ai très peu dormi. Je m'en suis voulu d'avoir renvoyé Julie comme ça, alors je me suis excusée dès le petit déjeuner. Je me rappelle de son sourire quand elle m'a dit que ce n'était pas grave. Je me rappelle aussi surtout son regard, un regard où se reflétait sa douleur intérieure. Ce n'était pas ma faute, mais le fait est qu'elle était bien là. Et elle n'a cessé de croître avec le temps.
Après un énième entraînement sans Harry, nous partons manger avec Julie. Le déjeuner est morose, comme toujours ou presque depuis quelques semaines. Julie a fini par devenir ma seule confidente, elle est devenue une vraie amie, et on discute beaucoup toutes les deux. Je sens à nouveau sa douleur, intense. Je décide enfin de l'interroger sur Jonas.
- Dis moi Julie... Les recherches avancent?
Elle secoue la tête tristement. J'attends, mais elle n'ajoute rien. Je continue donc.
- Dis moi... Jonas et toi...?
Elle consent à relever la tête et me fixe d'un air éberlué. Elle ne comprends pas. Je lui précise:
- Et bien, toi et Jonas, vous... Enfin tu vois...
Je crois qu'elle voit parfaitement. J'aperçois la compréhension dans son regard, et son rire ne tarde pas. Je rougis.
- C'est une question comme une autre...
Ma tentative de justification ne fait que redoubler son hilarité. Elle est pliée en deux, se tenant le ventre. Elle tape malencontreusement la table, mais elle n'y fait pas attention. Elle rigole tellement fort que tous les regards sont tournés vers nous. Je rougis de plus belle et tente de la calmer.
- Julie bordel, calme toi tout le monde nous regarde...
Elle essuie des larmes aux coins de ses yeux et tente de reprendre un minimum son sérieux.
- Écoute, jamais je ne sortirais avec Jonas. Pour deux raison.
Je la regarde, attendant des détails. Et quand elle me répond, je comprends son hilarité.
- Pour commencer, Jonas est gay.
- Oh!
Je ne m'attendais pas à cette réponse. Vu que je ne sais pas quoi dire, je lui demande:
- Et la deuxième raison?
Je la vois retenir un nouveau rire.
- Ensuite, il se trouve que Jonas est mon frère jumeau.
Je reste un instant ébahie. Je comprends mieux son fou rire. Je ne peux d'ailleurs pas me retenir de rire à mon tour devant l'absurdité de la situation. Ce qui, évidemment, relance l'hilarité de Julie, ce qui devient contagieux, et nous finissons pliées en deux à la table. Nous venons de recouvrer un minimum de sérieux quand Brandon arrive.
- Salut les filles! Qu'est-ce qui est si drôle?
Nous nous lançons un regard avant d'éclater de rire à nouveau. Nous tentons d'expliquer la situation à Brandon, mais nos phrases sont incompréhensibles et il finit par abandonner. Nous finissons notre repas dans une plutôt bonne ambiance, avant de chacun partir vaquer à nos occupations.
Comme à mon habitude, je me dirige vers la salle commune. Je suis dans mes pensées, songeant à ce que je viens d'apprendre. Le souvenir de notre hilarité me fait sourire. En y réfléchissant bien, je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas le remarquer avant. Il faut dire qu'ils se ressemblent assez. Leurs cheveux sont de la même nuance de brun, leurs traits du visages sont assez similaires. De ce que je me souviens, leurs sourires se ressemblent beaucoup, ils ont le même nez, et des yeux quasiment identiques, la seule différence étant la couleur. Mais au niveau de la forme, de ce qu'ils dégagent... J'aurais vraiment dû m'en apercevoir. Et pourtant, je n'ai rien vu.
J'étais tellement prise dans mes réflexions que je n'ai pas fait attention à où j'allais, et au détour d'un couloir je percute violemment quelqu'un. Je m'excuse et regarde la personne que je viens de percuter. Je me retrouve face au visage tourmenté de Harry. Il me fait un pâle sourire.
- Ça risque de devenir une habitude...
Je ne réagis pas, de toute façon il n'y fait pas attention, je vois qu'il cherche un moyen de se dérober. Alors qu'il va pour me contourner et continuer sa route, je lui barre le chemin. Il me regarde, et je vois la supplication dans ses yeux. Je ne cède cependant pas.
