Chapitre 15

Amdir


Adenil fut de garde la deuxième partie de la nuit. Et bien que les elfes n'aient besoin que de peu de sommeil, Amdir et son frère somnolaient quand même.
L'aube était à quelques heures de pointer, le petit bosquet qui abritait les voyageurs ne les cachait pas suffisamment pour laisser allumé un feu. Aussi seule la lune descendante offrait un peu de visibilité.

Puis soudainement Adenil se leva, rapidement suivi par Legolas qui, d'un bond, fut aux côtés de son frère qu'il réveilla d'une secousse.
Celui ci mit plus de temps que ses compagnons à déterminer la source de leur brusque angoisse.

Des piétinements affolés descendaient du Nord. Lourds et répétés, nombreux. Les elfes percevaient la course d'une dizaine d'orc, et d'autant de leurs bêtes, les Wargs. Des loups aussi grands que des chevaux.
Ils s'activèrent à ranger le campement, mais l'effrayant roulement se rapprochait.

- Ils sont trop... Souffla Legolas. Nous ne survivrons pas !

- Pas le choix... Répondit Adenil, qui avait la meilleure ouïe. Ils arrivent...

Les trois elfes dégainèrent silencieusement leurs lames... Adenil se plaça devant Amdir. Legolas était monté dans un arbre, tenant une fine dague dans la main droite, et son arc dans la main gauche. Il planta sa dague dans l'écorce pour libérer sa deuxième main et encocha une flèche.

Les orcs se dirigeaient droit sur eux. Aucun doute, si ils n'avaient pas été vus, les elfes avaient été flairés. Adenil alluma donc un feu, espérant effrayer les bêtes, et offrit ainsi un peu de lumière.

Amdir finit par les voir, par dessus l'épaule de son ami. Une douzaine d'orcs filaient à pied encadrés d'une dizaine d'autres montés sur les Wargs.
Et ils approchaient toujours, les yeux brillants, épées au clair...

- Amdir, dit soudain Adenil d'une voix blanche. Tu ne vas pas avoir le choix cette fois... Si tu ne te bas pas à nos côtés nous sommes tous morts...

À ses mots Amdir, déjà blanc comme un linge, lâcha un petit cri effrayé. Sa longue épée tremblait dans ses mains. L'elfe était tétanisé par la peur.
Une première flèche partie, sifflant jusque dans la nuque d'un orc qui tomba de sa monture. Une autre se ficha dans l'un tempe d'un de de ceux qui couraient, en faisant trébucher un autre sur son corps inerte. Une troisième flèche mis à terre un loup en se fichant profondément dans son poitrail.
Six orcs et deux loups moururent ainsi. Puis les quatre Wargs encore vivants, en tête, furent assez près pour sauter sur les elfes.

Adenil coupa le premier en deux, Legolas transperça la jugulaire d'un autre d'une nouvelle flèche avant de sauter sur son cavalier et de lui trancher la gorge. Amdir ne bougeait pas, tremblant comme une feuille. Puis, il se rappela les mots d'Adenil, ignora son effroi et trancha d'un coup bien placé la tête d'un orc.

Aussitôt il s'écroula de dégoût, lâchant son épée. Roulé en boule, il gémit, assaillit par des souvenirs douloureux.
Legolas cria son nom mais son frère ne l'entendit pas. Il regardait, horrifié, ses mains maculées de sang d'orc sans pouvoir réagir.

Legolas se retrouva rapidement assailli, entouré par quatre orcs et un des Wargs. Il se débattait avec peine, arborant déjà plusieurs blessures profondes aux bras et à la poitrine.
Il tua le Warg, priva un orc de sa tête, en coupa un autre en deux. Mais déjà, ils étaient remplacés.

Les derniers orcs qui trainaient arrivèrent et sautèrent sur les elfes à leur tour. Certains commençaient à s'approcher d'Amdir qui respirait à peine en un rythme saccadé, inégal, à court d'air.

Puis Adenil hurla. Un cri affreux, exprimant une douleur intense, dévastatrice.

Ce son eut pour effet de réveiller Amdir. Avec le sentiment d'avoir été brulé au fer chaud, et effrayé du bout des pieds à la pointe des cheveux d'avoir perdu son ami, il se leva soudain et se fraya un chemin à coup d'épée vers lui, ignorant toute sensation excepté cette brusque vague d'adrénaline qui l'animait d'une flamme mortelle.
Legolas, lui, eut un élan de rage. Il repoussa violemment ses adversaires, et trancha sans pitié la tête des derniers orcs. Le silence se fit.

Le campement était maculé de cadavres, tous morts. Les épées désormais pendantes luisaient d'un éclat sanguin. Les deux frères se tournèrent vers Adenil.

À genou au sol, il tenait toujours son épée. Seulement, sa main droite ruisselante de sang, sur laquelle elle reposait, gisait à terre, séparé d'un moignon sanguinolent. Brutalement tranchée.

_____

Je n'ai rien à dire...

Je ne peux rien dire...

Je m'en veux affreusement...

J'ai estropié Adenil.

Mais comprenez que cet événement résoud nombres des problèmes scénaristiques auxquels je faisais face. Quand j'ai eu cette idée, je me suis rapidement rendue compte qu'il n'y avait pas meilleure solution.

Encore désolée...



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