Nouvelle / campagne de sensibilisation.

Ils sont quatre.

Quatre à avoir vécu ce harcèlement.

Et cela a tout changé: leur caractère, leur façon de voir le monde, leurs relations... Et bien plus encore. 

Que se serait-il passé si ces gens n'avaient pas choisi d'en faire des victimes ? Seraient-ils heureux ? Ou simplement ignorants et immatures ? 

Chacun a vécu son propre harcèlement. Les propres "raisons" pour laquelle ils s'en étaient pris à eux, leurs propres façons de s'en sortir et surtout ce qui avait changé.

Et pourtant, leurs sorts se sont entrelacés.

Veuillez noter que ce chapitre fait explicitement référence au harcèlement, à la violence, aux insultes crues, au sexisme, à l' abus sexuel (pas entièrement détaillé, mais métaphorique) et aux scarifications.

Éco: une innocence volée.

En cette rentrée de CM1, Éco ne perd pas ses bonnes habitudes. Elle passe le bonjour à Nil, son meilleur ami et se dirige tout droit vers sa première amie féminine: Léna. Elle l'avait rencontrée l'année dernière et elles étaient devenues très amies du fait qu'elles ont la même imagination. Après les premières heures de cours, Éco décide de jouer seule sous le regard triste du Nil et un certain regard dédaigneux. Éco imagine, s'évade. Dans son monde imaginaire, elle poursuit un brigand sur son cheval noir. Elle fait alors semblant de galoper dans la cour tout en parlant toute seule. Tous ses faits et gestes sont mimés. Mais elle se moque de ce que les autres voient.

Comme ces journées étaient belles !

Mais toute bonne chose a une fin n'est-ce pas . Car cette merveilleuse fille née d'une utopie, inadaptée à cette sombre société, ne pouvait pas durer. Car un jour, Lena présente à Éco une de ses amies. Enfin, drôle de présentation pourriez-vous me dire, parce que ce Lilou sait déjà qui est Eco. À ses yeux, elle est juste une folle qui, en dépit de tout, a de bonnes notes, et qui dans ce ton se croyait tout permis. C'était juste un déchet qui la dérangeait.

Dès lors, lorsqu'Éco vient parler à Léna, Lilou arrive et la frappe. Au début, ce n'était que de violents coups de pied. Mais le temps passe et les coups s'aggravent. L'objectif de Lilou est simple : éloigner cette folle de son amie pour l'isoler.

Éco ne comprenait pas. 

Pourquoi cette fille la frappe, elle dont son seul péché est d'être trop différente ? Pourquoi Lena n'agit-elle pas ?

Éco a mal, Éco est triste. Mais elle ne se rend pas compte.

Puis un jour elle comprit. Le sens des mots de Lilou, "folle", a-t-elle dit. 

En un seul cruel mot, la petite-fille avait mûri. Elle avait compris comment se comporter, pourquoi on la frappait et surtout elle écoutait les critiques. 

Un jour, une nouvelle fille arrive. Éco sympathise avec elle, parle à nouveau à Nil, s'éloigne de Léna et surtout arrête de jouer toute seule. Mais derrière tout ce renouveau, Éco est détruite. Elle n'a plus d'innocence et surtout elle souffre. Alors chez elle, la petite-fille se frappe, se mord. Les disputes éclatent, et elle menace ses parents de se suicider, couteau sous gorge, s'ils n'accèdent pas à ses désirs. 

Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Entre-temps, beaucoup d'autres choses lui sont arrivées, mais ça, c'est une autre histoire....

Elle se promet alors une chose: Désormais, elle cherchera à savoir le passé des autres et à aider le plus de personnes possible.

Nil: Une féminité brisée.

Nil a toujours eu du mal à se faire des amis. Ainsi, lorsqu'il rencontra Éco à ses 6 ans, il se promit de dédier sa vie à elle. 

Sauf que s'il n'avait pas d'amis, c'est à cause de son caractère un peu... Spécial. Nil a beau être un garçon qui se sent bien dans sa peau, il possède des manières dites par le patriarcat "féminines". Ainsi, il parlait avec une voix douce, aimait chanter et cuisiner, faisait des gestes calmes et posés, n'aimait pas beaucoup le sport et avait des cheveux longs et des traits féminins. Et surtout, il ne fréquentait que les filles.

Évidemment, une telle différence ne pouvait passer inaperçue. Dans son dos, plusieurs personnes le critiquaient en le traitant de "fillette", "fille manquée", "Nila", "bizard". Chez les adultes, certains le croyaient transgenre et lui demandait s'il voulait être une fille. Mais le pire fut le professeur de sport, à ses 9 ans. Un homme viril bien macho, et qui ne manquait pas de se faire remarquer. Le fou rire lui prit alors lorsqu' il remarqua Nil. Il lui saisit les bras, les monta en l'air et déclara devant la classe:

  - Pas étonnant que tu ne sois pas fort, avec tes bras de fillette ! 

