Partie 2 - Chapitre 2


 Je me suis levé d'un bond avec pour objectif de les rejoindre à l'intérieur, Athéna m'a retenu un instant.

— Adam, il faut que tu comprennes..., elle s'est tue.

— Que je comprenne ?

— Il faut que tu comprennes, que tu acceptes ce que j'ai fait...

J'ai hésité à lui demander de quoi elle parlait mais elle est entrée dans la maison sans m'en laisser le temps.

Mais que voulait-elle dire ? De quoi parlait-elle ? Encore des questions !

Il y avait dix capsules. Neuf s'étaient ouvertes. La dixième ? La fiche sanitaire était au nom de Serena. J'ai ouvert son dossier, accroché à sa capsule. La mention « CANCER » y était indiquée en bas de la feuille et alors, nous avons su que si la capsule ne s'était pas ouverte, c'était parce qu'elle était morte.

Il n'y avait que très peu de chance pour qu'elle ait survécu. Le petit écran qui permettait de voir le rythme cardiaque et les informations sur le sujet était brisé. Il nous était impossible de rester dans le doute alors nous avons détaché, tous ensemble, la capsule du mur, et l'avons mise à l'horizontal.

— Qui appuie ? a demandé Sol. Athéna s'est avancée avec méfiance et a franchement pressé le bouton rouge prévu pour l'ouverture. C'était curieux, je ne me souvenais pas qu'il y avait un bouton pour ouvrir à l'intérieur et à l'extérieur de la capsule.

Nous avons cherché une sortie à cette maison et ce n'est qu'à la nuit tombée que nous avons trouvé une porte cachée derrière une vieille armoire en métal.

La porte donnait sur une petite pleine d'herbes hautes et un escalier en pierre sinueux, qui descendait le long de la falaise et s'engouffrait dans la roche tel un passage secret qui menait dans les entrailles de la Terre.

Nous avons trouvé des outils dans un petit abri de jardin proche de la maison et avons creusé un trou assez profond pour accueillir la dépouille de Serena.

Nous avons porté la capsule qui servait de cercueil en plusieurs heures tant elle était lourde et nous avons rebouché le trou sans prononcer de discours tant nous étions épuisés et sous le choc. Avec Sol, nous avons posé une pierre plate à l'endroit où elle reposait et nous y avons gravé son prénom.

Au petit matin, nous étions fatigués mais satisfaits du résultat.

Athéna s'est assise dans l'herbe face à la tombe improvisée de Serena. Elle venait d'arracher quelques fleurs. Je l'ai rejointe et j'ai aussi déposé une fleur.

— Tu sais Adam, je ne la connaissais pas. Je ne connaissais personne.

— Nous n'avons passé qu'un mois ensemble, il est évident que nous ne nous connaissions pas assez... Elle a tristement secoué la tête et elle a pleuré silencieusement.

— Tu ne peux pas comprendre... Tu ne le pourras pas ! s'est-elle énervée. Elle s'est levée et elle est rentrée.

Encore une fois, je ne comprenais rien ! Rien de ce qu'elle me racontait n'avait de sens et je commençais à perdre patience. Ce petit jeu de devinettes m'agaçait incroyablement et ses sautes d'humeur m'agaçaient !

Derrière une autre armoire, nous avons découvert une porte. Une pièce un peu plus profondément enfoncée dans la montagne. Un grand dortoir sombre aux murs recouverts de plaques en PVC. La salle contenait dix lits simples avec posés sur chacun, un sac et des tas d'affaires propres. Il y avait aussi deux vestiaires avec douches et toilettes. Chaque lit portait l'un de nos noms, ils y étaient gravés dans le métal du sommier.

Qui avait orchestré tout ceci ? Et comment avait-il fait pour sortir ? Car oui, si les issues étaient bloquées de l'intérieur, comment avait-il réussi à partir ? Etaient-ils plusieurs ? Ou y avait-il quelqu'un parmi nous qui avait aidé et était retourné dans sa capsule après ?

Adonis a trouvé le tableau électrique et nous avons été surpris de constater que l'électricité fonctionnait. Nous avons compris en escaladant l'abri de jardin par lequel nous avons accédé au toit, que la maison était alimentée par des panneaux solaires nouvelle génération. De simples prototypes quand nous étions au laboratoire.

