Concours du muguet sur Facebook

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Mes orbes révulsés sondent mon âme défaillante. J'hallucine des images tantôt apocalyptiques tantôt enchanteresses. Cet état onirique proche de la psychose me déstabilise et perturbe mes sens en alerte, redoutant le danger du monde intérieur qui m'habite malgré moi. Mon subconscient me dit de fuir tandis que mon inconscient me paralyse et me contraint à rester spectatrice de ce curieux film que je n'ai ni désiré ni choisi. Du givre s'installe sur mes neurones. Les connexions nerveuses entre axones et dendrites sont altérées. Tout mon être est écorché vif par ce soudain assaut meurtrissant. Mon âme en péril saigne et répand son fluide rougeâtre légèrement bleuté dans mon cortex cérébral. Je ne fais que ressentir car la vue m'a bel et bien abandonnée sur les remparts de ma solitude existentielle. Dans quel gouffre ai-je plongé ? je m'interroge, angoissée.

Le compteur Geiger de mes émotions s'emballe et émet un son strident qui me perfore les tympans et brise tous les osselets. Marteau, enclume et étrier sont réduits en miettes. Je dérive et divague maintenant dans un caisson hermétique aux bruits, sensation de claustration ô combien asphyxiante. L'apnée se profile tel un mal insidieux et ma conscience m'avertit qu'il n'y a pas d'antidote pour ce poison. La mithridatisation n'est plus possible. Le temps qui s'égrène à vive allure ne m'est pas favorable. Le compte à rebours est déclenché mais j'en ignore le point de départ.

Mon chiasma optique se fait violence pour transmettre à mes rétines des informations visuelles. Le vide, partout le vide. Je suis en difficulté avec la stéréoscopie. Où mon imaginaire m'a-t-il transportée ? Le blanc devient éblouissant sur la macula de mes rétines et m'aveugle. La cataracte a obscurci mes cristallins irrémédiablement.

Je plonge désespérée dans mes souvenirs comme on s'accroche à une bouée de secours pour tenter de me remémorer les couleurs malheureusement disparues et délavées avec le temps. Je me gave des nuances de l'arc-en-ciel jusqu'à plus faim après ce festin pantagruélique.

Je voyage sur les orbes célestes au milieu des constellations. Je m'émerveille devant l'éclipse de lune. Je fais mille vœux à chaque étoile filante qui surgit. Soudain, c'est le drame. Omnes vulnerant, ultima necat. Ma dernière heure a sonné. Je m'enlise dans un marécage de la mer de la Fécondité sur la surface lunaire. J'ai été trop gourmande. J'ai cru pouvoir atteindre des sommets et me voilà réduite à une ruine se noyant misérablement.

Mes mains et bras avides enserrent entièrement mon crâne dans un réflexe protecteur. Ils tentent en vain d'empêcher de s'échapper mes pensées qui forment un brouillard nébuleux et scintillant autour de moi. Un bandeau, inutile rempart, ceint mon front, coquetterie des derniers instants.

Mes lèvres scarifiées sont suturées. Le droit à la parole, à l'expression m'a été ôté par des personnes censées m'écouter. Je ne suis pas, comme vous pourriez le croire, l'innocente victime d'un rite vaudou sacrificiel. Non, c'est bien l'être dit humain qui m'a réduite au silence. Je ne suis plus que chair mortifiée, tête et bras. Mon corps a disparu. Mon salut n'est pas pour aujourd'hui, je dois me rendre à cette évidence, ai-je à peine le temps de penser avant que le rideau noir ne recouvre ma conscience pour l'éternité.

Mais sachez que eadem mutata resurgo .

1- Omnes vulnerant, ultima necat: Toutes blessent, la dernière tue. Il s'agit des heures. Inscription quifigurait sur les cadrans solaires chez les Romains

2- Eadem mutata resurgo: Changée en moi-même je renais.

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