28-Frayeur

Résumé des chapitres précédents :

Stan va mal. Merlin se bat pour comprendre il a bien avancé et découvert par mal de secrets.

Il a découvert que Stan et Malo était en couple et Malo a laissé un message à Stan lui disant qu'il l'aimait.

Stan a fait les photos à la demande de Malo, il ignore qui les a diffusées. Ce même Stan est probablement allé en mer le jour de la mort de Malo, Merlon n'a pas osé lui en parler. Il sait aussi que Lucas était embêté par quelque chose.

Arnaud le frère ainé de Malo est vivant, curieusement aucun des copains de Malo ne semblent au courant.

Personnages principaux :

Merlin Dambreville,

Lancelot

Stanislas

Personnages secondaires :

Gaspard et Nine Dambreville ses pères vétérinaires

Son grand père Anatole. Son oncle Charles, Mariam.

Léa la cousine

Les profs : Raberton,

Les élèves : Sandy, Alexandre, Romain, Laurie Rosier

Titouan Staub le cousin de Lucas

Stave le prof de kite surf

Malo Vanier et Lucas Leoni les deux garçons qui ont disparu

Arnaud Vanier victime d'un grave accident de moto il y a cinq années.

***

Merlin

Les oraux d'anglais ont été une formalité. Facile, quand on tombe sur une prof juste, qui n'a pas d'a priori. Laurie, Sandy et même Stan s'en sont bien tirés également.

Nous terminons à midi aujourd'hui avant de réattaquer demain avec notre seconde langue. Je voudrais que tout ce cirque soit derrière moi.

─ Si on allait quelque part ? Histoire de se changer les idées, propose Stan.

Je hoche la tête.

Il m'entraine sur les quais de l'école de voile et s'approche d'un bateau dont il enjambe la passerelle.

─ Monte, on va faire un tour.

C'est une énorme surprise, car Stan n'a jamais voulu approcher de l'océan jusqu'à présent. C'est loin du programme que j'imaginais et je me demande si je n'ai pas la berlue.

─ Mais je ne sais pas naviguer. Il est à qui ce bateau ?

─ À un copain pas d'inquiétudes.

─ Les gens te laissent utiliser un si gros bateau ?

─ Il n'est pas si gros.

Quand même, le voilier a deux mas, rien à voir avec un Optimist.

Je le regarde défaire les amarres, lancer le moteur. Pendant sa manœuvre, le bateau touche le quai, ce qui me flanque la frousse alors que lui reste confiant.

Il sort du port, maitrisant ce qui semble immaitrisable et très vite, libère les voiles.

Je l'admire, il semble savoir ce qu'il fait et nous conduit droit vers le large, quand une pensée affreuse m'assaille. Personne n'est au courant de notre virée.

Nous naviguons un moment, hors du temps. Stan est silencieux, il exécute des gestes techniques, n'hésite pas ! Pour ma part, il m'impressionne. Dommage que je craque pour Lancelot, car celui-là est une beauté aussi.

Il rabat les voiles à un moment et aussitôt, le bateau ralentit, dans un doux balancier. Je me redresse pour regarder autour de moi en frissonnant, on ne voit que de l'eau à perte de vue. Pour ma part, aucune idée de comment retrouver les côtes. Là une certitude m'assaille, être marin ce n'est pas pour moi. Je déteste ce sentiment de solitude. J'ai peur aussi sans oser le dire à mon copain. ...Peur de lui, de ce qu'il pourrait avoir fait ce jour-là.

─ c'est là que je voulais être, clame Stan.

Nous sommes perdus au milieu de nulle part.

Je regarde dubitatif autour de moi tout en trempant la main dans l'eau pour me donner une contenance.

─ Ici, genre ici, précisément ?

─ Là où Malo a plongé.

Je sursaute et retire ma main,

─ Ça pourrait être à coté ou un peu plus loin ?

─ Non, c'est la localisation GPS exacte.

Les accusations de Lancelot me reviennent en tête : il a bougé un des bateaux et l'a rejoint. Comment pourrait-il savoir autrement ?

─ je voulais te le dire, quand ton père nous a interrompu et finalement je pense qu'ici est le meilleur endroit. Il se lève et hurle : Malo je te déteste.