- Il faut qu'on parle. Pourquoi tu m'évite ces derniers temps? Qu'est-ce qu'il se passe?
Il danse d'un pied sur l'autre, hésitant à me répondre. Je sonde ses émotions. Il est inquiet, triste et... Il est mal à l'aise. Harry est mal à l'aise. Je rirais presque si la situation n'était pas celle-ci. Harry se décide enfin à me répondre.
- Je... Tu comprends c'est la folie, les recherches, tout ça...
Je ne me laisse pas avoir.
- C'est pour ça que tu m'évite? Tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour ne pas être avec moi parce que c'est la folie? Dis moi la vérité Harry. Tu m'ignore depuis que je suis malencontreusement entrée dans la salle de contrôle. Et maintenant je veux des réponses.
Je vois la panique dans ses yeux. Une panique assez déplacée en raison de la simplicité de ma question.
- Des réponses sur quoi Chloé?
Je soupire, exaspérée.
- Sur le temps qu'il fait tiens! Des réponses sur la raison pour laquelle tu m'évite et refuse de me parler. Et puis sur ce repère. Et aussi sur Jonas pourquoi pas. Personne ne me dis rien, je ne suis au courant de rien. Et j'en ai marre des cachotteries.
Harry pique un fard, et je sais qu'il va me fournir des réponses. Sûrement pas toutes, mais une partie. Il soupire, se passe une main sur le visage et me fais signe de le suivre, ce que je fais. Il m'entraîne dans le dédale de couloirs vers une porte que je reconnais vaguement. Quand il l'ouvre et allume la lumière, je reconnais immédiatement les lieux.
La chambre de Harry.
Il me fait entrer et referme la porte derrière nous. Je promène mon regard dans la pièce, tout en sondant mon souvenir. La seule fois où je suis venue, la pièce était assez ordonnée, la seule chose vraiment en désordre étant son lit. La chambre n'a pas vraiment changé dans l'ensemble. Cependant, en comparaison de la dernière fois, on peut dire qu'un certain désordre règne. Des papiers et des stylos sont éparpillés sur le bureau, un des tiroirs de la commode est ouvert, laissant déborder plusieurs vêtement, et le lit donne carrément l'impression d'un champ de bataille. Harry me fait signe de m'asseoir sur le lit, ce que je fais, et il prend la chaise du bureau pour la placer face à moi et s'asseoir dessus. C'est une simple chaise de cuisine qu'il a dû récupérer je ne sais où, mais cela lui convient visiblement. Il se penche en avant, les coudes sur les genoux, pour me regarder dans les yeux.
- Chloé, avant que je ne puisse t'expliquer, je te demande de me pardonner. Tu vas vite comprendre pourquoi. Et s'il te plait, ne t'énerve pas.
J'allais le lui promettre pour qu'il se dépêche de poursuivre, mais il m'arrête d'une main levée.
- Ne me promets rien. Tu risquerais de ne pas tenir ta promesse. Je voulais seulement te faire comprendre qu'il y a de grandes chances que tu t'énerve.
Je hoche la tête et attends la suite. Harry prend une grande inspiration, pour se donner du courage je suppose. Mais qu'a-t-il à me dire pour avoir besoin d'autant de courage?
- Bon. Écoute. Ça ne va pas te plaire. Pas du tout même. Mais il faut que tu comprenne que je n'avais pas le choix, qu'on devait te le cacher, parce que je sais que une fois que je t'aurais tout dit, tu voudra tenter le diable. Donc si je t'ai ignorée tout ce temps, c'est pour une raison simple. Il fallait que je te le cache, et je ne m'en sentais pas capable, pas en t'ayant chaque jour en face de moi. Je ne pouvais pas te mentir par omission, surtout pour ça. Je savais que dès que tu l'apprendrais, tu m'en voudrais. Je sais que tu vas m'en vouloir de te l'avoir caché. Mais c'était nécessaire.
Les griffes de la peur s'emparent de ma gorge, la nouent.
- Harry... De quoi tu parles? Qu'est-ce que tu me cache?
