Chapitre 7

Bien sûr, en partant comme elle l'a fait, elle abandonne tout son bazar par la même occasion. Et devinez qui va devoir le ranger ?

— Kelly, ma chérie, tu veux bien ramasser avant que quelqu'un ne se fasse mal ? Je vais essayer de raisonner ta sœur avant qu'elle ne gâche complètement le réveillon de Noël.

Et oui, c'est pour bibi ! Car franchement qui pourraît le faire à part que sa grande sœur chérie.

A peine sa phrase terminée, ma mère se lève pour suivre ma sœur et essayer de la réconforter de son égo meurtri. Même si je suis dégoûtée, écœurée de devoir nettoyer le bordel de mademoiselle, le fait d'avoir assisté, aux premières loges, à ce spectacle atténue quelque peu ce sentiment. Je crois que la vision de sa mine déconfite quand elle s'est relevée restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Je ne me lève que quand je suis bien calmée et que mon fou rire est derrière moi.

Je retourne chercher la pelle et le balai, qui semblent être particulièrement utiles ce soir. Je devrais peut-être les laisser au salon après utilisation, au cas où il y aurait un autre accident.

Quand je retire ma chaise et celle de ma mère pour passer le balai, Brian m'interpelle.

— Kelly, je suis désolé pour ta sœur. J'aurais dû la rattraper lorsque j'ai vu qu'elle perdait l'équilibre. Mais je ne sais pas... Je n'ai pas eu le réflexe adéquat. Désolé.

Il est mignon, il semble véritablement désolé de la mésaventure de Kayla. Alors que pour moi, c'est tout l'inverse. Je dirais même que j'ai eu mon cadeau de Noël en avance. Je n'ai qu'un seul regret, celui de ne pas avoir eu le temps de filmer la scène pour pouvoir la regarder en boucle quand Kayla me tapera sur le système. Mais bon, elle est parfaitement enregistrée dans mon cerveau, et elle n'est pas prête de s'effacer, jamais.

— Ne t'inquiètes pas, elle s'en remettra.

Oui, ça j'en suis sûre. Par contre, il lui faudra plusieurs heures quand même.

Mon oncle et les petits ne s'en sont pas encore remis. Ils surenchérissent en rajoutant même des détails à cette magnifique cascade que nous a offerte Kayla.

— Mais c'était un super cadeau de Noël pour tout le monde. On n'est pas prêts de l'oublier.

Je lui fais un clin d'œil. Je prends mon courage à deux mains pour me montrer un peu plus entreprenante. Je ne sais pas où je le puisse, surement dans l'alcool que j'ai ingurgité au cours de la soirée. Le courage liquide est toujours le plus efficace, je me contente de m'en servir avant qu'il ne disparaisse.

Ma mère et ma sœur ne reviennent qu'après que nous ayons servi tous les convives. Vu que je connaîs leurs goûts, nous leur avons rempli leurs assiettes. On n'a droit qu'aux remerciements de ma mère. Ma sœur ne prononce pas un mot. Elle s'assoit en baissant la tête et ne quitte pas son assiette des yeux pendant qu'elle mange. Elle ne doit pas vouloir croiser le regard de qui que ce soit.

La honte doit la submerger et elle ne doit pas savoir comment s'en sortir. Ayant pour habitude de me retrouver dans des situations embarrassantes, car la chute qu'elle a faite j'aurais pu la faire moi aussi et m'en remetre beaucoup plus vite qu'elle. Faut dire que c'est bien la première fois que je la vois faire une chute pareille. Au moins je suis rassurée, elle est humaine, elle aussi.

En bonne maîtresse de maison, ma mère relance la conversation.

— Alors les garçons, ce début d'année scolaire ça donne quoi ?

Je ne suis pas sûre que ce soit le sujet préféré des principaux intéressés, mais au moins ce n'est pas un sujet d'altercation pour les adultes.

— Ils n'en foutent pas une, répond Scott avant que les garçons aient pu ouvrir la bouche.

— Ils ne sont pas faits pour ce système scolaire, rétorque sa femme.

Ah bah, je me suis trompée, c'est bien un sujet de disputes. C'est juste qu'aucun de nous ne si attendait.

— Non, départage ma tante Meryl tout en continuant de manger, c'est juste des gros fainéants qui ont toujours tout obtenu sans fournir le moindre effort. Pourquoi ça changerait maintenant ?

