26-Championnat

Résumé des chapitres précédents :

Titouan le cousin de Lucas, affirme que celui-ci savait quelque chose qui l'a rendu malheureux. Plus inquiétant, Lucas ne serait jamais parti de son plein gré.

Merlin et Laurie ont passé le concours de l'école véto, ils ne leur restent plus qu'à attendre les résultats.

Alexandre s'est réconcilié avec Laurie et avec Stan ensuite.

Stan avoue à Merlin qu'il était sous l'emprise de Malo dont il était amoureux. C'est Malo qui a convaincu Stan de faire les photos, mais Stan affirme ne pas savoir qui les a diffusés.

Personnages principaux :

Merlin Dambreville,

Lancelot

Stanislas

Personnages secondaires :

Gaspard et Nine Dambreville ses pères vétérinaires

Son grand père Anatole. Son oncle Charles, Mariam.

Léa la cousine

Les profs : Raberton,

Les élèves : Sandy, Alexandre, Romain, Laurie Rosier

Titouan Staub le cousin de Lucas

Stave le prof de kite surf

Malo Vanier et Lucas Leoni les deux garçons qui ont disparu

Arnaud Vanier victime d'un grave accident de moto il y a cinq années.

Xavier Vanier le cousin décédé en mer de l'âge d'Arnaud

***

Lancelot

Les sélections ont commencé !

Le spot, au sud d'Arcachon est un des plus vicieux pour ses vagues puissantes. Le vent souffle toujours fort et va se lever en plus dans la journée.

Une centaine de participants attendent depuis sept heures ce matin.

Les candidats vont dans l'eau, dix par dix pour réaliser leurs performances. La plage est remplie de curieux. Les juges ont des sièges hauts et des jumelles il y a aussi des photographes et des assistants qui mesurent à distance la hauteur des sauts et filment.

Clément est passé dans les premiers et le tirage au sort ne m'a pas été favorable, je surferais dans les derniers.

J'attends, complètement flippé. Tout ce temps à stresser et le vent qui monte ne m'aide pas. Mon père n'est pas venu, il avait autre chose à faire que d'aller « voir des gugusses faire les guignols », ce sont ses termes. Par contre, il m'a rappelé que je portais son nom et qu'il n'était pas question de le ridiculiser.

Je viens de me décider tout en m'efforçant de faire le vide dans ma tête. Dès que possible, je vais reprendre le nom de ma mère ! Je ne le remercierais jamais assez de m'avoir soufflé la solution.

J'essaye de m'imaginer être en entrainement, pour évacuer cette trouille qui me paralyse et me donne la tremblote.

Un deux trois, inspire, bloque, souffle.

Les exercices de respirations ne m'aident pas. Pour me distraire, mes pensées dévient vers Merlin, curieusement ça fonctionne.

Alex est devenu mon espion, sans le savoir, puisqu'il s'est réconcilié avec Laurie. Il a découvert un Merlin cool, la maison biscornue et tous ses animaux. Je ne savais même pas qu'il voulait faire veto et ses pères sont ceux qui remplacent le père de Laurie. Ils veulent s'associer tous les trois.

Je connais la famille de Laurie, sa mère assez snob était proche de mon père et j'avais assisté à l'inauguration de la nouvelle clinique. Il parait qu'elle a foutu le camp et qu'elle veut dépouiller son mari, ça ne m'étonne pas d'elle et ça cadre bien avec la blonde glaciale que j'avais vu à l'époque.

Dire que je craque sur un intello élevé par des gays. Si Malo était là il serait mort de rire. Je voudrais qu'il soit là et qu'il se foute de moi.

Le temps est passé, l'abri s'est vidé progressivement et enfin nous sommes appelés, les dix derniers. Le vent souffle par rafale et les vagues ont grossi, c'est une véritable houle. Nous nous lançons à l'eau et partons au large. Dans l'eau il me faut encore attendre, car je présenterais mes figures le cinquième. Je manipule ma voile pour m'habituer à ce vent traitre.