Il ferme les yeux et détourne la tête. Je sens que ce qu'il va me dire ne va pas me plaire. Je ne veux pas l'entendre. Mais je veux des réponses. Et je vais enfin en avoir une. Harry prends mes mains dans les siennes et les fixe.
- Nous avons cherché Jonas comme on le pouvait sans sortir du repère. Les Traqueurs ont continué à roder pendant un moment. Quand ils sont partis, il y avait un message. Grace est allé le chercher.
Il lâche une de mes mains et fouille dans sa poche. Il me montre un bandana noir, que je me rappelle avoir souvent vu sur Jonas.
- Ils ont laissé ça, avec une enveloppe. Dans l'enveloppe se trouvait une lettre... Et ça.
Harry me montre un collier, que je ne connais que trop bien. Par réflexe, je porte la main à mon cou, où se trouve le mien. Le pendentif représente un coeur d'argent, avec nos initiales au centre. Un A et un C entrelacés. Angie me l'avait offert pour mon anniversaire. Par la suite, j'ai demandé à un bijoutier de le reproduire, pour l'offrir à mon tour à Angie. Pour qu'on ai les mêmes. Ces colliers ne nous ont pas quitté depuis presque deux ans. L'une comme l'autre, nous ne nous en séparons jamais. Elle n'a pas pu l'enlever. Théorie qui est appuyée par la chaîne du collier, que je vois endommagée. Elle a dû être cassée puis réparée par un amateur. Hypothèse que Harry me confirme.
- Je... Quand on l'a sortie, la chaîne était en très mauvais état... J'ai réussi à la réparer, mais ce n'est pas parfait...
Je suis incapable de réagir. Je vois ce qu'il me montre, je comprends ce qu'il essaie de me dire, mais je ne peux pas réagir. Je me sens vide, sans aucune émotion. Harry me supplie de réagir, de dire quelque chose. Mais j'en suis incapable pour le moment. Il s'explique donc.
- Chloé... On avait peur de ta réaction, mais ne pense pas qu'on est restés inactifs, au contraire, on a cherché, encore et encore, mais ça ne donne pas grand chose... Ils se sont contentés de nous signifier qu'ils les détenaient, sans nous dire rien d'autre, ils n'ont même pas tenté d'échange, rien...
Je me lève brusquement. Quand je répond, c'est d'un ton incroyablement froid, trop froid, et j'ai l'impression que ce n'est pas ma voix, qu'elle appartient à quelqu'un d'autre.
- Tu es entrain de me dire qu'ils détiennent ma meilleure amie... Pourquoi? Depuis quand?
Je lui fait peur, je le vois. Mon absence de réaction lui fait peur.
- Je... On a reçu ça il y a environ un mois... Mais avant ça, le jour où tu es venue dans la salle de contrôle, les caméra avaient filmé Angie, elle était à environ deux kilomètres d'ici, elle campait avec des amis je crois... Ils ne sont pas resté, ils n'ont même pas planté leurs tentes, ils n'ont fait que passer, ils sont partis dans une clairière bien plus loin. On ne pouvait plus les voir. Et quelques temps après, on a trouvé le bandana et l'enveloppe. Je... J'avais peur que tu ai vu les images, et je ne voulais pas que tu me questionne, alors j'ai réagi, plutôt excessivement, je sais.
Je réfléchis, fouille mes souvenirs. Il me semblait avoir entrevu une image. Seulement je me suis persuadée que j'avais rêvé, après tout je n'ai pu que l'apercevoir avant qu'elle ne change. Mais j'avais bien vu. Je n'ai pas rêvé. Ma gorge se serre et les larmes me montent rapidement aux yeux. Je m'efforce de les repousser. Je suis rapidement envahie par la colère. Je me relève lentement.
- Tu veux dire que ça fait un mois que tu sais que ma meilleure amie est prisonnière des Traqueurs, que tu as préféré me le cacher et m'éviter, par peur de ma réaction? Tu veux dire que je suis restée les bras croisés dans ces maudits souterrains, alors que j'aurais pu tenter de me rendre utile, participer aux recherches? C'est ça?!
Harry est mal à l'aise, il s'agite, n'ose pas me regarder dans les yeux.
- Eh bien, en gros, oui. Mais comprends moi, j'avais peur que tu réagisse excessivement, et puis tu n'as pas encore développé tout ton potentiel, tu as encore du travail, et...