  Les autres élèves, sauf Éco évidemment, se mirent à rire.

C'est alors que Nil se remit en question. Devrait-il changer sa manière de se comporter ? Il fallait qu'il devienne un "vrai garçon". Il demanda à sa mère de lui couper les cheveux, il arrêta de chanter et cuisiner, apprit à se comporter de manière brusque et se mit à faire du sport. Il fit alors la rencontre de Kilian, un jeune garçon ténébreux et devint ami avec lui. Il s'éloigna alors d'Éco et ne fréquenta que deux garçons. 

Sauf qu'un jour, il apprit ce qui c'était passé durant leur séparation. Éco avait été harcelée. Il s'en voulut alors énormément. À cause de ses idioties, sa meilleure amie n'avait pas été protégée. Il décida alors de tout changer à nouveau. Il présenta Éco à ses nouveaux amis, recommença à faire de la cuisine et chanter et réessaya la délicatesse (à moitié). Mais ce fut tout. Le reste, on le lui avait enlevé, et il n'osait pas à nouveau se faire pousser les cheveux. 

On lui avait enlevé la moitié de sa manière d'être, et probablement à jamais.

Brenda: Une joie intérieure ruinée. 

Brenda était une adolescente pure et innocente, du haut de ses douze ans. Elle avait une famille assez pauvre et étrange. 

Son père, 66 ans était homme de ménage, tout comme sa femme, mais qui avait elle 43 ans. Ils avaient eu ensemble 3 enfants, un fils âgé de 14 ans, une fille de 12 ans et un autre fils de 6 ans. 

Ils venaient d'Haïti, mais avaient décidé d'emménager en France à la naissance de leur fils. 

Revenons au cas de Brenda. C'était la cadette de cette fratrie. Une jeune fille pétillante, timide, innocente, joyeuse, gentille, mignonne mais rancunière et qui avait tendance à tout confier à ses amies, surtout à Éco qu'elle avait rencontré à ses 10 ans. 

Mais il y avait une chose dont elle ne parlait pas. Sa relation ambiguë avec son frère aîné.

Il arrivait souvent qu'après des chamailleries, il la plaque sur son lit et la touchait à la poitrine ou lui caressait ses cuisses. Cela la surprenait et surtout la gênait, mais ne comprenant pas le sens de ses actions, elle le laissait faire. Mais ces derniers temps, les actes d'Enzo, avants rares se faisaient de plus en plus souvent. Une fois, il l'a même contrainte à toucher son entrejambe. Depuis cet incident, Brenda fuyait sa présence. 

Mais un soir, alors qu'elle dessinait sur son bureau lors d'une insomnie, la jeune fille entendit la porte s'ouvrir. Automatiquement, elle se retourna et s'apprêta à parler lorsque la silhouette d'Enzo lui signifia de ne pas dire mot. Elle demeura alors muette, loin d'imaginer ce qui allait arriver.

Son frère s'approcha du bureau et lui saisit le bras avant de lui murmurer:

  - Lèves-toi et la ferme. 

  - Pourquoi ? Questionna Brenda.

  - On va faire un truc de frère et sœur, t'inquiètes pas.

  - Ok alors. 

(TW: Scène de viol)

Brenda s'exécuta aussitôt et se leva de sa chaise. Enzo la saisit alors et fondit sur ses lèvres. Surprise, Brenda ne réagit pas, mais le repoussa un peu.

  - Tu fais quoi ?! Lui chuchota-t-elle paniquée.

  - Tais-toi ! Tu voudrais pas que papa et maman sache que tu as embrassé ton frère ? La honte t'imagines... Susurra son frère.

La noiraude déglutit en s'imaginant la scène.

  - O... Ok. 

Enzo approfondit le baiser avant de se coller à sa soeur pour la pousser sur le bureau. Il commença alors à avoir les mains baladeuses. Brenda perdit alors la notion du temps et des larmes commencèrent à rouler sur ses joues. Elle ne comprenait pas. Est-ce que c'était normal ces doigts qui s'imminçait en elle ? Pouvait-elle encore refuser ? Elle avait si mal... Elle se sentit transportée sur son lit. Enzo saisit sa poitrine naissante en la déshabillant.

Brenda avait honte, mal et peur. Mais elle ne pouvait rien faire. Elle sentit ses bras être guidés vers la braguette de son frère, qui l'ouvrit pour y déposer son sexe entre ses mains tremblantes. Il la força alors à lui faire plaisir, aussi bien par les mains que par la bouche. Puis il s'habille et prononce un dernier mot :

  - Surtout, ne dis rien parce que personne ne va te croire et tout le monde va te rejeter.

(Fin de la scène) 

Il l'a laissée nue, couchée sur le lit, complètement apathique. Petit à petit, Brenda retrouve ses sens et laisse le flux d'émotions négatives éclater en larmes sans fin. Son coeur battait, et elle n'arrivait pas à respirer. Que venait-il de se passer ? C'était vraiment un truc de frère et sœur . Alors pourquoi n'a-t-elle pas eu du plaisir ? Pourquoi se sentait-elle souillée ? 

