O.S N°14: Louis et son faux colocataire (2/2)




Je ne vais pas chez "une amie". Je retourne chez moi, à Doncaster. Je pars me cacher chez ma mère. Comme explication, je leur dis qu'Harry et moi arrêtons notre collocation. Elle n'est pas dupe, mais elle se contente de me rassurer, me consoler, sans prononcer les mots "petit-ami", "couple", "séparation", ou "rupture".

Il m'a laissé partir, et je ressens le besoin de tout changer, tout plaquer: Harry, mais aussi mon job.

Liam apprend rapidement que je suis de retour. La nouvelle arrive assez tôt à ses oreilles. En bon ami d'enfance qu'il est resté, il laisse de coté le fait que je l'ai abandonné, laissé tomber, en le fuyant lui et mes sentiments. Il me réconforte. Il renoue notre amitié dormante depuis que j'ai fui pour le fuir lui, il y a 5 ans. Il est toujours hétéro, et il redevient simplement mon ami car je ne ressens plus ce que j'éprouvais alors pour lui. Après avoir pleuré sur son épaule toute la semaine, il devient le seul "officiellement " au courant de la véritable nature de ma relation avec Harry.

Ce Lundi, je retourne à Londres, à l'appart, pour récupérer quelques affaires. Ca devenait urgent, j'étais parti sans rien. Je survis fagoté avec les affaires de mon père ou Liam sur le dos. Et ils sont plus grands que moi.

Quand j'entre, je vois Harry. Il est assis sur le fauteuil. Il est seul.

- Je croyais que tu ne reviendrais jamais pour récupérer tes affaires. Il dit calmement. Mais le ton est amer. Je balade un rapide coup d'oeil autour de la pièce: C'est un vrai capharnaüm. Sa bonne à tout faire, moi, n'est plus là!

- Justement, je commence à en avoir sérieusement besoin. Je le laisse dans le salon, et je vais ramasser tout ce que je peux. J'ai amené 5 gros sacs vides, et je suis content que la moitié de mes affaires soit déjà dans des boites en plastique, que je ressors au gré des saisons. Je fais d'incessants d'aller-retour de ma voiture à l'appartement. Parfois, je déverse le contenu des sacs en vrac dans mon coffre, et je remonte en récupérer d'autres, sans plier, sans ranger.

Harry reste dans le salon, à zapper les chaines de la télévision. Je ne sais pas s'il espère que je craque et renonce à partir, ou s'il est soulagé que je me barre pour de bon. Si je m'en vais, j'emporte avec moi la part de lui qu'il aime le moins: Son homosexualité. Je suis peiné de savoir parfaitement que sans moi il se remettra avec une fille. Il restera toute sa vie au placard. Mais ça, ça devient son problème. Il possède toutes les clefs pour être heureux, et lui seul s'en empêche.

- Ce sont les dernier sacs, j'annonce.

- Parfait. Il répond d'un murmure, sans m'accorder un regard.

- Je reviendrai le 12 pour récupérer la machine à laver le linge, la télévision, et le second lit. Ils m'appartiennent.

- Parfait. J'attends. Je patiente devant la porte d'entrée. Ca me rappelle cette fois, quand on était étudiant, quand il m'avait suivi jusqu'à mon studio. C'était avant qu'on soit ensemble. Je lui avais laissé le temps de se décider à m'aborder, me parler. Il ne l'avait pas fait. Et cette fois non plus. J'attends un mot, un geste, un regard, un pardon, une promesse. Je suis prêt à remonter tout ce que j'ai mis en vrac dans mon coffre. Je suis prêt à tout avec lui, pour lui. Il n'a qu'à me tendre la main, changer un statut de merde sur Facebook. Mais il reste tourné vers la télévision.

Au bout de 5 minutes, je me résigne à m'en aller.

Voilà... Cinq ans de relation qui partent à la poubelle avec juste deux "Parfait". Pas d'excuses, pas de discours, pas d'au revoir. Rien. Je pense qu'avec tout ce qu'on a été amoureux, fusionnel, tout ce qu'il m'a fait endurer avec ses cachoteries, durant toutes ces années, je méritais mieux que deux "Parfait". Je méritais un "désolé", un "merci", un "je t'ai vraiment aimé", un "je suis nul, c'est de ma faute à moi si on se sépare". Mais j'ai eu deux "Parfait!". Je pleure tout le long du trajet jusqu'à chez mes parents.


