Elle est assise dans la pénombre, recroquevillée dans son fauteuil. Le tic-tac de l'horloge égrène le temps qui passe tel un couperet. La rue est faiblement éclairée. Le réverbère ne fonctionne pas une fois de plus. Il n'y a que la petite lumière à sa porte d'entrée. Les volets sont encore ouverts. Elle ne se sent pas le courage de se lever pour les fermer. L'obscurité l'a toujours terrifiée. Dehors le vent souffle et siffle à fendre l'âme. Les feuilles voltigent dans tous les sens dans une danse endiablée, les branches des arbres ploient dangereusement. Les ombres sont démesurées et inquiétantes.

Elle sent un frisson la parcourir. Ses mains sont moites. Elle se crispe sur les accoudoirs. Elle a l'impression qu'un courant d'air glacial vient de traverser la pièce. Elle est pourtant certaine d'avoir clos toutes les fenêtres. La flamme de la bougie à ses côtés vacille.

Ses yeux sont exorbités par l'attente anxieuse. Elle guette le téléphone. Elle s'attend à ce qu'il sonne d'un moment à l'autre. Elle redoute la mauvaise nouvelle. Il devrait déjà être rentré. Ce matin, il est parti tellement en colère, tellement énervé. Qui sait ce qui a pu se produire dans un tel état? Il n'aurait pas dû prendre le volant, surtout pour un si long trajet. Elle se sent coupable. Elle n'aurait pas dû aborder ce sujet maintenant. C'était trop tôt. Elle craint pour sa vie.

La sonnerie stridente du téléphone la fait sursauter. Elle a les larmes qui lui montent aux yeux. Non, elle n'arrivera pas à décrocher. La sonnerie persiste. Maladroitement d'une main tremblante, elle saisit le combiné et articule d'une voix faible un timide allo. La voix à l'autre bout est inconnue. Elle lui dit qu'elle va lui passer son mari. Celui-ci a une voix hésitante et chevrotante. <<Chérie, tout va bien. Ne t'inquiète pas>> finit-il par lui annoncer.

Elle est sous l'emprise de la panique. Elle raccroche sans un mot. La terreur l'a rendue muette. Elle a l'impression que son cœur va exploser dans sa poitrine. Sa respiration est difficile comme si elle se noyait. C'est la crise d'angoisse qui l'envahit. Elle a eu si peur.