Chapitre 4 - Le Nouveau Monde
« -Monsieur Haus, m'entendez-vous ? Monsieur Haus ? Richard ?
-Ah ! C'est quoi tout ça !?, dit-il tout en se relevant brusquement de son lit.
-Calmez-vous. Respirez lentement. Vous allez voir, ça ira mieux. Voilà...
-Mais qui êtes-vous ? Que fais-je ici ? Et où suis-je ! Et cette petite voix dans... Oh... Quel est ce brouhaha qu'on entend ? Oh ma tête..., dit-il en se passant les mains sur le visage.
-Détendez-vous Monsieur Haus... C'est seulement l'équipement qui surveille votre état de santé...
-Mais d'où me connaissez-vous ?
-Allongez-vous et après on parlera.
-Très bien, mais relevez le lit !
-D'accord, c'est mieux comme cela ?
-On va dire ça... Bon, dites-moi, c'est quoi tout ce bazar ? J'étais, chez moi à San Francisco, quand... Puis ce couloir blanc et...
-Je le sais Monsieur Haus... Nous savons parfaitement ce qu'il vous est arrivé...
-Alors pourquoi suis-je ici ? Perfusé de partout et allongé dans ce lit ?
-Je sais que vous n'y êtes pas préparé... Mais, cela fait huit ans que vous êtes dans le coma... »
Richard resta bouche bée. Il demeurait immobile et il se mit à plonger dans ses plus profondes pensées.
« -Maintenant, je vais tout vous expliquer... Si vous le souhaitez évidemment... »
Il hocha lentement la tête pour dire oui.
« -Bien. Il y a huit ans, une guerre a éclaté sur le globe. Des missiles nucléaires. Partout. Une bombe tomba non loin de San Francisco. D'où votre souvenir... Une équipe de sauvetage vous a sauvé in-extremis et extrait des débris. Cela peut vous paraître choquant, mais c'est un miracle que vous soyez encore en vie aujourd'hui... Recouvert par deux mètres de gravas, c'est le signal de votre bracelet qui a permis de vous retrouver.
Après votre sauvetage, des dizaines de médecins se sont passés le flambeau pour vous maintenir en vie malgré tout. Vous avez subi une dizaine d'interventions, car une partie de vos membres étaient transpercés de toutes parts par des débris métalliques. D'où vos nombreuses cicatrices... »
Richard regarda entièrement son corps. Et en effet, les cicatrices se comptaient par dizaines. Jusqu'à...
« -Mais... C'est quoi ça ?! hurla-t-il tout en montrant une large pièce d'une couleur blanche dans la peau de sa hanche gauche.
-Ça ?
-Oui ça ! Qu'avez-vous fait bande de charlatans ?!
-Calmez-vous... Calmez-vous... Vous allez très bien... Cette pièce de bio matériau, remplace une partie de votre peau qui a été fortement irradiée et brulée...
-Irradiée... Mais où sommes-nous ? Dans un décor de film hollywoodien ? »
La femme le regarda d'un air inquiet et déconcerté. Elle se leva et fit ouvrir l'immense store de la chambre. Richard se leva, il mit sa main devant ses yeux, ébloui par la lumière blanche qui l'aveuglait. Il avança tout doucement jusqu'à la baie vitrée, tout en se tenant à une rambarde. Tandis que le store s'ouvrait, il découvrit un monde radicalement nouveau.
« -Mais... Mais... Dites-moi que je suis dans un rêve...
-Malheureusement, non... Je n'ai qu'une seule chose à vous dire... Bienvenue en l'an deux mille cent deux Richard, reprit l'infirmière.
-Mais... Pardon ?
-Je comprends votre inquiétude et votre désarroi. Je le sais bien, reprit l'infirmière, nous ne sommes pas sur la terre ferme. Tout ce que vous voyez depuis cette fenêtre, a été construit entièrement sur l'océan, pour protéger l'Homme des radiations. »
Richard regarda le sol depuis son point de vue. On aurait dit que des dizaines de dizaines de robots marchaient dans les rues à la place des Hommes.
