Ilan
Mon amour,
Je ne sais par où commencer. Sur toi, il y a tellement à prononcer.
Je remercie Dieu de t'avoir mis sur ma route, tu as changé ma vie. Tu l'as rendu bien meilleure en un claquement de doigts, mon chéri.
Si Cathleen ne nous avait pas fait nous rencontrer, je ne sais ce que je serais devenu. Tu as fait de moi une meilleure personne avec un bon fond. Et pour toi, je vais me mettre à nu. Mais je l'ai toujours fait, au fond.
Qui aurait pensé que nos cœurs seraient compatibles l'un à l'autre ? C'est si beau et si insensé à la fois.
Mais je regrette, je dois partir.
Non, surtout ne culpabilise pas. Ce n'est pas de ta faute. Mais celle de toutes ces petites merdes qui ne savent pas accepter l'amour tel qu'il est !
Moi, je trouve que l'on est éblouissant ensemble. Certaines personnes nous trouvent angéliques, lorsque l'on se tient la main dans la rue ou que l'on s'embrasse.
Mais d'autres trouvent ça ignoble et inhumain. Mais pourquoi ? Ilan, mon amour, aide-moi à comprendre ce qui ne tourne pas rond dans leur putain de crâne !
Pourquoi est-ce que deux personnes du même sexe qui s'aiment, c'est si mal vu ? On devrait accepter cela autant qu'on accepte les hétérosexuels. Cette société de merde nous oblige à nous cacher derrière un personnage que nous ne sommes pas pour pouvoir être accepté. Sinon, si tu oses enfreindre les règles ne serait-ce qu'une seule fois, on te range dans des cases, t'insulte de "pédé" et on t'incite à aller bien gentiment te faire foutre !
Mais merde à la fin, pourquoi est-ce que nous n'avons pas le pouvoir d'être nous-mêmes et de vivre tous ensemble en parfaite harmonie ? Décidément, je serai toujours dans l'incapacité de comprendre cette foutue mentalité.
Alors, oui, je me crois peut-être un peu trop au pays des bisounours, où tout est beau, tout est rose... Mais, putain, j'en ai marre de ce monde de merde !
L'amour, c'est si beau. Peu importe le sexe de chacun. Bordel, juste pour une histoire de parties intimes, c'est quand même fou !
Les gens voient leur façon de penser, et ils laissent ainsi ? Ils n'essaient même pas de les raisonner ? Je vais te les raisonner, moi ! Je vais les secouer, les frapper, les insulter ; jusqu'à temps qu'ils prennent conscience de leurs absurdités !
Les humains devraient vivre ce que nous, nous vivons. Ils devraient percevoir l'amour à l'aide de nos prunelles ; ainsi, ils verraient comment on vit d'amour et d'eau fraîche.
Et le pire dans tout ce merdier, c'est de ne pas être accepté tel que je suis par mon père. Mon propre géniteur. Tu sais, si je lui avais tout avoué comme tu le souhaitais tant, il m'aurait mis à la rue et m'aurait interdit de te revoir. Alors, crois-moi, c'était mieux ainsi.
Je t'ai toujours admiré. Toi, tu t'en foutais de l'avis des gens. Peu importe s'ils t'insultaient, te jugeaient, te tapaient même ; tu continuais ! Parce que pour rien au monde tu ne voulais les laisser gagner. Et ça, ça prouve à quel point tu es brave et courageux, beaucoup plus que tu ne le penses.
Moi, je n'ai pas eu cette chance d'être aussi fort que toi. Je suis beaucoup plus faible, je ne peux pas passer au-dessus de ces critiques. Je ne peux plus.
Tu me répétais, pourtant, de m'en foutre. Mais c'est comme me demander de te décrocher la Lune ; en l'occurrence, ça m'est impossible. Tu m'en vois affreusement désolé.
Et puis, des rumeurs courent, courent aussi vite que lorsque je fuis mes problèmes. "Tu ne sais pas la dernière ? Il paraît que Lenny a pompé son cousin !", "J'ai entendu dire qu'il matait les mecs dans les vestiaires, quel salaud !", "Oh, lui, c'est pire qu'une tapette. Regarde-moi ça, ce truc n'est même pas humain ! Il préfère baiser des chibres plutôt que de sauter des nanas."... J'ai honte de t'avouer cela, Ilan. Que vas-tu penser de moi, désormais ? "Mon petit ami est un bon à rien, il se laisse abattre par ses camarades sans même rétorquer !" ? C'est de cela dont j'ai peur, tu sais. Ce que je vis est un scandale, mais pourtant, je ne suis même pas fichu de stopper tout ce merdier, comme si j'appréciais être dedans, comme si c'était ma zone de confort.
