Partie 2 - Chapitre 13


 Il était évident que je ne m'en sortirais pas. J'étais encerclé de toutes parts par les militaires de la cité. Sol m'ordonna de ne pas abandonner mais je souffrais. J'avais une plaie monumentale dans l'estomac et je savais que sans leur aide, je mourrai dans les prochaines minutes. Nous étions cachés derrière la carcasse d'un tank. Sol et Nadir, chacun à une extrémité, essayaient de gagner du temps et tiraient sur les soldats qui avançaient à une vitesse folle. Les tirs venaient des deux cotés, nous nous défendions et tentions de les blesser, eux, ils attaquaient mais voulaient simplement nous faire capituler.

— Adam ! cria Sol en tirant sur des soldats sans que les balles ne les atteignent. Ne lâche pas l'ami ! supplia-t-il presque. Il tira en rafale sur tout ce qu'il pouvait.

— Sol... Il faut que nous laissions tomber, le résonna Nadir en s'appuyant contre les chenilles du tank. Il ferma les yeux, s'assit, calme, l'air serein. Il serrait contre lui sa mitraillette.

— Non ! Pas maintenant ! Tu sais ce qui se passera sinon !

— Adam ne tiendra pas beaucoup, assura-t-il en fixant Sol avec tristesse. Celui-ci se tourna vers moi et observa ma plaie.

— Partez, laissez-moi et sauvez-vous, leur dis-je. C'est moi qu'ils veulent alors partez, c'est ce que je réussis à dire en appuyant un peu plus une main frêle sur mon estomac dégoulinant de sang.

— Non. Il n'a pas réussi alors la prochaine fois, je ferai diversion ! affirma Sol en me donnant de petites claques sur les joues et le front.

— Mais tu n'es qu'un enfant ! lui reprocha Athéna en caressant mon front. Ces compétitions entre vous ne cesseront donc jamais ! s'exclama-t-elle, un fond de reproche plein la voix.

— Il faut qu'il se réveille, on dirait qu'il est mort ! fit remarquer Sol en me donnant une plus grand tape sur la joue.

— Je suis bien vivant, marmonnai-je en ouvrant péniblement les yeux. J'avais un affreux mal de crâne et j'étais toujours troublé par ce nouveau rêve. C'était impossible qu'il ait été pure invention. Tout me paraissait si net et si familier...

Athéna m'expliqua que les soldats m'avaient emmené au poste alors que j'étais inconscient. Qu'avec Sol, ils étaient venus me chercher et protester au poste mais que leur déplacement avait été inutile, McGwen ayant ordonné que l'on me ramenât dans ma chambre avec un docteur.

Toute la matinée, je m'attendais à voir débarquer McGwen furieux mais ce ne fut pas le cas. Je fus soulagé d'entendre que Kaya se portait mieux.

Lors du dîner, je vis le Maire attablé avec ses conseillers dans le même restaurant que nous.

Je fis part à Sol de mon rêve et tout en observant McGwen, et je lui confiai mes interrogations.

— Je peux tout faire, ils ne me puniront pas. Je te jure. Je me suis battu avec l'un des leurs, je me suis fait prendre après le couvre-feu, deux fois ! J'ai cassé un ordinateur, une vitrine et j'ai légèrement insulté le Maire. Aucune punition ! J'observais toujours la table de McGwen en me demandant jusqu'où je pouvais aller.

— Ils ne punissent personne, m'a assuré Sol. Et tu n'as pas fait tant de bêtises, et pour McGwen, tu lui as juste dit que c'était un menteur, ce n'est pas un motif d'arrestation...

Je me suis levé et je lui ai fait signe de me regarder, bien décidé à lui prouver que mes questions étaient fondées. J'ai attrapé un verre sur le plateau d'Athéna.

— Qu'est ce que... a-t-elle commencé. J'ai vérifié que McGwen me regardait, je l'ai défié du regard, il m'a souri avec bienveillance. Sol regardait tour à tour le Maire et mon verre.

— Tu vas voir, ai-je dit à Athéna directement mais indirectement à McGwen qui me suivait du regard avec des doutes. Je me suis arrêté derrière Ares qui engloutissait un hamburger et j'ai versé le verre d'eau sur son crâne. Le tout a dégouliné le long de son dos et son visage. Le reste de la table poussa un long soupir de surprise et certains résidents présents poussèrent de petits cris de stupeur.

Il balança son burger dans son assiette et se tourna rouge de colère. Il se leva d'un bond. Passa au dessus du banc et s'approcha de moi. Je lui collai une droite monumentale et alors que je m'attendais à en recevoir une de sa part, Ares se fit plaquer sur la table par un soldat casqué.