Le 12 arrive enfin. Je vais pouvoir récupérer mes dernières "attaches" chez Harry, dans mon ancien "chez moi". J'en suis presque soulagé. Après ça, j'espère arrêter d'y penser nuit et jour. Liam a loué un petit camion, et il m'accompagne. Je ne sais pas si Harry sera présent, et je sais encore moins s'il daignera m'aider à transporter le lourd mobilier. Heureusement j'ai Liam. Un ami dans la détresse, jamais ne te délaisse.


J'ouvre la serrure. J'ai l'espoir qu'Harry ait déserté les lieux pour m'éviter. Mais non.

Alors que Liam me presse pour entrer à l'intérieur, je fixe la veste de fille sur la chaise du salon. Il suit mon regard et comprend. Il me murmure de rester digne et fort, en posant une main réconfortante sur mon épaule.

- Ah! C'est toi...vous...s'écrie Harry, en caleçon, débouchant de notre/sa chambre. Il connait Liam en photo, il connait notre histoire.

- C'est qui? Résonne une voix féminine. Elle débouche en sous vêtements. Je reconnais la pouffe du pub, celle sur ses genoux, celle du baiser, celle de Facebook.

Je ne suis pas discret. La forme que prend ma bouche exprime la surprise, le choc, la déception, la peine.

- Liam, enchanté! Dit mon meilleur ami retrouvé, afin de couper le malaise pesant. Je fixe Harry avec rage, les larmes aux yeux, il semble satisfait. Je ne savais pas qu'il était fourbe à ce point. Si j'avais su quelle merde il était, jamais je n'aurais accepté ce café avec lui cinq ans plus tôt. On commence par la machine à laver?

- Euh, oui, je réponds à Liam. Et on s'affaire à la récupérer.


- Calme toi, sois fort, m'encourage gentiment Liam, alors qu'on cale la machine dans le camion.

- Je ne sais pas si je suis plus en colère, ou déçu. Je marmonne entre mes dents.

On remonte, même si je suis tenté de laisser et abandonner tout le reste, juste pour ne pas revoir la sale gueule d'Harry et de sa pouffe.

- Le grand écran? Me demande Liam. Dans le salon, "elle" se boit un café. Je pense à la machine à café. Je la débranche et la récupère.

- Elle est à moi! Je dis, en regardant Harry, sur son canapé, avec son portable.

- Peut être, il répond, sans lever la tête. Prends là, je m'en fous.

- Le micro onde aussi. Je dis, en regardant Liam.

- Prends la machine à café, je porte le micro ondes. La télévision au prochain voyage, soupire mon ami.

Et on fait deux aller/retour supplémentaires.

Quand je remonte pour en finir avec le lit, Drake est dans le salon, avec eux.

- La boucle est bouclée, je murmure à Liam. Voilà le salaud.

- Louis! S'écrie Drake, en se relevant. Je suis désolé. Je ne pensais pas que ça vous mènerez là. Ne vous séparez pas comme ça à cause de mes conneries. Je voulais juste vous griller. J'ai l'espoir deux secondes qu'Harry se soit confié, qu'il ait révélé notre couple à quelqu'un. Et si ce quelqu'un est Drake, ce serait le summum.

- Mais de quoi il parle? Demande la fille.

- Je ne sais pas, se renfrogne Harry, faux.

- Oh, Harry, arrête! Avec les gars, on le sait bien que vous êtes en couple. On est pas stupide. On tente de vous griller, vu que vous ne le dites pas. Mais là, c'est trop. Ce n'est plus un jeu, c'est de vous qu'il s'agit. On voulait te griller pour vous sortir du placard, pas casser votre couple.

- N'importe quoi, insiste Harry. On était uniquement colocataire. Une main tendue. Il a eu une main tendue et il ne l'a pas saisi. Jamais il ne sortira de son placard.

