Меня зовут




Quand un matin elle se réveille dans une chambre qu'elle connait mais qui lui semble inconnue, là, cette pièce ensevelie par la poussière. Cette poussière qui vole devant ses yeux. Ses yeux qui se ferment et s'ouvrent encore et encore pour leurs laisser le temps de s'habituer aux fins rayons de soleil orange qui transpercent le vieux rideau bleu décoloré. Un état de léthargie où elle ne voit que cette poussière, à tel point qu'elle finit par se sentir poussière. Et quand elle pense qu'elle peut s'envoler et rejoindre ses consoeurs son corps se rappelle qu'elle n'est pas une ou plusieurs poussières. Elle est tellement lourde alors elle se dit qu'en fait elle est surement plus un sommier, aussi lourd et encombrant. Elle a l'impression que c'est elle qui porte le matelas et pas l'inverse. La poussière qui vole toujours est magnifique surtout sous le soleil chaleureux mais elle la jalouse tellement qu'elle s'en détourne et alors elle présente son dos au faisceaux de lumières orange. Elle a du mal à respirer. L'air est poussières.

C'est dans un geste qui lui semble le plus compliqué du monde qu'elle se redresse. Et c'est si lent qu'elle a le temps de replacer ses vertèbres une à une, chaque cellules, que chaque organes s'emboitent comme il le faut. Un premier pied se pose sur le parquet qui grince à peine il se fait effleurer. Le deuxième arrive et vient caresser son jumeau asymétrique. Elle regarde, sans vraiment y faire attention, ses pieds qui s'enlacent. Elle est plus attirée par la poussière qui jonche le sol. Elle remarque les traces de ses pieds qui marquent la poussière comme dans la neige. Elle voit celles de la veille qui démarrent à la porte de sortie de cette chambre et se dirigent vers là où elle se trouve, le lit. Comme si quelqu'un était venue lui rendre visite cette nuit. Mais non, ce sont ses pieds.

La porte de cette chambre se trouve dans le coin à droite du mur qui est en face d'elle. Devant ce mur à gauche de cette porte du coin se trouve le bureau en bois d'une autre génération et sa vieille chaise qui grince autant que le reste. Le bazar de fournitures est encore présent sur le bureau ensevelit sous la poussière. Le bazar de blousons et de chemises recouvert de poussière comme s'il était resté sous la neige alourdit le dossier de cette chaise.
Sur le mur à sa gauche un fauteuil qui semble plus confortable que la chaise de bureau, il était bleu maintenant il est bleu grisâtre. Ce fauteuil doit servir à la bibliothèque qui l'accompagne sur ce mur. Bibliothèque blindé de romans, de livres de voyage, d'histoire, de géographie principalement sur la Russie et de botanique. Et puis des livres sur le sujet de la sexualité, les genres et tout ce qui l'enveloppe qui semblent plus ressent dans leurs usages, rangés à la va vite mais toujours sous cette couche de poussière.
Devant le mur à sa droite il y a encore un vieux meuble. Une grande armoire en bois rustique que l'on n'ose pas ouvrir, par peur que les portes ne tombent, que les vêtements qui l'habitent se désintègrent, qu'un fantôme s'échappe tel une odeur que l'on veut garder précieusement.
Et puis le lit. Collé à l'armoire du mur de droite, coller au mur dans son dos qui porte la fenêtre. Dans l'angle qui lie ses deux murs. Un lit d'une place dont l'odeur rappelle que les drap n'ont pas étaient changé depuis bien trop longtemps. Un lit qui s'associe parfaitement aux autres meubles en bois qui dominent cette chambre poussiéreuse qui grince.
Les murs eux ne s'assemblent pas, un bleu, un jaune, un vert et un sans couleur. Il n'y a pas d'explication à y trouver. Tout comme les photos, les cartes postales sans textes juste achetées parce qu'elles sont jolies et les photos d'ami(e)s, de famille, du passé de chacun et surtout d'eux, d'elle et de lui. Un espace rien que pour elle.

Le lit sous la fenêtre. La fenêtre cachée par un rideau bleu délavé. Le rideau qui laisse passé la lumière du soleil levant d'été. Ce soleil qui expose la poussière dans cette pièce et la domine complètement. Tout est si lourd.

_ ***** tu es réveillée ?

Son prénom elle ne l'entend pas. Depuis longtemps. Ou récemment. Elle ne sais pas trop. Surement juste aujourd'hui. Oui juste aujourd'hui.
C'est sa mère qui l'appelle du bas de l'escalier.

Il est tôt. Très tôt. Trop tôt. Mais elle ne fait plus attention, c'est devenu chose courante à cette période. Elle n'est même pas sûr d'avoir dormis.

_Tu devrais dormir plus surtout à ton âge.

Les premiers mots de sa mère lorsqu'elle arrive dans la cuisine alors qu'elle se gratte l'oeil juste pour faire genre, -ou bien est-ce la poussière ?- À cause de ce geste ça mère la regarde comme si le temps s'arrêtait légèrement, elle hésite à lui demander, après tout elle le sait déjà, alors plutôt qu'une question elle lui dit :

_Je t'ai déjà dit de ne pas y dormir.

_Si tu faisais la poussière ou que tu me laissais la faire il n'y aurait pas de problème.

_Ne dis pas de bêtises.

Elle trempe ses lèvres tel un effleurement dans son café chaud que sa mère lui avait tendu, alors que cette dernière lui souris comme si sa fille venait de lui dire une grande absurdité remplie de naïveté adorable.

Elle ne peut que regarder sa mère sans dégager le moindre étonnement ou agacement. À ce moment là tout n'est que monotonie. Et ça reste comme ça quand sa mère lui tend ses cachets. Enfin nan, là elle est touchée et légèrement émue. Elle avait oublié qu'elle lui gardait une boîte. Elle n'est plus tant surprise maintenant mais elle aime toujours autant ce geste, ses mots lui reviennent alors :

_Arrête de t'étonner de ce qui est normal.

_Tu es debout tôt toi aussi.

_Bof tu sais à mon âge on cherche plus à rester éveillé , sûrement par peur de notre future amie la mort.

C'est dit avec beaucoup de simplicité. Il n'y a pas de malaise qui arrive, de gêne, de colère par des mots balancés avec autant de facilité. Elles sont bien trop conscientes de l'histoire de la vie. Sa mère lui demande alors :

_Tu es arrivée tard cette nuit ?

_Vers 3h je dirais.

_Tu sais que je n'aime pas quand tu conduits comme ça la nuit. Et avec tout ça tu n'as dormis que 2h.

_J'avais pas vraiment le choix. Et moi je préfère.

_On a toujours le choix.

_Y a pas plus bête comme phrase.

Elle dépose sa tasse à café dans l'évier. Embrasse sa mère sur la tempe et s'éloigne d'un pas qui se veut toujours plus silencieux. Elle traverse la maison parsemé de photo de souvenirs qu'elle ne regarde plus, vide de la moindre poussière. Après avoir monté les escaliers qui ne grincent pas elle entre dans la salle de bain, observe une première fois son visage, et puis elle se déshabille. Lentement pour prendre le temps de sentir sa peau et son corps. Pas une seule fois elle détourne son regarde de sa peau qui se dévoile. Elle se trouve belle. Sa définition de la beauté lui dit qu'elle est belle. Que son corps est beau et qu'elle l'aime. Elle prend le temps d'effleurer sa poitrine, la palper délicatement. Observer et caresser sa taille, ses hanches et ses cuisses. Ce corps, elle l'idolâtre, elle l'a toujours voulue et aujourd'hui elle l'a.

