Partie 1 - Chapitre 5
Tous les matins qui ont suivi, Nadir s'est réveillé par terre alors je lui ai laissé la couchette du haut ayant des barreaux pour le retenir. J'ai pris du poids, pas beaucoup mais assez pour retrouver le poids d'un garçon en bonne santé. Une semaine était passée et la neige avait commencé à tomber. Jamais il n'a neigé ici auparavant. Pas depuis que je suis né.
La plupart du temps, nous passions des tests et des examens mentaux ou physiques entourés de spécialistes qui commentaient le moindre résultat. Je passais mes journées avec Athéna. Ils nous avaient mis en binôme. Nous riions bien ensemble. Elle ne se préoccupait pas de mon manque de manières de première classe. Le temps que nous passions ensemble était impressionnant, j'avais l'impression de la connaître depuis toujours. Nous faisions des minis jeux l'un contre l'autre pour que les scientifiques analysent nos capacités à nous adapter. Nous devions nous aider à nous dépasser comme le mercredi où nous avons fait une journée au centre sportif pour rester en bonne condition physique. Nous avons dû nous encorder l'un à l'autre sur un mur d'escalade - exercice de confiance selon nos entraîneurs. J'ai appris qu'Athéna avait une peur incontrôlable du vide. Je l'ai aidée à dépasser cette peur et elle m'a aidé pour celle des piqures - très fréquentes dans le laboratoire.
Nous avons passé le vendredi après-midi à deux. Nous nous sommes promenés dans le hall et l'étage dédié aux progrès technologiques et cette question m'a traversé l'esprit :
— Pourquoi es-tu ici ? Elle m'a regardé avec interrogation et a appuyé sur le bouton pour appeler l'ascenseur vitré du hall. Enfin, je veux dire, tu n'es pas ici pour l'argent, qu'est-ce qui a pu te pousser à participer ?
Elle a mordu sa lèvre et a inspiré profondément. Nous sommes entrés dans le tube et elle a plongé ses yeux foncés dans les miens.
— Ma plus grande peur Adam, c'est de mourir. Je suis pétrifiée, horrifiée à l'idée de mourir. Alors, je me suis renseignée auprès de l'accueil du laboratoire pour savoir les prochaines expériences et leurs buts. Ils n'ont rien voulu me dire. Mon père a fait pression et j'ai su. Je me suis dit, que peut-être, il y avait une chance que lors de notre réveil, une pilule d'immortalité existât.
Elle a changé de sujet et nous avons fini notre balade en parlant de choses plus légères.
Le dimanche midi, j'ai aperçu la jeune fille au carré blond qui paraissait toujours aussi fragile que le premier jour. Elle mangeait seule. Depuis lundi. Quand son nom a été appelé pour qu'elle récupère son collier, elle s'est précipitée discrètement et est retournée s'assoir tête baissée. J'ai pensé qu'elle devait avoir mal au cou à force de baisser la tête. Ce jour-là, j'ai appris qu'elle s'appelait Aïna. Il restait une chaise vide à notre table. Je me suis levé, bien décidé à ne plus la laisser seule. A table, ils m'ont tous regardé avec interrogation. J'ai foncé jusque la table vide où elle était installée.
— Salut, j'ai dit à Aïna. Elle s'est tournée vers moi en souriant timidement.
— Salut, Adam ? elle est devenue rouge écarlate. C'est bien ton prénom ? J'ai hoché la tête en signe d'approbation.
— Tu veux te joindre à nous ? elle a observé notre petit groupe deux tables plus loin.
— Je ne veux pas vous embêter, je ne connais pas grand monde et je dois t'avouer être assez timide. Je risque de vous ennuyer...
Je comprenais qu'elle ne veuille pas se joindre à tant de monde.
— Alors je reste avec toi. A moins que tu ne préfères rester seule ? elle m'a indiqué la place face à elle. Je m'y suis installé. Heureusement, j'avais déjà fini mon repas, inutile d'aller chercher mon plateau.
— Pourquoi es-tu venu me voir ? m'a-t-elle demandé en dégustant une tranche de pain aux céréales.
— Je ne savais pas si tu restais seule par choix ou par rejet des autres.
— C'est un choix, a t'elle gloussé. Je ne suis pas très sociable. Te parler est un effort incroyable, a t-elle dit en croquant à pleines dents dans la mie.
Nous avons fini le repas ensemble, j'ai découvert qu'elle était d'une sensibilité invraisemblable et qu'elle avait un humour très fin. Adorable.