- Tu viens m'aider? S'écrie Liam, depuis la chambre avec le lit à récupérer. Je le rejoins. Je vois qu'il est très énervé. Moi je suis accablé, mais lui, alors qu'il prône d'habitude le calme et la sérénité, il est à deux doigts d'exploser.

Alors que je l'aide avec transporter le matelas, on passe devant les trois. Drake semble plus affligé par le rupture que mon ex lui-même. Je regrette de l'avoir mal jugé.

- C'est pratique de te récupérer maintenant, finalement, dit Liam, haut et fort. Tu es livré avec tous les accessoires. Il rit faussement. Cinq ans pour que j'accepte mon homosexualité, et que tu me reviennes, mais ça valait le coup d'attendre. En tout cas, merci de m'être revenu Louis. Merci Harry, aussi! Il conclut. Je soupire. Je devine à quoi il joue. Mais Harry ne sait pas jouer. Il ne sait que rendre les coups qu'on lui donne.

- Prends le lot. Je te le laisse. Tout a déjà servi, il crache en réponse. Drake lève les yeux au ciel, exaspéré, et moi je ris. C'est incontrôlable. Même Harry se retourne, ne comprenant pas que je puisse rire ainsi face à sa méchanceté gratuite.

- Barrons nous Liam. J'ai assez perdu de temps ici, et Zayn nous attend. Zayn, à ce nom il réagit. Je sais que j'ai fait mouche. Autant le discours bidon de Liam n'était pas crédible, mais Zayn, ça c'est crédible. Zayn est pressé de m'essayer sur ce matelas. Liam, tu sais que ce sont dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures? Avance qu'on dégage.

Et c'est sur ces mots que j'ai quitté Harry. Nous ne sommes pas remontés les saluer pour la forme, avant de partir. A quoi bon? Pour quoi faire?


5 ans que je vis seul.

J'ai eu plusieurs hommes dans ma vie: Pour une semaine, un mois, un an. Mais aucun n'a jamais emménagé avec moi. Après Harry, je suis parti sur Liverpool. Je suis devenu designer internet. J'étudie les sites en ligne, et je propose des relooking pour les rendre plus attractifs. Je gagne assez bien ma vie, donc plus de collocation non plus.

Mais il faut avouer, que tout con qu'il a été lors de notre rupture, dans ses paroles vexantes, dans ses agissements, dans son attitudes avec ses potes, Harry était merveilleux. Il était mon homme, mon soleil, mon aimant, mon prince charmant. On était fusionnel quand on était tous les deux, et je n'ai jamais retrouvé ça avec quelqu'un d'autre. Mais je ne regrette pas d'être parti. Je n'aurais pas pu continuer à vivre dans le déni.

Quand je repense à son corps de Dieu, son odeur sucrée, sa peau si douce, ses bras musclés dans lesquels je me sentais en sécurité, aimé comme jamais, je n'arrive pas à ne plus y penser.

Quand je repense à tous ces matins où il me préparait le petit déjeuner, tous ces week-end romantiques où il me faisait la surprise de m'amener, tous ses mots doux, l'amour que je pouvais lire dans ses yeux, je souffre comme aux premiers jours de notre séparation.

Harry me manque tout le temps. Je n'ai plus de nouvelles de lui depuis que Liam et moi sommes sortis de chez lui avec mon matelas. Parfois, je regrette de ne pas être remonté pour être certain qu'il était sûr de ce qu'il faisait .... et pour gifler sa pouffe. Mais c'est le passé , et c'est celui qu'Harry a choisi.

A l'heure qu'il est, il doit sûrement s'être rangé "socialement" avec une fille. C'est méchant, mais j'espère qu'il n'est pas heureux avec elle. Ou du moins, moins qu'avec moi. Car ensemble, on l'a beaucoup été, heureux.


