Chapitre 2

Mère Nature respire pour la première fois.

Dans les sources chaudes argileuses, il y a juste ce qu'il faut pour laisser une chance à la vie d'apparaître et de s'épanouir. Mère Nature sait que c'est une opportunité à ne pas gâcher. Les briques sont là, à elle de tenter d'en faire un édifice indestructible, majestueux et presque magique.

Accrochées aux roches car peu solubles dans l'eau, les molécules attendent, semble-t-il, que quelque chose se produise. Et pour une des nombreuses fois déjà depuis la naissance de la planète, la loi de Murphy fait son œuvre. Tout ce qui peut arriver va arriver. Des molécules s'entrechoquent, car leur concentration a augmenté. En effet, étant fixées à des roches poreuses, elles se retrouvent agglutinées, et ont plus de chance de rencontrer d'autres molécules. Certaines s'assemblent alors et forment des molécules organiques.

Puis, la première cellule naît.

L'espoir naît.

La vie naît.

Mère Nature se sent vivre enfin, au rythme de ces êtres minuscules et primitifs, qui sont le premier accomplissement tangible de tous les efforts de Dame Nature. Mais le chemin est encore long jusqu'à l'accomplissement de sa quête. Pourtant, il a fallu à Mère Nature plusieurs millions d'années pour arriver à ce stade, et elle sait que si elle a tenu jusque là, elle tiendra encore.

Un autre phénomène voit finalement le jour. Un phénomène miraculeux qui permettra bien des choses : la photosynthèse. Les premières bactéries, grâce à l'énergie lumineuse provenant du Soleil, utilisent le dioxyde de carbone et l'eau qu'elles trouvent pour former du glucose et ainsi survivre. Seulement, en formant ce glucose, elles fabriquent également du dioxygène. Pour chaque molécule de glucose créée, les bactéries rejettent six molécules de dioxygène. Au bout d'un moment, les océans sont saturés en dioxygène, et ce dernier s'échappe dans l'atmosphère, devenant un composant important de celle-ci.

Par la suite, un certain nombre de bactéries commencent à utiliser cette molécule rejetée en quantité. Le mécanisme de la respiration se met en place. Étant bien plus efficace que la fermentation utilisée auparavant par les êtres vivants, la respiration permet à la vie de se transformer et de se complexifier. D'évoluer.

Mère Nature travaille dur. La vie évolue, les êtres vivants se diversifient, et les premiers poissons pourvus d'arêtes apparaissent. Grâce à l'oxygène présent dans l'air, la couche d'ozone se forme, protégeant la surface de la planète des radiations. Avant, il était impossible de survivre sur la terre ferme tant ces radiations étaient abondantes. Mais maintenant, tout change. Quelques êtres vivants sortent de l'eau, découvrant pour la première fois le sol sur lequel ils vivront pendant plusieurs millions d'années, et même plus. Pour la première fois, ils foulent le sol qui les nourrira, et qu'il alimenteront en retour lorsque viendra leur mort.

Mère Nature respire pour la première fois.