5 | 'BRUISES'

Kyle était allongé sur son lit, en pleurs. Même pleurer lui faisait mal. Dès qu'il hoquetait un peu, il sentait cette douleur aiguë dans sa poitrine. Il avait tellement mal. Tellement mal qu'il ne ressentait plus rien. C'était trop étrange. Il avait l'impression d'être engourdi de partout.

Il ne sentait plus ses jambes, ses bras, son buste, mais dès qu'il jetait un coup d'œil au sang séché qui avait coulé le long de ses avant-bras jusque sur ses doigts, quand il regardait les hématomes et les bleus couleur arc-en-ciel sur ses jambes, ainsi que les traces rouges sur son torse, il se souvenait de toute la douleur qu'il avait ressenti. Du verre s'enfonçant dans sa peau, du martinet fouettant sa peau, de la main de sa mère. Et ça ne le faisait que pleurer encore plus, lui faisant encore plus mal aux poumons quand il essayait de prendre des grandes bouffées d'air. Il se souvenait du sang qu'il avait craché, il se souvenait du goût âcre et métallique sur sa langue et son palet. Rien que de savoir que ce goût ne voulait pas partir, ça l'horrifiait.

Il se recroquevilla sur lui-même, grimaçant de douleur à chaque mouvement qu'il faisait. Il était heureux que son frère ne soit pas là pour le voir dans cet état. Il n'aurait pas voulu l'inquiéter, le faire paniquer. Il continua de sangloter dans le plus grand silence possible.

Kenny n'avait jamais eu affaire à ce genre de traitement. Jamais. Peut être que ses parents le frappaient quelques fois, quand ils étaient ivres ou complètement défoncés, mais ils aimaient quand même leur fils. Le contraire avec Kyle, c'est qu'il venait de découvrir que sa mère le haïssait pour une raison qui lui était inconnue. Il ne savait pas ce qu'il avait fait de mal, si c'était contre son gré ou si sa mère était juste haineuse, mais en tout cas elle ne l'aimait pas. Ça pouvait se lire dans son regard.

Les larmes brouillant sa vision, sa chambre tournant autour de lui, il se demanda s'il était le seul mineur dans cette situation. Il se demanda, si autre part dans le monde, quelqu'un subissait les mêmes violences que lui. Il ne voulait pas être le seul. Ça aurait pu paraître très égoïste, mais s'il était le seul adolescent qu'un des parents battait presque à mort, ça lui plomberait le moral encore plus.

- S'il vous plaît dites moi que je suis pas le seul, murmura-t-il sous son souffle.

Il se sentit comme tomber, tomber de son lit, tomber de plusieurs mètres, et il finit par se laisser complètement engloutir par le noir. Il était inconscient.

*シ*

Dans la chambre de Wendy Testaburger, Stanley était à moitié allongé sur son lit, l'air franchement concerné alors que l'adolescente déposait des baisers sur son torse. Ça faisait environ trente minutes qu'ils avaient terminé les cours, et une dizaine de minutes qu'ils étaient chez la brunette. Et depuis le début de la matinée, Stanley ne pouvait pas s'empêcher de penser à son ancien meilleur ami. Il était terrorisé de ce qui aurait pu lui arriver. Terrorisé de l'état dans lequel il se trouvait. Certes, ils avaient tout expliqué à leur professeure de littérature qui les avait prévenu qu'elle appellerait les services sociaux dès qu'elle aurait fini sa journée. Mais en attendant, il était dans quel état Kyle ?

- Tu penses à quoi ? murmura Wendy en s'asseyant sur lui, rajustant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

- À Kyle, marmonna l'adolescent.

Ça eut l'air de frustrer un peu sa petite amie, qui n'était pas très heureuse de savoir que celui qu'elle aimait pensait au rouquin alors qu'elle était en train de lui faire des suçons en sous-vêtements.

- Il va bien ne t'inquiètes pas.

- J'en serais pas si sûr à ta place.

- C'est bon sa mère elle est pas si horrible non plus. C'est de sa faute il n'avait qu'à pas se laisser aller avec Craig dans les toilettes.

En entendant le prénom du Tucker, et en se rappelant ce qu'ils avaient fait ensemble, il eut un pincement au cœur sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi.

- Allez pense à autre chose je te dis qu'il ira bien au final.

