A mon réveil, je me sens bien. Chose que je n'avais pas éprouvé depuis un moment, comblée. Même si nous ne sommes pas allés plus loin que des bisous, j'ai le pressentiment qu'on a franchi une étape dans notre relation. Le fait d'avouer qu'on était triste de s'être quittés de cette manière, il y a quelques jours, nous a fait évoluer, dans le bon sens. Du moins, je l'espère.
Pour faire un point sur ce qu'il m'est arrivé au cours des dernières 24 heures, qui sont loin d'avoir été de tout repos, je reste allongée dans mon lit. Je suis passée par un nombre impressionnant d'émotions, de vraies montagnes russes. Je ne pensais pas qu'on puisse ressentir des choses aussi contradictoires en aussi peu de temps.
Je suis passée par la surprise quand j'ai vu Brian sur le pas de ma porte.
Puis la stupeur quand je l'ai surpris dans les bras de ma sœur. D'ailleurs il faut que je mette les choses au clair avec lui car il est hors de question qu'il joue sur les deux tableaux. Surtout que l'autre personne en question est ma sœur.
Tout ceci a engendré de la tristesse, une grosse même.
Et puis, j'ai fini par me ressaisir et j'ai décidé de me battre pour ce que je veux. Un petit espoir a germé en moi.
Mais l'apothéose a été quand je l'ai vu dans la cuisine en pleine nuit. En tête à tête, nous avons pu laisser libre cours à qui nous étions vraiment, à ce que nous ressentions l'un pour l'autre. Car ce mec me plaît beaucoup, même peut être plus que ça.
Aujourd'hui, il faut que j'arrive, avant qu'il parte, à mettre la main sur son numéro de téléphone et à faire le point avec lui sur ce qu'il s'est passé avec Kayla dans sa chambre.
Forte de cette mission, je descends petit déjeuner, après mettre habillé convenablement. Enfin aussi bien que me le permettent les vêtements que j'ai emporté avec moi. Soit un jeans confortable, un t-shirt rouge à manches longues. Je n'ose pas remettre mon pull de Noël, ce qui était prévu initialement, et cela même s'il l'a vu toute la soirée d'hier. Mais entre le pull et la combinaison de cette nuit, je préfère lui montrer que je peux être une fille normale, et non une folle totalement délurée qui ne s'habille qu'avec des trucs bizarres.
Dans la cuisine, je retrouve ma mère et Ann, qui s'affairent déjà derrière les fourneaux pour le déjeuner de Noël.
— Bonjour ! je m'exclame joyeusement en rentrant.
— Bonjour ma chérie ! me répond ma mère tout aussi gaiement. Tu as bien dormi ?
— Comme un bébé.
C'est vrai ! Surtout après avoir passé un temps considérable à embrasser un beau brun, mais ce détail je le garde pour moi. Je ne suis pas encore prête à tout divulguer à ma mère, elle le saura bien assez tôt. Surtout qu'elle a un don pour sentir ce genre de choses. Donc selon mes estimations, elle devrait le comprendre... selon mes estimatifs... dès que Brian et moi-même, nous nous retrouverons en présence l'un de l'autre. Chose qui devrait arriver d'un instant à l'autre.
En allant me préparer un café, je passe à proximité de l'endroit où était installé Brian hier soir. Je crois qu'à partir de maintenant, je ne verrai plus cette cuisine de la même manière. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce qu'il s'est passé hier soir entre nous. Cette pensée me fait sourire. J'ai hâte de le revoir et de recommencer à l'embrasser.
Je n'ai pas à attendre bien longtemps car à peine j'ai mis la capsule dans la cafetière que sa voix raisonne dans la pièce.
— Bonjour mesdames.
Malgré qu'il soit derrière moi, je sens dans son intonation sa bonne humeur, ce qui accentue mon sourire, je crois bien qu'il atteint mes oreilles maintenant.
— Bonjour maman, Ann. Ah, Kelly.
Là par contre, cette voix-là a le don de me faire passer instantanément ma joie de vivre. Comment a-t-elle réussi le tour de force de descendre avec lui ? A croire qu'elle le guettait derrière sa porte pour sortir en même temps. Ce qui m'exaspère au plus haut point. Vu que je tourne le dos à tout le monde, je me permets de lever les yeux au ciel.
— ... J'espère que vous avez bien dormi.
