Partie 1 - Chapitre 8




Les couloirs étaient sombres et la température élevée, comparée à celle de d'habitude. J'ai préféré emprunter les escaliers de secours plutôt que l'ascenseur étant soudainement pris d'une angoisse.

Je me suis assuré être seul et je suis descendu jusque l'étage le plus bas espérant trouver une porte de secours du sous-sol. Mais rien et j'ai alors eu la certitude que quelque chose y était caché.

Remonter a été pénible. J'étais presque en haut quand un clic clac métallique m'a interpellé. Derrière moi, la porte indiquait le numéro 42. Je me suis penché au dessus de la rambarde de sécurité et j'ai regardé la cage d'escalier de haut, comme un puits, un gouffre infini. D'où provenait ce bruit ?

La porte derrière moi s'est ouverte, je me suis retourné vivement, le bras métallique d'un robot d'entretien a saisi mon col et m'a soulevé avec une force surpuissante. C'était le genre de robot sur roue qui fonçait à toute vitesse entre les tables pour servir à manger ou à boire. Un robot classique fait de métal, de pièces détachées que l'on pouvait changer à sa guise. Les plus riches, les personnalisaient et leur ajoutaient des gadgets. Haut de deux mètres, celui-ci faisait peur, totalement peint de noir avec son matricule peint en blanc sur la caisse qui lui servait de torse. Le boîtier couvert de boutons, chacun servant à lui assigner une tâche, clignotait de toutes parts. Il avait disjoncté. Complètement fou.

Il m'a fait passer par dessus la balustrade, mon pouls s'est accéléré. Je tenais fermement le bras métallique en poussant des grognements pour me donner un minimum de force.

Mes pieds nus étaient dorénavant dans le vide de la cage d'escalier et si jamais mes mains lâchaient le bras métallique, c'était la chute du haut du quarante-deuxième étage. J'ai hurlé à l'aide, mes bras se tétanisaient. Je tremblais de tous mes membres, mes jambes battaient l'air, le vide, à la recherche de quelque chose qui pourrait accueillir mes orteils.

Une porte plus haut s'est ouverte brutalement et a claqué contre un mur.

— Adam ! s'est écriée Athéna.

— Ici ! Quarante-deuxième étage !

Le robot avec ses chenilles semblables à celles d'un tank, s'est emballé et approché du bord, m'éloignant un peu plus de la rambarde. J'ai vu Athéna passer la tête plus haut, elle m'a regardé avec stupeur et a dévalé les escaliers. Le robot a secoué son bras pour que je le lâche et j'ai failli, mais l'irrésistible envie de survivre m'a comme donné un grand coup de fouet et m'a obligé à tenir.

Athéna détectée, il m'a rapproché de la rambarde, soulevé, passé au dessus du garde-corps en métal et laissé tomber sur le sol bétonné froid du palier. Athéna s'est approchée avec méfiance, a tendu son bras vers la boîte de conserve pour enclencher le bouton de sécurité présent sur l'arrière du robot mais celui-ci l'a attrapé et tordu. Je me suis jeté dessus pour l'empêcher de lui faire plus mal, il a anticipé, a fait tomber Athéna dans les escaliers et m'a donné une violente droite métallique dans les côtes, ce qui m'a coupé le souffle et fait tomber au sol.

Le robot a fait tourner sa main plutôt semblable à un grappin et l'a approché de moi, toujours allongé, les poumons douloureux. Athéna est remontée à notre niveau et a plaqué sa main contre le bouton d'arrêt. J'ai cru que nous étions enfin sauver.

Pas du tout.

Son buste a fait un tour sur lui même et il a saisi le cou d'Athéna qu'il a soulevée du sol. Je me suis levé avec peine et j'ai donné un coup de poing dans le boitier central présent sur ce qui s'apparentait le plus à la poitrine du robot. En plus de m'être broyé les doigts, il m'a donné un coup au visage, mon nez saignait abondamment, je suis tombé sur le dos et il a roulé sur ma jambe.

Jamais je n'ai ressenti une telle douleur. Les chenilles cramponnées qui lui servaient de pieds m'ont broyé le mollet. J'ai hurlé sans pouvoir me retenir. Athéna grimaçait toujours, coincée entre les doigts du robot. J'ai vu quelques gouttes de sang perler le long de son visage rempli de souffrance. Elle a donné un grand coup de pied sur l'un des gonds qui faisait pivoter le bras mécanique. Rien. Puis un deuxième et un troisième jusqu'à ce qu'une étincelle ne s'en échappe et qu'il la laisse tomber. Elle s'est agenouillée en toussant. Impossible de me lever avec mon mollet dans cet état.