Nous avons eu notre après midi libre. Pas de contrainte exceptée celle de ne pas quitter le bâtiment.
J'avais prévu de trouver un moyen d'accéder au sous-sol, certain qu'il était bien plus excitant que ce que nous avait assuré Anne. Mes plans ont été contrariés par Kaya.
— Adam, a-t-elle dit en me faisant un petit signe de la main alors que je passais devant sa chambre à la porte ouverte.
— Kaya, ai-je répondu de la même manière.
— Tu vas faire un tour ? a-t-elle demandé. Qu'est ce que je pouvais faire, je n'avais rien à prétexter et puis, il me restait toujours deux semaines. Je lui ai dit oui en espérant qu'elle ne veuille pas venir mais elle a déposé son magazine et m'a rejoint. J'ai souri gêné et nous avons avancé jusque dans le hall.
— Où veux tu aller ? m'a-t-elle questionné.
J'aurais bien dit au sous-sol mais je ne pouvais pas lui faire confiance, alors, j'ai dit la seule chose qui m'est passé par la tête.
— La serre ? ai-je proposé.
Les portes de l'ascenseur se sont ouvertes et Kaya a appuyé sur le bouton 0.
Il n'y avait personne dans le laboratoire. Ni dans les bureaux, ni les salles d'expériences, ni celles d'observation et encore moins dans la serre. Elle était déserte, nous pouvions entendre les arroseurs automatiques de la forêt tropicale et les chauffages électriques du désert aride.
— Tu es différent Adam. Il y a quelque chose en toi de différent, a-t-elle soudain dit alors que j'observais une plante bleutée qui semblait respirer au pied d'un arbre de la forêt humide.
— Comment ? ai-je dit surpris.
— Avec Athéna, ils vous trouvent différents. Les scientifiques je veux dire, a-t-elle précisé.
— Je ne savais pas !
Si, je savais, nous passions du temps tous les deux comme les autres en binôme mais nous le passions dans le bureau de Charles ou celui d'Eloir. Pas dans les salles communes ni les laboratoires de l'étage sous nos chambres. Pourquoi ? Parce qu'en nous, quelque chose de précieux apparemment, un vaccin, une molécule nous permettant de combattre n'importe quelle maladie. Evidemment, c'était un secret.
Elle a haussé les épaules et nous avons continué à marcher. Je dois avouer que j'ai bien ri cet après-midi là. Kaya était très drôle et gentille, pas brillante comme Athéna mais assez intelligente pour tenir une conversation sérieuse contrairement à certaines filles que j'avais déjà côtoyées dans le bidonville.
En retournant dans la chambre, j'ai surpris Sol et Athéna en pleine dispute. En me voyant, elle s'est approchée, a déposé un baiser sur ma joue en défiant du regard Sol et elle est partie.
— Qu'est ce que... ?
— Rien, laisse tomber. C'est Athéna, tu la connais. Elle est étrange, a-t-il dit en se recoiffant. Tu as passé un bon moment avec Kaya, Le Formidable ?
— Très bon moment. Vous avez passé l'après midi à deux ? Avec Athéna ? ai-je demandé, une pointe de jalousie dans la voix. Je savais très bien que nous étions juste amis, que je ne la connaissais que depuis une semaine mais je me sentais tout bizarre quand elle m'a donné un bisou sur la joue et une certaine colère s'emparait de moi quand je la voyais rire avec un autre.
— J'ai passé toute l'après midi avec Adonis et Nadir, je ne l'ai croisé qu'il y a une heure. Je me reposai, allongé sur mon lit un livre en main, quand elle a déboulé et m'a demandé où tu étais. Un sourire a traversé mon visage sans que je puisse le retenir.
— Qu'est ce que tu lui as dis ?
— Que je ne savais pas, que je t'avais simplement vu partir avec Kaya. Là, elle a fait une drôle de tête et elle a demandé si elle pouvait rester parce qu'elle se sentait seule. J'ai dit oui...
Adonis est entré dans la chambre et nous a demandé de venir dans la salle commune afin que l'on nous distribue nos emplois du temps de la semaine prochaine. Je n'ai jamais su ce qui avait tant contrarié Athéna. Sûrement pas grand chose car au dîner, ils, elle et Sol, riaient de nouveau ensemble.
Le lendemain, j'avais rendez-vous avec Charles dans son bureau juste après le repas. Je me demandais bien ce que nous allions faire.
Plus que quelques jours pour entrer au sous-sol... J'étais déterminé, j'étais convaincu qu'ils y cachaient quelque chose...
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