Elle déborde de miellerie, ce qui continue à me gonfler prodigieusement, car cette version de Kayla n'est pas la bonne, elle est simplement dû à la présence de Brian. En temps normal, elle aurait tout juste dit bonjour, avant de me virer, sans ménagement, de la machine à café.
Je profite de cet intermède pour faire couler un second café pour Brian, Kayla peut s'asseoir sur le sien.
Je décide de faire abstraction d'elle et de me concentrer uniquement sur celui qui a tendance à faire accélérer mon cœur. Je me retourne, un sourire confiant sur le visage, ravie de retrouver Brian.
Sauf que ce que je voie en face de moi efface mon beau sourire dans la seconde. Kayla est littéralement pendu à son cou, les deux bras autour de ses épaules, en le regardant les yeux pleins d'espoir.
Lui est plutôt mal à l'aise, droit comme un piquet, il me regarde.
La colère qui me submerge m'empêche de décrypter ce que ressent Brian à cet instant. Mon propre jugement est obscurci par cette colère. Et dire qu'il y a seulement quelques heures, ses lèvres étaient collées aux miennes, sa langue chahutait avec la mienne, ses mains se baladaient sur mon corps...
Pour me retenir de faire un esclandre en plein milieu de la cuisine, je m'accroche à mes deux tasses, une dans chaque main. Je les serre autant que je peux, sans les briser en mille morceaux. Je suis sûre que mes phalanges blanchissent sous cette contrainte.
— Deux cafés, Kelly. Tu y vas un peu fort ! me réprimande ma sœur. Tu aurais pu prendre une tasse plus grande et en laisser une aux autres personnes qui ont dormi ici. Tu n'es pas seule, voyons !
Là s'en est trop ! Me faire blâmer pour mon soi-disant égoïsme par la reine des nombrilistes, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Dans une rage folle, je dépose l'une des deux tasses sur le plan de travail à côté de moi et sort de cette cuisine. Ça promet d'être une grande journée.
En parcourant la pièce, je croise le regard désolé d'Ann, qui a toujours réussi à décoder ce que je ressens.
Vu que le joli couple est en plein milieu du passage, et qu'aucun d'entre eux ne fait le moindre mouvement pour me laisser passer. Je fonce dans le tas, pile au milieu, ce qui les oblige à se séparer s'ils ne veulent pas avoir du café partout sur eux.
En guise de réponse, j'ai droit à mon prénom, trois fois au même instant.
— Kelly, rouspète ma sœur qui ne souhaitait pas être décollée aussi violemment de la musculature parfaite de Brian.
J'en sais quelque chose, je l'ai très bien étudiée durant la nuit, avec mes mains et mes yeux.
— Kelly, me reproche ma mère.
Faut dire que je ne l'ai pas habituée à ce type de réaction.
— Kelly, dit enfin Brian comme une supplique avec à l'intérieur une pointe de tristesse.
Mais je suis trop déçue par ce que je viens de voir pour y réfléchir pour l'instant. Et surtout, j'ai besoin d'être seule.
— Je sors, je me contente de répondre à toutes ces personnes en même temps.
Sans perdre un instant de plus, j'attrape ma doudoune et l'enfile en sortant après avoir claqué la porte derrière moi. Tant pis si ça réveille le reste des habitants de cette demeure, étant donné qu'on vient de me traiter d'égoïste autant l'être jusqu'au bout.
A l'extérieur, le froid me saisit immédiatement. Je ne pensais pas qu'il pouvait faire aussi froid. D'ailleurs toutes les plantes aux alentours sont blanchies par le givre. Heureusement que j'ai pensé à prendre ma doudoune car sans elle je n'aurai pas tenu deux minutes.
Je tourne sur la droite de la maison pour rejoindre le ponton qui donne sur le lac. Je sais que là-bas je serai au calme, sans personne pour me décevoir, ni pour m'embêter. Je vais pouvoir boire mon café tranquille, seule avec mes propres pensées.
Je suis à peine à l'angle de la maison, lorsque j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et une personne m'appeler.
— Kelly !
Le timbre masculin de son propriétaire me cloue sur place. Ce qui lui permet de me rejoindre.
— Où vas-tu ? m'interroge-t-il sincèrement intéressé par ma réponse.
N'étant pas totalement méchante, je lui réponds. Surtout qu'il est sorti en polo à manches longues, avec ce froid, il ne risque pas de me suivre bien loin.
— Je vais jusqu'au ponton. Là-bas, où je ne dérangerai personne.