Alex affirme que Merlin s'est renseigné sur moi, il a voulu savoir si j'avais le permis. C'est tout bête, mais ça m'a fait super plaisir.

Merlin qui persiste à rester proche de Stan, alors qu'il est au courant de toute l'histoire des photos.

Un Merlin sûr de lui, qui me fait réaliser que Malo aussi avait du caractère et dans ce cas, il devait être consentant pour poser, non ? Comment j'ai pu ne pas le réaliser avant ?

Je me rappelle de ma colère quand j'ai découvert les clichés, j'ai hurlé sur mon ami qui s'était ridiculisé, lui reprochant de nous entrainer dans la boue. Lui a botté en touche, disant qu'il avait d'autres problèmes.

Stan et lui se sont encore engueulé, une énième dispute qui m'a saoulé. Le temps était à la tempête, je n'imaginais pas le drame à venir encore.

Des aboiements me tire de ma rêverie, c'est Timber.

Merde ! C'est mon tour et j'ai failli louper le départ.

Je me lance dans des sauts, j'ai un programme chargé avec trente figures à réaliser et le but c'est de m'élever le plus possible en prenant les vagues les plus hautes.

J'oublie la foule et les juges qui m'observe pour me concentrer sur ma voile.

Je sais que Merlin est dans le public, Alex m'a prévenu qu'il l'emmenait.

Enfin j'ai terminé mon parcours, la voix du commentateur qui explique mes sauts et mes résultats résonne pour moi dans le vide. Je n'entends plus rien.

Je repère juste Stave qui me fait un signe de victoire.

La foule m'acclame en vain, j'ai les oreilles qui bourdonnent.

La journée s'écoule comme un rêve. Plus tard, Stave me félicite j'ai assuré et je suis sélectionné j'ai gagné ma place en championnat de France.

J'ai passé les derniers jours à rencontrer des sponsors et la fédération va me loger pour me faire suivre un entrainement spécifique. Je ne réalise encore qu'à peine que j'échappe enfin à mon père.

Le week-end suivant, le club organise une soirée pour la sélection de deux de ses élèves. Un grand hangar a été décoré de ballon et ils ont même embauché un groupe qui joue plutôt bien. Une foule de personne inconnue me félicite.

Soudain je repère Merlin qui porte son sempiternel perfecto. J'aimais bien ses couleurs, je l'aime aussi en noir et blanc.

Nos regards se croisent, je lui fais un mouvement de tête sans qu'il réagisse.

Sandy et Laurie sont venu me féliciter et je répète pour la millième fois mes impressions du concours. Stave m'a prévenu, parler sera une de mes missions, je dois plaire au public.

L'agacement me gagne, il danse et n'est pas venu me féliciter. Je le suis et le pousse dans un coin.

─ Tu ne me félicites pas ?

─ De quoi ?

Nous sommes justes sous les baffles, la musique nous casse les oreilles. Il continue son jeu débile de guéguerre entre nous. Merde !

─ Idiot je t'ai vu sur la plage et tu es à ma fête !

─ Ce n'est pas ta fête c'est la fête pour les championnats.

─ Et je suis un des champions.

Il a l'air fâché, je m'attends à recevoir un coup ou à ce qu'il me hurle dessus mais d'un coup, il sourit, adorable.

─ Bravo alors.

Il s'approche, agrippe mes bras pour se dresser et pose ses lèvres sur ma joue. C'est tout léger, chaud et la chose la plus sympa qui soit.

Je cligne des yeux de surprise. C'est toute la différence entre imaginer un truc et le vivre.

─ Mais tu fais quoi là ?

─ Ben tu m'as demandé de te féliciter, alors je te félicite.

J'ai envie de le prendre dans mes bras, mais nous ne sommes pas seuls. Surtout la pensée que quelqu'un puisse en parler à mon père me paralyse. J'ai encore cette épineuse question à régler.

Je prends sa main et la serre, nos doigts se croisent. Il est prudent et attentif lui aussi. Au-delà de notre attirance l'un envers l'autre, je réalise qu'il ne me fait pas confiance.

Qu'est ce qui le préoccupe ?

