La gloire de mon père PAGNOL 📖

Auteur : Marcel Pagnol (écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français)

Titre : La gloire de mon père (ayant pour continuité Le château de ma mère (1957) et Le temple des secrets (1960))

Date de publication : 1957

Mouvement littéraire de l'œuvre : régionalisme et réalisme autobiographique

Genre littéraire : autobiographie

Contexte historique dans lequel a été écrit l'œuvre (si besoin) :

- Le contexte de l'œuvre est suffisamment explicité dedans. Il faut juste garder en tête qu'à cette époque la France souffre encore des ravages de la guerre.

Style d'écriture :

- Récit nostalgique : l'atmosphère des souvenirs doux et mélancoliques participe à la douceur de la lecture. Ainsi Marcel Pagnol parle aux âmes d'enfant de ses lecteurs pour les faire voyager dans sa narration.

- Liens avec la nature : écriture très contemplative, visuelle et descriptive qui permet de comprendre les décors de Provence et l'importance qu'il accorde à l'environnement de ses vacances.

- Ton léger : « Sans prise de tête », Pagnol peut évoquer le rapport à l'enfance, les valeurs familiales et amicales, le respect, les traditions (avec des dialogues et expressions provençales authentiques) qui présentent ses écrits sous un bienveillant.

Age conseillé : À partir de 11 ans cela peut être intéressant de lire cette autobiographie de Pagnol afin de comprendre et découvrir ce genre littéraire. Par la suite, en 3e (14 ans), il peut être pertinent de l'étudier afin de cerner des éléments de culture régionales et d'enrichir sont vocabulaire par des mots et des expressions davantage utilisés au XXème siècle.

Amorce : Thèmes du livre

- L'enfance

- Les liens familiaux et amicaux

- L'éducation, les traditions, les valeurs transmises par le cercle que l'on côtoie

- Le temps qui passe entouré par la nature associée au bonheur et à la nostalgie

Les personnages de l'œuvre :

- Marcel Pagnol : Personnage principal, racontant son enfance en Provence.

- Joseph Pagnol : Père de Marcel, instituteur laïc.

- Augustine Pagnol : Mère de Marcel, femme au foyer douce et aimante.

- Paul Pagnol : Frère cadet de Marcel

- Oncle Jules : Frère d'Augustine, mari de tante Rose. Personnage sympathique et jovial.

- Tante Rose : Sœur d'Augustine, mariée à Jules.

- Lili des Bellons : Jeune berger du village, ami de Marcel, qui lui fait découvrir la nature provençale

Mon avis :

Ici, j'ai fait le choix de présenter une œuvre qui m'a parfois laissé perplexe quant à ce que j'apprécie et ce que j'aime moins dedans.

Un classique autobiographique ! Marcel a un père instituteur au village, une mère au foyer, un petit frère (Paul) et une sœur plus petite encore.

📜

Le moment le plus mémorable du livre est le moment où Marcel, environ 8 ans, suit son père (Joseph) et son oncle (Jules) à la chasse malgré que ceux-ci le lui ait interdit. Marcel finit par les perdre de vue et par se perdre dans la forêt, avant de les retrouver au moment où son père réussit à tirer et abattre de rares perdrix royales sur "un coup du roi" (c'est une certaine manière de tirer au fusil). C'est un évènement qui a marqué les esprits de la famille et de Marcel surtout. Il semble très fier de son père depuis cela d'où le titre de cette première autobiographie. Marcel explique aussi que durant son enfance il aimait bien aller chez le brocanteur et rapporter toutes sortes d'objets qu'il retapait ou avec lesquels il créait. La plupart de l'histoire se déroule pendant les vacances dans ce qui est nommé une « villa louée pour l'occasion ».

J'ai constaté avec intérêt que Marcel a été élevé de manière athée par ses parents, ce qui, si je ne me trompe pas, est plutôt rare comme mode d'éducation pour l'époque (Marcel est né en 1895). Ses parents ont même l'air de voir d'un œil plutôt mauvais tout ce qui se rapporte à Dieu, au curé et à l'église. J'ai relevé dans l'histoire cela quand le père parle avec l'oncle Jules. Lui, est très pieux. Il y a des désaccords entre eux sur ce sujet : Jules (qui est d'ailleurs le beau-frère de Joseph) préfèrerai que les enfants soient élevés dans la foi. Le père parle également à un curé de village en présence de son fils, puis une fois le curé éloigné, il souffle à son fils : "Ce curé à l'air sympathique mais il ne faut pas s'y tromper, cela reste un homme d'église."

