Rencontre entre moi et Princeton
Attention, je préviens juste que ce texte est à visée d'un concours (l'encre prodigieuse) et concerne un des personnages présents dans mon livre "MAY IT BE". Je souhaitais vous faire partager ce que j'ai pu écrire mais ce passage ne figurera pas dans le livre. Je ne donne évidemment aucun indice qui pourrait spoiler l'intrigue ^^'
La consigne était la suivante : écrire un texte entre 1500 et 2000 mots sur la rencontre entre moi et un de mes personnages importants de l'histoire. Évidemment, pour ce qui concerne la catégorie Thriller, nous devions nous inspirer de l'environnement oppressant dans lequel se déroule notre histoire.
En espérant que ce petit aperçu vous plaira, n'hésitez pas à me donner votre avis !
Plein de Bisous <3
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Rencontre avec Princeton
Sa lèvre était fendue, son visage tuméfié et rien ne laissait pressentir qu'il était en état de me parler. Pourtant, dans cette pièce si impersonnelle et froide, munie seulement de deux fauteuils rouges en cuir, sa langue se délia d'elle-même et je pus apprendre à le connaître.
Au départ, de nombreux soupirs le coupaient dans son élan de confidence, mais plus les minutes avançaient, plus son regard se perdait dans ses souvenirs, ses peurs et sa tragédie. Ce garçon avait surmonté bien des épreuves durant son enfance, et il ne s'attendait sûrement pas à devoir écoper d'une sentence similaire des années plus tard.
Ce n'est que lorsque je sentis qu'il avait besoin d'encouragements pour continuer, que je pris la parole :
- Comment les choses se sont déroulées ? Qu'as-tu ressenti sur l'instant ?
Princeton Sutherland prit une grande inspiration et me confia une aventure que jamais je n'aurais pu imaginer, même dans mes plus sombres cauchemars. Il me décrivit un machiavélisme aussi puissant qu'une tornade, aussi dévastateur qu'un ouragan.
- La première chose qui me frappa fut son calme olympien face à ses actes. Aucune empathie, aucun remord, cette personne agissait comme un automate. Je me souviendrai toujours de son regard, une étincelle machiavélique y brillait, mélangée à une sorte d'excitation malsaine.
Je sentais que Princeton n'était plus vraiment avec moi à cet instant, son esprit embrumé s'éloignait et basculait dans le passé. Il tremblait de tous ses membres et son teint, déjà clair, devint blafard.
- Je t'en prie continue.
- Je ne pensais pas qu'un être humain pouvait être aussi mauvais. Très sincèrement quand on lit des romans policiers, des thrillers psychologiques, on est finalement loin de la réalité. C'est véritablement quand on se retrouve face à ce genre de personnes que l'on prend conscience que le cerveau peut dériver vers un côté sombre et horrifique.
- Que s'est-il passé ?
Princeton secoua brièvement la tête et se pinça l'arête du nez, une habitude qu'il avait prise pour éviter que les maux de tête soient trop puissants. Au lieu de répondre directement à ma question, il préféra repartir dans les limbes de ses souvenirs :
- J'avais fait des recherches, rassembler des informations à son sujet, pour être paré à toute éventualité. Son dossier psychiatrique était lourd : violence, crises psychotiques mais aussi meurtres sanglants et barbares. J'ai contacté son psychiatre de l'époque pour lui demander quelques détails, essayer de comprendre ce qui avait pu se passer pour en arriver à ce stade de démence. Il m'a tout simplement dit que cette personne était incapable d'aimer qui que ce soit et, qu'aussi étrange que cela puisse paraître, son esprit était programmé pour tuer. Cependant, ce n'était pas seulement le désir de mettre fin aux jours d'autrui qui l'excitait autant, c'était la possibilité d'avoir un contrôle de vie ou de mort sur un être humain. Le voir souffrir était sa drogue, son moyen d'exister.
Je dois vous avouer qu'à cet instant, mon sang se glaça. Princeton avait été face à ce genre de psychose, il l'avait vécu et en parler lui pesait. Pourtant, c'est comme s'il essayait de se fonder sur des faits scientifiques pour s'en détacher. Je savais néanmoins qu'il s'était battu contre cet être immonde, avait tenté de le mettre hors d'état de nuire. C'est cette partie de l'histoire que je voulais qu'il me raconte. Princeton avait toujours été sensible et il a pressenti, même avant que je lui demande, mon envie d'en savoir plus sur les derniers évènements.
- Quand on se bat contre quelqu'un on éprouve normalement un sentiment qui nous fait dire que l'on ne veut pas lui faire autant de mal que ce que notre imagination nous dicte. Une sorte de retenue s'installe, et cela évite que l'on en vienne à assassiner n'importe qui pour n'importe quel prétexte. Ce n'était pas son cas. Ses coups pleuvaient comme si son seul désir était de m'arracher la tête de ses propres mains. Mais avant tout cela, avant cette ultime bataille, cette personne a pris plaisir à m'enfermer, me torturer l'esprit, me faire douter de ma propre santé mentale. Je me sentais faible, impuissant et j'avais horreur de ça ! Ses phrases entraient dans ma tête, me déconnectaient les neurones, instillaient une sorte de combat interne que je n'arrivais pas à maîtriser. Ses mains étaient habiles avec les instruments de torture, comme si cela avait été son métier et que c'était juste la routine. Je sens encore la lame du scalpel entamer ma cuisse, la pointe d'un tournevis cruciforme s'enfoncer dans la chair de mon abdomen. Ses actes étaient toujours suivis de phrases du type : « ta mère ne t'a jamais aimé », « comment peux-tu croire un seul instant que tu mérites mieux de profiter de la vie que ton frère », « il s'est sacrifié pour toi et pourtant c'était un être innocent et pur », « qui es-tu réellement Princeton Sutherland ?
