Yokai

Dans le folklore japonais, les yokai sont des esprits côtoyant les humains et pouvant les influencer en incarnant des émotions, des objets ou des tracas du quotidien.

Bénéfiques, indifférents ou malicieux, certains sont néanmoins terrifiants et cruels. Et comme je les aime bien, c'est d'eux que je vais parler, en vous donnant les astuces pour leur échapper. Juste au cas où.

Les yokai les plus dangereux ont souvent été de simples humains à l'origine, morts dans des circonstances violentes ou injustes, les poussant à se venger sur les vivants, parce que... ils sont vivants. Fantômes méchants, vous connaissez.

Ma préférée d'entre tous c'est Kushisake-onna.

Du temps où elle était vivante, c'était une très belle femme mais vaniteuse, demandant chaque jour aux enfants de son village s'ils la trouvaient belle. Sauf qu'en plus d'avoir la grosse tête, elle était infidèle envers son mari. Lorsque celui-ci le découvrit, il lui fendit le visage d'une oreille à l'autre, en une ligne passant par sa bouche, puis lui demanda qui allait la trouver belle à partir de ce moment (spoiler : personne). Elle devint donc un yanamun, un mauvais esprit.

On la trouve de nos jours dans les ruelles sombres, un masque sur le visage ou se cachant derrière un éventail. Si vous la croisez, elle vous demandera, d'abord le visage caché, si vous la trouvez belle. Comme vous êtes bien élevé et poli (et tout seul dans une ruelle flippante), vous répondrez oui. Elle révélera son visage et répétera sa question « Est-ce que je suis belle ? ». Si vous répondez non, elle vous coupera le visage de la même manière que le sien (et on ne veut pas ça). Le problème, c'est que si vous répondez oui, elle fera mine de vous laisser partir avant de vous rattraper et vous découper le visage en rétorquant « Si je suis belle, tu veux me ressembler ! ».

La méthode qui marchera peut-être c'est de lui répondre que vous la trouvez moyenne. Ou que la beauté c'est subjectif. Ou bien vous la jouez passif-agressif et vous répondez « Et moi ? », ce qui la déstabilisera. Mais je dois vous le dire, vous avez peu de chance que ça fonctionne et beaucoup plus de finir défiguré.

Une autre qui vous fera un QCM, c'est Teke-Teke. Ce yokai assez récent, issu d'une légende urbaine, s'appelle comme ça à cause du bruit qu'elle fait en se trainant sur le sol à la force de ses bras, parce qu'elle n'a pas de jambes. C'est d'ailleurs bien là son drame : à l'origine une simple écolière, elle est tombée (ou a été poussée par ses harceleurs) sur une voie ferrée, se faisant couper les jambes par un train (qui sont relativement fréquents sur une voie ferrée).

Elle traîne désormais la nuit autour des gares, les zones urbaines en périphérie ou les toilettes. Si vous la croisez, elle vous posera cette question très logique « Où sont mes jambes ? ». Comme vous lisez cet article, vous savez qu'il faut répondre « Sur l'autoroute Meishin » ou « l'autoroute 303 » (allez savoir ce que ses jambes font sur une autoroute). Elle vous demandera alors « Qui te l'a dit ? ». Ne répondez pas en lui disant mon nom (par pitié) mais « C'est Kashima Reiko qui me l'a dit ». Elle terminera par « Quel est mon nom ? » et vous devrez répondre « Kamen Shinin ». Si vous ne répondez pas à ses questions, ou que vous ne donnez pas les bonnes réponses, elle vous coupera les jambes, probablement avec une faux. Mais contrairement au yokai précédent, si vous répondez correctement, elle lâchera l'affaire et vous laissera partir.

Oh, et il est aussi dit que quiconque apprend la légende de Teke Teke recevra sa visite dans le mois qui suit.

Toujours dans la catégorie des quiz, Aka Manto, dont le nom signifie « manteau rouge » parce qu'il est vêtu d'un... manteau rouge.

