Partie 1 - Chapitre 9
Vendredi matin, plus que quelques jours avant la grande expérience. J'ai été réveillé par Athéna qui me dit d'aller me préparer discrètement. Il était bien plus tôt que d'habitude.
Nous avons pris l'ascenseur du hall et j'ai admiré le soleil se lever et envoyer une lumière orangée dans la grande tour vitrée. Athéna et moi avons rejoint notre étage habituel.
— Pour toi, c'est ici, m'a-t-elle dit en désignant la première porte. Du laboratoire, je ne voyais que la salle de préparation par la fenêtre vitrée. Athéna a continué d'avancer et elle est rentrée dans la salle, j'ai fait de même sans trop vraiment savoir ce qui m'attendait. La salle était bondée entre robots et humains, Eloir donnait des indications.
— Le sujet 1 est là, a dit un robot sur roulettes. Eloir s'est tourné vers moi et son visage tendu s'est illuminé. Il m'a salué et m'a dit d'attendre quelques minutes.
Pas de Charles. J'étais rassuré. Une jeune femme en blouse bleu ciel s'est approchée de moi, un instrument semblable au tube de vérification d'identité dans les mains.
— Il faut que je t'injecte ceci. Elle a sorti de sa poche une petite boîte en métal et à l'intérieur, une puce électronique verte. Elle est reliée à la capsule, elle nous donnera les informations importantes sur ta santé, m'a-t-elle informé. Je l'ai regardé avec méfiance et Eloir nous a rejoints.
— Ne t'en fais pas, tu ne seras pas le seul à en avoir une, tous les sujets se la feront injecter le jour du départ.
La femme m'a demandé de baisser la tête, elle a saisi une parcelle de peau sur ma nuque entre son pouce et son index et a injecté la puce ce qui m'a arraché un petit gémissement.
— Nous allons vérifier que le sas se remplit bien et que les puces fonctionnent, tu veux ? Si tu ne te sens pas bien, tu nous le dis, nous ouvrirons, a dit Eloir.
J'ai haussé les épaules. La capsule était semblable à un cercueil, un sarcophage aux coins arrondis. Totalement blanc avec simplement sur le couvercle un chiffre, le 1. Sur l'un des côtés, une petite pochette pour y glisser nos dossiers ainsi qu'un petit écran analysant et retranscrivant les informations sur nos conditions physiques et mentales. Un bouton en relief aussi près de cet écran, il permettait d'ouvrir et de fermer le couvercle du sas. Eloir a appuyé dessus et le couvercle a coulissé pour me laisser entrer.
— Tu peux t'y allonger. Tu es le premier, dis-nous ce qu'il manque. Je reviens dans quelques minutes, a-t-il dit.
J'ai été surpris par le confort du filet qui nous permettait de nous allonger sans toucher le fond de la capsule.
Le couvercle s'est fermé. Mon souffle s'est arrêté et une angoisse incroyable s'est emparée de tout mon être. Mon coeur a accéléré, mes mains sont devenues moites, mes yeux ont complètement disjoncté, regardant de droite à gauche, de haut en bas sans que je puisse les contrôler. J'ai eu du mal à respirer avec l'impression d'avoir tout le poids de la capsule sur la cage thoracique. La boîte était mon cercueil, la mort m'attendait. J'ai poussé le couvercle vers le haut certain que je ne pourrais plus jamais ressortir. Impossible d'ouvrir. J'ai cru que j'allais m'évanouir. Mon coeur battait à une vitesse folle, j'ai bien pensé qu'il allait exploser.
— Ouvrez, ai-je dit doucement entre deux souffles. J'ai senti un liquide tempéré monter dans la capsule. Il a couvert mes mollets et talons, mon dos, ma nuque et la partie arrière de mon crâne.
— Oh ! Ouvrez, maintenant ! Je ne me sens pas bien ! Oh !