C'est bien l'une des rares fois où je ne peux pas aller à l'encontre de ma tante. Ils savent qu'ils ont une place de premier choix qui les attendent dans l'entreprise de papa. Leur père leur répète à longueur de journée. Pourquoi ils travailleraient pour obtenir ce qu'ils ont déjà ? C'est logique et imparable.

— Je ne te permet pas de dire cela de mes enfants, proteste Madison en vidant son verre d'une traite. Le pédopsychiatre qui les a vu a dit qu'ils étaient très intelligents.

Je sens que ma tante commence à s'énerver. Heureusement elle a vidé son verre, sinon j'aurais peur qu'elle le jette au visage de Meryl.

— Oh, mais je n'ai jamais dit le contraire, Meryl continue d'envenimer la situation. Je dis juste qu'ils fournissent que le strict minimum pour leur permettre d'obtenir ce qu'ils souhaitent.

Ma mère n'aimant pas les conflits, et encore moins en période de fêtes, tente de désamorcer la situation.

— Écoutez, ça ne sert à rien de polémiquer sur le sujet maintenant. Surtout que je suis sûre que les garçons vont se reprendre en mains pour la suite de l'année scolaire. Pas vrai les garçons ?

— Oui ! répondent-ils en cœur de manière très peu convaincantes et plutôt monotones, sans quitter leurs assiettes des yeux.

Mais comme ma mère est désespérée ça ne la dérange pas du tout. Elle prend le peu qu'on lui donne.

— Vous voyez, s'extasie-t-elle de leur réponse.

Personne ne souhaitant remettre en doute sa parole, sous peine d'être chassée de sa demeure à la veille de Noël. Nous mangeons tous religieusement ce qui se trouve dans nos assiettes. On pourrait presque entendre une mouche voler.

— Ça se passe toujours comme ça dans ta famille ? Où c'est un traitement spécial que vous m'avez réservé ? me demande Brian au creux de l'oreille.

Je dois me retenir pour ne pas rire. Par chance, je ne buvais pas, sinon je crois que j'aurais tout recraché sur la personne en face de moi, qui n'est autre que tante Meryl.

— Non, non, ils sont toujours comme ça ! Mais j'avoue que ce soir, ils se surpassent.

— En fait, vos repas de fêtes ressemblent à des dîners spectacle.

— C'est un peu ça ! je conclus.

Quand je dessers la table avec ma mère et Ann, Brian tente de dérider ma sœur. Mais ce n'est pas gagné, vu sa tête.

— Je suis désolé pour ce qui t'ai arrivé tout à l'heure.

Il commence soft, sûrement pour gagner sa confiance, pour ne pas la braquer dès des premiers mots.

Elle lui répond par un son affirmatif, entre le grognement et l'éternuement.

Moi, je ralentis mon rythme de ramassage pour entendre leur conversation, mais surtout pour garder un œil sur Kayla.

— Je n'ai pas eu le réflexe de te rattraper, j'en suis désolé. De toute façon, j'avais encore le couteau et la pique dans les mains, j'aurais pu te blesser avec. Du coup, je ne sais pas ce que j'aurais pu tenter d'autre.

— Oui, j'ai bien remarqué que tu n'as rien fait, dit-elle en se tournant vers lui.

Son regard perdu dans le sien. Je sais quel pouvoir d'attraction il peut avoir. J'en ai fait l'expérience a plusieurs reprises. Sauf que je ne veux pas qu'il la regarde comme il me regarde, moi. Je veux que son regard hypnotisant ne soit que pour moi.

Dégoutée et passablement énervée, je m'empare de l'assiette de mon petit cousin et regagne la cuisine. Comme ça je n'aurai plus à assister à ce spectacle écœurant de mièvrerie.

Je ne retourne à table que quand je suis sûre que tout est en place pour passer au fromage. Pas que j'ai faim, je suis rassasiée depuis l'entrée, mais au moins j'aurai quelque chose à faire pour éviter de regarder Kayla et Brian.

D'ailleurs, quand je me rassoie à ma place, je vois bien que sa petite conversation avec le jeune homme l'a bien déridée, elle est plus enjouée. Elle ne fixe plus bêtement son assiette. Ce qui ne m'arrange pas vraiment, moi ça m'allait très bien quand elle faisait la tronche. Au moins comme ça on ne l'entendait plus.

