Partie 1 - Chapitre 13


 Une alarme a sonné. C'était le moment. Le moment de se lever, d'y aller et de mourir. Cette alarme a sonné et j'ai su. J'ai su que c'était le jour où ma vie allait changer. J'allais me lever, déjeuner et dormir, au pire mourir.

Nadir est tombé du lit comme le premier jour et j'ai eu espoir que nous étions retournés dans le passé. Mais non, un robot a ouvert notre porte, nous avons rejoint le réfectoire et j'ai pris le meilleur petit déjeuner de ma vie. Un copieux petit déjeuner comme depuis un mois. Je me suis resservi de ce délicieux jus de fruits, une tasse de café et de ces exquis cookies.

Tout le monde parlait mais je voyais bien que c'était par pure peur du silence. Sol comme Athéna et moi ne participions pas aux conversations. J'avais la gorge nouée et les mains incroyablement moites. J'ai dégusté ce repas qui pouvait être le dernier.

En revenant dans nos chambres, un mot sur chaque porte qui nous donnait à tous rendez-vous à l'étage du dessous à onze heures précises. Sur nos lits, un haut à manche longue blanc et un bas bleu foncé. J'ai pris une bonne douche brûlante et je me suis habillé. J'ai passé ma chaîne avec mon matricule et je me suis allongé sur ma couchette. Une ambiance de deuil régnait dans la chambre et on n'entendait que les respirations des uns et l'eau coulant dans la douche. J'ai glissé la liste volée dans une petite pochette plastique que j'ai glissée dans la doublure de mon pantalon. Je m'en voulais atrocement de ne rien leur avoir révélé à tous les trois... Ils m'avaient aidé tout de même... La culpabilité et les remords me rongeaient...

— J'ai quelque chose à vous avouer, ai-je dit alors que nous faisions nos lits.

Après leur avoir tout raconté et montré la feuille, Sol éclata de rire et me tapa dans le dos. Je m'attendais à ce qu'il soit fou de rage mais pas du tout.

— Je savais que tu nous avais menti Adam ! Tu es mauvais acteur ! Tu étais si pâle hier soir que j'ai cru que tu étais malade... Et je suis désolé mais je dois t'avouer que j'ai fouillé tes affaires cette nuit et j'ai vu cette liste sans rien y comprendre.

Adonis et Nadir m'ont remercié de mon honnêteté et d'avoir tout d'abord pensé à leur sécurité.

Nous avons quitté la chambre et pris l'ascenseur à quatre, trente minutes avant l'heure convenue.

— Moi, je pense que tout va bien se passer, a dit Nadir.

— Oui, moi aussi, tout ira bien. Nous nous réveillerons ensemble dans quelques années et nous serons accueillis comme des héros, a ajouté Sol.

La porte s'est ouverte et nous sommes arrivés les premiers devant la salle bondée. Une vingtaine de scientifiques s'activaient autour des capsules et des ordinateurs.

Mary Marguling s'est précipitée vers nous alors que nous nous étions installés dans un canapé face à la ville.

— Parfait, suivez-moi ! a-t-elle dit stressée, le pas rapide, le visage crispé et pensif.

On m'a fait une piqûre, j'ai réussi à me tenir tranquille. Apparement, un cocktail de vitamines, protéines... Un robot a pris mon pouls et ma tension. Il m'a ensuite désigné une capsule au bout de la pièce avec un « 1 » inscrit sur le couvercle.

Dans le petit filet sur le côté du socle de la capsule, il a glissé mon dossier et une boite en métal dont j'ignorais le contenu.

Le reste du groupe est arrivé. Un robot a désigné, la capsule à droite de la mienne à Athéna qui semblait inconsciente. Elle portait le même haut blanc mais avec un short moulant noir et elle avait décidé de mettre une paire de chaussettes blanches.

J'ai croisé son regard terrorisé alors je l'ai rejointe.

— J'ai peur, m'a-t-elle dit. Elle a trouvé ma main et l'a serré dans la sienne.

— C'est une réaction tout à fait normale, ai-je dit.

— Que devais-tu me dire hier ? J'y ai pensé toute la nuit. Je me suis dit que revenir te voir pour que tu m'expliques était peut-être trop risqué.

J'ai été un peu honteux de lui en avoir voulu la veille... J'ai empoigné son bras.

— Suis-moi dans ma scène, ai-je dit en avançant dans la pièce vers la porte de sortie. Elle a résisté quelques secondes prise de court.