Dans la douche, elle continue de profiter de cette sensation de l'eau sur sa peau. C'est agréable. Après poussière elle se sent eau. C'est beau l'eau. C'est indomptable l'eau. C'est lunatique l'eau. C'est tout ce qu'elle aime. Pour le coup c'est aussi bien plus interessant que cette poussière qui ne fait que voler sans trop qu'on sache ce qu'elle fait à part étouffer et engloutir ce qui l'entoure. Mais si elle est eau, elle ne peut pas aller dans cette chambre envahit par la poussière, la fusion est impossible. Quitte à choisir elle préfère la poussière. Alors elle arrête l'eau et s'essuie rapidement mais minutieusement le corps. Elle sort de la salle de bain et se fige devant la chambre de poussière, dont la porte d'entrée est restée entre-ouverte, alors qu'elle allait retrouver la sienne.

C'est avec ce qui semble être de l'hésitation, qu'elle pousse cette porte qui grince. Elle avance et fait de nouvelles traces sur le sol de la neige poussière et s'arrête devant la bibliothèque. Tout grince dans cette pièce. Elle remarque, plus un souvenir qui émerge, devant les livre de voyage, de l'histoire et de la géographie Russe qui sont beaucoup trop abimés, déchiré, même brulé à certains endroits puis scotché maladroitement.

_Tu sais une idée, aussi malsaine, soit-elle ne définit ni un pays ni sa population.

Il avait sûrement raison. Ne pas faire de généralité. Essayer de comprendre. S'instruire . Se montrer plus intelligente. Voir plus loins. En y repensant, elle avait essayé tous ça. Elle s'était renseignée pour le croire et comprendre la beauté qu'il voyait dans ce pays. Dans ses livres, elle n'avait rien vu. Aucun charme. Aucune beauté. Aucune tranquillité. Aucun sentiment d'une quelconque liberté, d'un apaisement qu'elle avait pu trouvé dans certaines de ses lectures documentaires.

Une époque où elle pensait fuir. Fuir pour une plus grande simplicité. Une recherche de pays utopique pour elle et la personne qu'elle voulait devenir. La vraie elle. Pendant cette période, son idéale était difficilement atteignable. Mal reconnue. Peu d'informations. Plutôt un sujet tabou. Quelque chose qui semblait inatteignable. Mal vu. Et puis il y avait sûrement ce désir de vouloir protéger sa famille. Leurs éviter les avis déplacés, la perte de proches, le jugement du regard, les moqueries. Si elle était partie, égoïstement, avec juste une lettre d'au revoir et d'explication elle aurait causé bien plus de tords. Mais elle n'avait que quatorze ans, et ça elle avait finis par le comprendre seulement une fois mis au pied du mur de sa connerie.

_De toute façon je te retrouverai n'importe où.

Elle s'installe, comme absorbée par ce souvenir, au vieux bureau qui craque. Une chose attire son regard, là, accroché depuis toutes ses années, cachée par des photos et images. Elle tire la photo lentement, la déchire légèrement à cause de la punaise rouge qui la tient et dont elle se fiche éperdument. Elle est recouverte de son amie la poussière. Sur cette photo c'est elle, avant. Avant tout pour elle. Avant tout pour lui.

Il avait toujours aimé la photo, les plantes et puis ce pays, la Russie. Il n'avait jamais pu s'empêcher de figer sur papier n'importe quelle situation. Même si elle n'était pas propice. C'était le cas sur cette photo. Dessus, des larmes s'échappaient de ses yeux aux sourcils froncé, sa bouche pincé. De profils. Tête posée sur ses bras croisés encerclant ses jambes ramenées vers son buste. Tout ça dominé par le noir et blanc.

Ce jour là, personne n'était à la maison. Sa mère, au travail. Son père ne vivait plus avec eux depuis quelques années maintenant. Et lui était normalement au lycée. Elle, elle avait séché les cours.

Elle avait fait une dernière fois le tour de la maison de son enfance, là où elle avait grandit. Elle était passée par la salle de bain où pour la première fois elle s'était regardée non pas pour réfléchir à son idéal, mais pour le voir une dernière fois tel qu'il est. Moche. Impersonnel. Inconnu. Elle ne s'était pas éternisée, le regarder la m'était mal à l'aise. Elle était passée pas la chambre de sa mère. Bien rangée, ordonnée . Elle avait ouvert son armoire qui paradoxalement à la pièce était en grand bordel. Elle avait laissé échouer sa tête dans l'étagère juste en face d'elle et avait humé, emplit ses naseaux, sa mémoire et son âme de cette odeur. Elle n'avait pas trainé, bien trop peur de se laisser entrainer dans ses rêveries. Alors elle avait refermé l'armoire et était sortie de la chambre aux apparences trompeuses comme si elle n'avait jamais été là.

Ses pas l'avaient ensuite mené au bureau. Un brin abandonné depuis quelques temps. Toujours aussi sombre à cause de ses grands et lourds rideaux de velours vert canard. De plus en plus encombré par tous et rien. Tout les objets et les bibelots de cette maison qui ne servaient plus, mais où l'on se disait « peut-être un jour » , « on ne sait jamais » . Apparemment le grenier n'avait plus de place. Elle s'était remémorée une époque où ils jouaient ici. Pourquoi ici ? Ils avaient leurs chambres, remplies de jouets, mais nan ils avaient toujours préféré s'amuser dans cette pièce envahit par les livres. Sûrement à cause de toutes ses histoires écrites par sa mère qui devaient enivrer leurs imaginations. Elle n'avait pu s'empêcher d'aller prendre un de ces contes. Celui qui avait déchainé toutes leurs passions étant enfant.
Elle était sorti du bureau et avait fermé la porte comme si de rien était. Ses pas l'avait fait passer devant sa chambre mais elle n'y avait accordé ni regard, ni pensées. À la place elle était allé dans sa chambre . Elle avait soufflé en voyant sa fenêtre grande ouverte alors que c'était l'hiver. Mais également devant le bazar ambulant de cette pièce bien encombré de ses gros et vieux meubles. Elle avait surpris dans le foutoir de son bureau, des bouquins partiellement brûlé. En s'en approchant, son regard avait croisé le vide habituellement bouché de sa bibliothèque. C'était ses livres de la Russie. Elle l'avait imaginé mettre le feu à tous ça juste après avoir regardé un vieux reportage, qui l'avait tellement choqué, qu'elle s'était sentie sale, que son existence et ses pensées étaient sales. Qu'elle était un monstre. Il s'en était beaucoup voulu. Comme s'il était le représentant, la personne à l'origine de ça. Elle avait sourit parce que son image de lui entrain de mettre le feu et de ne rien contrôler, pour se retrouver paniqué l'avait beaucoup amusé. Apparemment, il s'était arrêté dans son élan. Elle ne s'était pas demandé pourquoi. Elle ne lui demandait rien. Ne le jugeait pas. Ne lui en voulait pas. Elle était sortie de la chambre apaisée et avait décidé qu'il était temps. Elle avait descendu les marches lentement. Sûrement pour apprécier une dernière fois leurs grincement qui l'avait pourtant toujours dérangé quand elle voulait dévaliser le frigo la nuit. Elle avait admiré en même temps les photos accrochées tout le long. Ça avait été comme descendre un fleuve dans une pirogue. Ça avait été très apaisant. Pourquoi s'était-elle sentie si apaisé ?
Ça n'avait plus vraiment d'importance alors qu'elle s'était dirigé vers la porte d'entrée, son sac sur le dos. Lorsqu'elle avait ouvert la porte elle avait eu la sensation pendant une fraction de seconde qu'elle avait atterri dans un nouveau monde. Mais c'est alors, qu'elle le trouva là, assis sur les marches du perron. Assis sur son chemin entrain de manger une orange. Et puis l'inquiétude. Il ne devait pas être là. Mais il était devant elle, à cause d'une petite chute à vélo. Elle détestait le vélo.