La dégustation du fromage se passe sans incident notoire. Tout le monde mange de bon cœur, même si nos ventres sont pleins, en buvant du rouge et en papotant joyeusement.

Même moi, je discute avec ma mère et Ann. Elles prévoient un petit dîner entre copines de quartier pour le nouvel an, elles réfléchissent à ce qu'elles vont apporter. Je les aide à choisir.

C'est fou ça, tout le monde semble savoir ce qu'il va faire dans une semaine, pas moi.

Je pense que je vais le passer de la même manière que l'année dernière, seule chez moi. Je sais bien que si j'en parlais à ma mère, elle me convierait à les rejoindre. Mais j'ai passé l'âge de passer le réveillon du nouvel an avec mes parents, si cool soit-ils.

Quand la bûche arrive, je me demande bien où je vais pouvoir mettre tout ça. Vu que je suis extrêmement gourmande, je sais que je vais en manger, malgré tout. Comment pourrais-je résister à une bûche poire-chocolat. Oui, je sais, en plus de ça, c'est loin d'être la plus légère qui existe.

Elle est jolie, longue d'une bonne vingtaine de centimètres, il faut bien ça pour le nombre de convives que nous sommes. Elle a des petits sujets dessus, bonhomme de neige, sapin, hâche, rennes et bien sûr le Père Noël. J'en salive d'avance. Ça doit se voir car Brian m'interroge.

— Tu es plus sucré ou salé ?

— Elle capable de faire un repas qu'à base de desserts, lui explique Kayla à ma place avec du dédain dans sa manière de le dire.

Je ne vois pas en quoi c'est un problème. Mais le sourire sympathique, confiant qu'il me renvoit, m'indique qu'à lui non plus ça ne lui pose aucun souci.

— Moi aussi j'en serai capable, me confirme Brian.

Prenant mon courage à deux mains et surtout avant que ma sœur ne rajoute quelque chose qui gâcherait tout, je tente un truc.

— On devrait essayer de s'en concocter un, un jour.

Je sais ça ressemble à une invitation, ça sonne comme tel et j'espère surtout qu'il le prendra comme tel. Car j'ai vraiment envie de le revoir sans être entourée de toute ma famille, ce serait bien.

— Oui avec plaisir.

Le pétillement dans ses yeux me confirme qu'il a très bien interprété mon message. Il ne nous reste qu'à convenir d'une date et d'un lieu pour notre tête à tête, ou d'échanger nos numéros de téléphone, et on sera bons. Mais je ne veux pas le faire maintenant devant toute l'assemblée. Je dois juste trouver un petit moment où on ne sera que tous les deux pour régler la question.

— Bon je vais me coucher, s'exclame Madison en se levant.

Enfin se lever est un bien grand mot, elle chancelle tellement qu'elle manque de s'écrouler. Elle doit s'y reprendre à plusieurs reprises pour se maintenir droite sur ses deux jambes et encore sans lâcher la table, sous le regard médusé des autres personnes. Seul son époux n'a pas levé les yeux de son smartphone.

— Mais... ma mère tente de la retenir, on n'a pas encore mangé le dessert.

Je ne pense pas que ma tante soit en état d'accéder à l'étage sans se casser un membre au passage. Une personne va devoir l'accompagner jusqu'à sa chambre.

Normalement, il serait logique que ce soit son mari, mais il ne semble pas disposé à bouger le petit doigt pour l'aider. Alors son corps tout entier encore moins.

— Laissez la monter si elle veut, dit Wyatt sans lever les yeux de son écran.

Ses enfants ne pourront jamais l'accompagner. Si elle perd l'équilibre, à un moment donné, dans les escaliers par exemple, ils n'auront jamais la force physique pour la retenir. Ce sera donc à un adulte de se sacrifier et aux autres de l'attendre avant de commencer le dessert.

Ce qui va être une véritable torture pour moi, vu qu'il est posé pile en face de moi, et qu'il me fait déjà de l'œil. Je devrais peut-être me sacrifier pour ne pas avoir à subir ce supplice.

Sérieux, elle ne pourrait pas attendre la fin du repas, surtout qu'on l'a bientôt terminé. Dans un quart d'heure, on débarrasse la table. Là on perd plus de temps qu'autre chose.

— Mais... renchérit ma mère, elle n'est pas en état de monter les escaliers.