- Et quoi? Hein, dis moi, quoi? Depuis que je suis ici, je suis restée en dehors de tout. Tout! Ça fait deux mois que je ne fais rien, rien excepté m'entraîner. J'aimerais agir moi aussi, me rendre utile. J'en ai assez de rester à l'écart!
Harry me fixe pendant une interminable minute. Puis il soupire.
- Chloé, il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit. Quand je te disais que tu n'a pas développé ton potentiel, j'étais sérieux. Ça ne se limite pas à ton pouvoir d'empathie. Je sens que tu as un autre pouvoir, qui ne s'est toujours pas manifesté. Je te le dis tout de suite, je ne connais pas sa nature, je n'ai aucune idée de ce en quoi il consiste. Mais je sais qu'il est présent, qu'il attend. Mais tu n'es pas encore prête à le laisser s'exprimer.
Je plisse les yeux.
- Et tu me dis ça maintenant parce que...?
- Parce que c'est pour cette raison que l'on t'a gardée à l'écart. S'il venait à se déclarer à un moment inopportun, tu risquerais de faire des dégâts, surtout qu'on ne connaît pas la nature de ton don. Et par conséquent, on a préféré que tu te concentre sur ton entrainement.
Je perds patience.
- Et puis c'est qui ce on? Hein? C'est qui?
Je perçois son hésitation. Légère, mais elle reste présente.
- Moi, Julie, Brandon... D'autres que tu ne connais pas ou peu. Toutes les personnes importantes ici.
Je lâche un ricanement. Je ne sais vraiment rien de cet endroit. Ils m'ont tout caché, son emplacement, son fonctionnement, tout. Et ça continue. Tout le monde ment ici. J'en ai assez des mensonges. Je contourne Harry et me dirige vers la porte.
- Chloé? Qu'est-ce que tu fais?
- Je m'en vais! J'en ai assez entendu!
Je ne lui laisse pas le temps de répondre, je suis déjà sortie et j'ai claqué la porte derrière moi. J'avance vite, et j'ai juste le temps d'entendre la porte s'ouvrir avant de tourner à l'angle du couloir. Je me mets à courir. Je l'entends m'appeler, mais je suis déjà loin.
Je reste plusieurs heures à déambuler dans les couloirs et à réfléchir. J'ai complètement perdu la notion du temps. Je ne sais même plus où je suis.
Je marche toujours, plongée dans mes pensées, quand quelqu'un apparaît devant moi. Littéralement. Je hurle sous la surprise. Je n'ai pas le temps de réagir qu'elle m'attrape par la main. Je ressens un vide dans mon ventre et ma tête tourne. Une seconde plus tard je me retrouve les fesses sur un des tapis de la salle de gym et la nausée s'empare de moi. Grace me regarde avec un sourire suffisant aux lèvres avant de disparaître. Je tente de me relever mais suis prise de vertiges. Je sens des mains me retenir et m'empêcher de tomber. Je tourne la tête et me retrouve face à face avec Brandon. Nos visages sont seulement à quelques centimètres l'un de l'autre. Je me détourne, malheureusement trop tard pour ne pas voir son sourire moqueur. Je me détache de lui, même si mes jambes sont faibles. Je me retourne pour lui faire face. Je tente de parler, mais la nausée m'envahit à nouveau. Brandon le remarque et me fait asseoir contre un des murs, la tête entre les genoux. Une bouteille d'eau entre dans mon champ de vision et je la prends. Je fais une nouvelle tentative de parole, sans succès. Il s'assoit à côté de moi.
- Le premier voyage est toujours le plus dur. Surtout quand on ne s'y attend pas.
Il lâche un léger rire et je tourne la tête pour le regarder. Il a une jambe tendue et l'autre repliée, le coude en appui sur son genou. Il a un sourire aux lèvres. Je me racle la gorge.
- Tu veux dire que toi aussi tu as déjà...?
- Oui. Je sais que c'est désagréable. Mais on s'y habitue à la longue.
- Tu fais souvent ça?
Il hoche la tête.
- Ça m'est arrivé à quelques reprises. Bois. Tu en as besoin. Et puis, ta voix me fais pitié je dois dire.
