Texte 4.
Rien ne laisse présager le mal. Il nous ravage d'un coup. On peut jouer simplement, s'imaginer être ailleurs, dans un univers parallèle, s'inventer des aventures, des relations et des identités que nous ne connaîtrons jamais. Nous pouvons nous laisser prendre par un léger brouillard, comme un vertige qui nous ferait nous asseoir, nous poser quelques secondes, et rester bloqués. Les minutes passeraient, parfois même des heures, et le brouillard s'installerait, nous vissant dans une position inconfortable, faisant tourner les mots dans notre esprit, comme un mantra qui ne se finirait jamais.
Puis on bougerait d'un seul coup, suite à un son, une pensée, une sensation.
Je m'écroulerais sur ce lit, serrant les poings, prenant le premier objet à ma portée pour me l'enfoncer dans la peau, jusqu'à ce que son empreinte soit laissée sur moi. Par soubresauts, j'alternerais lucidité et folie, tourbillon de pensée et douleur. Et dans la folie, on ne contrôle plus rien, la seule chose comptant étant de sortir, d'échapper à la douleur mentale inhumaine qui nous encercle, nous emprisonne et nous possède.
Alors je me roulerai en boule, de travers dans ce grand lit me servant de refuge, griffant de mes ongles la peau nue de mes cuisses, tandis que les tremblements reprendraient, que les larmes couleraient sans que je puisse les arrêter. Mon casque et la musique battant au rythme de ma respiration saccadée me couperaient du monde, et je n'entendrais plus, je ne verrai plus rien que ce mur dont je connais chaque centimètre carré par cœur à force de le fixer chaque jour. Ma bouche s'ouvrirait en grand, faisant sortir un cri silencieux, qui me compresserait la poitrine, qui me tailladerait l'organisme jusqu'à ce qu'il ne reste de moi que des lambeaux.
Je me retrouverais comme une torturée, je resterai immobile en priant pour que la douleur me laisse, s'atténue, pour que les quelques larmes roulant à un rythme régulier sur ma peau disparaissent. Je resterais étendue là, marquant inconsciemment ma peau de mes doigts pour sortir de cette transe, tentant de résister aux voix me disant d'exploser, de tout abandonner et de me laisser dominer par cette douleur, qui résonnerait dans mon crâne, frappant chaque parcelle de mon corps en passant par mon esprit, et me clouant sur place. Je n'aurais plus qu'à attendre, attendre que ça passe, que tout s'arrête, parce que je ne peux pas tout stopper moi même, parce que simplement respirer serait déjà trop compliqué.
Il ne reste qu'à attendre.
Parce qu'il n'y a plus d'espoir, alors c'est tout ce qu'il me reste.
Qu'il nous reste.
Attendre.
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