Partie 3 - Chapitre 11


 La salle des repas était une longue et large pièce au sol en marbre rose et aux murs couverts de tableaux d'artistes de renom, des disques de platine ayant appartenus aux grands noms de la musique, des statuettes récompensant ce qu'on faisait de meilleur au cinéma et à la télévision...

Des chandeliers, pendaient des lanternes en papier coloré et les rideaux des sept fenêtres, donnant toutes sur un petit balcon pouvant seulement accueillir une ou deux personnes, étaient brodés de pierres précieuses. C'est dans cette salle que nous passâmes le plus clair de notre temps trois jours durant.

Nous petit-déjeunions quand Lucius, le speaker de l'arène, se précipita dans la large salle à manger du palais. Aïna déposa son verre de jus de fruits frais avec lassitude et questionna l'homme sur sa venue.

— Le Clan... Un messager est arrivé.

— Que veut-il ?

— Il nous prévient que leur armée est sur le point de nous attaquer, dit-il nerveusement.

— N'avons-nous pas un accord de paix ? s'indigna Aïna en se levant. Elle fit les cent pas autour de la table.

— Ils rompent le traité. Ils assurent que nous détenons quelque chose qui leur appartient.

— Eh bien ! Rendons-leur ! s'agaça Aïna prise de panique.

— Ce sont eux qu'ils veulent, dit-il gravement en nous désignant du menton. Et vous, ajouta-t-il en se prosternant devant Aïna qui, confuse, l'invita rapidement à se relever.

— Si cela peut éviter une guerre, nous nous rendons ! s'exclama Noah.

— Il a raison, ajoutai-je. Nous ne pouvions pas courir le risque de tuer des innocents. Encore. Nous ne pouvions pas rester et détruire la vie de toute la population. Nous n'en valions pas la peine.

— Rendez-vous si vous le voulez mais nous ne pouvons pas leur laisser la reine.

— Je vais avec eux ! Je ne vais pas mettre en danger les habitants. Je ne suis personne pour eux.

— Nous ne pouvons pas vous laisser partir. Le devoir du peuple avant toute chose est de protéger son chef, qu'il soit bon ou mauvais.

— Ne m'est-il pas possible de désigner un chef ? De céder ma place ?

— Non. Le chef a mérité sa place et la garde.

Aïna se laissa tomber sur son siège.

— Que dois-je faire ? demanda Aïna suppliante à Lucius.

— Me donner l'ordre de faire préparer les troupes.

— Dites au messager que nous n'accédons pas à sa requête et je vous donne l'ordre de préparer les troupes. Mettez les enfants et tous ceux qui ne se battent pas en sécurité avant de donner une réponse à cet homme. Faites-le patienter dans mon bureau, dites-lui que je veux lui parler. Je veux gagner du temps..., soupira-t-elle.

Lucius acquiesça d'un faible signe de tête et quitta la pièce. Son absence fut de courte durée.

— A l'évocation de l'attente dans le bureau pour discuter avec vous, il a fait demi-tour et il est parti. Il a compris que nous n'accédions pas à leur requête. Ils arrivent. Le Clan n'entend que les réponses concrètement positives ou négatives.

Aïna était dans tous ses états. Elle ordonna que l'on barricade les entrées principales et également les balcons et fenêtres. Tous les enfants, hommes et femmes ne se battant pas ont été confinés dans les sous-sols blindés. Les combattants ont été envoyés se préparer.

Aïna nous a emmenés dans la salle du trône où toutes nos affaires avaient été empaquetées.

Lucius, qui était revenu auprès de sa reine, se saisit d'une torche enflammée et en alluma une deuxième qu'il confia à Athéna. Il demanda à Ares et Noah de venir l'aider à pousser le trône. Il coulissa et dévoila une trappe semblable à une bouche d'égout.

— A l'air libre, un camp de fortune est installé, vous attendrez là-bas que l'on vienne vous chercher. Si personne n'est venue vous voir d'ici vingt-quatre heures, quittez les canyons et ne revenez pas, ordonna-t-il à Aïna.

