J'aime pas Noël.
- Bien dormi ?
Je ne réponds pas et me hisse sur un des tabourets devant le plan de travail en grommelant. J'ai dormis comme un bébé dans la chambre d'amis malgré les questions insensées qui me trottaient dans la tête. Hier, j'ai passée la soirée dans la chambre en tête à tête avec moi-même afin d'essayer de comprendre pourquoi j'avais atterris dans cet espèce d'univers parallèle, rassurée par le fait que j'étais probablement entrain de rêver ou alors que j'étais à l'hôpital suite à ma chute et assommée avec de la morphine qui me faisait délirer.
Au réveil, je me suis aperçue que j'étais toujours à SnowCreek, toujours en compagnie de Chris, de son fils et de son berger australien. Que je n'avais aucun moyen de rentrer chez moi et que j'étais bel et bien tarée.
- Du café ? Poursuit Chris avec un charmant sourire.
- S'il vous plaît.
- On peut peut-être se tutoyer non ? Propose-t-il en déposant une tasse fumante devant mon nez.
J'acquiesce du menton en ajoutant deux sucres dans la boisson. Chris se tourne vers la plaque de cuisson pour attraper une poêle d'où s'échappe une odeur d'œuf et mes yeux se posent d'eux-mêmes sur ses fesses mise en valeurs par un bas de pyjama à carreau rouge et noir. Décidément, il n'y a que dans les téléfilms que les mecs portent cela et ont l'air sexy... A croire que mes délires d'hier soir sont peut-être la vérité en fin de compte...
- Salut, Sally !
Je sursaute et m'arrache à la contemplation du superbe fessier pour sourire à Léo ou du moins essayer car j'ai plus ou moins l'impression de grimacer.
- Tu n'as pas école ? Demandai-je alors que le môme se hisse sur le tabouret à côté du mien.
Il me regarde d'un air effaré avant de rire.
- Toi t'es drôle. Dit-il simplement alors que Chris se met à rire aussi.
- Bah quoi ? J'ai dit une sonnerie ?
Lordel ! Même une insulte de base je peux pas la dire ?!
- Fais chier... marmonné-je réalisant que c'est la seule insulte que je puisse dire ici.
- C'est les vacances de Noël... m'informe Chris après avoir soupiré pour ma façon de parler.
- Les vacances ? Dès le premier décembre ?!
- Euh... t'es bizarre... commente Léo. On est le quinze décembre. Et en plus on est dimanche donc même si j'avais école j'y serais pas allé.
Il regarde ensuite son père en rigolant, comme pour souligner le fait que j'étais bizarre.
Le quinze décembre... ça c'est étrange ! J'étais tombée le premier décembre à New York !
- Pancake ? Proposa Chris en coupant court à mes pensées ?
Une fois rassasiés par un petit déjeuner complet et une bonne dose de café, nous nous préparâmes à sortir.
Chris nous emmena au marché de Noël malgré mon refus catégorique de les accompagner dans cette expédition. Il a décrété, à juste titre d'ailleurs, qu'il ne voulait pas laisser une inconnue squatter seule dans sa jolie maison. Enfin, il faisait preuve d'un peu de prudence après m'avoir hébergée.
Le marché était très grand pour un village aussi petit. L'entrée était bordée de deux énormes Père Noël en caoutchouc et d'une arche illuminée portant le nom de la ville. A l'intérieur on se croyait dans un autre monde, pour le moment les luminaires étaient éteintes mais la féerie de Noël n'en était pas moins présente pour le plus grand bonheur de Léo et pour mon plus grand malheur.
- T'en fais une tête. Constate Chris après avoir autorisé son fils à aller voir le Père Noël.
Nous nous arrêtâmes un peu en amont de la file de gosses qui trépignaient d'impatience.
- J'aime pas Noël. Bougonnai-je en soufflant sur mes mains déjà gelées.
Des flocons blancs tourbillonnaient autour de nous, le vent était frais et tout cela renforçait ma mauvaise humeur. J'aimais le chaud, le soleil, les palmiers et les mojitos qu'on boit au bord d'une piscine.
- Je commence à croire que mon fils a raison, tu es bizarre... marmotta Chris avec un léger sourire.
