Compensation
Parfois, je m'imagine avancer vers toi, l'arme en main, la pointer, la coller, la frotter contre ta tempe qui, je le sentirais alors, résonnerait de toute la peur que tu tenterais de canaliser, en vain.
Je m'imagine presser sur la détente avec froideur et satisfaction, jouir de la vision de tes yeux s'écarquillant de stupeur, devenant vides, perdant toute saveur, toute vie. Et relâchant avec un soupir non contenu mon doigt vengeur.
Alors, je m'imagine m'asseoir en tailleur près de ton corps chaud, encore, près de ton coeur mort, de ton âme en train de s'effacer -de ce monde ou de cette vie-, de tes yeux qui ne me riront plus au nez, de ta bouche infâme qui ne prononcera jamais plus ce que je ne veux entendre, de tout ton être qui n'aura plus aucune occasion de se porter devant moi, afin de faire de chaque jour qui passe mon enfer personnel.
Mon cœur s'accélère progressivement, suivant l'intensité de mes pensées. Des pensées, toujours des pensées... À quand des actes ? Mais je ne peux le faire, je ne peux faire le mal. Si je dois agir au gré de mes émotions, autant ne faire souffrir que moi. L'âme emplie de douleur, je saisis alors l'arme. Il ne s'agit plus d'un flingue mais d'un rasoir. Je ne connaîtrai point la paisible satisfaction d'un seul coup sourd et distinct, net et grossier. Et ce n'est pas lui qui crèvera de ma main. C'est Elle. Ma douleur. Ma douleur... Tout ce qui me ronge de l'intérieur depuis tant de temps. Ma peine est finie, ou sur le point de finir, je ne souffrirai plus. J'abattrai mes souffrances une à une, même si pour cela je dois y laisser la vie.
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