Elle se rhabilla fébrilement et s'endormit, épuisée. 

Quand Brenda se réveilla, elle pleura encore et encore. Elle fit ensuite semblant d'être malade, et demeura au lit pendant trois jours. On lui avait volé sa virginité, et surtout son innocence et sa joie de vivre. Certes, elle feignait, mais à l'intérieur seul le néant répondait à sa demande de bonheur.

Kilian: la violence résout tout. 

Kilian avait toujours été un garçon très original. Habillé gothique, de longs cheveux noirs et une frange jusqu'au nez à 6 ans, fallait le faire quand même. Mais il n'en restait pas moins bon et friand de lecture. C'était un garçon timide, qui passait son temps à lire dans un recoin de la recréation. 

Il se remettait progressivement de la séparation de ses parents. Mais de temps a autres, il remarquait une bande de garçons d'une autre classe qui s'approchait de lui pour ricaner, avant de s'en aller.

Il n'y prêtait pas attention, jusqu'à que ces jeunes garçons décident de se moquer de lui ouvertement. Puis, ils le frappait. Au début, Kilian se laissait faire. Puis, il commença à apprendre. À chaque coup, il mémorisait la manière et la force dont il avait été porté. Chez lui, il s'entrainait à perfectionner son adresse et sa force. Au bout d'un temps, les coups et les insultes ne lui firent plus mal. Il était devenu froid comme la glace.

Et un jour, ce ne fut plus eux qui attendait pour le frapper, mais lui pour prendre sa revanche. Il leur remit tous les coups qu'ils lui avaient portés. Mais en plus fort et plus précis. Malheureusement, il se fit prendre par la maîtresse. On lui enleva l'étiquette de victime que tout le monde avait ignoré, et on la remplaça par "agresseur". Alors que lui, ne l'avait fait qu'une fois. On convoqua sa mère et celle des trois garçons et on le blâma. Il évoqua alors ce qu'il avait vécu. On lui reprocha de ne pas l'avoir fait plus tôt et la directrice lui avait répliqué que la violence n'était pas une solution. 

Kilian se fit renvoyer trois jours, et les trois garçons furent obliger à rester au coin pendant les recréations durant une semaine. Mais qu'est-ce se faire regarder de travers pendant une semaine alors qu'on a brisé la conscience d'un petit garçon à vie ? Alors que lui pour seul péché, fut de se rebeller et a maintenant marqué sur son suivis scolaire une marque indélébile qui l'handicaperait dans sa recherche du travail et qui se fait fuir par les autres élèves tout le long de sa scolarité.

Heureusement, il se fit de nouveaux amis dont un qui recherchait justement sa férocité, puis une amie un peu étrange mais très gentille. Mais le harcèlement ne part jamais. Kilian ne sait plus maîtriser sa force. Il se bat dès que quelqu'un le provoque. Il ne s'est plus fait renvoyé, mais convoqué oui. Cependant, il utilise son agressivité pour protéger ceux qu'il chérit. De plus, sa meilleure amie Éco lui a permis de s'assagir.

****************

Ces destins se sont entremêlés. 

Ils sont devenus amis, puis Kilian a aimé Nil et Brenda a aimé Éco. Mais cette marque indélébile les a marqués à vie.

Aujourd'hui, Éco est malade d'anxiété à cause de l'école. Elle y a perdu goût le jour où Lilou l'a frappée. 

Aujourd'hui, Brenda dessine des choses problématiques. Elle ne sait plus ce que c'est que le consentement. 

Aujourd'hui, Nil ne cesse de se tourmenter. Il porte en lui le fardeau immense de la culpabilité.

Aujourd'hui, Kilian a une psychologue. Il est devenu addict aux écrans, car cela le rassure 

Le harcèlement change les gens car il détruit leur conscience, et ils sont obligés de s'en reconstruire une différente à la hâte. Mais il manque toujours des petits trous. Et des fois, ces petits trous deviennent plus grands car la conscience est instable. Alors, l'humain cherche comment trouver un bouchon à ce trou, car il se sent vide. Certains sont mauvais et temporaires: on les appelle addictions, délinquance... D'autres sont bénéfiques: les animaux, une pratique sportive... Des fois, il se peut qu'une personne réussisse à créer un petit morceau pour reboucher le trou d'une autre. Ainsi, un trou peut être partiellement rebouché, pour qu'il ne reste qu'un petit orifice. Mais il est impossible de refermer un trou en entier.

Fin.

Kissous,

Écologirl.

PS: partagez cette histoire en masse, je veux qu'elle serve de campagne de sensibilisation.

PS 2: ce sont des histoires vraies et les concernés (Nil, Kilian, Brenda et bien sûr moi-même) ont consenti à partager leur vécu. Ils m'ont raconté / écrit leurs histoires et je me suis chargée de les mettre en écriture avec mon propre style.