Elle continua de laisser des marques violacées dans sa nuque, avant de descendre doucement pour embrasser son torse. Usuellement, Stanley aimait ce genre de choses, quand elle prenait des initiatives. Mais étrangement, aujourd'hui, ça ne lui faisait ni chaud ni froid.

Il n'arrivait pas à s'enlever de la tête l'image si précise de Kyle et Craig qu'il avait. Il n'imaginait que trop bien celui qu'il considérait comme une part de lui supplier le Tucker comme celui ci l'avait si amèrement précisé ce matin même. Il n'imaginait que trop bien l'image de lui soumis au brun, en sueur, leurs mains partout sur le corps de l'autre. Il n'imaginait que trop bien le sourire que Craig avait quand il l'avait baisé ces deux fois (ou plus ? Rien que de penser qu'ils auraient pu le faire plus souvent, ça le dégoûtait). Il n'imaginait que trop bien Kyle qui criait son nom le plus fort qu'il puisse tellement il lui donnait du plaisir. Son nom à lui, et pas le sien.

À cette dernière pensée perverse et interdite, le Marsh se releva brusquement, horrifié. Est ce qu'il venait vraiment d'imaginer, même pour une fraction de seconde, que ce soit lui à la place de Craig ? Que ce soit lui qui donne tant de plaisir à Kyle ? Que ce soit son nom qu'il soit en train de crier et pas celui du noiraud ?

Wendy le regarda d'un air confus alors qu'il respirait rapidement, sa cage thoracique se soulevant et s'abaissant vivement.

- Stan ? Ça va mon cœur ?

- Je ... Je vais y aller je ne me sens pas très bien ...

Il se leva sous le regard perdu de son amoureuse, enfila son t-shirt et sortit de sa chambre rapidement. Il descendit les escaliers quatre à quatre, sortant de la maison sans rien dire de plus à personne. Son cœur tambourinait dans sa poitrine alors qu'il avançait d'un pas rapide vers chez lui.

En réalisant la connerie qu'il s'apprêtait à faire, il fronça les sourcils. Est ce qu'il se dirigeait vraiment chez lui pour se branler en pensant au mec qu'il avait toute sa vie considéré comme un frère alors que l'instant d'avant, sa petite amie était prête à lui faire ce qu'il voulait ?

Il passa une main nerveuse dans ses cheveux. S'il était resté chez elle, il était persuadé qu'il aurait gémi le nom de Kyle à un moment, après tout ce qu'il avait imaginé, et ça n'aurait vraiment pas été bon pour son couple. Même si là, il se sentait comme s'il était sur le point de tromper l'adolescente.

- Tant pis putain, marmonna-t-il en ouvrant la porte de chez lui.

Il jeta un coup d'œil un peu partout dans la maison. Sa mère travaillait sûrement jusque 18:30, et son père était probablement au bar en train de boire le plus qu'il pouvait. Aucun signe de sa sœur dans sa chambre, elle était peut être chez son petit ami. Le brun partit dans sa chambre, fermant la porte à clé derrière lui, et il s'assit sur son lit, regardant la bosse déjà bien formée dans son pantalon.

- Je suis un porc, soupira-t-il en commençant à se palper à travers son pantalon.

Il se calma un peu, fermant les yeux. Il avait beau essayer de visualiser le visage de Wendy dans sa tête, tout ce qu'il arrivait à imaginer c'était son meilleur ami soumis non à Craig mais à lui. Et ça l'excitait beaucoup trop pour que ce soit normal. Il finit par baisser son pantalon et il passa sa main dans son caleçon, commençant à gémir doucement.

- Kyle, souffla-t-il en laissant sa tête partir un peu vers l'arrière.

Voilà pourquoi il n'aurait pas dû rester chez Wendy. S'ils avaient commencé à vraiment faire des choses érotiques, ça aurait été une catastrophe. Il savait que ce qu'il faisait n'était pas bien, mais il ne pouvait pas s'en empêcher, c'était juste trop bon. Toujours en se disant qu'il n'était quand même qu'un gros dégueulasse, il baissa son caleçon et s'allongea sur son lit pour continuer de se masturber.

Ses mouvements de haut en bas se firent plus secs et rapides alors que sa respiration devenait saccadée, il haletait presque. Son souffle était entrecoupé de légers gémissements et au fond, il savait qu'il en voulait plus. Malheureusement pour lui, Kyle était avec Craig maintenant.