« -Mais où sont les gens ? Qu'il y a-t-il en contre-bas dans la rue ?
-Voyez-vous, comme je viens de vous l'expliquer, l'air est toxique, est les radiations jaillissent de toutes parts dans ce monde artificiel. Et comme vous le savez, vous qui êtes étudiant en médecine, les radiations issues de la radioactivité sont très nocives pour l'Homme, d'où le port d'un scaphandre par chaque habitant vivant aujourd'hui sur le globe... Mais cette tenue n'a pas que des inconvénients, vous verrez, quand vous sortirez d'ici, dans environ un mois...
Richard changea rapidement d'humeur. Il regarda l'infirmière avec des yeux, tels des fusils.
-Un mois ? Ah non non non... C'est dès à présent justement... Un mois... Pff...
-Mais votre santé est fragile Monsieur Haus !
-Je sais ce que je fais, comme vous dites, je suis étudiant en médecine..., dit-il d'un ton narquois.
-Bon très bien, alors signez ceci auparavant, dit-elle tout en lui donnant le bon de sortie. »
Il prit la tablette et le stylet, il signa d'un geste brusque et commença à se diriger vers la porte de la chambre tout en boitant, sa perche à perfusion dans la main gauche. Un robot ouvrit la porte, et apporta une immense boite en métal qu'il posa sur une table.
« -Qu'est-ce que c'est que ça encore ?
-Votre scaphandre, répondit l'infirmière d'un ton sec.
-Ah oui... C'est vrai... Il n'est pas encore né celui qui nous ramènera de l'air pur dehors ?... Bon... »
La femme sortit d'un pas énergique et bruyant, ainsi que le robot. Richard se retrouva seul dans la large chambre blanche. Cela faisait huit ans qu'il dormait ici, et pourtant, tout laissait croire que cette pièce sortait tout droit d'un décor de film. Les lieux étaient artificiels, sans plante, sans couleur, sans âme. Les sols furent recouverts de dalles en métal brut.
Il avança lentement jusqu'à la boite. Il l'admira longuement, scrutant tous les moindres détails.
« Richard Haus, né le deux janvier deux mille soixante-douze... Groupe sanguin : A-... Dis-donc... Ils en connaissent un rayon sur moi... »
Il attrapa les deux poignets du couvercle, et tel un enfant recevant un cadeau, il fut bouche bée.
« Pour être de la technologie... C'est un pur bijou ce scaphandre... Une notice d'essayage ? Non... Vraiment ? »
Il souleva un à un chaque élément rangé à l'intérieur. Il lut rapidement le guide pour comprendre le principe de fonctionnement. Devenu un bien de consommation, cette tenue était une obligation. Il retira d'un geste franc l'aiguille de sa perfusion, qui se situait sur le dessus de sa main. Il hurla telle une bête.
Puis, il enfila une combinaison souple bleue faite en un mélange de néoprène et d'élastane. Elle faisait office de sous-vêtement. Elle contenait des milliers de capteurs cutanés qui analysaient chaque seconde le moindre centimètre carré de la personne. Elle permettait également de réguler la température interne de la tenue.
Puis, il enfila des parties beaucoup plus rigides, en commençant par les jambes. Il enfila une haute paire de bottes, dont la tranche était illuminée d'une bande lumineuse en LED. La partie centrale était renforcée par de grandes plaques en fibre de carbone et kevlar, afin de protéger le torse. Puis les bras, avec une paire de gants extrêmement souples malgré leur épaisseur et robustesse, dont la particularité était que chaque paume contenait un émetteur radio.
Et enfin, il prit le casque dans ses mains. D'une forme assez simple, avec une visière d'une couleur bleutée. Le casque, tout en fibre de carbone de couleur argentée et noire, contenait tout l'équipement vital à la survie de la personne qui le portait. Richard prit une longue respiration.