Il se rassoit ensuite et allume une cigarette.

─ Si tu comptes sur moi pour ramener le voilier on est mal barré.

Je rigole tout seul, au jeu de mots involontaire. Stan a à peine sourcillé, il est perdu dans ses pensées. Il aspire des bouffées de cigarettes comme si sa vie en dépendait.

─ Je bossais chez ses vieux et il m'a appelé sur le téléphone de la pharmacie. Il savait que c'était moi qui répondrais.

Mon cœur a un raté devant l'énorme révélation.

─ la police n'a pas vérifié ?

Il secoue la tête.

─ Et ensuite ?

─ J'ai couru comme un fou jusqu'au port, pris un voilier. Il s'était décidé et m'a dit qu'il avait envie de faire l'amour une dernière fois. J'ai senti que cela n'allait pas alors j'ai prévenu ma mère que Malo avait un blême et je suis parti. Pendant ce temps, elle a modifié les images de sécurité pour faire un mix entre plusieurs journées.

─ Pourquoi elle aurait fait une chose pareille ?

─ Un réflexe de tueuse à gage.

─ Tu es inquiétant quand tu dis ça.

─ Elle est habituée à bidouiller, je ne sais pas. Les parents de Malo faisaient la sieste, il a appelé en début d'après-midi. Je me suis précipité en vain, Il n'était déjà plus là quand je suis arrivé.

─ Stan ? on peut faire demi-tour ? j'ai froid.

─ Tu as peur ?

Il écarquille les yeux réalisant où il se trouve. Je n'en mène pas large.

─ Non, oui, plutôt je trouve que l'océan est trop vaste.

─ Je vais t'apprendre à naviguer, écoute le nom des voiles et les termes techniques.

Il est pédagogue et tente de m'apprendre une foule de chose, mais je suis trop stressé pour écouter et être un bon élève, je ne retiens rien de ces directives.

Je me contente de manœuvrer selon ses indications, soucieux de regagner la terre ferme. Plus tard, les côtes sont en vue au loin.

─ Donc tu es arrivé et il n'était plus là ?

─ Il avait choisi de sauter oui.

Il me parle un moment de Malo, de toutes ses conneries. Il semblait drôle, imprévisible et pénible, sauvage.

─ Tu as effacé le message ? Qu'est-ce qu'il disait ?

─ Ça n'avait pas de sens. Je me suis dit que s'il n'y avait pas de message, il n'était pas mort. Je pense qu'il accusait ...qu'il m'accusait.

─ Il y avait quoi d'écrit Stan ?

─ Je ne te le dirais pas !

─ Tu sais quelque chose pour la disparition de Lucas ?

Il baisse la tête et marmonne que non. Il s'est braqué à nouveau, mais j'ai quand même avancé dans le déroulé des événements, même si la disparition de Lucas reste mystérieuse. Il est temps de balancer mon hypothèse. Elle m'est venue, là en l'écoutant me parler de son amour pour ce mec si sûr de lui.

─ Je crois que c'est Malo lui-même qui a diffusé les photos au lycée.

Il cligne des yeux, et semble déjà accepter ce que je viens de dire.

─ Pourquoi aurait il fait une telle absurdité ?

─ Il voulait se punir ou torturer ses parents ou toi, je ne sais pas encore. Je crois que c'est ce qu'il y a de plus logique.

─ Maintenant que tu le dis. J'avais trouvé son attitude étrange quand tout le monde m'engueulait. Il avait l'air de regretter qu'on m'accuse et il était indifférent complétement à son sort.

Je me rappelle de ses mots, et tu as raison, bien sûr. Il n'avait pas prévu que je serais accusé. Je n'ai pas compris sur le coup. Il serait assez tordu pour ça, ce serait même lui tout craché. Souvent il me faisait tourner en bourrique. On couchait ensemble et c'est lui qui réclamait toujours plus hard. Je voyais bien qu'il ne tournait pas rond.

Je décide de changer de sujet, alors que le bateau approche des côtes.

─ Stan, parle-moi d'Arnaud.

─ Il est mort dans un accident de scooter.