Noah souleva le couvercle. Un trou noir et béant. Lucius lui demanda de prendre sa torche et de s'engouffrer le premier. Noah s'exécuta en bon soldat et descendit au fur et à mesure, grâce à une échelle en fer, jusqu'à complètement disparaître.

Nous l'avons suivi tour à tour. J'étais le dernier en haut avec Lucius. Il m'invita à descendre et une fois que j'eus touché le sol du tunnel, il me fit un clin d'oeil et ferma la trappe. Un bruit sourd raisonna dans le long corridor sombre. Cela ressemblait à un couloir de mine. Aïna qui était passée juste avant moi se précipita vers l'échelle et y monta. Elle tambourina sur la plaque en hurlant à Lucius de la rejoindre.

— J'ai promis de vous protéger. Ma quête s'arrête ici. Bonne chance, lui dit Lucius dont la voix était à peine audible. Il donna l'ordre à quelqu'un, sûrement un garde qui passait dans la salle, de pousser avec lui le trône. Aïna lui ordonna de venir avec elle. Il ne répondit pas. Nous entendîmes le lourd siège de la salle du trône racler le sol. Nous nous savions condamnés. Nous n'avions plus qu'une issue, celle au bout du tunnel. Où menait-il ?

Aïna nous rejoignit en jurant et prit la tête du groupe. Elle semblait vouloir faire bonne figure devant tout le monde mais j'étais certain qu'elle était très attristée par cette séparation. Elle avait beaucoup d'estime pour Lucius bien qu'ils aient passé un peu plus d'une semaine seulement ensemble.

Nous marchâmes un long moment, comme lorsque nous quittions le refuge des montagnes et que nous traversions ce long tunnel rocheux. il en était de même ici, c'était terrorisant. Nous n'entendions que nos pas qui résonnaient infiniment et le plafond fait de planches de bois sec laissait tomber de la poussière en abondance. Nous n'avions que deux torches, elles étaient tenues par Noah et Aïna qui refusait de parler à quiconque, pas même à Zoë. Cette dernière restait avec Charly qui ne semblait pas indifférent aux charmes de la jeune fille.

Nous déambulions en marche rapide, dans un silence presque total. J'étais le bon dernier, je marchais plus lentement que les jours précédents, j'avais du mal à suivre la cadence et mon coeur recommençait à me faire souffrir. Athéna m'attendait, adossée à une poutre qui soutenait le tunnel.

— Comment te sens-tu ?

— Un peu fatigué, lui dis-je pour ne pas l'inquiéter. Elle ne sembla pas satisfaite par ma réponse. Elle se hissa sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur mon front. Elle se recula et attrapa ma main.

— Tu as de la fièvre... Laisse-moi t'injecter une fiole de vaccin.

— Non, pour le moment, c'est supportable, je préfère les garder pour de vraies crises.

— Tu ne m'écoutes donc jamais...

— Parce que je sais ce qui est bon pour moi !

C'est malgré moi que je dis cette phrase avec un soupçon d'agacement dans la voix.

Athéna hocha la tête en pinçant les lèvres et se remit en marche sans un mot, sa main laissant la mienne seule. Je ne tardai pas à rejoindre le groupe qui s'était arrêté un peu plus loin. Voyant que le tunnel se divisait en deux, ils décidèrent de laisser Aïna réfléchir au chemin à suivre.

— Je pense que c'est à gauche... Lucius m'en a parlé il y a à peine trois jours... Je suis presque certaine que ce n'est pas la droite.

— Eh bien, allons à gauche ! s'exclama Sol en prenant la tête du groupe.

— Mais je ne suis pas totalement certaine de ce que j'avance...

Bien que la jeune fille ne soit pas très emballée par cette décision, ne voulant pas nous mener dans la mauvaise direction, nous décidâmes de partir à gauche.

Le tunnel ne fut plus qu'en pente après cela. Une pente constante et sombre. Les planches qui soutenaient le plafond de terre et de roches étaient craquelées par endroit et il nous fallait nous glisser entre les gravats pour pouvoir poursuivre notre route. J'avais l'horrible impression d'être compressé par cette galerie. Les seuls points de lumière étaient les torches qui étaient si loin devant moi qu'elles n'étaient que des petits points semblables à des étoiles. Inaccessibles. J'avais repris du retard. Je traînais les semelles de mes chaussures usées dans la poussière. Mes pieds avançaient l'un devant l'autre machinalement. Sol vint m'aider à avancer.