Je secouai la tête, il n'y a rien de bizarre à ne pas aimé Noël. Sauf ici, à SnowCreek qui semblait tout droit sortie d'un film. D'ailleurs, je commençai sérieusement à croire à cette hypothèse. Même si je ne l'avouais pas, j'étais réellement persuadé d'y être. Si ça se trouve, des gens nous mataient à travers leurs télévision et se marrait bien de la pauvre nana qui hait Noël et se retrouve coincée à SnowCreek !
Les gens saluaient Chris en passant, et voilà qu'à présent il me conduisait vers un stand de sculpture sur bois que je devinai être le sien. Je détaillais le contenu du stand, des jolies sculptures en forme de sapin, des camions de pompiers, des pères Noël... tout pleins de petites décorations en bois. Et malgré moi, je ne pu que féliciter Chris pour ce travail digne des plus grands.
- C'est magnifique... murmuré-je en caressant un ange en bois dont les ailes qui étaient en verre semblaient être fait en neige.
- Je te l'offre. Me sourit Chris en désignant l'ange que je tenais du bout des doigts.
Les yeux me piquaient, j'avais la gorge serrée et une soudaine envie de pleurer. Je le remerciai d'une grimace/sourire qui parut le satisfaire et rangeait l'ange dans mon sac.
Léo supplia son père de lui acheter des churros au stand quatre mètres plus loin, il avait les yeux brillants et sautait presque sur place en répétant sans cesse :
- S'il te plaît papa. D'une voix suppliante, les mains jointes.
L'odeur de caramel vint alors chatouiller mes narines et je lançai à mon tour un regard suppliant à Chris qui leva aussitôt les yeux au ciel :
- Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ?! S'exclama-t-il sur le point de céder.
- Et si je paie ma tournée de délices sucrés ? Argumentai-je
Il poussa un soupir exagéré puis hocha la tête, vaincu. Léo sauta aussitôt de joie et tendis sa petite main afin que je tape dedans.
Un cornet de churros chacun plus tard, avec bien évidement un énorme supplément caramel pour moi, nous reprîmes notre visite du marché, l'employé de Chris l'ayant gentiment chassé pour au moins deux heures en remarquant qu'il était accompagné. Bien que j'aurais pu me balader seule dans ce marché maintenant bondé, ou au moins en compagnie du garçonnet, j'étais contente que le beau mec aux allures de viking soit à mes côtés. Ma rencontre avec son petit ange de bois m'a réellement émue et désormais une tristesse ne semblait pas vouloir me quitter.
- Papa, je peux faire de la luge ?
Je retins un rire en le voyant faire une mine de chat potté pour amadouer son père qui accepta sans sourciller. Nous nous étions arrêtés devant la patinoire au centre du marché, grande et blanche, quelques patineurs flânaient sur la glace, en groupe ou en couple. Un grand espace avait été emménagé pour les enfants, délimité par des bouées pour empêcher l'accès et le sécurisé. Des employés déguisés en lutins poussaient les enfants installés sur des petites luges montées sur des lames.
Une fois Léo installé dans l'une d'elles, j'observai Chris prendre une multitude de photos, le sourire aux lèvres et le regard brillants. Il avait cet air fier de tout les parents qui me broya le cœur. Je retournai le regard du tableau quasi idyllique que les deux hommes offrait et dévorai un churros presque froid.
- Tu as l'air triste.
Je relevai la tête de la contemplation de mes chaussures noires devenues presque blanches avec la neige et plantai le regard dans celui de Chris en secouant la tête.
- Tu as le même regard que quand tu as vu mon ange en bois. Souligna Chris après avoir vérifié que Léo était toujours sur sa luge.
- C'est juste que... vous êtes chou. Dis-je finalement.
Un lent sourire étira son visage et il tendit la main pour serrer la mienne un court instant. J'ignore ce qu'il se passa à ce moment là, mais un courant électrique sembla me parcourir tout entière.
Bien sûr, je les avais bel et bien trouvés adorable, mais ce n'était pas que ça. J'éprouvai également de la jalousie à leurs taquineries, leurs sourire en coin, et surtout à l'amour qu'il partageait.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top