M comme Mer

Au bas de la falaise, la mer rugissait. Des vagues immenses venaient se fracasser avec violence sur les rochers en contrebas. Des gerbes d'eau s'élevaient dans les airs, y restaient suspendues un court instant, puis retombaient dans l'eau qui grondait. Le bruit était assourdissant.

Le ciel était gris, orageux, triste et sombre. Pourtant, il ne pleuvait pas. Seul le vent glacial venait ajouter un petit air tragique à ce coin d'habitude si accueillant.

Le vent soufflait fort. Il était froid, sec, il partait dans tous les sens, comme s'il était énervé. Il faisait claquer les vêtements de la jeune fille assise là, sur un banc, à observer ce paysage époustouflant de la nature dans toute sa splendeur. Il faisait voler ses cheveux aussi, qui venaient s'éparpiller devant son doux visage. Elle ne souriait pas. Ses yeux étaient fixes et regardaient la tempête sans vraiment la voir. Ses joues étaient mouillées, baignées de larmes, mais elle ne pleurait plus. Elle avait déjà trop pleuré. Son nom, c'était Tiphaine.

Soudain, elle s'est levée, à fait quelques pas, s'est approchée du bord. Le vent la poussait vers la falaise, mais elle résistait. Ce n'était pas encore le bon moment. Elle n'était pas prête. Chaque chose en son temps.

Elle prit une décision. Elle savait qu'elle n'allait plus faire demi tour. Elle fit encore un pas. Si sa mère la voyait, elle lui aurait hurlée de se reculer du bord. Mais sa mère n'était pas là. Elle avança encore. Elle n'était plus qu'à un mètre du vide. Le vide... Il était là. Devant elle. C'était presque comme s'il l'appelait. Le vide, ce serait sa libération. Son remède contre la douleur.

Elle se demanda si elle allait avoir mal. Ou si elle ne sentirait rien. Si elle oserait. Si elle était sûre de sa décision. Oui. Elle en était sûre.

Un mètre...
90 centimètres.
80 centimètres.
70 centimètres.
60
50
40
30
20
10
...