Il s'éloigne d'ailleurs, sans que j'aie pu dire quoi que ce soir. Je tourne la tête vers notre entourage, personne ne nous a vu.

Il va me falloir assumer. J'ai dit que je m'en foutais, qu'on verrait ce qu'on verrait à ma majorité. Nous y sommes mon anniversaire est dans trois jours. Je n'aurais bientôt plus l'excuse.

Mes copains m'appellent, je leur fais des gestes pour indiquer que je m'éclipse. Il me reste un truc important à faire.

Quand j'arrive chez moi, ma grand-mère regarde la télévision.

Mon père n'est pas là il dort chez Patricia. Pour une fois que je voulais le voir lui, il choisit son moment.

─ Bonjour mamie tu sais je t'aime et quoi que tu dises je t'aimerais toujours.

─ Tu m'inquiètes mon chéri, pourtant tu as réussi tes sélections donc tout va bien ?

─ Mamie je suis gay.

─ Et bien oui, je sais.

C'est trop facile.

─ Mamie, tu as compris ?

Elle me regarde en me faisant les gros yeux.

─ Oui tu es joyeux.

─ Mamie tu le fais exprès ! Non, j'aime les garçons. On dit que je suis gay, car j'aime les garçons.

─ Tu veux dire ...homosexuel, non pas toi ! Ce n'est pas possible c'est une mode ! Mais à quoi vous pensez les jeunes ?

─ Mamie ? ce n'est de la faute de personne c'est juste comme ça.

─ Ton père va te corriger !

─ Il ne va bientôt plus pouvoir intervenir dans ma vie.

Ma grand-mère est bouleversée et je m'en veux. Merlin n'est plus à la soirée quand j'arrive. Ce n'est pas plus mal, j'aurais fait des conneries.

Mon père débarque furieux le matin, il est remonté.

─ Ta grand-mère vient de me raconter les conneries que tu lui as dites.

─ Je voulais te le dire moi-même.

─ Je suis contre ces saletés, écoute-moi bien, il n'en est pas question !

─ Papa, je n'ai pas choisi, c'est comme ça. J'aime les garçons et je n'ai envie d'embrasser que les garçons.

─ Tu vas arrêter de dire ces conneries si ça ne tenait qu'à moi, on vous mettrait dans des camps. Tu es mon fils alors tu vas prendre ta queue et la mettre la ou il faut.

─ Non papa, je vais faire ce que j'aime, je te rappelle que je suis majeur.

Je m'attendais à ce qu'il me vire de la maison, mon sac est prêt et j'aurais presque préféré, pour laisser tout ça derrière moi. Il m'a envoyé dans ma chambre, je suis monté histoire de me poser quelques instants.

Mon père et ma grand-mère s'engueulent en bas. Ils se disputent comme des chiffonniers et des bribes me parviennent. En résumé pour mon père ce serait la faute de ma mère et ma grand-mère accuse Patricia.

Je m'assois sur mon lit songeur. Difficile parfois de faire entendre raison à sa famille, surtout quand ils ne veulent pas comprendre. Soudain alors que mon regard dévie vers le Malotru, j'ai un souvenir de la détresse de Malo, qui avait du mal avec ses parents, il les détestait.

Pourquoi m'a-t-il laissé ? j'aurais eu tellement besoin de lui aujourd'hui.

Je prends mon tableau et mon sac et sort par la fenêtre.

─ Tu vas où ?

─ Je m'en vais.

─ Ça ne va pas tu es à un mois du bac tu crois que c'est le moment de faire des conneries ?

─ Je ne compte pas poursuivre mes études.

─ De pire en pire décidément c'est le sang de ta mère te fait faire n'importe quoi ! Remonte dans ta chambre. Passe ton bac et on en reparlera.

─ Si tu veux mais je ne me cache plus.

─ La moindre photo volé de toi et tu réalises que tu me ridiculiseras.

─ Alors abandonne tes discours débiles !

Il a failli me gifler, c'était la menace de trop ! J'ai pris monsac et je suis parti en courant.

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