— Ne le touche pas, dit calmement McGwen à l'attention d'Ares. Le Maire avançait d'un pas décidé vers notre table. Emmenez-le en salle de réflexion. Une heure tout seul à réfléchir lui fera du bien. Le soldat attrapa par une clé de bras Ares et le fit se relever. Il me regarda haineux et me fit un superbe doigt injurieux de sa main libre.

Ares, McGwen et le soldat s'éloignèrent alors que tous les autres membres du groupe me fixaient avec incompréhension.

— Mais dis-moi Adam, tu viens de passer de « Le Formidable » à « L'intouchable » ! railla Sol et son regard espiègle. Je le regardais avec agacement. Il comprit tout de suite et arrêta de sourire bêtement. Ce n'étais pas drôle. Pourquoi avais-je un traitement spécial ? Je voulais savoir. Je regardai McGwen passer la porte et décidai de le suivre. Dans le couloir, Ares se débattait avec le soldat et McGwen donnait des ordres.

— Je devrais être à sa place, m'exclamai-je.

Je m'approchais de McGwen, je le regardais bien dans les yeux. il haussa les épaules et soupira.

— Comme tu veux, dit-il las. Le soldat laissa Ares trempé dans le couloir et me demanda simplement de le suivre.

On m'emmena dans une petite salle au sous-sol du poste de police le plus proche et j'y restai enfermé une heure, après quoi McGwen entra et s'assit face à moi.

— Que fais-tu ? me demanda-t-il confus. Qu'essayes-tu de prouver ?

— Je me demande pourquoi je ne suis pas puni.

— Parce que tu es trop important.

— Mais c'est injuste !

— C'est ainsi, dit-il en quittant la pièce visiblement satisfait contrairement à moi.

Premièrement, pourquoi important ? Et deuxièmement, pourquoi affichait-il cette tête bienveillante à mon égard ?

Ce fut trois jours plus tard que les ennuis pointèrent le bout de leur nez. Nous avions prévu avec le groupe de demander la permission d'utiliser des archives pour comprendre ce qui nous était arrivé mais un soir, au dîner, alors que nous discutions de nos rêves étranges, McGwen que nous n'avions pas revu, marcha d'un pas décidé vers nous.

— Votre amie, Kaya ? Elle ne descend plus ? demanda-t-il avec un soupçon d'agacement dans la voix.

— Elle est fatiguée mais rien de bien grave. Sûrement l'un des effets secondaire de la capsule, rassurai-je McGwen.

— J'enverrai un médecin, m'assura-t-il avec en me donnant une petite tape dans le dos.

— Non ! s'exclama Adonis sans grande délicatesse. Le Maire le regarda avec interrogation. C'est qu'elle doit rester tranquille, voilà tout, essaya de se rattraper Adonis.

— Vous me cachez quelque chose ? s'enquit McGwen, d'un regard suspicieux. Il était certain qu'il savait quelque chose.

— Non, je..., je..., elle est fatiguée..., ne dérangez personne pour un simple coup de fatigue..., bégaya Adonis.

— C'est que, voyez vous, du matériel médical manque à l'appel dans l'office militaire du district 1. Or, aucun habitant n'a fait de commande de matériel et la question que je me pose, c'est comment avez-vous su et comment avez-vous pu entrer sans...

— Quel genre de matériel ? le coupa Sol. Il plongea ses yeux clairs dans ceux de McGwen qui avaient pris une teinte grise plus sombre qu'auparavant. Une multitude d'habitants nous écoutaient attentivement. Le Maire fulminait intérieurement à en croire son visage dur. Il passa une main dans ses cheveux grisonnants et sourit à ses concitoyens.

Il s'éloigna à grandes enjambées et glissa quelques mots à un soldat posté à l'entrée de la cafétéria.

— Ils vont voir Kaya, prédit Sol en se levant du banc.

Nous empruntâmes les escaliers de secours et les grimpâmes quatre à quatre. Malgré nos efforts pour arriver les premiers dans la chambre d'Adonis où séjournait Kaya, les militaires furent plus rapides. L'ascenseur avait été imbattable. La porte avait été défoncée et un homme armé gardait l'appartement comme s'il avait été un coffre-fort ou une bijouterie. C'était mieux gardé que les sous-sols militaires, cela m'arracha un rictus moqueur.

Une horde de médecins firent leur entrée sans que nous ne puissions rien faire. McGwen apparut une petite heure plus tard alors qu'une femme en chemisier fleuri et longue blouse blanche sortait de la pièce.

— Elle est malade ? demanda-t-il en nous lançant un regard haineux.

— Oui monsieur, confirma la jeune femme.

— C'est impossible... Il faut qu'elle parte. Maintenant. Elle ne reste pas une minute de plus dans l'enceinte de la ville. Je refuse de mettre en danger la sécurité de tous mes citoyens pour elle. Vous êtes des imposteurs. Vous n'êtes pas les enfants de Mercure, eux ne devraient pas être malades.