Cette partie de son souvenir devient flou. Sûrement à cause des larmes qui ont coulé ce jour-là, mais peut être aussi à cause des quelques perles de nostalgies qui s'échappent maintenant. Seule sa voix résonne. De la colère ou plutôt de la peur. Peur de la perdre. Et puis l'incompréhension. Ses raisons étaient si stupide. Elle n'avait que quatorze ans. Et puis le click de la photo qui retentit. Tous comme sa promesse d'être toujours là. De la protéger. De la rendre heureuse.

_De toute façon je te retrouverai n'importe où.

Ça résonne dans la tête. Elle ne pensait pas qu'il l'avait développé. Elle tourne la photo par réflexe incompréhensible et voit ses mots.

N'oublie jamais *****.

Etrangement il avait écrit son nom à elle. Celui de sa renaissance. Celui qu'il avait choisi pour elle quand elle ne savait pas. Parce que ce n'était pas le plus important dans la vie qu'elle voulait. Parce que elle, ce qui l'obsédait, c'était son corps. C'était la vision qu'elle renvoyait. Le prénom sur cette photo, elle ne parvenait pas à le lire ou à l'entendre. Pas aujourd'hui.

_Je t'avais dit de ne rien toucher.

Sa mère l'a sort de ses souvenirs. Elle est sur le pas de la porte. Aucun orteils ne dépassent dans la chambre.

_Tu connais cette photo ?

Elle décide d'ignorer la remarque de sa mère tout bêtement.

_Non. Aller sors !

_Tu ne te demande pas d'où elle sort ?

_Si mais explique le moi autre part, s'il te plait.

Elle se lève et remet la photo à sa place avant de quitter sa chambre. Elle ne veux pas de conflit. Pas mettre sa mère dans un état qui ne plaira à personne. À peine la pièce quitté que sa mère s'en va vers sa chambre, linge en mains. Elle est étonnée de ne pas la voir relancer le sujet de cette photo. Alors elle l'a suis.

_Cette histoire ne t'intéresse pas ?

_Je sais ce qu'elle représente.

_Ah bon ?

_Oui. Tu penses vraiment qu'il ne m'en aurait pas parlé ?

_Naïvement oui. Je l'avais fait promettre.

_Naïve comme tu dis. sourit sa mère.

_Papa vient ? change-t-elle de sujet comprenant que ça ne sert plus à rien d'en parler.

_Bien sûr ! s'exclame sa mère après avoir enfoncé son linge à l'origine plié dans son armoire en bordel.  Je ne comprend vraiment pas pourquoi tu me pose tous les ans cette question. Tu sais très bien qu'il viendrait même si c'était l'apocalypse.

_Hum.

Ses parents avaient divorcés lorsqu'elle avait onze ans. Ils ne s'aimaient plus. Aussi simple que ça. Enfin pas si simple, parce qu'ils étaient resté dans un premier temps bloqué dans ce contrat marital. Plus l'espoir que se ne soit qu'une passade, trop de choses vécu. Mais il y avait surtout les enfants. La peur de leur donner une mauvaise image du couple, leur donner l'impression de devoir faire un choix. Subir. Être baladés. Alors ils avaient insisté, espéré une amélioration mais à la place tout s'était détérioré. Tout était devenu si pesant, si stressant, si négatif. Alors les enfants s'étaient demandé si c'était ça l'amour. Ils avaient subi les disputes. Ils avaient ressenti la pression de devoir réconforter, donner autant d'amour à leur deux parents lorsqu'ils sentaient leur détresses, pour ne pas qu'ils soient plus malheureux. Et puis, ils avaient reproduits se qu'ils avaient vu et s'étaient disputé également. Des incompréhensions s'étaient dressées de plus en plus haut, pour démoraliser et détruire tout accomplissements. Alors, ils avaient prit la décision de divorcer. Le père avait dans un premier temps prit un petit appart, à peine pour trois personnes. Ils avaient vécu avec leur mère pour un week-end sur deux avec leur père. Par la suite, son père avait dû déménager pour aller bien plus loin. Pas vraiment un choix volontaire. Plus une obligation professionnelle. Ils voyaient alors leur père seulement pendant les vacances scolaires. Et il avait refait sa vie. Elle s'était alors éloigné de lui par peur d'un peu plus de jugement. Elle ne voulait avoir à obliger son père à faire un choix entre elle, sa belle mère et ses beaux enfants. Elle avait surprit plusieurs fois sa mère au téléphone entrain de le rassurer. Même si elle lui cachait la vérité, elle avait promis de garder le secret, de lui laisser le temps d'avoir envie de lui en parler. Il l'avait pourtant découvert deux ans plus tard en entrant dans sa chambre pour déposer du linge en pensant qu'elle était sortie. Seulement il l'avait surprit essayant un haut avec la vision d'une poitrine, s'admirant dans le miroir. Rien n'avait été dis, expliqué, discuté. Elle avait préféré partir presque paniquée et ne plus donner de nouvelles. Il n'avait pas cherché non plus à la recontacter. Sûrement trop choqué, même à s'en vouloir de n'avoir rien vu. Sa mère avait bataillé quelques temps plus tard pour lui faire comprendre qu'elle devait avoir confiance en son père. Qu'ils devaient discuter. C'est sa belle mère qu'y lui avait envoyé un message pour qu'elle vienne fêter son anniversaire avec eux. Elle avait accepté. Quel n'avait pas été son émotion quand elle avait découvert le cadeau de son père.

_J'ai toujours rêvé d'avoir une fille.

Ça avait été maladroit sans vraiment l'être. Les autres lui avaient râlé dessus pour avoir dit n'importe quoi sans trop savoir où été le mal. Mais elle s'en était foutu. Elle était heureuse. C'était peut être une des choses qu'elle avait toujours rêvé d'entendre.

Ce qu'elle n'avait jamais su c'est que tout n'avait pas été si simple. De longue discussions entre ses parents. Son père qui ne comprenait pas. Sa mère qui avait tenté de le rassurer. Des conflits. Des disputes entre lui et son père. Il l'avait beaucoup défendu sans chercher à comprendre la moindre chose que disait son père. Alors qu'il ne la rejetait aucunement, il voulait juste comprendre, savoir ce qu'il avait loupé, si même c'était de sa faute. Mais toutes ses questions au fond n'avaient pas de réponse. Ça avait été long et compliqué sans non plus duré une éternité. Il avait juste fallu laisser le temps à ce père d'enregistrer l'information, de comprendre et d'agir comme il se devait pour rassurer son enfant, rendre la chose exactement comme elle devait l'être : normal.

_Il devrait nous rejoindre là-bas directement et je crois qu'il dormira ici. Ça me fait penser que je dois sortir les draps.

_Je vais t'aider.

Elles descendent dans le silence les marches qui ne font plus de bruits, quelques linges de lit en mains. Une fois en bas, elles revêtent la couette de sa housse à carreaux rouge et blanc, tous comme les oreillers tachés par le temps.

Son père vient toujours seul. Pourtant elle et sa mère n'ont jamais été réfractaire à ce qu'il vienne avec son autre bout de famille. C'est lui qui a prit cette décision seul. Elles ne l'ont jamais interrogé à ce sujet, il fait ce qu'il veut après tout .