Je lève les yeux au ciel et prends une gorgée d'eau. Il a raison, j'étais déshydratée.
- Je ne crois pas être en état de m'entraîner.
Il lâche un léger rire.
- Ne t'inquiète pas. Ça va passer d'ici peu de temps. Et là, je pourrais te mettre une raclée.
Un rire m'échappe.
- Tu sais que j'ai fait des progrès, c'est moi qui avait te mettre une raclée.
- On y croit.
Un ange passe. Aucun de nous n'essaie de prendre la parole. Mon cerveau carbure. Les larmes menacent de refaire surface.
- Tu étais au courant... je chuchote.
Il ferme les yeux. Je n'ai pas besoin de lui apporter des précisions, il comprend.
- Chloé... Crois moi, ça été difficile de te le cacher. On comptait t'en parler, mais ce n'était pas le bon moment. Nous avions tous peur de ta réaction. Nous allions t'en parler dès qu'on aurait du nouveau. Mais la situation n'a pas beaucoup évolué.
- Et tu étais d'accord avec ça?
Il pousse un profond soupir.
- Je dois l'avouer. Au début, je n'étais pas convaincu. Mais au final... On était d'accord pour dire que c'était pour ton bien.
Je me relève. Il fait de même, restant prêt à me rattraper au cas où. Je le repousse aussi violemment que je le peux. Il bouge à peine. Je me mets à frapper son torse de mes poings.
- Pour mon bien?! C'est ça qui t'as convaincu? Parce que c'était pour mon bien?
Il se laisse faire, ne trouvant rien à redire. Je m'acharne autant que mes forces me le permettent. Il me laisse m'énerver contre lui sans opposer de résistance. Au bout d'un moment j'abandonne et me laisse aller contre le mur. Brandon me prend par l'épaule et m'attire contre lui. Je ne me rends compte que je pleure seulement lorsque je remarque que son t-shirt est taché de mes larmes. Je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage. Il me caresse les cheveux et me murmure des paroles réconfortantes. Je me laisse aller un moment comme ça dans ses bras, puis je me calme peu à peu. Lorsque je me sens prête, je me détache enfin de lui. Brandon me tend un mouchoir, et je le remercie d'un sourire. Je m'essuie les yeux et le regarde.
- Je... Ça peut rester entre nous, qu'est-ce que tu en dis?
Il rit.
- Bien sûr. Dès que je t'aurais donné une bonne raclée.
Je souris et termine de me remettre de mes émotions.
L'entraînement peut commencer.
Mes larmes m'ont déjà épuisée. Ce qui n'empêche pas Brandon de me pousser à bout. Ce n'est pas parce que j'ai pleuré dans ses bras il y a peu qu'il me ménage. Bien au contraire.
Comme d'habitude, nous nous battons sans suivre aucune règle sauf celle de gagner. Il me crie des directives, me force à utiliser mon pouvoir. Il doit m'attaquer depuis une bonne heure quand je prends enfin le dessus. Il se retrouve au sol, et j'ai un genoux sur sa poitrine. Je n'ai pas le temps de me rendre compte de mon succès tant il est court. Les lumières vacillent avant de s'éteindre. Quand elles se rallument, je suis sur le dos, incapable de bouger, face à face avec Brandon. Ses yeux aigue-marine me scrutent. Je vois l'idée germer dans son esprit. Il m'envoie une image. Une image qui me met hors de moi. Dans mon esprit apparaît Angie, ligotée et en sang, hurlant sa douleur. Je rue et tente de me dégager.
- C'est comme ça que tu compte l'aider?! Tu dois t'améliorer! Tu ne l'aideras pas comme ça!
Je hurle et rue encore et encore. Je perds le contrôle et Brandon se retrouve à l'autre bout de la salle. Je fonce sur lui et le roue de coups. Je ne me rends même plus compte de ce que je fais. Je sens des bras m'entourer et me soulever de terre. Je me débat comme une folle, mais la personne ne cède pas. Je griffe, mors, crie mais rien n'y fait.
- LÂCHE MOI! Brandon je vais te tuer! Ne reparles plus jamais de Angie! Si jamais tu refais ça...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Une aiguille me transperce la peau. Après, le noir.
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