Chapitre 9

Mère Nature perd confiance en elle.

La purge est terminée depuis maintenant près de trois centaines d'années. Les plantes ont recouvert les bâtiments, les animaux ont fait de certaines infrastructures leur refuge, et très peu de traces rappellent le passage des humains sur la planète. L'équilibre est revenu, l'harmonie est de nouveau instaurée. Le danger qui menaçait la Terre a été écarté, et Dame Nature devrait s'en féliciter : elle est parvenue à éradiquer une dangereuse menace, et ce sans causer de tort aux êtres vivants qui peuplent encore la planète bleue aujourd'hui. 

Cependant, Mère Nature doute de nouveau. Elle ne doute pas à cause de ce qu'ont fait ses créations, elle ne doute pas à cause des catastrophes venant de l'espace qui risquent d'anéantir la vie un jour. Elle doute à cause de ce qu'elle a accompli. Par le passé, elle a fait en sorte de réguler le nombre d'individus au sein d'une espèce, mais jamais, jamais elle n'avait causé directement la disparition de l'une d'entre elles. Son rôle, sa quête, est de faire prospérer la vie, mais aujourd'hui, elle a littéralement détruit une part de cette vie. 

Alors Dame Nature se questionne. Est-elle encore à même de créer et de protéger des êtres vivants, alors qu'elle vient tout juste d'anéantir des milliards de spécimens ? Est-ce que par leur cupidité ainsi que par le reste de leurs nombreux défauts, les humains l'auraient contaminée ? Viennent-ils d'anéantir les convictions et la façon de faire de Mère Nature ? Car pour que Dame Nature en soit arrivée là, elle a dû manquer quelque chose lors de l'évolution des humains. Il y a forcément un moment critique où quelque chose s'est déréglé, quelque chose que Mère Nature aurait dû repérer. Et elle n'en a pas été capable, mettant ainsi en péril l'existence de toutes ses créations, ainsi que sa propre vie. Et si depuis la naissance de la vie sur Terre, elle avait simplement eu de la chance ? Une chance insolente, qui aurait permis à la biodiversité d'évoluer et de se maintenir, une chance qui aurait créé la vie ? Et si toutes les tentatives de Dame Nature pour sauver la vie avaient été vaines ? Et si... et si toutes ces espèces n'étaient pas ses créations mais les fruits du hasard ? Et si elle n'était pas une créatrice, mais une vulgaire observatrice ?

Mère Nature regarde un long moment la vie évoluer sous ses yeux, se disant pour la première fois qu'elle ne mérite peut-être pas le privilège de la regarder s'épanouir sur la planète bleue.

Mère Nature perd confiance en elle.

FIN

Note de l'auteure :

Je tiens à remercier Tentaculaire pour m'avoir encouragée depuis le début et jusqu'à la fin. Je n'aurais sûrement jamais terminé cette nouvelle sans toi !