Dépendance

   Envahie par un étrange sentiment de manque, je laissai choir mon regard sur la chose froide et maigre qui me servait de corps. Il était joli, mince et frais, il y a encore six jours.
   Il y a encore six jours, quand son regard effleurait ma peau, touchait mon corps, embrassait mon âme, je me sentais embellie et adorée : j'étais si heureuse. Nos corps s'entrelaçaient et son coeur se donnait à moi ; ce que que je retiens, c'est que je m'aimais enfin. Je m'aimais à travers lui. Je me voyais sous un jour nouveau, j'étais ses yeux et j'aimais ce que je voyais. Quel comble, pour moi !
   Je crois que je ne l'aimais pas, que je ne l'avais jamais aimé et qu'il le savait. Mais il était ma drogue. Plus précisément, il était mon ecstasy et ma vie était si belle, je crois. Je dépendais de son sourire en me voyant, de son regard pétillant, de ses efforts pour m'être le plus agréable possible. J'avais dû aspirer son énergie vitale, à force. Il y a six jours, j'inhalais une dernière bouffée de son oxygène pur et divin. J'avais dû le vider, telle une seringue d'amour, à force...
   Et maintenant, il n'est plus là. Je ne l'ai plus, alors je n'ai plus rien.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top