Ainsi, nous avons mangé des pâtes chaudes au dîner. Kaya et un garçon que nous ne connaissions presque pas, Ambroise, ont été assignés au rationnement des aliments, ils en ont fait l'inventaire. Ares donnait les ordres malgré notre réticence à Athéna, Sol et moi.

De notre groupe de préparations, il restait Athéna, Adonis, Ares, Kaya, Hélios le parfait qui n'arrêtait pas de théoriser et de faire des statistiques sur notre potentielle survie, Sol et moi.

Nous avons fait la connaissance de Charly, un garçon du groupe deux, Sujet 25 que Sol, en frappant, avait un peu plus défiguré. Il y avait aussi Ambroise, du groupe trois, Sujet 21, maigre et sec aux yeux si petits qu'il paraissait dormir tout le temps, ou avoir besoin de lunettes. Il a fait une sorte de crise de panique, sa soeur jumelle qui participait elle aussi à l'expérience n'était pas présente. Je me souvenais à peu près correctement de ces deux là : Ambroise et Zoë, il me semblait que sa soeur s'appelait ainsi. J'avais eu l'occasion de discuter avec eux un soir dans le réfectoire et je les avais remarqués au centre militaire. Il était totalement introverti, alors que sa soeur était très extravertie et joyeuse. Nous lui avons assuré que nous la retrouverions bientôt. Nous l'espérions.

Où étaient passés Nadir, Aïna et les autres ?

Je suis retourné dans la chambre face aux montagnes. J'ai examiné l'impressionnante tâche rouge dans le coin de la pièce le plus éloigné de la baie vitrée. Il s'agissait bel et bien de sang. Du sang qui devait dater d'un certain moment déjà tant il avait viré au marron. Quelqu'un était peut-être mort ici...

J'ai enfoncé la porte fermée à clé au fond de la pièce. Tous les autres, exceptés Athéna et Sol, dormaient dans les lits étrangement intactes et parfaitement faits.

Sol a trouvé une lampe torche à énergie solaire dans la cabane à outils. Devant la porte désormais grande ouverte, il s'est attardé.

— Je t'en pries Adam, a-t-il dit en me désignant la pièce d'un geste gracieux.

— Sans façon... Passe le premier, ai-je dit. Tu as la lampe, lui ai-je fait remarquer. Il l'a jetée vers moi et je l'ai attrapée par réflexe. Je me suis avoué vaincu et j'ai soupiré.

Athéna est soudainement apparue à nos cotés complément changée.

— Les piles de vêtements sont nominatives, a-t-elle dit en passant le plat de sa main sur son simple haut blanc. Chacun a une paire de bottes et une paire de baskets, deux pantalons, deux hauts, l'un à manches courtes, l'autre à manches longues, un gros manteau et une veste... Evidemment, sous-vêtements et nécessaire de toilette sont au rendez-vous. Ah ! Nous avons un sac à dos chacun, aussi et même une gourde et un sac de couchage... Ceux qui nous ont installés ici ont pensé à tout !

— Partons en randonnée ! s'est exclamé Sol avec un faux enthousiasme. Athéna a grimacé et a pris ma lampe des mains.

— Quand vous serez un peu plus braves..., a-t-elle ironisé en s'engouffrant dans l'obscurité.

La pièce n'avait rien d'incroyable, c'était une salle de bains faite de marbre blanc. L'interrupteur était brisé, impossible d'allumer le plafonnier en cristal. La vasque grouillait d'insectes de même que la baignoire au siphon noirci par des remontées d'eau trouble.

Je me suis douché et j'ai enfilé des affaires propres. Nous avions aussi une montre à cadrant numérique, j'ai été troublé qu'elle fonctionne encore. Cela ne pouvait dire qu'une chose, le monde n'était pas ravagé comme nous l'avions imaginé, quelqu'un était venu il y a peu, sinon, comment les piles de ces montres pouvaient encore être valides. Mais alors pourquoi était-il parti ? Et pourquoi nous laisser ici, en haut d'une montagne, cachée de tous ?

Nous avons fouillé dans les armoires, placards et tiroirs. Tous vides à l'exception de ceux de la cuisine, pleins de produits en conserve, lyophilisés ou sous-vide. Le frigidaire était vide, en revanche, le congélateur était rempli de glaces et de produits frais surgelés comme du pain, du poisson ou des légumes. Comment était-ce possible que certaines machines électroménagers aient continué de fonctionner, comme le congélateur, mais pas les lumières qui refusaient toujours de s'allumer ?