C'est vrai que cela peut être étrange tout de même puisqu'ils ont aussi fait partie de sa vie. De sa famille. Il les considérait comme tel. Alors c'est étrange. Peut-être que ce père n'a jamais vraiment coupé le cordon avec le premier noyau de sa vie. Bien sûr, il ne le coupera jamais de part ses enfants, mais il y a également la première femme de sa vie. Son premier amour. Celle qu'il n'aime plus mais dont il aime toujours le passé. Ils s'aiment comme ça, par la vision du passé commun. Passé qui leur a donné deux enfants. Leur amour passé a mis sur terre chaires, sangs, respirations, battements de coeurs, âmes et pensées. Comment pourraient-ils ne plus s'aimer ? Aux yeux du père, reconnaître ne plus aimer rien que leur passé serait rejeter l'accomplissement entier de leurs êtres. Alors peut être que cette date là, chaque année, ce père s'autorise de revivre son passé. Comme s'il s'en voulait d'être partie. D'avoir fait subir ses situations lorsqu'ils ne s'aimaient plus. Peut-être se donne-t-il l'impression de se faire pardonner en étant qu'avec eux. En ne se consacrant qu'à elles. S'autoriser à vivre ce moment rien qu'avec son premier noyau et rien n'a le droit d'interférer. Ce n'est pas un rejet du reste. C'est un rejet d'une partie du présent. Cette date est un rejet de la réalité actuelle, celle qu'ils vivent au quotidien, de leurs vies actives. Parce que ce qui les touchent eux, ce qui les à frappé à cette date reste bien présent. C'est une faille entre deux temporalités qui créent des sentiments, pensées et agissements bien étrange.

_Nan maman, mon chéri ne viendra pas.

_Je n'ai rien dit !

_Tes regards à répétitions parle d'eux même.

_Tu lis mes regards maintenant ? s'amuse sa mère.

_Ceux là oui.

_Et c'est quoi l'excuse cette fois ?

_Il n'y en a pas. Je ne voulais pas.

Sa mère la regarde comme attristé mais elle ne lui en veut pas. Après tous seule elle peut savoir. Elle fait ce qu'elle veut. Et tout comme son père, ce n'est pas un rejet. Juste un besoins. Son jour à elle.

Elle avait rencontré son chéri il y a dix ans. Il l'avait trouvé après de longue recherche ensemble lorsqu'elle s'était sentie prête à avancer. Elle avait eu peur mais il était là. Il avait prit le rendez-vous, elle n'en avait pas été capable. Ils si étaient rendu tout les deux.

_Ravie de vous rencontrer, je suis le docteur ****** ******, installez vous.

Sa première impression ? Un homme pensif, très sérieux et impressionnant. Elle avait été soulagé  qu'il soit là, sinon elle n'aurait pas pu franchir cette porte. Il l'avait interrogé, avait prit des notes, avait expliqué tout le processus. Il l'avait évalué. Tout le long elle s'était senti écouté, sans le moindre jugement.
Alors qu'au début elle avait pensée ne pas lâcher sa main pour avoir de la force et s'était attendu à devoir lui laisser prendre la parole pour qu'il l'aide, il n'en fut rien. Elle s'était senti de plus en plus à l'aise. Avait expliqué calmement, avait commencé à exposer ses premières peurs, avait lâché sa main, s'était débrouillée. Et la fin du rendez-vous était arrivé. Il s'était alors adressé à lui.

_Mr. En tous cas vous aussi vous avec le droit à un suivi. Enfin ce n'est pas dans la procédure, mais je pense que c'est important de prêter un oreille à ceux qui le veulent, pour des questions ou que sais-je. Vous allez être en première ligne en temps que conjoint alors n'hésitez pas, aucune question n'est stupide.

Le silence, la gêne, sa gêne et puis elle qui avait explosé de rire. Juste une erreur de jugement qui l'avait fait bien rire. Et le docteur aussi avait ri tout en s'excusant. Elle était sortie de son cabinet heureuse. Légèrement soulagé. Un peu excité. Même si le chemin allait encore être long. Ce médecin lui avait fait bonne impression, apparemment à lui aussi qui avait pris aux mots l'idée que lui aussi pouvait avoir besoins d'une oreille. Elle avait surpris quelques temps plus tard, un échange de mails entre eux. Des questions sur le sujet, le comportement à avoir, à éviter, les maladresses. Voir même des questions plus personnelles, comme les relations sexuelles, la vie à la suite de tout ça, le suivis. À travers ses échanges qu'elle n'avait pu s'empêcher de lire, elle avait été gêné, l'avait trouvé intrusif mais avait aussi été heureuse et attendrit. Il avait apparemment trouvé un confident dans tous ça. Elle avait remercié intérieurement le médecin de lui accordé ça. À tout les deux car elle aussi n'avait pas été en reste de mails entre elle et son médecin. Et récemment elle avait cherché à en savoir plus sur lui. Dans ses réponses il essayait de rester évasif et professionnel mais elle avait semblé comprendre que ça lui était compliqué.

Le temps avait passé et les mails étaient passé à des messages tout comme les rendez-vous qui s'enchainaient avec lui et d'autres spécialistes. Vint le traitement, les légères transformations.

L'enchainement narratif est rapide, la situation est bien plus longue.

Tout était devenu trop long. Les hormones devenaient bordéliques et déglinguaient tout et bien sûr il était toujours là pour la soutenir. Mais il y avait aussi son psychiatre qui répondait à trois heure du matin lorsqu'elle paniquait, rêvait mal, pensait trop, et qu'il ne lui venait apparemment pas à l'esprit d'aller vers lui. Et lui il avait fini pas venir des fois dans la nuit pour lui faire prendre l'air dans le quartier parce qu'elle avait trop chaud ou qu'elle ne se sentait pas bien.

_J'aimerai aller toute seule au rendez-vous.

_T'es sûr ? Avait-t-il demandé surpris et inquiet de la laisser seule pour la première fois.

_Oui, c'est bon maintenant.

Le sourire qu'elle lui avait envoyé, l'avait bouleversé et heureusement qu'elle avait vite quitté la pièce. Parce qu'il n'avait pas voulu lui montrer son émotion. Elle grandissait et commençait à s'épanouir. À prendre confiance en elle. À s'assumer et il ne pouvait en être que davantage heureux et fière. Il avait eu le sentiment d'avoir attendu ça depuis sa naissance. Depuis qu'il avait compris, même s'il pensait l'avoir toujours su. Il avait été un peu triste tout de même de se dire que bientôt, elle n'aurait sûrement plus besoins de lui. Tant pis, il continuerait de l'observer s'épanouir dans l'ombre, comme depuis toujours au fond. Jusqu'au bout.

Elle était entrée ce jour-là dans le cabinet qu'elle connaissait déjà bien. Mais sans savoir trop pourquoi tout avait semblé different. Les rideaux étaient toujours en voile orange. Il y avait toujours ce grand tapis oriental qui couvrait le sol de la zone de son bureau géant en verre et en bois brut.

_Pourquoi un bureau en verre, ça laisse trop de trace ?

_Pour pouvoir voir mon tapis.

Elle avait sourit en se remémorant ce souvenir. Il y avait toujours ce gigantesque miroir, tel une salle de danse dans lequel elle n'avait réussi à se regarder. Du moins pas lorsqu'elle était en sous vêtement. Il lui avait plusieurs fois demander de le faire. D'abord habillé, puis en enlevant ses vêtements petit à petit. Elle n'avait jamais compris cette logique, encore moins quand elle terminait en pleure ou nauséeuse à l'idée de voir cette atrocité. Il y avait aussi cette grosse armoire en bois sculpté qui lui rappelait étrangement l'armoire de sa chambre, même si elle ne donnait pas l'impression de s'effondrer la prochaine fois qu'on l'effleurerait. Et puis cette vive lumière qui s'était infiltrée de ses fenêtres. Ça l'apaisait à chaque fois qu'elle entrait dans cette pièce. Elle s'y sentait bien.

_Tu es très belle aujourd'hui.

Elle s'était tournée vers lui surprise ne sachant vraiment comment répondre à ce compliment qui c'était adressé à elle. Elle était tellement touché qu'elle n'avait même pas réussi à le remercier lorsqu'il était passé à côté d'elle pour aller s'installer derrière son bureau.