─ Où est sa tombe ?

Il ouvre la bouche et la referme.

─ Je n'avais pas réalisé, murmure t'il. Tu sais où il est ?

Je hoche la tête et lui explique comment en allant voir mon oncle j'ai trouvé Arnaud.

Nous nous sommes quittés, secoués tous les deux.

***

Le soir j'ai entrainé papa à l'écart. Je lui montre les photos de Malo sur mon téléphone.

─ Il a quel âge ?

─ Seize ans. Je crois que ce garçon a diffusé lui-même ses photos avant de se suicider en mer et un autre garçon du lycée a disparu ; La police enquête encore. Stan et Lancelot étaient les deux plus proches des deux disparus et se sentent coupable.

Stan m'a emmené en pleine mer aujourd'hui et ... Je ne sais pas comment le dire délicatement, il m'a fait peur.

Je n'en dis pas plus, mon père a compris ce que j'ai redouté.

─ MERDE ! hurle t'il en me serrant dans ses bras.

─ Tu n'iras plus...

─ Je ne te le promets pas je veux découvrir ce qu'il s'est passé. Je dois le faire pour Malo Vanier, ce garçon. Ce n'est pas tout son frère Arnaud Vanier est dans le même hôpital qu'oncle Charles.

***

L'épreuve d'Allemand et les options sont passés, Stan a fait acte de présence. Il va rester les écrits à la fin du mois de juin.

Le lycée va organiser un bal et Stan et Sandy ont décidé d'y aller, alors j'irai pour eux. Sandy va partir en Australie, dès qu'elle a terminé les épreuves du bac.

Je n'ai plus que quelques jours pour voir Lancelot avant qu'il ne parte à Ouessant pour les championnats de France.

Sur un coup de tête, j'entraine Laurie et Stan ainsi que Titouan devant la photo des deux cousins Arnaud et Xavier.

─ Tous ces morts, murmurent Titouan.

Nous soupirons tous en chœur.

─ On va le faire autrement, je vais vous dire ce que je sais.

Ils hochent la tête et Stan est résigné, comme s'il n'était pas concerné. Je n'aime pas le voir si apathique.

─ Stan et Malo étaient en couple et c'est Stan a pris les photos à la demande de Malo.

Laurie et Titouan s'agitent. Stan ferme les yeux.

─ Quoi ! Qui t'a dit ça ! s'exclame Laurie.

─ Je l'ai deviné et Stan l'a confirmé.

─ Il a pu mentir, comment aurait-il pu vouloir faire ses photos ?

─ Parfaitement intervient Titouan, Stan a pu convaincre Malo de poser et il a pu balancer les photos ensuite.

─ Pour forcer Malo à faire quelque chose qu'il ne voulait pas, tu peux toujours t'accrocher, râle Stan.

─ Vous allez être surpris, je sais qui a diffusé les photos. C'est forcément Malo ! Il l'a fait pour une raison obscure que je ne comprends pas. On dirait qu'il veut punir quelqu'un, comme s'il voulait se faire du mal.

J'ai des beuglements. Tous se regarde surpris.

─ Il était autodestructeur, admet Stan.

─ Facile pour toi de dire ça maintenant qu'il n'est plus là pour se défendre, rage Laurie

─ Vous en pensez quoi ?

─ On dirait que tu es Malo revenu parmi nous. Ça ne répond pas à la question ou est Lucas, marmonne Titouan.

─ Je ne sais pas pour Lucas, mais Malo est parti en mer seul au moment des fêtes de noël. Qu'est-ce que ça vous évoque ?

─ Que c'est triste, murmure Laurie. C'est une sacrée épreuve pour sa famille.

Elle fait les cent pas dans le couloir.

Je sens que j'ai mon idée sur le bout de la langue.

─ Encore une fois, pourquoi choisir cette date-là ?

Je ne parle pas encore du fait que Stan a rejoint le bateau, qu'il a effacé le message. Je ne le fais pas car je sens qu'ils risquent de mal comprendre.

Je m'appuie contre le mur, parfois quand je me fie à cet étrange instinct à la con je peux presque imaginer que c'est cet idiot de Malo qui me guide.