« Eh bien, c'est parti, pour découvrir un tout nouveau monde, vu sous un nouvel angle... »
Il baissa la tête, et s'en coiffa délicatement. Le clic de sûreté se fit entendre. Il respira lentement, pour laisser le temps au système de se mettre en marche.
A l'intérieur, sur sa visière, Richard voyait uniquement les lignes de code d'un programme en cours de lancement, comme il avait l'habitude d'en voir. Puis, le logo du logiciel Glass-Soft apparut. Un message de bienvenue apparut soudainement devant ses yeux : Bienvenue dans votre scaphandre X139-L, de toute dernière génération. Laissez-vous guider dans les menus, vos yeux et votre voix sont les deux seuls moyens d'agir sur cet écran intégré. N'oubliez pas de demander à Programme, votre assistant virtuel, tout ce qu'il vous faut !
« -Pas mal..., reprit-il, Programme ?
-Oui Monsieur Haus ?
-Ah ! Comme ça fait du bien t'entendre le son de ta voix ! Où sommes-nous ?
-Vous êtes actuellement au grand hôpital de Derilière.
-De quoi ?, demanda-t-il spontanément.
-Derilière, cette ville flottante compte trente-deux mille habitants répartis sur quatre kilomètres carrés. Cette cité est impossible à situer sur le globe, faute de moyens de localisation.
-Bon, sortons tout d'abord d'ici...
-Suivez le chemin que je vous indique. »
Richard leva la tête. Il admira son nouveau visage dans un miroir. Le casque qu'il portait était assez léger et ajusté au millimètre sur sa tête. Au travers de la sombre visière, il apercevait les traits de son visage marqué par les cicatrices. Il ressemblait désormais à un humanoïde. Il ouvrit la porte de la chambre, et à sa grande surprise, découvrit que la majorité du personnel était artificiel.
Il suivit les flèches que Programme traçait sur son écran, et rapidement, il se retrouva à l'extérieur.
Le monde était radicalement différent de celui qu'il connaissait. Son esprit restait bloqué huit ans en arrière.
Ici, les gens ne portaient que des scaphandres, tous plus variés les uns que les autres dans le choix de la couleur, il était simple de se fondre dans la masse.
Ici, les gens ne se déplaçaient que très rarement à pieds. Divers nouveaux moyens de transport avaient été inventés. Comme la Væng, une aile delta à fixer dans le dos, ou encore une version améliorée du Tranvias.
Ici les gens n'étaient plus imprégnés de cet esprit, la chaleur humaine, qui tissait des relations entre les Hommes. Relation fondamentale à la survie.
Richard pensait être dans un immense rêve, mais c'était dorénavant la réalité, et non plus de la science-fiction.
De même, le scaphandre qu'il portait, remplaçait une dizaine d'objet du quotidien : Crystal-Tab, téléphone portable, casque audio, GPS, ordinateur...
Il resta planté en plein milieu de l'immense place qui bordait le centre hospitalier. Il leva la tête, et admira la dizaine de gratte-ciels qui l'entourait. Tous plus singuliers les uns que les autres, ils se complétaient mutuellement. Faits tous de béton carboné et de verre trempé. Dans sa tenue excentrique, Richard contemplait d'un air déconcerté le monde qui l'entourait.
Il se sentait perdu, déboussolé. Il déambula tel un vagabond pendant au moins deux heures dans les longues et étroites rues de la ville. Les passants marchaient d'un pas très pressé. La société avait renouvelé ses principes fondamentaux.
Richard s'arrêta brusquement. Une pensée étrange venait de refaire surface dans son esprit.
« -Attends un peu... Je suis vivant... Mais où sont Tina et MAACC ?... »
Il resta silencieux longtemps avant de continuer.