Elle s'était habillée aujourd'hui, pour la première fois, avec ses vêtements. Ceux qu'elle n'avait jamais osé mettre en public. Mais là elle s'était sentie un peu capable, surement parce qu'elle venait ici. Et qu'il faisait beau, que la lumière de cette pièce était jolie et que ce bureau était chaleureux.

La consultation avait commencé. Il avait prit de ses nouvelles même si au fond il n'en avait pas besoins ; il savait déjà tout. De petites modifications physique avaient commencé. Ça l'avait beaucoup aidé à se sentir mieux. Elle gérait mieux les effets de la prise d'hormones. Elle avait l'impression de bien mieux respirer étrangement.

_Tu veux boire un verre avec moi ?

Elle avait osé.

Juste à la fin, comme à son habitude il avait écrit rapidement son compte rendu en se mordant les lèvres. Ses mains avaient arrêté de caresser les touches de son clavier. Beaucoup de douceur se dégageait de cet homme. Elle avait regardé tout ses faits et gestes comme légèrement fasciné.

_Je suis ta patiente. Je n'ai que vingt ans et bientôt vingt-et-un et toi trente-et-un. Mais tu sais il m'a toujours dit qu'il fallait tenter sa chance, sauf si il y a un risque de mourir. Et là je ne pense pas que ce soit le cas, pas vrai... ?

Elle avait parlé vite. Beaucoup trop vite pour sa respiration si courte. Ce jour là, au fond, cette robe longue à manche courte couleur ocre, qui mettait en valeur sa toute jeune poitrine, elle l'avait mise juste pour lui. Pour lui montrer qu'elle grandissait, que ce n'était plus la petit fille apeuré qui avait franchit son bureau la première fois accroché à sa main. Elle avait semblé désespéré. Pourtant, non, elle ne s'était jamais senti aussi forte. Depuis que tout avait commencé.

Lui, avait sourit, c'était levé, avait prit sa veste sous son regard presque humide et terrifié. Il s'était dirigé vers la porte, l'avait ouverte. Tout ça sans lâcher une seul fois son sourire, sans un regard. Elle ne le savait pas mais lui à ce moment là, dans sa tête il avait quinze ans et avait tenté de garder son calme fasse à son invitation. Alors comme tout adulte un peu trop adulte il lui avait fait un geste de la tête.

_C'est moi qui t'invite.

Ils avaient pris leur temps. Ils s'était vu et avait décidé de bien faire le distinguo entre, patiente/docteur et relation extérieur. Rien d'officiel, de sérieux. Rien que du flirte à peine visible. Pas de baisers échangé. De mains qui s'effleuraient. De caresses ou de sous entendu. Juste quelques regards tendre qui s'était perdu. C'était simple et doux.

_Il se passe quoi entre vous ?

Il s'était placé dans l'encadrement de sa porte. Bras croisés, yeux arrondi, souffle fort et court. Les joues rouges avec une fine pellicule de sueur. Il donnait l'impression d'avoir traversé la ville en courant avec une horde de chien à ses trousses. Comme s'il avait eu une révélation. En fait il n'y avait rien eu à raconter et au fond elle n'avait pas voulu s'avancer sur ce qu'elle avait interprété de son comportement. Alors sans trop de gêne et s'attendant déjà à sa réaction elle lui avait tout raconté. Ce qu'elle ressentait elle. Il avait eu du mal à ne pas s'énerver, il n'avait pu cependant pas s'empêcher de lui faire la moral à cause de l'âge et de son statut de psychiatre. Elle l'avait écouté calmement, sans chercher à le convaincre de quoi que ce soit. Il avait raison. Mais c'était une jeune femme qui pouvait se débrouiller seule, qui avait conscience des choses. Se n'était pas comme si elle l'avait voulu. Et puis, elle s'était dit qu'elle avait aussi le droit de profiter même si c'était peut être illusoire, même si après, la chute était douloureuse. Elle avait déjà beaucoup trop vécu en pensant aux éventuelles conséquences alors maintenant que ça allait mieux, de jour en jour, elle avait voulu arrêter de trop penser et commencer à savourer.

Il l'avait plus ou moins comprit. Plus par auto-obligation de la laisser grandir et de la laisser avancer. Il le fallait pour elle comme pour lui. Et même s'il n'avait jamais été violent pour deux sous il s'était fait la promesse de la venger si il lui faisait du mal. Il l'avait moins aimé tout d'un coup et il n'avait pu s'empêcher de lui envoyer un mail d'avertissement plus mignon que menaçant.

Il s'était écoulé presque un an pour que les premiers geste tendre se montrent. Quelques temps avant d'avoir se qu'elle attendait le plus pour pouvoir commencer à vraiment s'aimer et surtout s'assumer : sa première grosse opération. Elle en avait déjà eut quelques unes pour son visage. Mais celle-ci était bien plus symbolique.

Ça avait encore été elle qui avait été à l'initiative. Pas que lui ne voulait pas, non loin de là. C'était plus qu'il connaissait tellement son état psychologique, ses pensées, ses peurs et ses forces qu'il avait préféré qu'elle choisisse ce moment. Alors ce jour-là, après un cinéma, elle avait apposé ses lèvres sur les siennes. Délicatement. Sans réfléchir. Le début de beaucoup de choses. Un baiser plus enflammé. Plus passionné. Il voulait plus. Tellement plus. Mais jamais il ne serait allé là où elle ne l'aurait pas souhaité. Et étrangement, alors qu'elle avait été sur ne jamais rien faire avec ce corps inachevé. Son désir pour cet homme avait été plus fort, là maintenant elle s'était foutu qu'il l'a voit ainsi. Elle, elle ne voulait pas se souvenir de lui mais lui pouvait s'en souvenir. Il devait tout connaître d'elle même dans les pires moments, sous n'importe qu'elle lumière.

_S'il te plaît emmène moi chez toi.

Elle l'avait presque supplié.

_S'il te plaît avant que je ne change d'avis et que j'ai des regrets.

Le choque s'était vu sur son visage par sa demande soudaine. Mais comment refuser ? Comment lui dire non ? Il y avait eu cette légère panique dans ses yeux qu'il dévorait. Alors il avait eu peur qu'elle se sente obligé, comme si elle se disait qu'elle l'avait fait assez attendre. Mais il s'était trompé. C'était elle qui avait assez attendu. Elle en avait eu marre de subir ce corps. Ce corps qui l'avait empêche de s'assumer comme elle était vraiment. De sentir les choses. Quinze ans sans se regarder. Quinze ans à aimer de loin les autres parce que si elle n'aimait pas ce corps qui lui donnait la nausée, elle refusait que quiconque la touche parce que si elle n'aime pas, personne ne peut aimer. Ni son contact. Ni sa vu. Ce n'était pas qu'elle, qu'elle préservait c'était aussi les autres. Elle avait l'impression de les sauver de cette immondices.

Mais cette nuit, il n'avait vu qu'elle. Juste elle qui alors qu'elle s'était trouvée dans son lit, elle qui avait commencé à regretter, il l'avait rassuré.

Il avait laissé la lumière éteinte, laissé sa couette les cacher. Il lui avait enfilé un préservatif pour qu'elle ne sente pas cette semences qui lui appartenait, et était contre l'image qu'elle avait d'elle. À partir de ce moment  là, il n'avait plus le droit de toucher son sexe. Délicatement, sa main était venu caresser sa taille, sa hanche qui avait commencé à s'affiner, ses cuisses rebondies. Il l'avait découverte du touché. Et elle, elle avait pleuré. Légèrement, à la fois heureuse de ne pas encore s'être fait dominer pas ses pensées mais aussi parce qu'elle s'en était voulu de lui imposer et infliger ça.