Ainsi les conceptions et les croyances ou les rejets nouveaux pour une époque me fascine. Je trouve cela plaisant tant pour comprendre comment cela peut former un individu parfois en marge ou avant-gardiste sur son époque que pour saisir qu'est-ce qui influence l'individu dans ses écrits quand celui-ci est un auteur.

📜Reprenez ici !

L'histoire n'a pas beaucoup d'actions ce qui est normal pour une autobiographie. C'est que l'on appelle un roman contemplatif mais cela est très marqué chez Pagnol. De plus, je ne trouve pas que l'histoire raconte les faits d'une vie plus extravagante qu'une autre. Elle traîne un peu en longueur. Je comprends très bien qu'une famille provençale si bourgeoise et favorisée n'est pas donnée à tout le monde surtout dans les années 50, mais de mon point de vue ce n'est pas ce qui est mis en avant et souligné dans une démarche réflexive par Marcel Pagnol. Je trouve cela un peu dommage. Cependant j'aime bien le style d'écriture de ce livre, les mots employés, les phrases... etc. L'avant-propos du livre relatait des choses que je trouvais vraies, intéressantes, franches et sincères ce qui rendait celui-ci plutôt amusant. Je me suis également dis en le lisant que l'auteur faisait preuve d'une conscience de lui-même, d'un recul, d'un jugement réfléchit et touchant qui est fort. Cela n'est pas facile à faire de se "décortiquer" soi-même. Pour une autobiographie il faut réussir à trouver ses qualités, ses défauts... etc. Marcel Pagnol y parvient parfaitement.

Citations et interrogations / réflexionsproposées par l'œuvre :

« Le voisin attela son cheval, la tante enveloppa Augustine dans des châles, et nous voilà partis au petit trot, tandis que sur la crête des collines la moitié d'un grand soleil rouge nous regardait à travers les pins. »

Souvenir très détaillé des paysages lors du départ en vacances.

« Les mots qui ont un son noble contiennent toujours de belles images. »

J'apprécie beaucoup cette citation pour le sens critique que Marcel Pagnol prête aux langues.

« Je crois que l'homme est naturellement cruel: les enfants et les sauvages en font la preuve chaque jour. »

Ces propos rejoignent l'éternelle question philosophique de la cruauté humaine : est-elle innée ou s'acquière-t-elle ?

- Quelle est la place de la famille dans la construction de notre identité ? Comment les valeurs familiales se transmettent-elles d'une génération à l'autre ?

- Marcel Pagnol évoque beaucoup le bonheur dans son enfance. Qu'est-ce que le bonheur ? Comment le trouve-t-on ? Est-il trouvé dans la simplicité, les petits plaisirs quotidiens, et le lien avec les autres ? (Ou bien est-il compromis par les aspirations matérialistes et les complications de la vie moderne ?) La réponse à la quête du bonheur est-elle diverse en fonction des individus ? Cette réponse est-elle multiple ?

- Doit-on préférer une vie en lien avec la nature à une vie urbaine moderne pour être heureux ? Concrètement notre rapport à la nature évolue. De quelle façon ?

Conclusion

L'aspect parfois « trop » contemplatif du roman ne m'a peut-être pas aidé à accrocher. Néanmoins je lui reconnais la qualité d'un apport culturel qui change de ce que l'on peut couramment lire. La façon d'écrire et le vocabulaire de Pagnol sont pertinents à observer dès son enfance afin de comprendre son appétence pour les métiers des Lettres vers lesquelles il est destiné.

De plus, si lire ce roman vous semble décourageant ou trop fastidieux, il est toujours possible de se tourner vers le cinéma. En effet La gloire de mon père et Le château de ma mère ont tous deux fait objets d'une adaptation qui reprend les mêmes acteurs dans la continuité. De part les critiques existantes (car je n'ai pas vu les films), je peux tout de même avancer que les films restent très fidèles au texte notamment au travers des dialogues.

Avis rédigé le 27 février 2022 et reformulé le 25 août 2024