Concours du printemps organisé sur Facebook

Sujet qui m'a été attribué: 

un dictateur prend le contrôle du monde avec un seul but: exterminer les auteurs de romans jusqu'au dernier.

Après la pandémie meurtrière qui avait ravagé le monde au siècle dernier, la carte géographique avait été remaniée. Les continents encore peuplés avaient été organisés sous forme d'un gigantesque échiquier. Les chefs d'état avaient été convoqués en assemblée extraordinaire pour s'affronter lors d'un tournoi d'échecs, le vainqueur devenant l'élu suprême à la tête du monde. C'est ainsi qu'un certain Heinrich Zugzwang (dénomination qu'il tenait de sa stratégie au jeu) avait accédé au pouvoir instaurant une dictature sans précédent.

Dans tous les états, il avait commencé par promulguer toute une série de lois supprimant les cursus littéraires. Les professions dans ce domaine furent interdites, entraînant au chômage un nombre considérable de personnes. Il se revendiquait scientifique et ne jurait que par les mathématiques et la physique qu'il avait décrétés lois de la raison exacte. Il conspuait la littérature et la philosophie, nourriture pour les ânes, se plaisait-il à répandre dans les mentalités par des décrets dont il était le seul maître.

Toutes les bibliothèques et les librairies avaient été fermées. Dans les tribunaux, la bible sacrée avait été retirée sous prétexte que la divine parole n'y avait pas sa place. Les églises, elles aussi, furent dépouillées. Partout le livre était devenu un objet illégal. Seuls les ouvrages scientifiques avaient le droit d'être diffusés librement. Les plate-formes numériques de lecture, ne pouvant faire face aux taxes exorbitantes qui leur étaient imposées, déposèrent le bilan. Les amoureux des livres s'organisèrent en réseaux clandestins, se réunissant au prix de leur liberté mais surtout au prix de de leur vie dans des lieux qui variaient régulièrement pour ne pas attirer les soupçons.

Restait la note définitive à orchestrer : supprimer les auteurs de romans, violeurs de la loi suprême. Ceux qui étaient encore en activité furent cloîtrés dans un gigantesque auditorium, construit pour l'occasion au milieu d'un désert, et privés de toute liberté de communiquer avec le peuple.

Heinrich Zugzwang savourait ce qu'il imaginait être son ultime étape et succès à sa tyrannie.

Dans un blockhaus, son meilleur scientifique entrait les codes de géolocalisation. La bombe était prête à exploser. Le voyant rouge s'alluma et le compte à rebours fut déclenché. Un séisme s'ensuivit et secoua une des pièces de l'échiquier mais pas celle prévue.

L'exécutant souffrait de distorsion cognitive et avait entré les codes en miroir. Heinrich l'ignorait et en fit lourdement les frais.

Un soulèvement massif de la milice entraîna une réaction populaire en cascade et un tribunal le condamna pour crime contre l'humanité. <<Fahrenheit 451>> furent les seuls mots qu'il prononça, avant de sombrer dans un mutisme définitif, dans sa cellule de détention en isolement dans un hôpital psychiatrique de haute sécurité. Les médecins qui se penchèrent sur son cas diagnostiquèrent en raison de ses antécédents une psychose grave avec délires mégalomaniaque et paranoïaque et il fut interné à vie.

<<Et je m'suis pas rendu compte que la seule chose qui compte, c'est l'endroit où s'qu'elle tombe>> comme chantait Boris Vian dans la java des bombes atomiques.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top