Il fut obligé de s'arrêter dans sa longue tirade. Je sentais qu'il était tendu à l'extrême. Il se prit la tête entre ses mains et frotta énergiquement l'arrière de son crâne. Soudain, il se leva brusquement et parcourra la pièce du regard avant de se mettre à marcher. Il faisait des allers et venues d'un bout à l'autre de ce qui ressemblait, en toute honnêteté, à une cellule. Cette clinique avait été construite dans les années soixante, d'où sans doute les nombreuses fissures qui striaient les murs, sans parler de l'odeur de moisie qui s'échappait parfois du plafond entamé par l'humidité. De nombreux patients y « séjournaient », même si ce verbe n'était pas un mot très approprié. On leur interdisait toute sortie, les visites étaient contrôlées et se déroulaient dans un espace surveillé, là où nous nous trouvions actuellement.
Alors que je croyais que mon entrevue allait se terminer sur ces dernières paroles, un léger chuchotement me fit me rasseoir. Je ne voulais pas le brusquer et me réfrénai pour ne pas lui demander ce qu'il avait murmuré. Heureusement pour moi, il ne s'arrêta pas là. Il glissa le dos sur le mur blanc en face de moi, jusqu'à s'asseoir à même le sol. Il s'était recroquevillé sur lui-même, comme un fœtus dans le ventre de sa mère, en position de protection.
- Tout est ma faute. J'aurais dû être plus fort, plus résistant.
- Vous êtes un être humain, un être doté de compassion, c'est ce qui fait de vous quelqu'un d'estimable. Les psychopathes ne sont pas des personnes comme tout le monde, cela a été prouvé par les neurosciences et, en toute honnêteté, vous avez fait preuve de courage.
- J'ai été aveuglé. Je n'ai pas su voir les signaux d'alarme qui pourtant sonnaient forts autour de moi. Mais vous savez, il y a une chose qui me fait vraiment peur en ce moment.
- Quelle est-t-elle ?
- Je ne suis traversé que par un sentiment, et celui-ci m'empêche de m'effondrer : la haine.
- C'est tout à fait normal de ressentir cela après ce que vous avez vécu.
- Non, vous ne comprenez pas... Cette haine me dévore de l'intérieur et bientôt il ne restera plus que les miettes du « Princeton Sutherland » que tout le monde connaît. Je suis en train de changer. Je me transforme en un être immonde qui...
- Je vous écoute.
À cet instant, je sus que j'aurais dû partir avant, sentir que j'allais le pousser à bout et déclencher chez lui une réaction violente. Ses mains cessèrent de trembler, ses yeux se révulsèrent et je me mis à appeler du regard l'infirmier, concentré sur son téléphone portable. Non mais sérieusement ? À quoi servait-il ? Mes ongles s'enfoncèrent dans les accoudoirs du fauteuil et je dus piocher dans mes réserves internes pour garder un minimum mon sang-froid. Les évènements s'enchainèrent ensuite à une vitesse fulgurante. Princeton se leva brusquement et se dirigea vers moi avec un regard de dément. À peine eu-je le temps de reprendre mon souffle, qu'il se retrouva face à sa moi, son visage à quelques centimètres du mien. Il avait posé ses mains puissantes sur les miennes pour m'empêcher de bouger.
- Tout a changé en moi, j'entends encore sa voix, je sens encore son souffle qui me susurre des choses horribles à l'oreille. Cela ne s'arrêtera jamais. Il est si facile de tomber dans la folie, les psychopathes ne le sont peut-être pas de naissance, peut-être qu'ils deviennent comme ça parce-qu'ils n'ont pas d'autres choix pour survivre.
- Princeton, éloigne-toi de la demoiselle s'il te plaît.
Enfin ! L'infirmier qui se réveille ! Sa carrure impressionnante se rapprocha du jeune homme et alors que je croyais que c'était terminé, Princeton hurla quand le soignant posa une main sur son épaule. Ce n'était pas un cri de rage ni de colère, mais un cri de terreur mêlé à du désespoir.
- Ne me touchez pas !
- Calme-toi Princeton, sinon je t'injecte quelque-chose qui le fera chimiquement à ta place.
- NON ! LAISSEZ-MOI PARTIR ! AU SECOURS ! AIDEZ-MOI ! SORTEZ-MOI DE LÀ !
Il s'arrêta un bref instant de hurler avant de tourner ses yeux couleur ébène vers moi. Son regard était suppliant, il avait l'air d'un enfant apeuré.
- Ne les laissez pas m'emmener, ne les laissez pas me mettre seul face à moi-même. Je vais me transformer. Je...
Princeton n'eut pas le temps de finir sa phrase que déjà ses paupières se firent lourdes. L'infirmier lui avait injecté un puissant tranquillisant et cet homme, autrefois si fort et sûr de lui, s'effondra de tout son poids dans les bras du soignant. Peut-être avait-il raison, après tout, peut-être que les psychopathes possédaient simplement un mode de fonctionnement particulier que nous ne comprenions pas encore. Naissait-on comme cela ? Le devenait-on par les évènements traumatisants de notre vie ? Étions-nous en position de les juger ? Toutes ses questions resteraient gravées dans mon esprit sans obtenir la moindre réponse satisfaisante.
Une seule chose était certaine : la peur viscérale que j'avais lu dans les yeux de Princeton ce jour-là, me poursuivrait toute ma vie.
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