Donc, vous êtes un élève japonais, et vous avez envie d'aller aux toilettes. Les toilettes les plus proches de vous sont les plus reculées de l'école, et n'ont pas bonne réputation (comme toutes les toilettes de toutes les écoles selon moi). Mais ça presse trop donc vous y allez quand même. Vous avez fini votre affaire quand vous vous rendez compte qu'il n'y a plus de papier toilette. C'est alors que vous entendez une voix vous demander « Tu veux du papier rouge ou du papier bleu ? ». Personnellement je tenterais de m'enfuir ou de jouer au roi du silence, mais apparemment tout le monde choisit une couleur sans se demander qui est le pervers en train de se planquer dans les toilettes d'une école. Donc, vous choisissez votre couleur préférée, mettons le rouge. On vous retrouve quelques heures plus tard, écorché et dans une flaque de sang. Au bout d'un moment, un autre élève fait ses affaires dans ces toilettes (idée de génie), est en panne de papier et entend la même question que vous « Tu veux du papier rouge ou du papier bleu ? ». Comme il n'est pas si bête que ça, et qu'il a entendu votre histoire, il répond qu'il veut du papier bleu. On le retrouve étranglé et vidé de son sang, donc la peau bleue.

L'astuce pour échapper à Aka Manto est turbo simple, c'est de lui répondre que vous n'avez pas besoin de papier. Je sais, c'est crade, mais au bout d'un moment entre la dignité et la vie, il faut choisir. Vous préférez mourir propre ou vivre sale ? Ne répondez surtout pas une autre couleur que celles proposées (oui je vous vois les petits malins), cela rendra le yokai fou de rage.

Un dernier, qui ne s'embête pas à vous interviewer, je vous présente la Jorōgumo. Force à tous les arachnophobes, ce yokai a été inspiré d'une espèce d'araignée existant réellement au Japon, la Trichonephila clavata.

La Jorōgumo, donc, est en apparence une très belle femme mais dont la véritable forme est un torse féminin sur un abdomen d'araignée. Elle est plutôt solitaire, vivant dans des grottes à l'écart des villes, mais manque de bol, elle aime bien la chair humaine. Heureusement, enfin ça se discute, elle ne mange que les beaux jeunes hommes (si vous êtes un vieux et moche homme ça ira). Sa technique pour les attirer est de se poser quelque part, d'attendre qu'un beau gosse passe, d'engager la discussion et de l'inviter chez elle. Oui, c'est tout. Mais comme elle est vraiment super belle, ça suffit. Une fois que l'homme est chez elle, elle discutera tranquillement avec lui ou lui jouera de la musique et en profitera pour tisser sa toile autour de lui. Une fois bien emmailloté, elle le laissera mourir et le mangera. Selon des versions, elle pourrait créer du feu si sa victime ne se laisse pas faire. Une araignée géante mangeuse de chair humaine qui crée du feu.

Bon, vous vous en doutez, y a pas 50 solutions... si vous croisez une belle femme super sympa en étant loin de toute civilisation, évitez d'aller chez elle. C'est du bon sens. Une astuce pour la repérer quand elle est sous forme humaine : son reflet dans un miroir sera toujours celui d'une araignée.

Voilà ! Maintenant si vous allez au Japon, vous êtes prévenus. Bon, il existe quand même plein d'autres yokai flippants mais qui se contentent de vous inspirer des sentiments négatifs, ou de se nourrir de votre énergie vitale jusqu'à ce que vous en mourriez. Beaucoup moins grave, n'est-ce pas ?

Sources :

« KUCHISAKE-ONNA, LA LÉGENDE DE LA FEMME À LA BOUCHE FENDUE », par Jordan, le 12 février 2018, sur Hitek.

« Légendes urbaines du Japon : Aka Manto », par Jonathan Gaudreau, le 30 avril 2021, sur Culture Web

« Teke Teke », le premier septembre 2022, sur Wikipédia

« Jorōgumo : La Femme Araignée », le 7 octobre 2021, sur Eternal Japon.







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