Il me demanda ce qui s'était passé pour qu'Athéna soit aussi distante et quand j'eus fini de lui conter notre petit accrochage, il se moqua de moi et m'assura que les filles étaient bien trop compliquées. Même s'il faisait sombre, je pus constater qu'il avait l'air soucieux, je lui demandai alors ce qui le tracassait.

— Le mal du pays, si je puis dire ! me dit-il.

— Le mal du temps ! ironisai-je. Il ricana.

— Oui... Le mal du temps !

S'en suivit un long silence qui me sembla durer si longtemps que l'angoisse me submergea de nouveau.

— Adam ? reprit Sol en soupirant. Est-ce que tu te souviens d'une jeune fille très jolie, légèrement plus petite et jeune que moi. Avec de grands yeux dorés et une chevelure d'ange ? Je ne sais pas si j'ai rêvé d'elle ou si c'est ma mémoire qui resurgit...

Je ne me souvenais pas d'une telle jeune fille les premières secondes mais, après un certain moment, ma dernière vision, dans le bureau d'Aïna, me revint en mémoire.

— J'ai eu cette vision, il y a peu, d'une soirée au cours de laquelle tu dansais avec une fille, mais est-ce celle dont tu parles ?

— Je l'espère ! s'exclama-t-il enjoué en pressant le pas de façon plus légère.

Le tunnel débouchait sur une petite plaine entourée par les parois rocheuses de canyons menaçants. Aïna ne s'était pas trompée et le clamait haut et fort ! Cela faisait plaisir à voir. Elle n'avait plus cette mine soucieuse et inquiète qu'elle avait eue dans les galeries.

Comme Lucius nous l'avait dit, un camp de fortune était installé sous une voûte que formaient les roches des canyons. Nous ne l'avons pas trouvé tout de suite, l'abri était dissimulé dans une caverne peu profonde. De la toile rougeâtre était tendue devant l'entrée et était cachée par des arbustes secs. Ares passa le premier et souleva l'un des pans qui faisait office de porte.

Il nous fit signe d'y entrer, une fois qu'il eut vérifié que les lieux n'étaient pas infestés d'insectes ou de bêtes potentiellement dangereuses.

A l'intérieur, quatre lits de camp et des vivres dans des malles entourées de ceintures en cuir abimé.

Il y avait aussi des lampes à huile et des armes. Il y a toujours des armes...

J'avais l'impression d'être un aventurier au milieu de la jungle. C'était exactement cette même atmosphère dans les films d'aventures que j'avais pu visionner à l'école.

Nous sommes restés dans cet abri vingt-quatre heures exactement. Aïna avait passé la plupart du temps à examiner sa montre et à guetter le moindre signe de vie à l'extérieur. Nous faisions des tours de garde, pendant que les uns dormaient, les autres se postaient à l'extérieur et d'autres encore se reposaient à l'intérieur et alimentaient le petit feu de fortune que nous avions allumé pour ne pas avoir froid.

Vingt-quatre heures plus tard, n'ayant aucune nouvelle, nous voulûmes comme nous l'avait conseillé Lucius, quitter les lieux et partir pour une nouvelle vie, cependant Adonis refusait de quitter la cité, la dépouille de Kaya y étant et Aïna

contesta notre décision, voulant savoir ce qu'il en était advenu de la ville et de ses habitants.

Nous savions que retourner dans la fourmilière était une très mauvaise décision, c'était sûrement le plus stupide des actes que nous puissions faire. Elle était à quelques heures de marche seulement néanmoins, le danger était immense...

Nous décidâmes de rester un peu plus longtemps dans notre camp de fortune. Mais, trois jours plus tard, nous manquions de vivre et nous fûmes contraints de rejoindre la fourmilière, même si Lucius nous l'avait défendu.

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Il a un jour de retard mais il est là ! Plus que quelques pages avant la fin...  

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