« -Quel égoïste je suis... ! Programme, où se situe l'hôtel de ville dans ce dédale ?
-Je vous trace l'itinéraire dès à présent Monsieur... »
En une dizaine de minute, Richard arriva devant ce qui semblait être le bâtiment le moins haut de la cité, qui se trouvait être la mairie. Construite dans un mélange d'architecture futuriste et classique du vingtième siècle, du temps des grands ouvrages en préfabriqué. Les lignes perturbaient fortement le spectateur qui contemplait l'œuvre. Il entra. Là, une longue file d'attente menait à un guichet automatisé.
Il prit son mal en patience. Il admira l'impressionnante hauteur de l'édifice. Au mur, des écrans, de la réalité augmentée, partout. Affichant les milliers d'images en relief prises par la vidéosurveillance et les agents robotisés. Il observa comment les gens se comportaient tout autour de lui. A sa droite, des personnes étaient assises. Elles ne s'adressaient même pas la parole. Aucun échange, aucun sentiment humain. Une sorte d'agressivité se dégageait de ce nouveau monde pour Richard. Le hall entier était monotone, et aucune couleur ne venait apporter de la gaité au tableau.
Après au moins une demi-heure d'attente, ce fut son tour. Il s'approcha de l'hologramme qui allait lui parler.
« -Bienvenue, je suis Jess ! Votre secrétaire pour aujourd'hui, que puis-je pour vous Richard, répondit la machine.
-Bonjour, voilà...
-Pourquoi dites-vous « Bonjour » ? C'est inutile.
-Moi qui voulais être poli... Je suis à la recherche de deux personnes, nommées respectivement Tina Dires, et MAACC, ce dernier est un robot. Et je me demandais si, il était possible de les rechercher dans votre base de données ?
-Très bien Richard. La recherche est en cours dans notre base de données... Veuillez patienter encore quelques secondes... Veuillez patienter encore quelques secondes...
-Alors ?
-La recherche n'a abouti à aucun résultat. Je suis désolée pour vous. Merci de votre venue et à bientôt dans la mairie de Derilière !
-Mais attendez. Vous ne pouvez tout de même pas me laisser comme cela !
-Merci et à bientôt !, répondit la femme virtuelle.
-Oh ! Vous allez vous dépêcher non mais !, hurla une voix dans son casque.
-Il y a des gens qui attendent ici !, déclara une autre. »
C'était les personnes qui attendaient derrière lui. Richard recula d'un air étonné. La colère montait en lui. Il ressortit d'un pas lent de ce bâtiment d'un autre monde. Il serra les dents.
« -Et puis mince à la fin ! Quel est ce monde où tout est beau mais rien ne marche ! Moi qui espérais un avenir meilleur ! Renvoyez-moi dans le passé ! »
Il venait d'essuyer deux défaites : il n'avait aucune idée d'où Tina et MAACC se trouvaient, et une déception immense l'attristait, vis-à-vis de la désillusion de ce monde rayonnant de technologie. Il continua à déambuler dans les rues.
« -Programme... Quelle heure est-il ici ? Je suis totalement déphasé... Si MAACC était là, il m'aurait tout de suite remis sur pied...
-Il est exactement vingt heures trente-deux.
-Quoi ?
-L'explosion multiple de bombes atomiques a légèrement ralenti la Terre, vous savez Monsieur, les journées durent à présent vingt-cinq heures et la température extérieure moyenne a augmenté de cinq degrés sur l'ensemble du globe.
-Mais il faut trouver un toit à présent... Une idée Programme ?
-Une sorte d'hôtel se situe non loin d'ici, dans l'une des plus hautes tours de la ville. »
***
Voilà, ce chapitre est à présent terminé ! Vous pouvez dès à présent lire le chapitre suivant. Et surtout, exprimez-vous ! Vous êtes de plus en plus nombreux à nous lire et nous suivre, Merci !
Redigé par Focus.
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