Arrivés au bout du laboratoire, j'ai pressé le bouton de sortie mais comme je m'en doutais, Eloir nous a rattrapés et barrés le passage.

— Athéna a besoin de prendre l'air, ai-je menti. Elle a compris de suite et a fait semblant d'être essoufflée.

— Dix minutes, a-t-il dit.

Je me suis précipité dans le couloir et je me suis avancé jusqu'à la vitre, le plus loin possible des caméras et oreilles des autres.

J'ai sorti la feuille de la doublure de ceinture de mon pantalon et lui ai tendue discrètement. Nous étions presque collés à la vitre, serrés l'un contre l'autre. Elle l'a parcourue de bas en haut et m'a regardé perdue.

— Qu'est ce que c'est ?

Je lui ai tout expliqué en détail, elle a écouté avec attention et a lu une nouvelle fois la feuille. Elle me l'a rendue et je l'ai remise dans le plastique puis dans la doublure en coton.

— C'est étrange non ? ai-je dit en espérant qu'elle le confirme. Elle n'a pas pu, Eloir a pointé le bout de son long nez aquilin derrière nous et après s'être assuré que « le sujet 2 », Athéna, allait bien. Il nous a reconduits dans la salle où sept des trente étaient déjà partis pour leur voyage.

Athéna s'est arrêtée au niveau des portes et a regardé le fond de la salle, là où se trouvait sa capsule, avec inquiétude. Elle a plongé ses yeux remplis de détresse et de désespoir dans les miens. Je l'ai rassurée d'un mince sourire étant complètement pétrifié moi aussi. Je me suis approché d'elle et lui ai pris la main. Nous avons avancé ensemble.

— Mademoiselle Twaithes Athéna. Elle s'est avancée jusqu'à Mary qui a appuyé sur le bouton du haut de la capsule dont le couvercle s'est ouvert. Athéna m'a regardé horrifiée.

— On se retrouve demain, ai-je dit. C'est comme une nuit sans rêves, tout va bien se passer. Elle a plongé un pied dans le liquide de sa capsule, des larmes roulant sur ses joues. Elle s'est assise, m'a regardé une dernière fois et quand elle fut allongée, la capsule s'est refermée.

Tout le monde sombrait tour à tour. Lesquels se réveilleraient ?

Sol s'est assis, nos regards se sont croisés, il a levé les deux pouces en l'air avec un grand sourire et ils l'ont recouvert.

Il ne restait plus que moi, Charles a débarqué et m'a rejoint au pas de course. Les pommades font des miracles, presque plus une égratignure.

— Comment vont tes mains ? a-t-il demandé d'un ton faussement inquiet en saisissant mon épaule.

— Je n'ai rien dit à personne.

— Il n'y avait rien à dire, mais sache, que je t'en suis reconnaissant, a-t-il dit.

Tout ceci n'avait aucun sens, pourquoi me mentir comme cela, je me suis demandé alors qu'il déballait la même excuse que la veille, à savoir que c'était pour sauver l'humanité...

— Salut Charles, ai-je dit en lui donnant une petite tape dans le dos pour couper cours à la discussion.

— L'argent est à ta mère et je ferai en sorte que tu dormes bien.

J'ai ouvert moi-même ma capsule. J'ai posé un pied dans le fond du bac puis l'autre. Le liquide n'était ni chaud, ni froid, le petit hamac en mailles qui nous servait de lit était aussi confortable que dans mon souvenir.

Je me suis allongé en respirant aussi calmement que possible. Le liquide trouble a enrobé mes mains, mon estomac, mon torse, ma nuque, mon cou. Je me suis détendu autant que possible et le liquide a mouillé mes cheveux, mes oreilles, mes joues. Le couvercle s'est refermé. Mon coeur s'est accéléré, ma respiration aussi.

J'ai vu ma mère, ma soeur, mon frère, Athéna, Sol, Adonis, Kaya, Aïna et Nadir. Même à mon père.

J'ai pris une grande inspiration, la plus grosse bouffée d'air possible.

Le liquide a atteint ma bouche, mon front.

Ma vue s'est troublée, un froid immense m'a envahi, je me suis endormi.


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Voilà voilà, fin. Je m'arrête là ! Merci d'avoir lu ce livre !! 

Non, je plaisante, ne vous affolez pas ! Suite dans deux jours ! 

Bisous, bisous !

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