Je me prélasse sur le bain de soleil au bord de la piscine à débordement de Marc. Marc s'est mon meilleur ami. Il m'a engagé pour rénover le site de son agence immobilière, quand je suis arrivé à Liverpool, et on est devenu ami. Sa femme m'adore, et elle me ship avec tous les gay qu'elle croise. Je suis leur "petit Louis". Je suis arrivé en ville seul, avec ma machine à laver, ma TV, mon micro onde, ma machine à café et un matelas. Mais grâce à ce premier job, j'ai trouvé une famille adoptive, des amis. Cinq ans qu'ils me traitent comme le gamin qu'ils essaient d'avoir. L'avantage, c'est que je suis grand.

- Louis... Je soupire. Je suis bien au soleil, il fait chaud, c'est le week-end, j'ai fini les 3 sites que j'avais sous contrat, je veux décompresser.

- Quoi? Je soupire, sans ouvrir un œil, tentant de rester somnolant.

- Je t'ai parlé du nouveau voisin d'à côté, ce midi....Marc a son ancien voisin qui est parti, et il s'est lui même occupé de la vente. Et le gars qui a acheté doit passer. Il est là!

- Alors c'est lui qui me fait tant d'ombre, je marmonne, sans broncher, sans être poli, et sans le saluer. J'ai passé une semaine très stressante pour terminer mes sites dans les temps, et je suis exécrable.  Il peut se décaler? J'ai moins de soleil. Je sens qu'il se décale. Mieux, merci.

- Louis... S'agace Marc, amusé, et pas surpris de ce comportement insolant que j'ai depuis 5 ans. Louis vient de passer quelques semaines très stressantes et fatigantes, il lui explique. Viens avec nous discuter.

- Non non non. Tu as dit "Louis, tu viens à la maison, et tu passeras ta journée à te détendre et te reposer sur "Louis". Et je ne te dérangerais pas". C'était la condition pour que je vienne. Je désigne, au dessus de ma tête, d'un geste, le nom que j'ai donné à MON transat, en inscrivant salement dessus, "Louis", au feutre. C'est le plus confortable. Donc, allez discuter là-bas. Laissez moi décompresser. Rien ne pourra me faire me lever.

Je les entends rire et s'éloigner. Je m'en branle de son invité. Je veux bailler au corneille.

- Le crumble est tout chaud! Chantonne Iscianne, l'épouse de Marc.

- J'arrive! Je réponds joyeusement, me redressant. Elle possède les mots magiques pour bouger un homme.

Je remets bien mon short de bain. Je l'avais rentré dans mes fesses pour bronzer un maximum. Je contourne la piscine pour les rejoindre sur la terrasse, où je les vois tous les trois. Je m'avance.

- Ah, l'estomac a pris le dessus sur sa mauvaise humeur, s'amuse Marc. Je souris puis je me fige. Le gars vient de se retourner, et il me regarde. Et je le regarde. C'est bien ma veine, c'est Harry. Lui, il n'est pas étonné. Normal, il m'a vu il y a cinq minutes, quand j'étais sur le transat, avec mon maillot coincé dans le cul. Honte! Louis, je te présente Harry. C'est lui qui a acheté la maison d'à coté.

Harry me sourit, alors que je suis toujours sous le coup de la surprise. Pendant un bref instant, je me souviens à quel point j'aimais admirer ses fossettes. Les embrasser.

- Enchanté, je réponds comme un con. Moi je ne souris pas, je suis perdu et choqué.

- Louis n'a pas voulu l'acheter. Explique Marc. Je soupire.

- Elle était trop chère. Et elle est trop grande. Plus c'est grand, plus il faut faire de l'entretien. Je râle. J'ai déjà retrouvé ma mauvaise humeur, malgré l'odeur alléchante de l'excellent et phénoménal crumble aux pommes d'Iscianne. Je suis de nouveau de mauvaise humeur, car je sais qu'Harry ne va pas tarder à balancer qu'il a acheté cette immense maison pour s'installer avec quelqu'un, et fonder une famille. Si ce n'est pas déjà fait. Donc je suis amer. Que fait Harry dans la vie? Je demande, en appuyant sur "Harry".

- Je me suis spécialisé dans la vente en ligne de cours par correspondance.

- Passionnant, je rétorque.

- Comme je te l'ai déjà dit, Louis est mon webmaster. C'est le meilleur. C'est en quelque sorte notre fils adoptif aussi. Je lève les yeux au ciel.