— Non, continuez... C'était étouffé mais je l'ai entendu quand même. C'était Charles. Je voulais le tuer. J'ai donné des coups de poing sur la paroi blanche située devant mes yeux à seulement quelques centimètres. Je sentais toujours cette eau trouble monter de centimètre en centimètre. Elle m'est rentrée dans les oreilles, les bruits sont devenu confus. J'ai soulevé la tête et je l'ai collé à la paroi pour essayer d'avoir plus d'air.
— Ouvrez ! J'ai hurlé en donnant encore plus de coups dans le couvercle. Il me voulait mort, c'était certain mais devant tout le monde et de cette façon, c'était malsain. Si je mourrais, cela faisait un témoin de moins mis au courant de l'expérience étrange du sous-sol.
L'eau est montée, encore. J'ai pris ma respiration comme je le pouvais et mes coups de poing se sont faits plus lents et lourds sur la paroi. Les bruits sont tous devenus sourds et mon souffle s'est épuisé. Le liquide trouble entre pêche et rose n'était ni frais ni chaud. J'avais les yeux fermés, les mains plaquées contre la paroi. J'ai senti la paroi glisser et s'ouvrir. Je me suis redressé en prenant une grande bouffée d'air.
— Espèce de... J'ai essuyé mon visage avec mes mains trempées ce qui n'a pas eu grand intérêt et j'ai sauté hors de la machine. Vous ! J'ai pointé Charles du doigt. Ne comptez plus sur moi ! Je me suis emparé d'une serviette blanche posée sur le couvercle de mon cercueil et je suis sorti de la salle d'expérience trempé, dégoulinant de ce foutu liquide coloré.
— Non, laissez-le, il va revenir quand il sera calmé et qu'il aura compris pourquoi j'ai fait ce que j'ai fait, a dit Charles en rattrapant Mary qui me suivait.
Je suis rentré dans la chambre vide. J'ai pris une douche et j'ai changé mes habits. Un robot est entré, je lui ai lancé mes affaires sales dans les bras et il est ressorti en vitesse en couinant. J'ai entendu quelqu'un rire bruyamment dans le hall. Pas de doute, c'était Athéna. Je suis sorti de la chambre et je l'ai vue en compagnie d'une scientifique en talon haut et rouge dont j'ignorais l'identité mais dont je connaissais le travail. Le même que celui de Charles ou d'Eloir. Athéna était enroulée dans un peignoir trop grand pour elle. La scientifique est repartie par l'ascenseur, quant à Athéna, elle a rejoint sa chambre. Elle m'a vu et s'est précipitée vers moi.
— Pourquoi es-tu parti ? m'a-t-elle demandé. Elle avait l'air agacé, sa plaie causé par le robot au niveau de sa tempe avait presque totalement disparu, de même que ma blessure au mollet.
— Pardon ? Tu es avec eux maintenant ? Après ce qu'ils t'ont fait ? Tu sais très bien qu'ils cachent quelque chose de pas net.
— Je ne suis pas avec eux, comme tu le dis. Mais ils essaient de faire en sorte que nous sortions vivants de cette expérience. Ils voulaient simplement tester les capsules !
— Non ! Je suis certain que Charles voulait ma mort.
— Mais tu délires complètement !
— Ecoute, j'ai empoigné son bras et l'ai emmenée dans la chambre, j'ai découvert quelque chose, dans le bureau de Charles il y a quelques jours et depuis, il m'arrive des choses étranges. D'abord, l'ascenseur qui reste bloqué et qui descend et remonte à toute vitesse.
— C'était un problème technique.
— Et le robot qui tente de me tuer hier ?
— Il a disjoncté.
— Et aujourd'hui, ils refusent d'ouvrir ma capsule ?
— Ne vois pas le mal partout, ce sont des coïncidences !
Je l'ai regardée un long moment durant lequel seuls les plafonniers grésillaient. Et dire que j'allais lui parler des plans que j'avais trouvés et de la lettre de la présidente. Quelle erreur !
