1.16. Obéissance
Tant que j'étais dans les études j'étais parfaite. Puis est venu le jour où j'ai été confrontée au monde du travail. Le jour où j'ai réalisé de l'intérieur que le système était injuste ; celui où je l'ai ressenti.
J'ai pu le réaliser et le ressentir justement parce que j'étais éduquée, que j'avais réfléchi, que j'avais déjà en tête une idée de ce à quoi le monde devrait ressembler d'après moi. Et quelque part au fond je savais déjà ce que j'allais apprendre vraiment à ce moment là. Je le savais sans vouloir y croire, mais c'était vrai, je le réalisais. C'était vrai : être première de ta classe, compétente, motivée, passionnée, efficace, donner ton maximum ; tout ça ne suffit peut-être pas, ne paye peut-être pas forcément.
Ce système avait passé vingt-deux ans à me faire développer mon intelligence, mais l'intelligence n'avais jamais été ce qu'il attendait de moi. Je le savais, je m'en doutais très fortement, mais je n'y croyais pas vraiment : ils voulaient juste des robots, des moutons. Ils achètent ton temps, ton obéissance, ta loyauté. Mais ton intelligence et tes compétences ? Ce n'est pas si important après tout.
Tu travailles et ils veulent de l'obéissance. J'avais toujours été une fille obéissante, sans aucun effort, en toute bonne volonté. Mais quand l'obéissance ce n'est plus seulement devoir te conformer à des règles qui t'arrangent de toute façon ou devoir apprendre des choses que tu veux apprendre de toute façon, quand l'obéissance prend son vrai sens parce que ça devient abandonner ce que tu veux toi et qui tu es toi pour satisfaire les attentes des autres ; alors ça change tout.
L'obéissance ne devrait pas être une valeur. L'obéissance ne devrait pas exister. Ça ne veut pas dire que l'on devrait toujours désobéir. Ça veut dire que l'on devrait toujours pouvoir discuter, se comprendre les uns les autres, et prendre ensemble une décision sur ce qui est le mieux.
Mais ce n'est pas comme ça que fonctionne le monde du travail. Tu ne peux pas discuter de ce qui serait la meilleure façon de faire, de ce qui as le plus de sens, ou de ce qui te tient à cœur. Tu dois juste obéir : abandonner ta liberté et ne pas totalement choisir comment tu fais ce que tu fais. Abandonner l'idée de faire ce que tu crois être la meilleure chose à faire ou même ce que tu sais être la meilleure façon de faire.
Abandonner ces choses si précieuses au profit d'un système qui ne te récompense pas, qui ne valorise pas ce qui fait vraiment ta valeur, et qui ne reconnaît pas ton mérite.
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