_Sens mes mains. Concentre toi sur les courbes qu'elles suivent. Sens comme tu approches de ton but. Comme tu approches de toi. ***** tu as toujours été toi. Ce corps n'est qu'une carapace que tu modèles selon ton idéal, selon ton ressentis, selon ce que tu veux être. Moi je t'aime et je t'aimerai même si tu n'étais qu'une âme sans coquille, sans apparence. Parce que c'est elle qui fait de toi qui tu es. N'ai jamais honte de qui tu es, de ce que tu veux. Personne ne comprend personne. On ne peut essentiellement que ce comprendre soit même et c'est ce que tu as su faire. Tu t'écoutes et tu fais. T'es peur on était le moteur de ton ressenti. Et je ne remercierai jamais assez ta famille de t'avoir soutenue. Grâce à eux tu es là avec moi et je t'aime, maintenant et après.

Ses larmes avaient coulés, encore. Tant de sentiments l'avaient traversé. C'était indescriptible. Elle avait senti que lui aussi était dépassé, mais elle avait aimé ça. Autant qu'elle l'aimait lui.

Elle remerciait aussi toutes les personnes qui l'avaient soutenues, peu importe la manière. Elle remerciait son père pour ses mots et sa maladresse. Elle remerciait sa mère pour ses discussions et son écoute. Elle remerciait son amant pour être devenu psychiatre pour elle. Elle le remerciait lui, d'être entré dans sa chambre lorsqu'ils avaient respectivement 9 et 12 ans, avec une robe rien que pour elle. Elle le remerciait pour tous les cadeaux qui ont suivi qui n'était que pour elle, acheté avec son argent de poche, dans le plus grand secret. Elle le remerciait d'avoir été la pour la défendre, pour l'encourager et lui permettre de trouver le courage d'accomplir tout ça. Elle le remerciait de l'avoir tant aidé et accompagné. De l'avoir fait comprendre qu'elle était normale .

Ils avaient fait l'amour cette nuit là. Ça avait été long et compliqué, pour lui mais surtout pour elle. Elle s'était sentie tout de même libérée de quelques choses qu'elle n'expliquait pas. Elle se disait que c'était bientôt la fin des larmes quand son esprit la forçait à s'imaginer ce corps qu'elle déteste. Lorsqu'elle se dégoutait et ne pensait qu'à lui faire du mal, le griffer, l'abîmer tenter de le détruire. Elle s'était senti tellement aimé, d'autant plus à travers tout les mots d'amour qu'il lui avait chuchoté mais aussi les multiples baisers qui avaient caressé sa peau. Sa poitrine naissante qu'il avait choyé. Elle s'était tellement senti aimé. De son côté elle avait juste réussi à s'agripper à son dos qu'elle avait marqué de ses ongles courts, tout comme ses épaules et sa nuque. Et ses cheveux auxquels elle s'était accrochée, qu'elle avait tiré.

Ce soir là, ils avaient fait l'amour. La première et la dernière fois pour ce corps en chantier. Le prologue d'une longue vie d'amour pour elle.

Cependant tout devait être trop beau. Elle avait du sembler beaucoup trop chanceuse. Une trop belle vie. Parce que ce qu'elle définissait comme Tout lui fut retiré.

_Oui je devrais partir demain matin. Je te tiens au courant de tout façon. - Oui je fais attention. - Je t'aime aussi.

Elle raccroche après l'appelle de son conjoint. Elle rejoint sa mère qui prépare le repas du midi, même si elles ne mangent pas. Pas avant ce soir. C'est toujours comme ça. Sa mère prépare le soit disant repas du midi. Elle met la table mais toutes deux finissent par se regarder et se dire qu'elles n'ont pas faim. Elles ne peuvent pas manger avant de l'avoir vu. Alors elles s'installent tout de même à table et discutent. De la pluie et du beau temps. Du travail pour l'une, de la retraite pour l'autre. Des commentaires sur ce qu'elles ont lu, vu, écouté. Les derniers ragots de chacune.

Elles avaient toujours été très proches. Cette mère et sa fille se ressemblaient beaucoup dans leurs goûts, ce qui avait souvent donné lieu à de longues discussions qui dévoraient la nuit et épuisaient le jour. Mais étonnement sa mère n'avait jamais vu, compris les pensées profondes de sa fille. Tant elle n'avait jamais collé de stéréotypes sur que devait être tel chose ou tel personne. Avant d'être sa fille c'était son enfant. Rien de plus rien de moins.

C'est lui qui lui avait mit la vérité sous les yeux lorsqu'il lui avait appris qu'elle avait voulu fuguer. Elle s'en était beaucoup voulu. C'est à partir de la que s'en provoquer une discussion trop officiel, elle lui avait montré au quotidien, qu'elle savait et que tout allait bien. Et elle l'avait fait quand elle s'était présentée sous son nouveau prénom pas encore officiel légalement. Il n'y avait pas vraiment eu de discussion, là encore elle s'était juste mise à reprendre sa mère sur les pronoms utilisés et les accords à faire. C'est sûrement la seule chose où sa fille ne s'était jamais tournée vers elle ou confiée.

Il est l'heure d'y aller. Le cimetière se trouve à trente minutes environ. Son père les attend déjà là-bas. Elles prennent chacune leurs manteaux. Enfilent leurs chaussures et se chamaillent sur le pas de la porte pour savoir qui va conduire. Elle ne veut pas que sa mère conduise et elle a le dernier mot. Avant de claquer la porte elle prend deux oranges qu'elle lui emmène chaque années. Elle rejoint sa mère dans la petite voiture bleu marine équipée de trois portes et d'une radio grésillante. Elle n'apprécie pas spécialement la musique et préfère conduire dans le silence ou avec le claquage du vent lorsqu'elle ouvre la fenêtre. Sa mère regarde tranquillement par la fenêtre profitant du paysage plat qui s'étend autour de la route.

Deux mois après la découverte de sa bulle de bonheur, était programmée sa mammoplastie. Elle prenait bien ses cachets qui avaient permit de petites modification physique. Sa voix, après plusieurs rendez-vous et entraînement, était devenue plus aigüe. Elle avait déjà subit une opération pour réduire sa pomme d'adam et quelques opération pour des modifications faciales, comme sa mâchoire et son nez. Mais étrangement elle avait ressentis cette opération comme la première vraie opération qu'elle avait attendu depuis si longtemps.

Tous le monde avait étrangement semblé tout aussi impatient et apeuré qu'elle. Son amant avait posé sa journée pour pouvoir l'accompagner. Sa mère avait profité de son heure de pause pour les rejoindre avant qu'elle n'entre au bloc. Son père envoyait des messages toute les dix minutes complètement paniqué. Lui était en pleine période d'examen et sa mère avait bataillé pour ne pas qu'il les manque.

Elle était entrée au bloc, on l'avait endormi, l'opération avait commencé.

Lui, avait quitté sa fac après son dernier examen de la journée, avait pris son vélo en vitesse pour la rejoindre car il lui avait promis d'être là à son réveil, dans sa course il se fit violemment percuter par un bus.

Il ne tiendra jamais sa promesse.

Lorsqu'elle avait rouvert les yeux, la lumière lui avait agressée les pupilles. Elle avait tourné la tête et par sa vision flou, ébloui et encore sous l'effet de l'anesthésie, elle le vit dans un lit d'hôpital, lui souriant. Il avait 18 ans, elle de retour à ses 15 ans.

_Tout ira bien maintenant.

Et puis la réalité. La chambre n'était plus la même qu'à cette époque et elle était seule.

Son amant était entré alors dans la chambre. Elle lui avait sourit. Il ne lui avait répondu en rien. Il s'était effondré à son chevet lui saisissant la main qu'il avait plaqué contre son front, n'osant croiser son regard.

