Mois des fiertés 2020
Je n'ai rien oublié...
Les vagues refluent abandonnant sur le sable humide l'écume de nos jours heureux.
Te rappelles-tu ces vacances en Bretagne où tu te baladais le cœur en bandoulière?
Elle te souriait, te lançait des coups d'œil complices.
Je t'observais à la dérobée.
J'avais compris que ton cœur était pris.
J'avais cessé de fantasmer un amour pour toi rendu impossible par les années qui nous séparaient, toi au printemps, moi au début de l'hiver.
Mon cœur entend encore tes sourires, tes rires et tes délires joyeux,
Bien plus que mon oreille ne peut en percevoir.
Le bruit des vagues me semble si répétitif et lancinant comme la plainte que je tais.
Je me suis emmurée dans le silence, mes sens sont en alerte.
J'imagine le petit peuple de l'océan venir à ma rencontre et me lécher les orteils en une douce et délicate caresse.
Je suis très tactile. J'ai encore la sensation sur mon cou de tes bras m'enserrant affectueusement.
Mais je sens bien que tes étreintes étaient rapides, voire superficielles parce que tu désirais te retrouver près de ton aimée.
Je n'éprouve aucune jalousie. Je sais que nous ne sommes pas complémentaires.
Je ne me ressens pas comme ton âme sœur. Il nous manquerait quelque chose de vital à chacune de nous deux.
Nous avons fait le choix tacite de rester amies.
Les souvenirs m'habitent et parfois m'étouffent. J'ignore à qui tu penses quand tu ne penses pas à elle et est-ce que ça t'arrive de ne pas l'avoir dans ta tête?
L'eau continue inexorablement son flux et son reflux en un murmure qui étouffe mes pleurs.
Je ne sais pas si tes baisers sont sucrés. Mes larmes sont salées et te piquent les yeux. Je t'offre un mouchoir.
Je suis toujours là, guettant tes moindres besoins et désirs.
Je ne sais pas si tu as compris ce que je ne t'ai pas avoué.
Mes joues et mes lèvres sont sèches des baisers que tu ne m'as pas donnés.
C'est mieux ainsi. La souffrance se vit comme la solitude, à deux.
L'apaisement a-t-il lieu pour toi lorsque les goélands piaillent au loin?
As-tu en mémoire la tête du volatile qui fait toujours la gueule même lorsqu'il est rassasié?
Je sais les histoires dont tu ne veux pas entendre parler.
Mes délires ne sont pas les tiens mais j'aime écouter tes propos de douce folie.
Resteras-tu mon amie ou la vie nous éloignera-t-elle, nos chemins de vie divergeant?
La rencontre a eu lieu. Je l'espérais plus chaleureuse, je la redoutais plus amoureuse.
Je ne regrette rien. Il n'y a pas de place dans mon cœur pour les regrets, seulement pour les déceptions.
Je t'ai imaginée, je t'ai tant de fois rêvée et je continue à penser à toi avec un goût un peu amer.
Ce doit être dû à l'eau de mer sur ton corps dénudé auquel pourtant je n'ai pas eu accès.
Je n'en avais pas envie non plus. Les corps m'effraient et m'encombrent paradoxalement.
Car je suis faite pour la tendresse, l'affection, l'amitié mais non pour l'amour physique.
Cela fait partie de mon histoire, de mon vécu dont je ne te confierai jamais rien.
J'entends à nouveau soudain les goélands piailler. J'ai toujours cru que c'était le cri des mouettes.
J'aurai vraiment appris beaucoup de choses en Bretagne...
Nous aurions pu nous aimer
Pour l'éternité et même plus...si tu avais voulu...
C'est à toi, ma douce, que je dédie ce poème. Sache combien pouvoir échanger avec toi me rend toujours très fière. J'ai l'impression d'être privilégiée. Je sais que tu es très réservée et je ressens cela comme un honneur. Tu ne sais rien de mon passé. A présent, je ressens le besoin d'en partager une partie avec toi et avec tous ceux qui me liront.
J'ai aimé passionnément, il y a de nombreuses années maintenant, une femme que je trouvais magnifiquement belle. Elle m'aimait aussi mais elle n'a jamais été capable d'assumer ses sentiments. Pourquoi ? Parce qu'elle était institutrice et pensait, avec raison, que son homosexualité découverte aurait mis en danger son emploi, à commencer par les réflexions désobligeantes de ses collègues. Oui, les <<bien-pensants>>, ceux qui sont censés enseigner la justice et la tolérance à nos enfants auraient crié au scandale, l'auraient condamnée au pilori à défaut de pouvoir la mettre sur un bûcher comme étaient traitées celles qu'on accusait de sorcellerie pour avoir émis des propos ou commis des actes ne correspondant pas à la <<norme>>, les a priori du troupeau de Panurge. Quant à moi, j'aurais franchi tous les obstacles et fait tomber toutes les barrières pour vivre avec elle. Il est vrai qu'à cette époque, mais est-ce que ça a vraiment changé ?, il valait mieux aimer Jacques, Paul ou Patrice quand on était du sexe féminin que Anne, Valérie ou Béatrice. J'ai toujours été fière de ce que j'étais et n'ai jamais eu honte ni rougi d'aimer du <<mauvais côté>> pour reprendre les pensées de monsieur ou madame tout-le monde, et ça fait une sacrée foule de personnes !
J'ai perdu ma belle qui s'est détruite dans des relations hétérosexuelles compliquées et meurtrissantes et j'ai continué à aimer avec un cœur blessé mais toujours sincère. Je n'ai jamais oublié cette femme qui avait tellement peur du jugement de la société. Aujourd'hui encore, je pense à elle et j'imagine combien nous aurions pu être heureuses ensemble. Nous avions tant de tendresse et d'amour à partager. Il suffisait d'oser. <<Il suffirait de presque rien>> comme chantait le talentueux Serge Reggiani. Mais non, ce <<rien>> était gigantesque à ses yeux. Je ne peux pas lui en vouloir. La société n'acceptait pas les personnes comme nous, qu'elle se rassure, nous n'aimions pas la société telle qu'elle était ! Ah le mal qu'on peut nous faire si on n'entre pas dans le moule, si on refuse le formatage...Mon cœur est rempli d'amertume et de rage face à l'intolérance et aux brimades qui sévissent toujours de nos jours. Pourtant, que d'années écoulées et si peu d'évolution dans les mentalités...
I have a dream...que les préjugés disparaissent dans ce monde qui se déshumanise de plus en plus malheureusement.
Ce texte a été écrit pour le concours du mois des fiertés 2020. Le thème était la fierté.
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