La porte numéro 42 s'est ouverte et une barre de fer s'est abattue sur le boîtier  central du robot. Celui-ci s'est effondré dans une pluie d'étincelles à côté d'Athéna qui a poussé un petit cri de surprise. Eloir s'est précipité vers moi et a  donné des ordres à la jeune femme présente plus tôt dans son bureau, désormais derrière lui. Elle s'est empressée de sortir son téléphone et a quitté le palier.

— Peux-tu tenir encore un peu ? m'a demandé Eloir en soulevant légèrement le tissu en lambeau du bas de mon pyjama.

J'ai serré les dents et ai agrippé sa main bien trop près de ma blessure à mon goût.

— Pas tellement, ai-je dit mordant ma lèvre inférieure.

— Elle sera comme neuve demain, a-t-il dit optimiste. Il s'est relevé et a rejoint Athéna qui reprenait toujours son souffle, une main plaquée contre sa gorge, l'autre contre sa tempe gauche.

Je les ai vu parler, Athéna m'a regardé, toute la partie gauche de son visage couverte de sang, elle a dit quelque chose à Eloir mais ma vision s'est troublée et j'ai sombré comme la veille dans l'ascenseur.

Je me suis réveillé dans la même chambre qu'après l'incident de l'ascenseur, cette fois, à mes cotés, Athéna.

Assis, les pieds sur mon matelas, les yeux rivés vers la télévision, Sol, un sourire en coin, ses cheveux blonds impeccablement coiffés.

— Tu as peut-être raison le Formidable, il veut ta mort, a ricané Sol sans me regarder. J'ai soupiré.

— Pas si fort... Elle pourrait nous entendre et je ne veux pas l'embêter avec cela, ai-je dit en vérifiant qu'Athéna dormait.

Je me suis redressé et j'ai constaté que ma jambe était bleutée, elle avait quelques cicatrices rosées mais elle n'avait rien de comparable avec celle de la veille. On n'y voyait plus la chaire ni une trace de sang. Mes côtes étaient violettes sur tout le côté droit.

J'ai passé la journée dans la chambre en compagnie de Sol qui m'a quitté vers midi, après avoir mangé la moitié de mes frites.

C'était raté pour le combat verbal avec Eloir. A vrai dire, il allait être compliqué de lui en vouloir, il nous avait sauvé... Maintenant, une question s'ajoutait aux précédentes, comment avait-il su où j'étais ? Et aussi, était-il l'auteur de l'attaque ?

Athéna dormait depuis le petit matin, elle n'avait pas ouvert les yeux. Il était jeudi, c'était un sale jeudi. Le genre de jeudi horrible, froid et pluvieux.

Sur la petite table de chevet près d'Athéna, une bague en or que je l'avais déjà vue porter. Je me suis assuré qu'elle dormait toujours et je l'ai saisie. Un simple anneau en or avec une figure sur le dessus de la taille d'une pièce de monnaie.

— Athéna, déesse de la sagesse et la stratégie..., m'a-t-elle soufflé doucement. J'ai  sursauté et la lui ai tendue.

— C'est magnifique.

— Cadeau de mon père l'an passé, a-t-elle dit.

— Moi je n'ai même pas de père... C'est bien ?

— Avoir un père ? Je lui ai fait oui de la tête. Oui, évidemment, cela dépend des gens mais c'est toujours réconfortant. Ils peuvent être autoritaires mais..., Juste comme il faut, a-t-elle dit l'air songeuse.

Je lui ai souri, oui, moi aussi j'aurais souhaité avoir un père présent, aimant et protecteur.

Nous avons passé l'après-midi à parler et à l'heure du dîner, nous avons rejoint les autres dans le réfectoire.

Restaient toujours plusieurs questions auxquelles je ne pouvais avoir de réponse, la plus importante étant celle-ci : Tout ceci était-il manigancé par Charles ?

Sol et moi avons passé la soirée à en parler, rien n'a été éclairci. Il m'a avoué trouver la situation effectivement très étrange et m'a proposé de l'aide pour entrer au sous-sol ayant autant envie que moi de découvrir ce qui s'y cachait.

Nous avons discuté une bonne partie de la nuit avec Adonis et Nadir, incapables de dormir avec nos murmures.

Nous avons d'un commun accord avec Sol, décidé de leur parler de nos doutes, les estimant dignes de confiance et potentiellement utiles pour descendre. Nous n'avons pas été déçus, tous deux nous promettant d'enquêter de leur côté. Nadir pourrait se connecter au service de sécurité du bâtiment grâce à un ordinateur qu'Adonis pouvait essayer de voler, passant la plupart de son temps dans les archives et l'étage technologique.


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. Merci à tous ! J'espère que cela vous plaît ! Prochain chapitre mardi !

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