Si tu savais le nombre de repas de famille remplis d'injures que j'ai endurés. Et vas-y que je lance le débats des mariages pour tous, et vas-y que je les insulte, et vas-y que je leur souhaite tout le malheur du monde... Puis, il y a moi, à côté, qui ne dis rien. Mais que voulais-tu que je leur réponde ? "Papa, maman, j'ai une préférence pour les hommes ; alors cessez cette mascarade !" ? Non, ce ne serait pas passé. Apprendre que leur fils n'est pas "comme eux" est pire qu'une insulte pourrissant leur égo. Enfin, surtout pour mon père, et ma famille en général. Je ne pouvais que subir, et ne pas l'ouvrir.
Je ne remercierai jamais assez Cathy de nous avoir aidés en faisant croire à ma famille que l'on était en couple, elle et moi. Grâce à cela, ils n'avaient plus aucun doute sur mon orientation sexuelle et tout ce qui s'ensuit.
J'aurais voulu que l'on vive notre histoire au grand jour, tu sais. Je l'aurais voulu, mais d'une force que tu ne peux même pas t'imaginer. Ça me fout la rage quand je vois des couples hétérosexuels qui ont le droit de montrer leur amour et que la société idolâtre cela ; alors que nous, c'est presque un crime.
Mais, merde, ce n'est pas pour rien que la loi autorise les couples gays, les mariages pour tous ! Alors pourquoi eux ne l'acceptent pas ? Pourquoi sont-ils autant contre nous ?
À leur place, j'aurais honte. Honte d'être contre l'Amour, le véritable Amour. Honte d'être aussi cruel envers des humains, des êtres à part entière. Honte d'être atteint d'une débilité exorbitante.
Nous pourrir la vie parce que nous sommes heureux, amoureux. N'est-ce pas là le fruit de l'atrocité Humaine ? Ne seraient-ils pas jaloux ?
Ilan, si tu savais comme je t'aime. J'aurais tout fait pour toi, absolument tout. Je savais qu'une partie de moi était ton destin.
Mais, présentement, je suis à bout, vraiment. Je ne peux plus continuer ainsi. Ça m'est désormais impossible.
Je n'ai plus la force de continuer à me battre. Mais, toi, tu le peux encore. Tu as une force extraordinaire. Continue de mener à bien ton combat, le nôtre. On réussira à vaincre cette cruauté, je te le promets.
Mais, cette fois-ci, tu devras combattre sans moi. Je ne serai plus présent physiquement, mais une part de moi sera toujours à tes côtés, sois-en sûr.
Pour rien au monde je ne voudrai te laisser, t'abandonner.
Ne prends pas mon envol pour un abandon, je t'en prie.
Ne sois pas triste, continue ta vie jusqu'au bout, comme tu l'as toujours souhaité.
Tu trouveras quelqu'un de mieux que moi, quelqu'un de plus fort psychologiquement. Quelqu'un qui n'abandonnera pas à la moindre occasion, qui n'est pas lâche comme moi, je le suis. Je te le souhaite plus que tout au monde.
Tu sais, j'aurais volé les étoiles des astres pour venir les implanter dans ton cœur, dans tes yeux, dans ton âme. Je crains qu'un jour, tu finisses par penser la même chose qu'eux vis-à-vis de moi. Alors, je planterai ces étoiles dans tes si belles prunelles pour que tu me voies toujours avec des yeux étincelants, comme si j'étais un ange. Mais, à présent, j'en suis un, un ange.
Je veillerai sur toi de là-haut. Je te protégerai contre tout danger.
S'il te plaît, ne sois pas triste de ma disparition. Au contraire, sois ravi pour moi car, désormais, je ne souffrirai plus. Je serai enfin en paix avec moi-même, avec le monde.
Bats-toi jusqu'au bout. Fais-le pour toi, pour moi, pour nous. C'est notre combat. Garde toujours confiance en toi, car moi, quoi qu'il arrive, je crois en toi. Je sais que peu importe ce qu'il pourra se passer, tu es fort et tu réussiras à atteindre le but final.
Ilan, n'oublie jamais que je t'aime plus que ma propre personne. Tu es bien plus qu'une partie de moi, tu es toute ma vie.
C'était toi, c'était moi, c'était nous, c'était notre histoire.
Je suis sincèrement désolé de te dire tout cela sur une foutue lettre ; j'aurais aimé te l'expliquer en face, une dernière fois. Mais, crois-moi, c'est mieux ainsi.
Je ne souhaite pas que tu souffres, vis ta vie à fond et n'écoute pas les gens qui te jugent ou te rabaissent. Ignore-les et trace ta route. Il n'y a que comme ça que tu réussiras.
Ne m'oublie pas, car moi, je veille sur toi.
Perdu mais amoureux, Leny
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