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sourd.
plus rien, plus aucun bruit, qu'une seule couleur à portée de vue, plus personne autour de lui. il était seul dans la contrée bleutée, le monde était vide. sa respiration s'accéléra ; il serra ses doigts dans sa paume : ses sens étaient en alerte ; où était steve ? qui était steve ? il avait l'impression de le connaître vraiment mais il n'avait qu'un souvenir confus de lui désormais,  était-il grand aux cheveux châtains, non ? était-ce lui au loin qu'il voyait? il croyait l'apercevoir au loin, un semblant de vie ah! il se mit à courir plus vite, mais rien n'y fit : même en essayant d'aller vers cette ombre tentatrice, il ne trouvait plus rien. comme l'homme dans le désert en quête d'oasis, il avait face à lui un puissant mirage qui l'empêchait de voir clairement la réalité.
sans fin il courait sur place, il n'avançait pas. son corps n'allait plus aussi vite, il transpirait à grosses gouttes et même quand il criait, quand il essayait de crier,  aucun son ne sortait de sa bouche. à bout de forces, le jeune soldat sentit ses jambes l'abandonner et d'un coup, il tomba par terre sur ses genoux. il restait bloqué là sur le sol et au loin toujours cette ombre qui lui murmurait des choses insensées. des larmes éclatèrent sur son visage, que faisait-il ici ? où étaient ses amis ? avait-il des amis? il n'avait plus rien sur quoi se raccrocher, pourquoi la vie ? il était simplement perdu. perdu perdu perdu. il tourna la tête brusquement, pensant avoir entendu un bruit.

ce n'était seulement naïa qui venait le rassurer, il était dans son lit trop énorme pour son corps. de ses grands yeux elle frottait son épaule.

— ‹‹qu'est ce qu'il se passe ? je t'ai entendu crier, demanda-t-elle d'une voix fatiguée. il en déduit qu'il était encore tôt si elle était épuisée- il y avait des cernes inhabituels pour la sirène.

il ne dit rien pour l'instant. cela faisait plusieurs jours ? plusieurs semaines ? qu'il faisait ce genre de cauchemars la nuit. il avait l'impression qu'ils le mettaient en garde contre le peuple des sirènes, il était seul là bas, il n'avait rien mais, à la vue des yeux larmoyants de naïa qui semblait inquiète, cette pensée s'envola à l'instant où il l'eût conçue. mais pour autant, le brun n'avait pas envie de partager ses rêves. en tout cas, pas pour le moment, il était encore chamboulé par l'expérience qu'il venait de vivre. péniblement, il se redressa pour que son dos soit contre le dossier du lit. naïa prit sa main qu'elle caressa de ses doigts souples. il ne dit rien face à ce geste qui ne lui faisait rien.

— ‹‹est-ce que tu saurais qui est steve ? je n'arrive plus à mettre le nom dessus, j'ai l'impression de le connaître énormément, mais ça m'échappe...

ça le rendait triste de ne plus se souvenir de cette personne, peut être était-elle importante pour lui. peut être qu'elle lui permettait de le relier au monde des humains ? il ne se souvenait plus comment c'était de vivre parmi les hommes. il n'avait qu'en mémoire les nageoires des sirènes, leur chant angélique et la reine, leurs peaux bleues et leur forme changeante, les grands dîners dans l'immense palais infini et les énormes chambres accompagné de leurs lumières bleutées, l'océan à perte de vue et les poissons qu'il ne comptait plus. ce qu'il lui manquait le plus d'après les souvenirs qu'il avait (ou qu'il lui restait plutôt) c'était des vagues formes d'amitié et d'amour, des danses légères et le soleil jaune jaune jaune, le contact humain chaleureux et la liberté qu'il pouvait y trouver. c'était ça pour lui d'être humain non? ici il avait l'impression d'être encerclé, ou prisonnier, mais les sirènes n'étaient pas des monstres, non ? tout le monde ici s'était montré gentil avec lui, et compréhensif et amical et attentif et attentionné...

il attendit sa réponse.

naïa eut un triste sourire, elle tira sur ses cheveux, nerveuse ? elle finit par secouer sa jolie tête. négativement malheureusement pour le jeune homme, qui se mordit la lèvre, et baissa les yeux lui aussi. elle serra sa prise sur sa main en lui demandant de le regarder. il croisa ses grands yeux en détournant ses orbes un instant après, ne pouvant pas soutenir le regard auprès de ses grandes et intenses iris.

— ‹‹ je suis vraiment désolée, commença-t-elle, je n'ai jamais entendu ce prénom depuis que tu es venu ici, tu ne m'en as jamais parlé. pourquoi me demandes-tu cela ?

il hocha la tête vaguement. fallait-il qu'il lui en parle ? son corps ne voulait pas, sa raison ne voulait pas mais face à naïa sa langue se délia toute seule.

— ‹‹ j'y ai pensé cette nuit, ce nom m'est apparu naturellement sur mes lèvres, mais je ne me souviens plus de lui... je ne sais pas pourquoi aussi je perds tous mes souvenirs en ce moment, c'est frustrant...je pensais peut être que j'aurais pu t'en avoir parlé auparavant mais il se trouve que je n'en ai pas fait mention devant toi...désolé de t'avoir embêté avec cela.

— il  n'y a aucun problème, vraiment. tu peux me parler de ce que tu veux, bucky. je serais là pour t'écouter. ››

bucky, c'était son nom ? il oubliait tout, il essayait de se débattre, de faire remonter à la surface ses pensées, ses souvenirs mais rien n'y faisait...tout avait sombré dans le déluge : il n'avait plus rien à l'esprit pour le moment, on aurait dit une coquille vide. naïa caressa sa paume, c'était froid et pas rassurant. pourtant son amie avait un sourire si brillant sur le visage que cela le perturbait.

— ‹‹ j'ai une bonne nouvelle ! tu te souviens de la mission qu'on t'avais parlé ? bucky, demain est le grand jour ! demain est le grand jour !

elle rit, d'un rire qui le fit frissonner.

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jsuis là après trente ans sorry, chapitre plus court que les autres aussi :o
j'espère que vous allez bien!!

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