- Je n'ai que 2 ans de moins que vous!

- Mais Iscianne le materne, et moi je le gronde quand il n'est pas sage. Je regarde Harry.

- Mais je ne suis quand même venu que pour la piscine, "Louis le transat"... et le crumble. Marc rit, mais Iscianne est suspicieuse. Il doit se passer un truc dans nos regards, entre Harry et moi, car elle nous dévisage. Il faut avouer qu'Harry ne me lache pas des yeux, et que moi je les fuis.

- Tu es marié? Demande t'elle à Harry, intriguée.

- Non. Mais j'ai acheté cette grande maison pour "m'installer".

- Et bien, je marmonne. Si ce n'est pas malheureux tout ça. Encore un qui va se faire avoir et se faire enchaîner.

- Quand est-ce "qu'elle" aménage? Demande Iscianne l'enquêtrice.

- Je suis gay. Il complémente.

- Bien... elle sourit, satisfaite, alors que j'écarquille les yeux.

Bon bien voilà, il va neiger en été. Harry s'assume. Il s'assume, et ce n'est pas avec moi. Il va "s'installer", il a trouvé le bon gars, celui qui lui a donné envie de s'assumer. Et ce n'est pas moi. Il a trouvé mieux. Énormément mieux pour sortir de son placard puant. Je me pince les lèvres, je suis déçu, je suis en colère, je suis triste, je me sens humilié.

- Louis aussi est gay, s'extasie Iscianne. Je lève les yeux au ciel. Ca, il le sait déjà! Je me relève.

- Je retourne sur "Louis". Je les coupe.

- Tu n'as même pas touché à ton crumble! S'inquiète Marc. Je le saisis, et le lui montre en m'éloignant avec. Je ne comptais pas partir sans. Harry a gâché mon après-midi, mon week-end, mon année, ma vie.... il ne va pas gâcher, en plus, mon crumble.

Je boude dans mon coin tout le reste de l'après-midi. Je les laisse avec leur Harry qui n'est plus le mien.

- Louis... Harry s'en va! Crie Marc, sous entendant de venir le saluer.

- Rien a battre! Je hurle. Je suis ingrat. Et alors...

Une fois que j'entends le portail se refermer derrière Harry, je me lève et pars rejoindre mes amis.

- Ah! Le ronchon revient, sourit Marc, en me voyant accourir vers eux.

- Vous savez qui c'était? Je m'étouffe presque en chuchotant fort, de peur qu'Harry, de l'autre côté de la clôture, ne m'entende. Vu l'immensité des propriétés luxueuses je pourrais parler normalement, mais on est jamais assez prudent. C'est Harry!

- Bien oui, Harry, le nouveau voisin.

- Le Harry! Je précise. Ils écarquillent les yeux en même temps, comprenant. En bons meilleurs amis, ils connaissent ma vie et ce passage important.

- Harry-Placard? Me demande de confirmer Iscianne.

- Oui! Je laisse ressortir ma frustration, ma colère, mais aussi mon excitation de l'avoir revu.

- Le monde est petit, marmonne Marc.

- Non, il n'est pas petit. Je suis sûr qu'il a manigancé tout ça pour me torturer. C'est son coup final. C'est son baroud d'honneur. Il vient me montrer qu'il assume son homosexualité. Il nous laisse entendre qu'il l'a acheté pour s'installer avec son putain de mec. Le putain de mec qui a su assez se faire aimer de lui pour qu'il sorte de son placard. Connard! La nuit, je me mettrai contre vos clôtures, et je pisserais sur ses buissons pour qu'ils cannent!

- Calme toi, Louis. Tente Iscianne, peinée pour moi.

Je ne réussis pas à me calmer du reste de l'après-midi et de la soirée.

Le soleil s'est couché depuis bien longtemps, et je souhaite rentrer chez moi. Je salue mes amis et, à pas de loup, pour être sûr que le "nouveau voisin" ne me voit pas et ne m'entende pas, je rejoins ma voiture garée à l'extérieur. Je n'aime pas la garer dedans et devoir manœuvrer. J'appréhende déjà le moment où elle va s'éclairer quand je vais la déverrouiller. Mais je ne la déverrouille pas. Je regarde en direction de la maison d'Harry. Je me mets sur la pointe des pieds pour mieux voir. Plus pour juger la baraque que pour l'espionner.

