Ce texte a participé à un défi... tous les mots en gras devaient apparaître.

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— Sortez votre pierre d'énergie, glissez-la au centre de votre intimité, fermez les yeux et rappelez-vous votre dernière soirée des astres. Les 7 lunes parfaitement alignées, lorsque vous êtes passés de votre état d'enfant au stade d'adolescent. La nuit prochaine, un nouveau rituel vous accompagnera jusqu'à votre transformation en adulte. Vous avez acquis de l'expérience, certains sont devenus téméraires, d'autres fantasques, il est temps à présent de retrouver une certaine sagesse avant de passer au stade de parents et de pouvoir vous occuper d'un cocon.

Je ferme les yeux et me remémore ce que Gramy me racontait lorsque nous tressions les longs fils de soie pour en faire de magnifiques tenues.

Notre peuple est issu des perles d'étoiles filantes. La nuit des 7 lunes, le spectacle des lueurs encombrant le ciel est si beau que je n'ai jamais rien vu d'aussi magnifique et tout le monde se réjouit de la prochaine cérémonie pour redécouvrir l'éclat des arceaux se mêlant les uns aux autres, passant du violet à l'indigo, puis au bleu, vert, jaune tel l'or du puits des rêves et se terminant par l'orange et le rouge de la lune la plus éloignée. Une fois la perle tombée dans le champ des naissances, le pétale qui nous reçoit se charge de nous protéger développant une fine membrane transparente autour de nous. Les reflets entre le cocon et les lueurs changeantes des lunes nous font scintiller jusqu'à ce qu'un adulte nous recueille pour que lui-même devienne parent et nous bébé.

Le nid que notre parent nous prépare détermine quel genre d'enfant nous serons. Il y a les lits d'épines pour nous rendre endurants et courageux pour faire de nous des combattants, un lit d'écailles pour nous permettre d'acquérir l'agilité des rampants et faire grandir notre queue, un lit d'eau pour développer nos poumons et devenir poissons, ou comme moi, un lit de plumes pour voler et connaître le savoir des fées.

Depuis mes ailes ont poussé et ma tenue préparée avec Gramy est aujourd'hui trop petite. Mais pour la nuit prochaine, ce que je dois revêtir n'est composé que d'une toge pour couvrir mon intimité.

Mes yeux toujours fermés, je respecte le protocole, me centrant sur moi-même et mes émotions, mais je sens que derrière moi, cela chahute. J'aimerais me retourner pour demander le silence à mes camarades, mais je me ferais attraper. Leur provocation n'a qu'un seul but : réduire notre confiance, que notre enseignant nous punisse et que l'accès à la cérémonie nous soit interdit. Cela arrive chaque fois, des élèves perturbant la classe et qui se retrouvent exclu du rite de passage et ce n'est vraiment pas mon envie. Mon parent a mérité un peu de repos. Je suis la dernière fée qu'il forme. Son âge plus qu'avancé le rend aussi indulgent qu'intransigeant et j'ai eu ce privilège que d'être la dernière à profiter de son enseignement. Il me l'a confié ce matin même me faisant promettre de n'en toucher mot à personne. Un parent à la fin de son cycle a le choix de demander un nouveau cocon ou de rejoindre les aînés et les sages de notre société. Le mien a choisi d'élever plus de vingt bébés au cours de sa vie de parent et aujourd'hui il est las d'enseigner. Il m'a garanti que rien n'était de ma faute, que j'avais été une élève exemplaire et une enfant pleine d'amour.

Je sens un pincement sur la plume de mon aile gauche puis des ricanements, et le geste reprend. Je m'agace, perdant le fil de mes pensées. Un craquement, puis un cri surprennent toute la classe. J'ouvre les yeux et je découvre Lyr couché derrière moi, ou plutôt roulé en boule. Il devait faire l'imbécile en haut de l'arbre et une branche aura cédé. L'enseignant s'approche et demande ce qui s'est passé.

— Lia a déplié ses ailes et m'a fait tomber.

J'écarquille les yeux, observe la scène, puis mon dos et mes ailes parfaitement en place.

— C'est un mensonge, Monsieur.

Sans un mot, notre professeur dessine un cercle qui m'entoure et ainsi me fait prisonnière de sa magie. Il précise que la sentence sera connue à la fin du cours.

Je me mets à trembler. Me punir ? Mais, je n'ai rien fait. Et si l'enseignant ne me croit pas ? Mes ailes sont agiles et se déploient facilement tout comme elles retrouvent leur place en moins d'un clignement de cil. Mon parent serait déçu si je ne participais pas à la cérémonie. Et je serais tellement malheureuse de manquer cet évènement. Et tout ça pour quoi ? Par jalousie ? Parce que je ne me mêle jamais à leur jeu de guerre et de lutte ? J'aime la poésie, les fleurs et les sorts de gentillesse. Mon parent m'a enseigné toute sorte de magie, tout en me mettant en garde contre les effets néfastes de certaines formules, surtout que mon rôle n'est pas celui de rendre justice, mais bien d'accompagner les sages dans leurs actions.

J'observe mes camarades, et tous m'ont déjà jugé. Lyr est l'élève le plus admiré. Sa bravoure et sa force en font un combattant craint de tous. Je n'aurai aucun soutien de leur part. Pas plus que de sa plus proche amie, Lassia, la plus jolie des fées, mais la plus turbulente aussi. Je crois qu'elle aurait aimé être guerrière, mais son parent en avait décidé autrement.

La classe se termine, mais avant que les élèves ne quittent l'espace de la forêt destiné à nous faire cours, l'enseignant s'approche de moi et me demande :

— Pour obtenir ta libération, il me faut la vérité. Ta parole est précieuse Lia, mais elle ne suffira pas à convaincre le jury. Connais-tu un sort ?

Oui, celui de la langue de vérité. Je saisis la mèche de mes cheveux, la fais tourner autour de ma main, lorsque Lyr admet sa tromperie. Ouf !

L'enseignant défait le sort me tenant prisonnière et s'éloigne avec Lyr pour prononcer sa sentence.