Texte 23
Est-ce que tu peux m'entendre ? Est-ce que ces putains de démons se voient, de l'extérieur ? Est-ce que je meurs réellement, est-ce que le sang s'écoule de mes plaies mentales ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n'ai plus de force pour rien. Plus de force pour continuer à vivre dans la joie, plus de forces pour simplement faire semblant, et plaquer ce fichu sourire sur mon visage. Cette putain de courbe que mes lèvres ne peuvent plus former sans que mes yeux ne brillent de ces sentiments qui veulent s'échapper. Plus de force. Plus de vie.
Je me lève, pourtant, chaque matin. Je me lève, soupirant, traînant des pieds, mais je me lève. Je. Me. Brise. Chaque respiration devient un millier de lames qui transpercent mon corps de l'intérieur. Ma poitrine, que cette douleur attaque, ne se soulève plus aussi facilement. Mon esprit, qui vit dans un brouillard constant, ne suit plus le temps qui court.
Parfois j'oublie. J'oublie que je vais mal, j'oublie que chaque petit mouvement me fait l'effet d'un accident de transport, que tout me mène à cette issue dont je rêve. Puis je me rappelle. Je me rappelle que la vie n'est plus faite de rose et de jeux innocents, je me rappelle que chaque seconde me rapproche plus de cet abîme qui semble m'avaler avec plaisir et lenteur, je me rappelle que je suis seule dans cet enfer.
Pas un enfer dont on pourrait rêver, non. Cet enfer emplis de diables et de fourches que l'on plante en nous, de flammes qui nous dévorent, ne laissant de nous que des cendres immortelles qui souffrent encore. Cet enfer où les mots deviennent des armes, où les relations ne sont que poison, où le cœur ne bat que par obligation. Cet enfer qui m'emprisonne, qui me retient, qui me torture.
Et je voudrais traverser le gouffre, courir vers cette passerelle, embrasser le paradis. Mais les flammes m'agrippent toujours, de leurs bras puissants et chauds, d'une force telle que je la crois parfois bénéfique. De l'autre côté, je vois tous ceux avec qui j'ai partagé des instants plus ou moins importants dans ma vie, ceux que j'ai laissé derrière moi. Ceux qui ne me pardonneront jamais, ceux qui rient maintenant sans moi, ceux qui ne connaissent à présent que mon nom.
J'ai mal. Je souffre tant. Et personne ne voit. Personne n'entend. Personne ne se doute. Et ça rit, ça rit, ça chahute, ça rit et moi ... moi je m'enlise. Je me noie. Quand leurs yeux sont braqués sur mes défauts, quand ils se tournent vers moi comme vers un objet dont on ne connaît plus l'utilité, quand je l'entends pleurer sans pouvoir l'aider, quand je saisit ce remède sans pouvoir l'utiliser. Je me noie. Je meurs.
Je meurs, et allongée au sol, je comprends qu'on ne m'a pas poussée. Je ne suis pas tombée là par hasard, trébuchant sur une route, atterrissant dans l'eau tourmentée. J'ai sauté, pleine d'espoir, cherchant la paix.
Je me suis libérée.
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