_Comment te l'annoncer...

C'était le Désespoir.

Et puis le Noir.

Les obsèques avait eu lieu quatre jours plus tard. Ça avait été compliqué. Après avoir apprit le drame elle avait failli rouvrir ses sutures tellement elle avait été hystérique, tellement elle avait voulu tout rejeter de son existence et de son entourage. L'hôpital avait préféré la garder par crainte de son instabilité psychologique suite à l'annonce du drame. Impossible de croire à une chose pareil. Sa mère avait été éteinte. Son père n'avait plus envoyé de message, qui sait ce qu'il avait fait. Plus de panique, laissez place à la folie. Laissez place au calme, au silence, à l'image insensible et terrifiant de l'instabilité psychologique enfouis,

À son enterrement, des larmes. Des cris. Des rejets. Du soleil. Le printemps. Elle avait tout haït.

À la fin de la cérémonie elle avait quitté son amant qui était parti sans un mot. Elle avait quitté le monde, sauf ses parents. Elle était retourné une journée à l'hôpital puis était rentrée chez sa mère où son père et sa nouvelle famille dormait aussi. Ils étaient resté une semaine ensemble dans un silence de mort. Lorsqu'elle était revenu elle avait comprit que sa mère avait fermé sa chambre à clé. Elle avait comprit qu'il avait beau être parti, sa mère voulait figer un peu de lui dans le temps. Le soir même, elle avait trouvé la clé et toutes les nuits de cette semaine et même après elle s'y était cachée pour vivre ses insomnies, faire fondre son cerveau de ses questions vides, sans son, sans réponses. S'accrocher à ce qu'il restait de lui. S'enivrer de cette odeur d'orange qui planait dans l'air, qu'il dévorait sans cesse.

Maintenant cette chambre avait perdu de son odeur, elle avait été remplacé par la poussière.

À la fin de cette semaine, son père et son autre bout de famille étaient répartis chez eux, non sans douleur extrême. Sa mère avait continué de se murer dans le silence, elle ne bougeait presque plus du canapé. Elle de son côté avait continué sa vie sans rien montrer. Elle attendait la nuit, dans cette chambre abandonné pour tenter en vain d'extérioriser. Elle avait complètement arrêter ses suivies pour son désirs. Elle s'était contentée de celui pour la cicatrisation de sa poitrine. Ses désirs et envies lui semblaient, à ce moment là, fade, insignifiant et presque horrible.

C'est presque au bout d'un an alors qu'elle était sortie de la salle de bain une serviette autour de son corps, après une douche qu'une marche fut montée.

_Tu es très belle.

Sa mère s'était levée de son lit pour normalement aller sur le canapé mais elle l'avait vu devant son armoire pensive, son reflet dans son nouveau miroir en arrière plan et quelques chose s'était passé. Inexplicable.

Cette mère n'oubliera jamais. N'oubliera jamais le Désespoir et cette souffrance. Mais aussi désastreuse soit la réalité elle devait continuer pour sa fille. Cette réalité était fragile mais elle devait continuer.

L'année qui suivie, elle avait voyagé un peu partout dans le monde. Elle en avait terriblement eu besoins et puis sa mère donnait l'impression d'aller mieux, du moins de pouvoir se gérer seule. Elle était passé par la Russie, passage obligatoire pour lui rendre hommage. Les études l'avaient empêché de partir, il aurait aimé s'y rendre après, en année sabbatique. Elle n'eut pas de grande révélation là-bas. Elle avait juste eu le sentiment d'écraser un peu plus son cœur parce qu'elle estimait n'avoir rien à faire ici. C'était lui qui aurait dû être là-bas. Pas elle. Elle n'avait pas profité. Elle en gardait juste quelques coutumes qui l'avaient amusé et des rencontres de personnes adorable.

Après neuf mois de voyage à travers la planète, elle avait compris qu'elle devait rentrer terminer ce qu'elle avait commencé. Alors elle était rentrée et avait cherché un chirurgien. Elle avait fixé une opération pour sa vaginoplastie. Il était temps.

Pendant ses deux années elle avait tout de même continué de prendre ses cachets, elle n'avait pu faire que cette effort. Elle avait été terrorisée à l'idée de re-subir une opération. Et si à son réveil le Désespoir la reprenait dans ses bras ? Et si ses actes étaient le déclenchement de malheur ? Et si on la punissait pour ce qu'elle était ? Elle était terrifiée, plus qu'autre chose. Mais elle devait le faire, pour elle et pour avancer. Ne pas survivre dans la peur et le malheur. Pour ses parents aussi, pour les rendre fière et leur montrer qu'elle n'avait plus honte, leur montrer qu'il fallait aller de l'avant. Et aussi un peu pour lui qui avait toujours cru en elle et l'avait toujours encouragé à sortir de l'ombre.

Le jour de l'opération elle s'y était rendue seule. À son réveil elle n'avait pas osé ouvrir les yeux de peur de voir son ancien amant rouvrir cette porte et s'effondrer à son chevet. Quand elle en avait eu le courage, elle avait découvert sa mère qui lui souriait sans lui lâcher la main. Quand elle en avait eu le courage, son père entrait deux bouteilles d'eau à la main dans la chambre, surprit de la retrouver réveillé.

À son réveil elle avait explosé en larme. Une accumulation de deux ans. Un soulagement infime. La petite fierté d'avoir réussi. De s'être trouvé physiquement et mentalement. La douleur renouvelé de ne pas le voir dans cette pièce et de savoir qu'il ne viendrait jamais. Le deuil se finissait en un sens.

Et ça elle le devait à ses parents dans la pièce. À cet amant absent. À ce frère dans le noir.

Lorsque son corps fut complètement cicatrisé elle avait prit la décision d'aller le retrouver. Il n'avait pas changé de cabinet. C'était l'été, il faisait chaud avec une jolie lumière naturelle. Elle avait mis une jupe courte couleur daim, avec un débardeur fluide vert pomme, entouré d'un petit sac en bandoulière en grosses mailles blanche et du cuir camel, pour finir avec des sandales plates-formes noir.

Elle était arrivée devant ce bâtiment qui n'avait pas changé. Elle s'était décidée à entrer et à gravir les quelques marches jusqu'au premier étage. Elle avait fait exprès de venir en fin de journée pour ne pas le déranger pendant ses rendez-vous, juste pour avoir le temps. Elle avait beaucoup appréhendé.

Il s'était écoulé presque trois ans, l'avait quitté à son enterrement sans explications, sans rien et revenait avec l'espoir égoïste qu'il l'avait attendu patiemment, conscient de sa demande silencieuse de l'époque. Alors après une grande inspiration elle avait toqué à la porte. Elle l'avait entendu mais n'avait pas compris alors hésitante elle était entrée.

Il était à son bureau visiblement concentré sur son pc. Il n'avait pas encore vu ou comprit ce qu'il se passait. Et il avait levé la tête et il avait arrêté de respirer. Dans le plus grand silence, elle était venue s'asseoir en face de son bureau sans le lâcher du regard. Elle avait eu du mal à se lancer alors c'était lui qui avait démarré la conversation.

Comment allait elle ?
Qu'avait elle fait pendant ses trois ans ?
Qu'était elle devenu ?

Et lui alors ?

Tout le long elle avait eu peur qu'il lui dise ou qu'elle comprenne qu'il était passé à autre chose, qu'il avait fait sa vie, qu'il lui en voulait. Elle l'accepterait et ne lui en voudrais pas mais son égoïsme la dominait un peu trop à ce-moment.

Et il lui en avait voulu. Contre son gré, il lui en avait voulu parce qu'au fond il comprenait sans comprendre sa décision. Son état psychologique devait tellement être mazouté que ça avait sûrement été la meilleure chose à faire pour ne pas qu'ils se détruisent tous les deux.