Elle parle comme-ci la principale intéressée n'était pas dans la pièce, à attendre.

— Elle n'est pas en état de faire grand-chose de toute façon, rajoute Meryl.

Décidément, ce soir, Meryl est en mode grande vérité. Impossible de la contredire, enfin pour nous, car Madison ne se fait pas prier pour le faire.

— Je vais très bien, je n'ai besoin de personne. Je vous informe juste de mon départ.

Je trouve sa voix et sa façon de parler étonnement claire et distincte après tout ce qu'elle a ingurgité comme liquides de couleurs variées au cours de la soirée. Moi à sa place, je serais déjà en plein coma éthylique, en train d'agoniser dans un coin. Mais pas elle, faut dire qu'elle a de l'entraînement. C'est rare les fois où je ne l'ai pas vue un verre à la main, depuis qu'elle fait partie de cette famille. Aujourd'hui, n'a donc pas dérogé à la tradition familiale.

— Laissez là faire ce qu'elle veut, rajoute Wyatt, étant donné qu'elle n'est pas fichue d'attendre quelques minutes qu'on aille tous se coucher.

La remarque de son mari ne passe pas. Elle devient toute rouge de colère, limite si on ne voit pas de la fumée lui sortir des oreilles. J'ai bien peur qu'on participe impuissants, au déchirement de leur couple en direct.

J'ai de la peine pour les petits qui doivent assister à cette scène sans pouvoir rien faire. Je n'ose imaginer de quoi ils doivent être témoins quotidiennement. Cette situation n'est pas saine pour eux. J'espère que leur mère s'en rendra compte rapidement, pour qu'ils n'aient pas à endurer cette situation encore trop longtemps.

— Je ne te permet pas de faire des remarques sur ma conduite, alors que tu n'as pas quitté des yeux ton téléphone depuis que nous sommes arrivés.

Dans un mouvement très théâtral, elle se tourne pour rejoindre sa chambre et prouver ainsi à son mari qu'elle ne lui cédera pas. Sauf que c'était sans compter sur sa capacité à se reprendre. Le mouvement circulaire qu'elle vient de faire la déstabilise et lui fait perdre le peu d'équilibre qui lui restait.

— Aaaahhhh ! s'écrient plusieurs personnes en même temps.

Mais avant qu'on ait pu tenter le moindre geste vers elle, elle se ressaisi en se rattrapant au dossier de sa chaise.

Elle a encore un peu de ressources Madison. Je n'aurais jamais pensé ça d'elle. Un murmure de soulagement envahit la pièce.

Ce n'est qu'après cette chute avortée, qu'une personne se dévoue pour l'accompagner jusqu'à l'étage. Je vous laisse deviner de qui il s'agit. Et oui, ma mère.

— Madison, je viens avec toi.

Avant d'agripper le bras de ma mère, elle jette un regard particulièrement noir à son mari, qu'il ne voit pas car il ne lève même pas les yeux vers elle. Comme s'il était totalement hermétique à ce qu'il pourrait lui arriver. Je ne serai pas étonnée que ma mère m'annonce, au cours de l'année à venir, que leur couple est fini. Que ma tante demande le divorce.

Ma tante se laisse conduire sans protester, consciente qu'elle a besoin d'aide pour arriver jusqu'à sa chambre.

Quand les deux femmes ont quitté la salle à manger, un silence de plomb tombe sur la pièce. Personne, ne sais quoi dire, pas même ma sœur. Pour dire, elle, qui a toujours un truc spirituel à sortir.

Faut dire que ce à quoi je viens d'assister me laisse sans voix. Et puis, on ne peut pas vraiment parler de ce qu'il vient de se passer, il y a toujours ses enfants et son mari dans la pièce.

Par contre, ça ne semble pas déranger ce dernier. D'ailleurs le bip caractéristique de réception d'un message de son téléphone, résonne dans la pièce, suivi de son rire gras. Sa réaction m'horripile, j'espère que mon mari, quand je l'aurai trouvé, me traitera un peu mieux que ça.

Quand ma mère redescend, nous sommes tous dans le même état que lorsqu'elle est partie, en mode scotchés sur place, incapables de sortir le moindre mot.

Vu que quoi qu'il arrive ma mère reste et restera une maîtresse de maison, elle reprend le contrôle de la situation.

— Allez Wyatt, découpe la bûche veux-tu !