Nous avions de quoi tenir une dizaine de jours. Après quoi, il nous fallait partir si nous voulions survivre, ne pas mourir de faim. L'ennui nous gagnait déjà. Nous tournions en rond. Qu'allions nous trouver dehors ?

Depuis le début ce n'étaient que des actions saccadées. Une succession d'événements que je suivais sur un écran de télévision. Une maladie, beaucoup de morts.

J'ai lancé un livre au visage de Charles, j'ai saisi une arme et je m'apprêtais à tirer mais Athéna m'a pointé un pistolet contre le crâne. Je la voyais dans le reflet de la vitre. Je me suis tourné et le canon s'est retrouvé pile entre les deux yeux, des larmes perlaient sur ses joues et elle s'est écroulée tant elle sanglotait.

— Je suis désolé Adam. Nous devons y retourner. Il faut sauver ce monde.

Tout s'est assombri soudain. Puis, penché au dessus de moi, Charles qui m'assure que j'ai fait le bon choix.

— Où sont les autres ? ai-je demandé.

— A Oly...

C'est en sueur et avec un mal de tête incroyable que je me suis réveillé cette nuit-là. La deuxième dans cette montagne, la première durant laquelle je dormais, ayant occupé la précédente à enterrer Serena.

Je suis sorti sur le balcon, l'air gelé m'a donné comme une grande claque et j'ai retrouvé Athéna, déjà assise au bord de la terrasse.

— Tu as fait un cauchemar ? lui ai-je demandé.

— J'ai l'habitude d'en faire. Toi aussi ?

— Celui-ci paraissait vrai. J'avais l'impression d'y être..., ai-je dit troublé.

Adonis s'occupait de réparer les circuits électriques grillés, nous pouvions désormais allumer la télévision mais elle ne transmettait rien. Pas un programme ne passait, sur aucune chaîne. Pas de téléphone, ni de tablette ou d'ordinateur. Nous n'avons trouvé aucun journal ou dossier pouvant nous informer sur la date.

Les nombreux livres de la bibliothèque étaient, pour la plupart, des encyclopédies, des dictionnaires, des livres sur les sciences humaines et des classiques de la littérature internationale. Je les ai tous feuilletés, un à un. Pas une seule petite information, pas un indice. Il y avait bien un atlas, année 2016. Je n'étais même pas né. Ma mère n'était pas née !

L'une des pages était cornée, elle montrait une vue satellite de La Sierra Nevada, Etats-Unis. Une immense chaîne montagneuse de la côte Ouest. Nous devions nous trouver quelque part dans ces montagnes. Il y avait des vues du parc national de Yosemite et de la forêt de Sierra.

La grande ville la plus proche, San Francisco. Jamais entendu parlé. L'autre, plus au sud, Los Angeles, sûrement Olympie, la cité d'où nous venions et dont la boussole au centre de la ville tenait son nom. La boussole des Anges, pour cette ancienne ville d'avant guerre de 50, du nom de Los Angeles. Je me souvenais avoir lu quelque chose comme ceci dans un manuel d'histoire.

Nous devions rejoindre ce point. La civilisation nous y attendait peut-être.

De plus, j'avais comme une irrésistible envie d'y aller. Ma mère, ma soeur et mon frère ? Et, ce rêve de la nuit passée, s'il avait continué, Charles aurait dit Olympie, c'était certain. Je ne savais pas pourquoi mais je voulais y aller, j'étais persuadé d'y trouver quelque chose.

Au marqueur rouge, j'ai tracé un cercle délimitant le périmètre de notre position le plus précisément possible, c'était compliqué, j'étais incapable de savoir sur quelles montagnes reposait cette maison. J'ai ensuite tracé l'itinéraire le plus simple jusqu'à la ville que j'avais envie de rejoindre. Olympie, Los Angeles sur notre carte.

— Moi, tout ce que je veux, c'est trouver ma soeur, je me fiche de l'endroit où nous allons, tant que nous la retrouvons ! s'est énervé Ambroise.

— Rejoignons San Francisco dans un premier temps, a suggéré Charly, pas très bavard depuis notre rencontre.

— Mais Aïna, Nadir et les autres sont peut-être là-bas ! ai-je protesté en pointant avec mon index le point représentant Los Angeles. Le laboratoire y est en tout cas, il faut le rejoindre.

