Balgor

La tête de Balgor le lançait affreusement. Il n'avait pas encore ouvert les yeux qu'il gémissait déjà, et son épaule gauche lui faisait tellement mal qu'il ne sentait plus ses muscles meurtris par l'effort des derniers... de quand exactement ?

Un déclic se produisit et le voyage lui revint, les courbatures, l'épuisement. Puis les hurlements au moment d'établir le camp, et l'attaque des loups géants.

Balgor se redressa en sursaut et ouvrit les yeux. Aussitôt il retomba au sol en un grognement. Sa vue brouillée lui faisait tourner la tête et son épaule menaçait de le lâcher.

- Hola doucement ! Intervint une voix. Tu n'es pas en état de te lever.

Balgor se redressa à nouveau pour tenter d'apercevoir le propriétaire de la voix, mais sans plus de succès. Il n'entrevoyait que quelques vagues formes gris-vertes. Petit à petit pourtant, sa vue s'éclairçit et lui permit de détailler son interlocuteur.

C'était un homme, grand et robuste, aux cheveux bruns qui lui tombait devant les yeux. Assit sur une souche, il astiquait son épée avec un chiffon déjà ensanglanté, et accourut à ses côté dès qu'il le vit se redresser.

- Tu es têtu ma parole ! S'écria-t-il.

Il lui glissa un sac derrière le dos pour le soutenir et s'agenouilla pour lui nettoyer ses plaies.

Elles n'étaient pas belles à voir, au moins pour celle de son épaule. Les crocs du loup le lui avait profondément entaillé, et même si son bras avait tant bien que mal commencé à cicatriser, la blessure restait suintante. Quand à sa tête, Balgor était bienheureux de ne pas pouvoir la voir tant il souffrait.

- Tu veux boire ? Demanda l'homme qui s'occupait de lui.

Balgor acquiesça avant de regretter aussitôt son geste. Sa tête lui tournait toujours affreusement. Le mal passa un peu lorsqu'il but quelque gorgée d'eau, des gorgées qu'il savoura pleinement. L'eau cristalline lui faisait un bien fou !

- Puis-je vous demander votre nom ? Articula faiblement Balgor.

- Bien sûr ! Répondit l'homme. Je me nomme Givelorn, et tu peux me tutoyer.

Givelorn... Quel nom étrange songea Balgor. Il ne venait sans doute pas du Gondor !

- Moi c'est Balgor. Parvint à dire le blessé.

Givelorn acquiesça pour montrer qu'il avait entendu et retourna s'assoir sur sa souche pour astiquer son épée.

- Tu m'as sauvé la vie. Finit par dire Balgor. Merci.

- De rien. Répondit simplement Givelorn.

Puis il se pencha vers le blessé et ajouta:

- Mais dis-moi, qu'est-ce qu'un homme du Gondor fait-il dans la nature avec une épée dont il ne se sert même pas et sans aucun autre moyen de défense ?

Balgor fut pris de court. Il écarquilla les yeux de surprise, avant de se reprendre.

- Je... je suis parti de chez moi pour... partir. Dit-il.

Une bien piètre excuse pour ne pas avouer qu'il fuyait son foyer... Givelorn leva les sourcils, mais eut le tact de ne pas insister.

- Sais-tu au moins où tu vas ?

- Pas vraiment... Avoua-t-il. Je pensais aller à Edoras.

Balgor haussa les épaules en prononçant ces mots. Givelorn, lui, reprit son ouvrage.

- Laisse moi te dire qu'Edoras n'est pas la meilleure des destinations en ce moment. Confia l'homme. La révolte y gronde...

- Vraiment ? Mais où aller dans ce cas ?! S'exclama Balgor, soudain désespéré.

- Nul part pour l'instant ! Répondit Givelorn. Tu n'es pas en état de voyager, au moins jusqu'à demain ou le jour suivant, car il ne faut pas trop traîner non plus. Je n'ai aucunement envie de me faire du loup toutes les nuits !

Le blessé grimaça.

- Néanmoins, reprit Givelorn avec un sourire, je pourrais peut-être t'emmener avec moi à Fondcombe. Ce serais déjà un lieu plus sûr.

- Chez les elfes ? S'étonna Balgor.

- Oui, clôtura Givelorn. Maintenant repose toi, tu devras reprendre des forces si tu compte me suivre à Fondcombe. Un long voyage nous attend !

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La suite se dessine à l'horizon ! Bientôt viendra l'heure des rencontres...

À mardi !