- Tu veux que je te la fasse visiter? Prononce cette voix rauque que je connaissais par cœur.

Je sursaute et je ne retiens pas un cri de surprise. Harry rit en s'approchant de moi. Il était dans l'angle, dans la pénombre, je ne l'avais même pas vu. Faut dire que je le cherchais dedans, pas dehors.

- Tu es con, ma parole, tu as failli me faire avoir une attaque. Il se contente de rire et ouvre son portail en me pressant à l'intérieur.

- Viens je te fais visiter.

- Je m'en fous. Je veux rentrer chez moi. Je soupire.

- J'ai envie de connaître ton avis. Allez... Il fait barrage avec son corps, et j'ai l'impression que c'est le chien de berger et moi la brebis. Je croise les bras et je le suis, minant de me forcer, alors que j'en ai très envie.

Il me montre son jardin, le patio, la belle piscine. Je garde mes bras croisés en signe de protection. Oui, j'ai compris, il veut m'en mettre plein la vue! Sans le dire clairement, c'est genre: "Regarde ce que j'offre à mon mec.... regarde ce que tu aurais eu si tu étais resté et que tu avais été plus patient..." Je ne lui ferais pas le plaisir de complimenter sa baraque. Et puis si j'avais voulu, j'aurais pu me la payer....presque, à un zéro prêt sur le prix de vente.

Il éclaire l'entrée, elle donne sur une belle véranda, un immense salon, et je n'en cite pas plus, car franchement ça me met les nerfs.

- Ma chambre! Bon il y a encore plein de cartons partout...

- Le rangement n'a jamais été ton point fort de toute manière... Bing dans ta face! Mais il rit.

Il ouvre une porte. Elle donne sur une immense pièce vide avec ...

- Un bow window! Je m'écrie. T'as pas le droit! T'as pas le droit d'avoir un bow-window. C'est moi qui rêve d'en avoir un. Je ferme précipitèrent ma bouche et me tait. J'ai parlé sans faire exprès. C'est sorti tout seul. Tu n'as pas le droit d'avoir un bow-window, je marmonne encore.

- C'est ici que j'aimerais installer ton bureau. Hein?

- Hein? Je secoue la tête. Quoi, qu'est ce que tu racontes encore?

- Quand je l'ai vu, il désigne le bow-window, j'ai su que c'était celle-ci que je devais acheter. Il se retourne et s'assoit sur un carton. Tout ça c'est pour toi. C'est pour nous. Les meilleurs moments de ma vie sont ceux que j'ai passé avec toi. Tu me manques, c'est incroyable comme tu me manques. Il ferme les yeux. C'est impossible que je fasse ma vie avec quelqu'un d'autre que toi. Il y a quelques semaines, je suis retourné au bar où il s'est passé...ce qui a conduit à notre rupture. J'étais tellement malheureux. J'y ai croisé Zayn, il en est le gérant maintenant. On a discuté, on a parlé de toi. Tu es resté ami avec lui. J'hoche la tête. Je suis resté en contact avec Zayn, même s'il n'y a jamais rien eu entre nous. Et je l'ai fait pour Harry. On a discuté longtemps, je lui ai dit...pour nous deux. Il n'a pas semblé surpris. Il m'a aussi appris que tu n'avais jamais voulu sortir avec lui, par respect pour moi. J'ai espéré que peut être...il me restait une chance. Il m'a donné espoir et aussi plein de détails sur ta vie: Adresse, profession, antécédents amoureux..il grimace...amis. Il m'a même tout noté sur une feuille de papier pour être sûr que j'assimile les informations, comme ton adresse et le nom de Marc, ton meilleur ami. Il rit. Je suis allé dans une agence immobilière, et bien sûr, j'ai choisi celle de Marc. Je voulais juste trouver un truc à louer, et en profiter pour discuter de son "webmaster", sans en avoir l'air. Mais quand il m'a montré cette maison, en bon commercial qu'il est, j'ai craqué, et je l'ai acheté. Je t'ai aperçu depuis le jardin, le week-end dernier. Je me suis dit que c'était le moment ou jamais. Alors je me suis fait inviter ce week end, dans l'espoir de te voir. Je pensais que tu me gueulerais moins dessus s'il y avait du monde avec nous. Bon, je me suis trompé, tu m'as envoyé promener quand même. Il sourit.