— A plus tard, lui ai-je dit en ouvrant la porte afin qu'elle comprenne que je lui en voulais. Elle n'a pas dit un mot et elle a regagné sa chambre.
A midi, j'ai rejoint le réfectoire, pas de trace ni d'Athéna ni des scientifiques. Tous les autres étaient déjà attablés et parlaient bruyamment. A ma grande surprise Aïna était à table avec les autres et riait de bon coeur. Je me suis servi et les ai rejoints.
Adonis n'avait toujours pas réussi à voler d'ordinateur, Sol lui mit une pression folle alors il jura de faire son possible l'après-midi même.
Nous passions un excellent moment jusqu'à ce que Charles passe les portes de la cantine et quadrille la salle des yeux. Son regard s'est posé sur moi et il est venu à ma rencontre.
— Il faut que je te parle, maintenant, a-t-il dit crispé.
— Allez-y, ai-je dit de façon nonchalante.
— En privé, a-t-il rectifié agacé. Il tapotait le dos de ma chaise nerveusement.
— Je n'en ai pas envie.
— Ce n'était pas une question mais un ordre. Tu te lèves et tu me suis.
Je me suis contenté de l'éviter en approchant ma fourchette de ma bouche. Il s'est penché vers moi et a saisi mon col.
— Rappelle-toi que l'argent ne t'appartient toujours pas..., a-t-il glissé furtivement à mon oreille. J'ai poussé violemment ma chaise et l'ai suivi sous le regard intrigué des autres. Une fois dans le hall, je me suis arrêté net.
— Qu'est ce que vous me voulez encore ? Me vider entièrement de mon sang ? Savoir si je résiste à une décharge électrique ? Oh, ou alors vous voulez me remettre dans cette capsule qui ne fonctionnait même pas et dans laquelle j'ai bien faillit mourir ! Eloir m'avait promis d'arrêter si je le demandais ! Mais non, vous êtes arrivé et vous avez continué.
— Pourquoi es-tu allé dire à Athéna que nous essayions de te tuer ? a-t-il demandé très calmement en évitant mon sarcasme. J'ai comme reçu un coup de matraque dans l'estomac. Pourquoi était-elle allée leur en parler ? Etait-ce pour cette raison qu'elle n'était pas à table ?
— Juste vous. Pas les autres, ai-je dit en le défiant du regard.
— Mais pourquoi ? Il jouait la comédie. J'étais certain qu'il savait que j'avais fouillé ses dossiers, il voulait m'éliminer et maintenant que j'en avais parlé, il se sentait en danger.
— L'ascenseur, le robot et la capsule ? ai-je dit.
— Adam, ce sont des coïncidences, malencontreuses, j'en conviens, mais jamais je n'ai voulu attenter à ta vie. Pour la capsule, excuse moi, l'ambition a pris le dessus sur la raison. Pourquoi penses-tu une chose pareille ? Qu'est-ce qui pourrait justifier que je veuille ta mort ? Comment peux-tu imaginer que je puisse être capable d'une chose aussi atroce ?
Il faisait semblant, impossible que ce soit des coïncidences, il mentait mais je n'allais pas entrer dans son jeu.
— Je... je suis stressé en ce moment, c'est tout. Excusez-moi ! Il a paru surpris, a saisi ma nuque comme un père le ferai et il a donné une petite tape dans mon dos. Son visage était neutre, presque amical mais il y avait une tension dans ses doigts qui serraient ma nuque et une telle fureur et colère dans ses yeux que je savais qu'il me mentait, qu'il s'était aperçu que je le trouvais bizarre et que je préparais quelque chose. Mais savait-il quoi ? Allait-il reporter la livraison au sous-sol ?
Je l'ai regardé de biais et je suis retourné manger.
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Prochain chapitre vendredi ! Merci à ceux qui continuent de lire et de me retourner leur avis ! J'espère que cela vous plaît toujours ! Bonne rentrée à tous !
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