Son ordre est clair et ne laisse pas de place à de la négociation. Mais mon oncle étant mon oncle, il tente quand même.

— Mais Joyce, dit-il en regardant sa sœur dans les yeux, quelqu'un d'autre peut le faire.

Avec lui, tout le monde peut le faire à sa place. Il est encore pire que ma sœur, plus paresseux tu meurs. Sauf que le regard plein de reproches de ma mère le dissuade de poursuivre dans cette voie.

— Oui, tu as raison, je vais le faire.

Il y a des choses, entre une fratrie, qui ne s'expliquent pas. Celle-ci en fait partie. Et personne autour de cette table ne va le remettre en doute, surtout que je crois qu'on n'aspire qu'à une chose, se coucher.

Le repas se déroule de manière bon enfant. On discute, on mange, on complimente la cuisinière pour ce merveilleux moment culinaire qu'elle nous a permis de goûter. Bref, on reste loin des sujets épineux.

Après la dégustation et avoir débarrassé la table, pour certains d'entre nous, il est temps de nous séparer pour aller au lit. Je débute les embrassades dans la cuisine par Ann et ma mère.

— Passe une bonne nuit, ma chérie. Tu n'as pas besoin de te lever aux aurores, on a déjà tout préparé avec Ann pour le petit déjeuner.

Ça c'est plutôt cool, je ne suis jamais contre faire la grasse-mat, bien au contraire.

— Bonne nuit à vous, dit mon oncle Wyatt en passant la tête par la porte.

Je crois qu'il ne souhaite pas s'éterniser avec nous, mais c'est sans compter sur sa sœur.

— Wyatt revient par ici, faut que l'on discute un peu tous les deux.

Personnellement, je n'aime pas trop les sermons de ma mère, trop de mauvais souvenirs y sont liés. Je prends mes jambes à mon cou et sors de la pièce. Je croise mon oncle sur le pas de la porte. Il pénètre dans la pièce, à contre cœur, les épaules basses, le dos courbé, la mine défaite... bref comme s'il allait à l'abattoir.

Je retrouve Brian en bas des escaliers, avec ma sœur collée à ses baskets. Une vraie sangsue.

— Je monte me coucher, je les informe même si je suis déçue de ne pas avoir trouvé un petit moment en tête à tête avec lui.

Faut que je réfléchisse à un moyen de décoller ma sœur de lui et pour ça je dois le faire dans l'intimité de ma chambre, sans que personne puisse venir me perturber.

— Moi aussi, j'y allais, me précise Brian avec un immense sourire et son regard droit dans le mien.

— Moi aussi, ne peut s'empêcher de préciser Kayla.

C'est limite si elle ne crochète pas son bras au sien, en se frottant à son épaule. Malgré tout, Brian ne regarde que moi. Je vais finir par croire que maman avait raison.

Je me vois mal tenter quelque chose avec ma sœur à côté de moi. Surtout que le peu de courage que je ressentais au cours de la soirée s'est évaporé, en même temps que l'alcool s'est dissipé dans mes veines.

— Bonne nuit ! je leur réponds avec un petit sourire tout timide.

Puis je grimpe les marches deux par deux, comme si j'avais le feu aux trousses. J'ai un peu peur de me ridiculiser devant lui et de dire encore un truc débile, comme une blague. D'ailleurs, j'en ai une qui me vient en tête. Et je préfèrerais qu'il ne se couche pas en pensant à moi comme la fille qui sort des blagues pourries. Même si la froussarde, ce n'est vraiment pas plus glorieux.

Je referme la porte de ma chambre derrière moi et m'effondre sur mon lit en étoile de mer.

Je ne sais pas combien de temps je reste dans cette position, mais je me redresse d'un bon quand j'entends un bruit provenir de l'autre côté du mur, celui contre lequel le lit est appuyé. Le bruit des ressorts du lit suivi d'un grognement qui n'a rien de féminin.

Sachant que mon oncle est à l'autre bout du couloir etqu'il n'y a que deux hommes dans la maison, je n'ai pas trop de difficulté àdeviner qui est de l'autre côté du mur. Il s'agit d'un petit détail que j'avaisocculté durant le repas. Sauf que maintenant qu'il m'est revenu en tête. Je medis que ça va être très compliqué de trouver le sommeil alors que Brian setrouve dans la chambre adjacente à la mienne.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top