J'ai dit que je lui répondrai, pas que je serai sympathique avec lui, j'ai mes limites. Je reprends ma marche en direction du lac. Je n'aimerais pas boire mon café froid et étant donné de la température ambiante, il ne va pas rester chaud bien longtemps.
Excepté qu'il ne me laisse pas aller guère plus loin.
— Je crois qu'il faut qu'on parle, dit-il en me retenant par le bras.
— Oui, je crois.
J'y vois l'occasion idéale pour mettre les choses au clair avec lui au sujet de ma sœur. Mais pour ne pas qu'il finisse congelé, on ferait mieux de se mettre en mouvement ou alors qu'il aille chercher sa veste.
— Va chercher ta veste, je t'attends.
J'ai un minimum de savoir vivre et malgré tout je ne veux pas qu'il tombe malade. Et en plus, ce petit intermède me permettra de me préparer à cette discussion.
— Non, c'est bon je n'ai pas froid.
Mouais ! Permet moi d'en douter.
Il le dit alors qu'il rentre ses deux mains dans ses poches. Bon s'il veut se peler les miches et risquer de tomber malade, qu'il en soit ainsi. Je tourne les talons direction la tranquillité du lac.
A chaque pas, je sens la quiétude des lieux augmenter. Mais elle n'arrive pas à s'infiltrer en moi. Je suis trop tendue pour qu'elle puisse se propager en moi. J'attends que Brian, qui est à l'initiative de cette conversation, l'entame.
Ce n'est qu'à quelques pas du bord, qu'il trouve le courage d'ouvrir la bouche.
— Je sais à quoi tu penses.
Ça, je n'en serais pas si sûre à sa place.
— ... Et ce n'est pas ce que tu crois.
C'est ce que disent tous les mecs qui savent qu'ils ont fait une connerie.
— Oh, et à quoi je pense selon toi ? je lui demande vu qu'il semble mieux le savoir que moi-même.
— Que ta sœur est beaucoup trop proche de moi.
C'est l'euphémisme de l'année et bien sûr, les filtres qui me permettent habituellement de retenir mes sarcasmes sont aux abonnés absents.
— Elle était collée à toi ! je m'exclame avec plus de rage et de hargne que voulu. C'est limite si elle ne s'est pas frottée à toi ce matin. Et toi, tu n'as rien fait pour la repousser.
Mais le vrai problème, ce n'est pas tant que Kayla fasse ce qu'elle fait toujours, à savoir séduire tous les hommes qui entrent dans son champ de vision. Je m'y suis habituée à la longue. Non, ce que je n'aime pas c'est qu'il ne la repousse pas, qu'il ne lui montre pas qu'il ne veut pas d'elle.
Je sais que je fais totalement folle furieuse jalouse. Mais s'il ne stoppe pas de suite avec ma sœur, et les filles en général, au début de notre relation, qu'est-ce que cela va donner après un certain temps ? Surtout que je serai incapable de lui faire confiance. Et dans une relation amoureuse, la confiance est primordiale.
— En fait, elle s'est jetée sur moi pile au moment où tu t'es retournée. Je ne l'ai pas vu venir car j'étais trop... concentré... Bah sur toi.
Je me tourne légèrement vers lui pour voir s'il est sincère ou non. Vu ce que je découvre dans ses prunelles, je ne pense pas qu'il me mente, mais je préfère en avoir le cœur net et tout mettre sur le tapis maintenant.
— Et quand elle était dans tes bras dans ta chambre hier ?
Je sais, c'est mesquin.
Après avoir soufflé tout l'air que contenaient ses poumons, il se lance dans son explication.
— Une fois encore, c'est un concours de circonstances. Elle faisait des mouvements dans tous les sens et elle a perdu l'équilibre. Je n'allais pas la laisser tomber sans rien faire.
Elle est douée, ma sœur. Faut dire qu'elle a des années de pratique maintenant.
— Tu l'as bien fait après...
— Kelly, m'interpelle-t-il en m'arrêtant pour que je lui fasse face. Je te jure que ce que tu as vu était à chaque fois des coïncidences. Je sais que c'est difficile à croire, mais c'est la pure vérité.
Oui, difficile à croire, mais hélas plausible. Et mon regard qui plonge direct dans le sien, fait fondre quelque peu mes convictions à ce sujet. Chaque mot qu'il prononce me donne envie de le croire, de me laisser convaincre qu'il a raison.