— Ecoute papy, je crois que tu n'as pas bien compris. Cette fille, elle va rester ici et tu vas faire en sorte qu'elle ait assez de vaccins pour rester en vie, s'emporta Ares.

— Le vaccin ne sert à rien après l'infection. Ce n'est pas un traitement. Il a déjà du mal à contrer l'infection alors comment veux-tu qu'il la guérisse ?

— Le vaccin et ses compléments sont en prévention, ils limitent les chances d'être infecté par voix orale et respiratoire. En ce qui concerne les blessures, rien n'empêche l'infection..., nous expliqua calmement la jeune femme qui voyait bien que nous perdions patience et que les esprits de chacun s'échauffaient.

Le docteur McGwen m'a regardé avec pitié.

— Adam, reste, tu es le seul espoir, je... mon père me l'a dit, il faut que tu restes.

— Nous ne pouvons pas vous aider. Nous n'avons pas de vaccin miracle à vous transmettre. Nous ne pouvons pas l'abandonner. Kaya est notre amie et si vous la mettez dehors, alors nous partons avec elle, dis-je. Que me voulait-il et quel rapport avec son père ? Moi, je ne savais pas où était le mien et je ne pouvais pas les aider à trouver un vaccin, je n'étais pas médecin. Je ne leur servais à rien.

— Athéna..., a-t-il dit. Elle a semblé se raidir. Il avait confiance et foie en son projet et en toi. Reste ! Aide-nous !

— Je ne sais pas de quoi vous parlez. Je pars avec eux, Kaya est mon amie et je ne l'abandonnerai pas.

— Dans ce cas, dit-il sévèrement, rejoignez la gare, vos affaires y seront emmenées. Kaya y sera escortée sous haute surveillance.

Athéna s'est vivement retournée et a appelé un ascenseur. Nous l'avons suivie.

Aussitôt arrivés, aussitôt repartis.

Nous avons traversé la place. Il nous a été remis un sac à dos tout neuf contenant anciennes et nouvelles affaires sur le quai de la gare.

En à peine une heure, nous quittions la Bulle. Nous avons pris un train qui nous a menés à l'extérieur de la cité. Kaya était dans une espèce de lit étroit, recouvert d'un couvercle en plastique ou verre, je ne sais. Il y avait un système de ventilation complexe sur le dessus de la « boîte », juste au dessus du visage de Kaya. On aurait dit qu'elle était morte, dans un cercueil.

Nous avons extirpé Kaya de son sarcophage durant le voyage d'à peine vingt minutes.

Noah sortit du train avec nous. Nous n'étions pas à la gare par laquelle nous avions transité après avoir pris l'avion. Nous étions dans un champ en friche.

— Vos malles et le cheval sont dans cette grange. J'en a pris soin toute la semaine. Personne ne sait que je les ai gardés. McGwen nous avait demandé de le tuer et de brûler vos affaires, mais je savais bien que vous repartiriez. C'était évident.

Nous le remerciâmes chaleureusement. Nous sortîmes Kaya du wagon, elle faisait peur à voir. Ses yeux étaient cernés et les veines de son cou avaient gonflé et leur teinte bleue et violette étaient plus impressionnante que jamais. Elle me rappelait quelqu'un. J'avais déjà vu ce phénomène. Mais où et quand ? Nous avions une chance de tomber malade désormais.

Noah entra dans le train et en sortit avec deux mallettes, une dans chaque main, et il sauta dans le champ à pieds joints.

— Cadeau de McGwen, nous dit-il.

— Il est trop bon avec nous, ironisa Sol en regardant avec dédain la mallette puis la bulle qui s'élevait et qui paraissait avoir poussé comme un bouton sur cette plaine.

Nous ne voyions de l'extérieur, que les tours des districts centraux et la pyramide de verre du Maire. Mais c'était très lointain car entre les épais murs de béton qui protégeaient la base de la ville et qui soutenaient la bulle, et la ville en elle-même, il y avait d'abord des champs et des bois.

Nous, nous étions au beau milieu d'un champ seulement traversé par une voie ferrée. Le terminus était au bout et ne se composait que d'un quai et une petite baraque en briques.

— Qu'est-ce que tu fais ? demandai-je à Noah qui ne semblait pas rentrer dans le wagon.

— Vous ne survivrez pas sans moi, nous dit-il. Voyant que nous ne gobions pas son explication, il baissa la tête. McGwen m'a mis à la porte. Il sait que je vous ai aidés.

Nous nous sommes mis en en marche vers la grange indiquée par notre jeune acolyte. Alors que j'avais un minimum de sympathie pour lui, elle s'évapora quand il commença à taquiner Athéna.

C'était super, nous étions dehors et Noah était avec nous, Athéna toujours pendue à ses lèvres comme s'il racontait des incroyables histoires !

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Fin de la deuxième partie !!! Hâte d'avoir la suite ??

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