─ C'est bien ce que tu dis, mais de toute façon ça n'explique pas pourquoi il y a eu un message effacé sur le bateau et surtout merde ou est Lucas ? s'énerve Titouan.

Je n'aurais pas plus de réponse pour l'instant. C'est vrai qu'il reste des points à éclaircir.

─ Et si tu en parlais à la police ? propose Laurie.

─ Ils n'en feront rien et ils vont nous gêner, intervient Titouan. Merlin a plus avancé qu'eux.

Je m'apprêtais à aller trainer avec eux, mais j'ai un visiteur pour moi devant le lycée. Une première. Papa me fait un signe de tête. Il est seul, intimidé dans une veste en jeans et jeans.

Nous marchons côte à côte et il m'emmène dans un bar du centre-ville.

Première fois que nous faisons un truc tous les deux, sans Nine.

─ Où est papa ?

─ Il garde la boutique avec le père de Laurie et les assistants. Je lui ai dit que j'avais besoin d'un peu de temps pour moi.

─ Il va s'inquiéter, surtout qu'hier soir tu es parti diner sans lui.

Le repas à la maison avec Nine inquiet et Mariam qui s'efforce de donner le change, plus papy qui hurle dans son lit que la guerre va arriver c'était quelque chose.

─ Oui mais je suis inquiet et je voulais savoir dans quoi tu as mis les pieds. J'ai diné avec mon cousin, celui qui est juge. J'ai appris pas mal de chose sur ce qu'il se passe au lycée et la famille Vanier. L'accident d'Arnaud n'en était pas un, son scooter a été trafiqué, c'était une tentative de meurtre.

─ Bordel, je jure sans que mon père réagisse.

Je serre mon cuir autour de moi. J'ai l'impression de sentir le chagrin de Malo.

─ Dans le passé des Vanier, maintenant ! Accroche-toi ! C'est un frère ainé, mort mystérieusement qui devait hériter de la fortune familiale, dont la pharmacie. Ce frère ainé avait un enfant qui a hérité après lui. Un enfant que les parents de Malo ont adopté.

─ Laisse-moi deviner : c'était Xavier Vanier.

─ Oui et toute la famille était sorti en mer un soir de tempête. Les parents de Malo ont prétendu que Xavier avait des crises de somnambulisme et il serait passé par-dessus bord. Ensuite, Antoine Vanier le père de Malo et Arnaud a hérité.

─ Putain mais la mort de Xavier, c'est super louche.

─ Merlin ne jure pas !

Mon père et moi nous sursautons en cœur, car ce n'est pas papa qui a parlé mais Nine qui nous a rejoint, il se tient devant nous les yeux brillants de colère.

─ Qu'est-ce que tu fais là ? demande papa.

─ Et toi ? rage Nine, tu me trompes et tu mets mon fils dans la confidence.

J'avais besoin de ça mon père qui fait sa Drama queen en pleine ville. Tous les clients du bar nous regardent.

Papa rigole tout en le tirant pour le faire assoir sur une chaise.

─ Ecoute, j'étais inquiet pour des bêtises du petit et je ne songeais pas à te tromper. Comme c'était important je suis venu lui parler au lycée.

─ Il se passe quoi ? Tu m'aimes toujours ?

─ Toujours idiot débile, plus que tout et merci d'être jaloux, rigole Gaspard qui se penche dangereusement vers Nine.

─ Ho les pères je suis là ! Et pas de câlin en public c'est dégoutant.

Papa a pris la main de papa sous la table, bon ça va, c'est discret.

─ Et si tu repartais à Sens ?

─ Et c'est maintenant que tu me le proposes chameau ! C'est trop tard je me suis attaché aux gens ici.

─ Soit prudent et nous allons mettre une localisation sur les téléphones c'est non négociable.

─ Ok et arrête de croire que je me tape tous ceux que tu trouves avec moi au lit.

Ils éclatent de rire.

─ Mon bébé a grandi.

─ Arggghhh ! et en passant comme ça il y a des chances que je sois gay.

J'ai été vache, Gaspard buvait sa bière et à manquer s'étouffer.

Nine est resté le bras en l'air pour commander, transformé en statut de sel.

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