Ton absence crée des pensées errantes, perdues dans les tréfonds de mon esprit, redoutant la lumière, lui préférant les ombres des creux de ma mémoire. Ne pas te voir me fait l'effet, parfois, d'une lance entravée dans mes poumons ; ton irrégulière présence est une bouffée d'oxygène, j'ai, certes, le souffle court. Vois avec quelle aisance nous parlons comme si hier nous nous étions vus.
  Est-ce le signe que notre destin est ainsi écrit ? Je ne veux plus me plaindre, car chaque moment passé avec toi est béni par je ne sais quel dieu. Sans croyance futile, disons que c'est la Vie qui valide nos instants. Je suis trop heureuse de te voir pour songer à être triste de ne pas te voir. Que de contradictions entre moi et moi, moi qui t'en voulais tant ! Mais je te remercie d'être en vie quand cette dernière est si instable, fuyante... Comment t'en vouloir quand demain tu pourrais éclater en milliers de souvenirs que je ne pourrais toucher, embrasser, auxquels je ne pourrais dire "Je t'aime"... Je dois te dire "Je t'aime", je crois... Ça fait longtemps que je n'ose plus. Mais je dois.