- Je n'ai pas changé de numéro toutes ces années. Alors pourquoi tu ne m'as pas tout simplement appelé, au lieu de faire tout ça?

- J'avais bien trop honte de mon comportement. Que ce soit du fait que je nous "cachais", que la façon dont on s'est quitté. J'ai agi comme une merde, car j'étais brisé et perdu. J'avais trop honte. Il secoue la tête.

- Alors tu as acheté cette maison? Je demande calmement, me retournant vers la fenêtre.

- Une maison avec un bow-window! Il ajoute.

- Avec un bow-window, oui. Tu comptais m'acheter? T'as les moyens au moins?

- J'ai les moyens. Et je ne t'achète pas, je veux juste te faire rêver. Si ça peut m'aider à te faire revenir, que tu me pardonnes.

- J'espère que t'as vraiment les moyens, car moi je ne les ai pas! Je soupire. Et si on doit retourner vivre dans un studio aussi minuscule que celui de Londres, autant me le dire tout de suite avant de me vendre du rêve pour rien. Car ici, ou dans une grotte, je m'en fous. Du moment que tu es là.

Je n'ai pas le temps de me retourner vers Harry, que je sens ses bras m'entourer. Je sens ses lèvres dans mon cou.

- Je t'aime Louis, il éclate en sanglots. Je serre une main sur le bras qui m'agrippe, et, à travers le reflet de la vitre du bow-window, on se regarde. Lui avec les larmes sur ses joues, moi avec les miennes dans les yeux.

Je me retourne, je me blottis dans ses bras. Je reprends vie. Il insuffle de nouveau la vie en moi, en posant ses lèvres sur les miennes, et en m'embrassant tendrement...comme avant. Il me prend dans ses bras, j'enroule instinctivement mes jambes autour de ses hanches. Il me trimballe je ne sais où, et je m'en moque. On va où il veut.

Délicatement, il me pose sur son lit, où je m'allonge. On se fixe. Nos yeux n'arrivent pas à se décrocher.

- Je t'aime aussi, tu sais! Je murmure, en me mordillant les lèvres. Il hoche la tête lentement. Il s'allonge au dessus de moi et m'embrasse encore. Ses mains parcourent le haut de mon corps, en une caresse lente et aimante.

J'en veux bien plus.

Je l'agrippe, je le serre fort contre moi, tout contre moi. Je lui fais comprendre que je veux plus.

Il m'effeuille avec douceur, et petit à petit, les gestes d'autrefois reviennent, comme d'instinct. Je l'assiste, aussi bien pour mes vêtements que pour les siens. Avides, nos bouches se cherchent, se trouvent, parcourent le corps de l'autre dans une danse d'amour, et de désir.

Jusqu'à épuisement.

(😅 Avouez, vous y avez cru, au lemon !)



Je me réveille. Je suis sur le ventre, nu, recouvert d'un simple drap blanc s'arrêtant au haut de mes fesses. Je plisse les yeux, je relève la tête, le lit est vide. Je me laisse retomber contre le coussin.

Et s'il regrette? S'il m'a simplement amadoué et qu'on est encore "faux colocataire"? S'il se défile? De toute façon, je ne regrette pas cette nuit. C'était le paradis sur terre, et plus précisément sur ce lit.

J'entends vibrer. Je me penche au bord du lit et récupère mon portable dans la poche de mon jean. C'est Liam.

Liam: Et bien dit donc... enfin de l'activité sur ton Facebook.