— Comment être certain qu'ils y sont ? C'est à des jours de marche, et encore, à condition que nous ne traînions pas et que nous ne nous perdions pas !

— Nous aurons une carte et je suis certain de trouver une boussole qui fonctionne. Nous en avons trouvé une, attachée à cet atlas mais elle est cassée. Je trouverai une autre boussole ou le moyen de réparer celle-ci. Et, dans cet atlas, il y a plusieurs cartes intéressantes pour nous.

— Ces cartes, elles datent d'il y a des dizaines et des dizaines d'années, a dit Hélios. Il les a examinées une par une.

— Peut-être plus, je vous rappelle que nous ne savons même pas quel jour nous sommes ! a ajouté Adonis.

— Elles sont totalement erronées, elles ne servent à rien. Les routes ont été reconstruites après la guerre 50-56 et rien ne nous dit qu'une autre guerre n'a pas éclaté et que les routes ont encore changé, a dit Hélios décidément pessimiste et contre moi.

— Bien, alors quoi ? Nous allons attendre de mourir ici ? s'est emporté Sol. Dans dix jours, nous mourrons de faim. Faites comme vous voulez, en tout cas, moi, je quitte cet endroit demain matin à la première heure. Adam ?

— Je te suis, ai-je dit en repliant la carte.

— Je viens avec vous, a dit Athéna.

— Pourquoi ne pas aller dans un premier temps à San Francisco puis à Los Angeles. Cela contenterait tout le monde, a soupiré Kaya.

— Le problème est celui-ci, nous sommes au vue du soleil, sur le versant est de cette montagne, or, rejoindre San Francisco nous fait traverser la chaîne montagneuse dans toute sa largeur, rejoindre Los Angeles est plus simple, nous sommes à coté de la route Pine Creek, qui rejoint la route 395 qui va directement jusque Los Angeles.

— Si ces routes existent encore ! s'est agacé Hélios en tapant du poing sur la table. Je ne comprenais pas cette obstination qu'il avait. Et comment peux-tu savoir sur quelles montagnes nous sommes. Je pense que nous sommes bien plus au nord que tu ne l'as indiqué sur ta carte. Nous sommes entourés d'une forêt, d'arbres et de lacs. Au sud, comme tu l'as indiqué, il y en a peu. Donc, si nous sommes plus au nord, nous sommes bien plus proches de San Francisco !

— Mais que veux-tu trouver à San Francisco ? Cela n'a aucun sens !

— Il y aura peut-être des survivants là-bas, pas à Olympie !

— Comment le sais tu ? me suis-je emporté et j'ai cassé la mine de mon crayon en l'écrasant sur la table.

— J'en ai rêvé ! s'est exclamé Hélios.

Il n'y a plus eu aucun bruit. Nous l'avons tous regardé avec de grands yeux ronds.

Ares a éclaté de rire.

— Pour une fois, je vais suivre Le Formidable dans son aventure, allons à Los Angeles ! a-t-il dit en me donnant une grande tape dans le dos. Hélios tu te fies à un rêve ! s'est-il moqué.

— J'ai rêvé que la ville avait été détruite... C'était si réel et ce matin, en me réveillant, je me sentais étrange... Il... Il y a quelque chose en moi qui me dit d'écouter ce rêve et de ne pas aller à Olympie. Nous devons rejoindre San Francisco, c'est notre seul espoir de trouver des survivants, a ajouté Hélios pour défendre ses idées.

Tous les regards se sont tournés vers moi. J'ai aussi eu un drôle de rêve avec des sensations similaires au réveil, c'est d'ailleurs ce cauchemar qui m'a poussé à chercher une carte pour rejoindre Olympie sans même avoir la certitude d'y trouver quelque chose...

— Je propose que nous allions à Los Angeles puis, si nous n'y trouvons rien, alors, nous irons à San Francisco, ai-je dit.

— Ou Las Vegas... a ajouté Kaya que j'ai foudroyée du regard. Sol a ricané et il est sorti sur la terrasse, son verre d'eau à la main.

— Nous verrons ! ai-je conclu agacé.

Nous avons convenu de partir deux jours plus tard, assez pour avoir le temps de nous préparer correctement, de nous reposer mais pas trop pour avoir suffisamment de provisions pour tenir.


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Qu'en pensez-vous ? Nouveau chapitre mercredi !!

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