Souriez, vous êtes espionnés

Mon psychiatre m'a demandé d'écrire pour avoir une emprise avec la réalité car selon lui je la laisse passer sous mes yeux, je la détourne sans cesse. Ainsi si je marque tout au point de faciliter le travail de l'espionnage, tout ira mieux dans ma vie.

Hier, j'ai été à notre séance hebdomadaire, il m'a déclaré sans volonté de trouver le bonheur, passif, sombre, sans vouloir effectuer son travail je lui ai asséné que c'était le principe d'une dépression nerveuse. Ça ne l'a pas plut. Je le paye grassement, pourtant il ne m'apporte pas la rédemption tant attendue, pas même les cachetons ne m'offrent du repos, je les prends pour me sentir vide, je ne possède plus de libido. J'ai le sentiment d'avoir vendu ma liberté, j'ai essayé toutes les thérapies, tenté d'extraire mon cou de la corde, depuis ces pensées noires, ils me reprochent tous de me montrer sous un jour différent, peu sortable, peu fréquentable. Quand je m'isole pour oublier cette haine, ce dégoût de ma personne, les laisser respirer, ils m'interrogent sur les raisons véritables de ma démarche. Il y a de cela six mois un membre de ma famille m'a dit que je lui faisais du chantage au suicide, lorsque j'ai été franc en lui déclarant souhaiter tant mourir.

Aujourd'hui, j'écris ces mots, sans savoir si cela m'apaise, la valeur d'une personne désormais s'attribue à son air heureux, les malheureux ne peuvent plus exister, ce sont des malades, des dégénérés, des dangereuses gens à droguer. Plus ils essayent de faire mon bien, plus ils me blessent en me hurlant de me redresser. Et si je demeure toujours tordu ?

Je croyais l'amour, l'amitié capables d'endurer les plus noires phases de l'humanité !

Pas d'emploi, plus de relations stables, jugé en permanence instable.

Il y a de cela un mois, j'ai contemplé un film pornographique, pour savoir ce que ça pouvait produire en moi, aucune réaction physique, j'observais sous les peaux transpirantes bien épilées la comédie et la souffrance de la répétition des prises. Je n'y voyais que des marionnettes plus ou moins grasses à qui des metteurs en scènes médiocres criaient des indications, comme de mieux jouir. En revanche, j'ai senti de l'excitation devant des toiles, sculptures de saintes et saints en extase ou torturés. Je suis mentalement crasseux, déficient, faible, amorphe.

Dans une société hygiénique et eugénique, je ne suis qu'un numéro génétiquement mal conçu dans lequel la chimie de mon cerveau se déroule de mauvaise façon. À une autre époque, j'aurais été un poète ou un philosophe. À la mienne, je suis un fou.

Tu nous effraies, sois heureux, nous voulons ton bonheur, arrêtes tes bêtises, choisis une meilleure voie, aies un travail gratifiant capital, entretiens-nous, cesses de te négliger, sois attractif, entres dans le système, ne cherche pas à t'opposer aux plus puissants, défends-toi, agis, mets sur ton visage un joli sourire..

Un sourire, ne me faîtes pas rire ! Faux ou vrai peut vous importe du moment qu'il est présent sur sa gueule pour pas que celle-ci sois sale, les salauds !

Nécessité à toujours se distraire, s'extraire de tout, est-ce que je souhaite encore me divertir et détourner de ma condition de mortel ?

Qu'importe les coups, la souffrance, du monde la violence, le harcèlement, les viols, les crimes contre l'humanité, il faudrait toujours sourire pour bien paraître. Pour être seulement, ceux et celles riant de trop vous les haïssez car au travers du rire, ils peuvent se montrer dénonciateurs,visionnaires, révolutionnaires ou effectuer de la politique. Vos monstres, vos démons, vos agitateurs à qui vous dîtes :« Faire rire n'a jamais demandé de talent ! »

Pour rire, selon eux il existe une manière,l'humour noir se montre banni de temps à autre, on me refuse le droit de rire de ma tentative de suicide, rire de la mort. Pourquoi devrais-je craindre ma mort ?


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