Balgor

Sous les pas de Balgor et Givelorn et de leurs montures se succédaient de nombreux paysages bien différents au fil de leur voyage. Après les vertes prairies du Rohan où paissaient les chevaux des Rohirims, ils avaient croisé les Monts de Brume qui les avaient toisés de leur immense hauteur. Puis ils avaient longé ces mêmes montagnes en remontant vers le Nord, passant par forêts et plaines. Le voyage se passa sans encombres, enfin presque, à un détail près. Mais un détail d'une importance certaine qui compliqua nettement la bonne poursuite du voyage.

En effet, un soir alors qu'ils établissaient leur campement au pied des Monts de Brume, un éboulement avait surpris les deux guerriers.

- Attention ! Avait crié Balgor.

Les pierres roulaient droits sur Givelorn qui eut à peine le temps de s'écarter. Hélas il avait récolté une bonne balafre le long du bras droit, lui laissant une plaie profonde de l'épaule au coude, qui saignait abondamment. La douleur lui avait arraché une volée de jurons, qu'il répétait régulièrement pour libérer la colère que lui avait créé son manque de vigilance.

Balgor lui avait bandé la plaie, et se voyait depuis obligé de s'occuper seul des tâches multiples dans le camps. Au matin, la blessure avait empiré. Givelorn s'avéra incapable de bouger son bras, et pu à peine remonter à cheval. Mais il ne se plaignit pas.

En revanche cette infirmité imprévue laissait leur moral au plus bas, bien que retrouver la Bruinen quelques jours plus tard leur rendit un peu d'espoir. À présent, leur route toute tracée  suivrait le court du fleuve jusqu'à Fondcombe.

Seulement la blessure de Givelorn était incommodante. Il allait être dépendant de Balgor pendant quelques temps, jusqu'à pouvoir être soigné à Fondcombe. Son épée ne lui serai d'aucune utilité en cas d'attaque, il ne pourrait pas se défendre donc... Il jura pour la dixième fois de la journée.

Dans un accès de frustration il lança sa jument au galop avant de lancer un cri de douleur. Mais il ne s'arrêta pas pour autant. Il poussa sa monture à une vitesse inconsciente, serrant les dents, entaillant sa lèvre inférieure. Balgor le suivit une fois la surprise passée et l'apostropha, cherchant à l'arrêter.

Son infirmité rendait Givelorn fou. Il n'était pas homme à tout laisser faire à sa place et haïssait l'idée de ralentir leur voyage. Sauf que cette attitude ne facilitait pas la tâche à Balgor qui peinait à tout gérer.

- Arrête toi Givelorn ! Cria-t-il. Tu ne nous aide pas là !

Le blessé hurla à nouveau, de dépit cette fois et de rage. Pourquoi n'avait-il pas fait attention aux risques d'éboulements ? Regretter amplifiait sa frustration, mais il n'arrivait pas à s'en détacher.

Il s'arrêta, mettant un terme à leur galop endiablé, forçant son corps à suivre sa raison. Car il devait s'en faire une, il lui faudrait laisser Balgor gérer le voyage le temps de sa guérison. Et ce malgré son dépit.

Il marmonna des excuses, que Balgor savait sincères. L'homme savait parfaitement ce que Givelorn ressentait. Il l'avait ressenti de nombreuses fois depuis sa naissance, il vivait toujours avec. Il consola son compagnon, leur voyage touchera à sa fin d'ici quelques jours, et il pourrait enfin être convenablement soigné...