L'inverse aurait pu être possible. Leur relation aurait pu les aider et lui faire sortir la tête de ce marécage plus tôt mais il s'était dit que son instinct de survie à elle avait du lui hurler que c'était le mieux à faire. Il ne lui en voulait plus maintenant, il avait fait le deuil de cette relation.

Jamais il n'avait pensé la revoir, là installée en face de lui. Si sûr d'elle et transformée. Forte. Courageuse et affranchi de nombreux stéréotype de ce monde. Elle se tenait là, tête haute. Il était tellement heureux de la voir ainsi. Le changement était flagrant entre son arrivé dans ce cabinet à leur rencontre et aujourd'hui.

_Je suis très heureux de te revoir si épanouis.

Elle avait prit la meilleure décision. C'était sa conclusion.

Après ses mots elle s'était sentie rejetée. Comme s'il n'attendait plus rien d'elle. Comme une connaissance de longue date que l'on croisait dans la rue et après quelques mots échangés on la laissait reprendre sa route sans faire le moindre bout de chemin avec elle. Mais elle s'était sentie aussi tellement heureuse. Parce qu'elle avait réussi à être qui elle voulait et qu'enfin les autres la voyait. C'était un aboutissement qui l'avait tellement soulagé.

À cause de cette effervescence de sentiments, elle s'était levée prête à partir. Mais une fois devant la porte elle avait changé d'avis. Elle voulait autre chose. Elle avait verrouillé la porte et s'était tournée gêné. Elle était revenue sur ses pas et était passée de son côté du bureau, pour lui tendre la main.

_Je veux te montrer quelque chose.

Elle l'avait guidé sous son air ébahi et perdu jusqu'au miroir qu'elle avait rejeté toute sa vie. Elle s'était mise face à ce dernier sans lâcher cette vie qu'elle tenait par la main du regard à travers leur reflet. Et elle s'était déshabillé, lentement, délicatement. Beaucoup de douceur dans ses geste tant elle idolâtrait ce corps. Ses mains légèrement tremblantes avaient caressé sa peau rosé marqué de cicatrices qui disparaitraient au fil du temps. Et elle avait terminé nu. Nu devant l'homme qu'elle aimait et qui lui avait fait découvrir l'amour charnel, l'amour amoureux. Nu en pleine lumière. Nu devant un miroir. Nu à ses yeux.

_J'ai continué le travail pendant ses deux ans. J'ai failli mais je n'ai pas abandonné. Pour moi et pour honorer sa mémoire. Et j'ai finis. Je suis une femme et je m'aime.

Les émotions en tout genre s'étaient lu dans ses yeux. Elle s'était mise à voir flou. Et lui aussi. Il avait osé s'approcher doucement la regardant, attendant un geste de désapprobation. Mais rien. Il avait caressé et admiré sa peau, son corps. Il avait senti les changements qu'il n'avait vu que par son touché trois ans en arrière. Elle avait frémis sous ses doigts.

_D'où vient cette cicatrice ?

Il avait interrompu le silence pour lui poser cette question en effleurant la dite cicatrice qui se trouvait dans le milieu gauche de son dos.

_J'avais besoins d'un rein. Il m'a donné l'un dès sien. J'avais quinze ans.

Les barrières étaient tombées. Pris d'une pulsion il l'avait serré si fort dans ses bras et avait plongé son visage dans son cou ne sachant comment faire fasse à cette phrase dont la conclusion évidente soulevait l'Univers.

_Une partie de lui continue de vivre en moi.

Ils avaient pleuré ensemble. Il s'était beaucoup excusé, avait parsemé sa peau de baisé. Avait couvert de sa chemise sa peau nu. Elle avait essuyé ses larmes et lui avait sourit. Ils avaient chacun fait parcourir leurs regard sur l'autre sans osé cligner des yeux. Ils s'étaient embrassé. Encore et encore. Encore et pour toujours.

Elles arrivent au cimetière et aperçoivent le père. Ils se saluent avec amour. Son père râle tout de même pour les avoir autant attendu ce qui les amusent énormément. Ils saluent également le gardien à qui ils prennent des nouvelles. Et enfin ils se dirigent vers son emplacement. Ils continuent d'échanger deux trois banalités comme s'ils étaient posé dans leur salon. Ils se tournent vers lui et le silence tombe.

Elle sort de sa poche l'orange amené et la pose sur sa stèle. Pendant de longues minutes ils restent muet. Quelques sourires sont lâchés en le regardant. Des larmes apparaissent, discrètes. Ce sont des discussions. Des échanges silencieux. Juste entre lui et chacun d'entre eux, individuellement. Lorsque chacun leur tour -dans le respect d'attendre l'autre- terminent leur discussion, elle reprend l'orange et l'épluche pour donner des segments à ses parents. Pour qu'ils la dégustent ensemble dans le silence sans le lâcher du regard. Une fois fini, elle saisit le pot vide qui se trouve sur la tombe et y met les épluchures. C'est un accord avec le gardien quand il le souhaite, qu'elles moisissent, il peut les jeter.

D'un comme un accord ils repartent. Disent au revoir au gardien. En lui laissant la deuxième orange -il adore ça- et prennent le chemin de la maison.

_Elle était acide.

_J'ai bien aimé moi.

_Elle était comme il les aime.

Une fois dans cette maison familiale, son père fait chauffer la nourriture faite ce midi. Elle met la table et sa mère disparaît un instant à l'étage.

Le temps à cette mère, comme elle se l'accorde une fois par an, d'entrer dans sa chambre. S'asseoir sur son lit et s'enivrer de l'ancêtre de sa présence.

À table, ils parlent, rient, débatent, discutent et puis plus tard dans le nuit ils décident d'aller se coucher.

Son père enlace fort sa fille en lui souhaitant une bonne petite nuit, il sait.

Sa mère l'embrasse tout aussi fort, lui souhaitant une bonne nuit et lui prie de faire attention, elle sait.

Alors que ses parents se couchent, son père dans le salon et sa mère dans sa chambre, elle fait la vaisselle. Doucement pour ne pas déranger son père. Une fois fini, elle monte à l'étage et plutôt que d'aller se coucher dans sa chambre elle rejoint la sienne. Toujours gouverné par la poussière, elle s'allonge dans son lit grinçant en dessous de sa fenêtre aux rideaux bleu délavés. À côté de sa vieille armoire qui allait sûrement s'effondrer. Elle observe sa bibliothèque remplie des bouquins de ses passions et curiosités. Ses livres brûlés. Et puis un poids sur la poitrine qui l'a fait se sentir écrasé contre son matelas. Et elle pleure deux heure durant. Là dans le noir de sa chambre, en compagnie de sa poussière étouffante.

Une fois qu'elle n'a plus de larmes, elle se lève et quitte sa chambre la fermant à clé comme si elle n'avait jamais était là.

Elle aperçoit la lumière dans la chambre de sa mère. Elle l'entend renifler. Attristant comme les murs peuvent être fin quand on ne le veux pas.

Elle descend les marches silencieuse. Elle voit son père assis sur le bord de son lit d'une nuit. Il a les yeux rouge. Ils se sourient tendrement. Un signe de la main pour elle, un hochement de tête pour lui gouverné par ce regard d'amour qui lui supplie d'être prudente.

Elle enfile ses chaussures, prend son manteau, son sac et franchit la porte d'entrée.

Elle se glisse dans sa petite voiture et prend la route bercé par le vent qui claque dans l'habitacle de son véhicule. Elle reprend la route pour rentrer chez elle. Retrouver les bras et la chaleur de son mari. Elle prend la route pour continuer le cour de sa vie.

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