Je fronce les sourcils. Je vais sur Facebook. Je ne m'y suis plus connecté depuis Drake et les photos de la pouffe. Sauf pour accepter Marc et Iscianne et ainsi éviter un incident diplomatique. Ce jour-là, j'y avais vu des photos d'Harry en soirée et ça m'avait peiné. Je n'y suis plus retourné et je n'ai jamais pris le temps de le désactiver. Heureusement que mon mot de passe c'est Larry, donc c'est simple à me rappeler.

Sur l'écran, je découvre l'ancienne photo d'Harry, sur le lit avec la pouffe. Celle d'il y a 5 ans. Harry l'a fait remonter dans son actualité en y laissant un commentaire.

Harry: Ce n'était absolument pas ce à quoi on pense.

Je suis intrigué. Mais ce qui m'intrigue le plus, c'est le commentaire suivant:

Harry: Drake n'est qu'un gros salopard puceau, qui se touche devant la fausse sexualité de ses potes, car il est bien trop con pour en avoir une.

Je ris. Il s'en rappelle. C'étaient les conditions numéro 1 et 2 de mes exigences, quand on s'est disputé, avant de se quitter. Mais Drake a répondu.

Drake: Je plaide coupable et fautif. Mais je ne suis plus puceau :-) Tu es enfin avec Louis Tomlinson?

Je suis identifié. C'est pour cette raison que Liam l'a vu. Mais il n'y a pas d'autres réponses d'Harry. Je ferme les yeux, je soupire. Il est retourné dans son placard, il en était presque sorti. Je fixe un instant le mur. Je ne suis pas près à recommencer les mensonges, les cachoteries, le déni. Quelque ait été fabuleuse la nuit passée dans ses bras, son corps aimant le mien, me possédant avec amour et tendresse.

Deux nouvelles notifications s'affichent. La première est une actualité.


Harry Styles est "en couple" avec Louis Tomlinson.


Mes yeux sortent de leurs orbites. Il a publié la condition numéro 3, celle qui avait conduit à notre rupture. Je vais sur la seconde notification.


"Confirmez vous que vous êtes en couple avec Harry Styles?"


Je reste en suspend sur le bouton "confirmer". Je vois déjà plein de messages s'affichant sur le nouveau statut d'Harry: Des messages de surprise, mais surtout des messages de félicitations. Il y a même déjà un commentaire d'Harry.

Harry: Amoureux, en couple, ensemble, mais pas en collocation. On n'a jamais été en collocation.

Je suis heureux. Je confirme vite notre statut. Je laisse un commentaire.

Louis: Rejoins moi au pied du bow...Je t'y attends sans rien sur moi...

Oui c'est explicite. Je me fais plaisir, je me lache.

Marc: Hein! Quoi? Non! Ne déconnez pas! De la fenêtre du grenier j'ai vu sur votre fenêtre. Non!

Marc: Iscianne vient de prendre son appareil photo avec gros zoom, et elle court. Elle est en train de tirer l'échelle pour grimper jusqu'au grenier. C'est dangereux, je t'apprends qu'elle est enceinte. De quelques semaines, mais bon...

Je souris, heureux d'apprendre cette excellente nouvelle.

Louis: Je viens de tirer les rideaux.

Les maisons sont loin d'être mitoyenne, pourtant je jurerais entendre le cri de désespoir et de déception d'Iscianne. Je ris en posant mon téléphone sur le bow.

J'entends les pas légers d'Harry, je me retourne. Il est à l'entrée de la pièce. Il a un sourire magnifique, aussi sublime que son corps nu, maigrement caché par le plateau du petit déjeuner qu'il tient.

- J'ai fait des crêpes et du thé. C'est toujours ce que tu préfères? Il pose le plateau sur un carton, mes yeux descendent sur sa virilité. Je secoue la tête.

- Non, ce n'est plus ce que je préfère. Il fronce les sourcils. C'est toi que je préfère au petit déjeuner.

Il s'avance vers moi, lentement, me laissant le temps d'être "physiquement" prêt pour ses caresses, et ce qui va suivre.

Je suis soulagé d'avoir fermé les rideaux du bow.


Quand nous avons, enfin, concentré notre attention sur le vrai petit déjeuner, les crêpes étaient glacées et un peu sèches.


Et ça a souvent été le cas tout au long de ces nombreuses années.





Fin


.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top