— ... Avant de te rejoindre, je lui ai même dit de me laisser tranquille à l'avenir. Qu'il n'y avait aucune chance pour que l'on conclu par autre chose qu'une entente cordiale.
Il attrape une mèche de mes cheveux qui me tombe sur le visage et la passe derrière mon oreille. Son contact me provoque un frisson, surtout là où il frôle mon visage.
— ... Je pense même que me voir te courir après lui aura bien fait comprendre qu'il n'y aura rien de plus avec elle.
A la fin de sa tirade, il plaque ses mains froides sur mes joues et se penche pour m'embrasser. Quand ses lèvres atteignent les miennes tous mes doutes et mes protestations s'envolent d'un seul coup, comme tout ce qui nous entoure. Il n'y a plus que nous qui comptons et les sensations qu'il provoque en moi. A savoir un véritable raz de marée, un tsunami qui balaye tout sur son passage.
Je sais que ça fait cucu de dire ça, mais pour la première fois de ma vie, c'est vraiment ce que je ressens et il est plus que temps que j'en profite. Une pulsion me prend, comme si tout bon sens m'avait déserté. Je me plaque contre lui, pour sentir son corps ferme, le plus proche possible de moi. Ma main libre s'agrippe à son épaule.
Je commence à me demander pourquoi j'ai pris cette fichue tasse, car là si je m'écoutais, je la balancerais bien quelque part, pour avoir la main libre et profiter à ma guise des muscles de Brian.
Même quand ses lèvres tentatrices s'éloignent des miennes, je ne reviens pas vraiment à moi. Je suis trop concentrée sur lui, sur ce qu'il prononce, sur son magnifique visage que je ne me lasse pas de regarder.
— Tu me plais vraiment.
— Toi aussi.
Et je le pense véritablement. J'espère que mes yeux lui font comprendre que je ne joue pas, que je lui dis la vérité.
Notre bulle éclate quand je me rends compte que ses lèvres deviennent bleues, qu'il grelotte de tout son être, que ses mains me serrent contre lui à la recherche de la moindre source de chaleur. Il est transi par le froid. Il faut absolument qu'on regagne la maison avant qu'il ne termine congelé sur place.
— Faut qu'on rentre ! Tu n'es pas assez couvert pour rester dehors par ce temps.
— Je ... Je ...je crois.
Même sa voix tremble. J'attrape sa main et prends le contrôle des opérations. Il est hors de question qu'il tombe malade, ça compromettrait mes plans dans un avenir proche, très proche. Je veux bien jouer les infirmières avec lui, mais pas de cette manière.
Gentiment, Brian me suit alors que je l'entraîne vers la maison. Je crois qu'avec ce froid, il n'est pas en état de faire grand-chose. Même moi, je commence à le ressentir et cela malgré ma doudoune, je n'ose imaginer ce que Brian sent, ou au contraire, ce qu'il ne ressent plus.
Par chance, nous ne nous sommes pas trop éloignés de la demeure. Nous retrouvons rapidement la chaleur du feu qui brûle dans la cheminée. Brian s'y dirige dès qu'il le voit, main tendue vers le foyer.
— Tu devrais peut-être prendre une douche chaude, elle te réchauffera bien plus, je lui conseille en retirant ma doudoune.
— Et mettre des vêtements secs, rajoute Ann en passant près de nous.
Elle se permet même de me faire un petit signe au passage, alors que le jeune homme lui tourne le dos.
— Oui, je crois qu'Ann a raison, car là ils sont trempés. Si tu n'en as pas d'autres on peut les faire sécher pendant que tu es à la salle de bain.
En attendant, qu'il se décide, je bois une gorgé de café. Beurk, il est froid. C'est dégueulasse ! Autant j'aime le café bien chaud, autant je ne le supporte pas quand il est froid.
— Oui, tu as raison. Je vais aller me passer un coup d'eau bien chaude, si ça ne vous dérange pas ? Et j'ai encore des vêtements de rechange, je ferai sécher le tout chez moi.
— D'accord, je lui confirme. Si tu veux...
— Et quand tu redescendra Brian, on ouvrira les cadeaux, conclus ma mère en rentrant dans la pièce.
Et moi qui m'apprêtais à lui proposer de l'accompagnersous la douche, elle m'a stoppé net dans mon élan. Heureusement, sinon je n'auraispas su où me mettre.
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