En se disant qu'il avait réellement envie de tromper Wendy, il fronça les sourcils et serra les dents. Il continua ses va-et-vient sur sa virilité encore plus vite et il sentit ses muscles se contracter. Il gémit un peu plus fort, ses membres tremblant légèrement, et il finit par atteindre son orgasme en gémissant longuement le prénom de son ancien meilleur ami.

Il regarda le plafond dénué de couleur de sa chambre, haletant. Il n'en revenait pas. Il finit par se redresser un peu, regardant sa main recouverte de sperme. Après quelques secondes, son téléphone se mit à sonner, le faisant sursauter, comme s'il avait été prit en plein acte d'adultère.

D'une seule main, il répondit à Kenny qui l'appelait, sa respiration toujours courte et un peu trop vive.

- Vieux dépêche toi de venir chez Kyle !

- Quoi- Mais- commença-t-il, franchement perturbé.

- Oh t'es chez Wendy ?

- Hein ? Non plus maintenant je suis dans ma chambre.

- Alors tu t'es branlé ? Alors que y'avait Wendy ? Tu pensais à quelle fille ?

Stanley sentit son visage tourner au rouge en quelques secondes.

- Comment tu sais ça ?

- Tu devrais savoir que je suis expert.

- Dégueu vieux.

- Dit il, renchérit le blond à l'autre bout de la ligne, assez sarcastiquement, En tout cas ramène toi assez vite tu changeras tes draps plus tard c'est important !

- T'es au courant que Kyle me déteste autant que Craig me déteste maintenant ?

- Queuwa ? bredouilla-t-il, confus, et il se reprit, On s'en fiche ! T'es comme son frère presque c'est important que tu sois là, ses parents ont été emmenés par la police !

Comme son frère. Le Marsh resta beugué, se disant qu'il venait de se branler en pensant au mec qu'il était sensé considérer comme son frère. Il était vraiment immonde. Puis les derniers mots de Kenny se répétèrent dans sa tête.

Ses parents avaient été emmenés par la police.

Madame Lefèvre avait donc bien appelé les services sociaux. Le brun raccrocha son téléphone, ne répondant même pas à Kenny, et il se rhabilla rapidement, mettant ses affaires portées une dizaine de minutes plus tôt toutes à la machine à laver. Il n'oublia pas de se laver les mains et il se dit qu'il aurait le temps de changer ses draps plus tard.

Il sortit en courant de chez lui en direction de chez les Broflovski, le cœur battant dans sa poitrine. Quand il arriva dans la rue, il croisa une ambulance et plusieurs voitures de police.

- Putain de merde, murmura-t-il en trottinant jusque Kenny et Cartman qui étaient bouches bées devant le spectacle devant eux.

Quand le blond le vit, il détailla un peu sa tenue et se moqua, remarquant qu'il s'était entièrement changé :

- Donc t'as vraiment éjaculé de partout.

- Ta gueule gros porc c'est pas le moment ! trancha l'adolescent en rougissant, alors qu'Eric lui jetait un regard confus.

- T'étais chez Wendy ?

- Il s'est branlé, rectifia Kenny en souriant.

- Oh, pouffa le gros, moqueur, Tu l'as trompé dans ta tête ?

- Vos gueules, marmonna l'adolescent, encore plus rouge, et surtout bien énervé.

- Allez dis nous à qui tu pensais au moins quand tu as fait ça ! se plaint le pauvre, au bord du fou rire.

On aurait pas dit qu'ils étaient très concernés par la situation qui se déroulait juste en face d'eux, ou peut être juste qu'ils essayaient de penser à autre chose, de ne pas s'inquiéter de trop parceque ça faisait mal de paniquer.

- Ça vous regarde pas.

Les deux amis se jetèrent un regard commun, avant de retourner la tête vers le Marsh.

- Ça, ça veut dire que ça nous regarde totalement, fit remarquer Cartman en lui tapotant l'épaule.

Stanley soupira bruyamment.

- Dites moi juste que Craig est pas là.

- Nan mais pourquoi tu- commença Kenny avant de se rendre compte de la pointe de jalousie qui s'était fait entendre dans la voix de son ami.

Il éclata soudainement de rire, se tenant le ventre tellement il riait.

- T'AS VRAIMENT PENSÉ À LUI J'Y CROIS PAS !! AHAHAHAH PUTAIN VIEUX T'ES IRRÉCUPÉRABLE LÀ !!

Stanley le supplia de se taire, et le blond continua de rire, sous le regard complètement confus de Éric.

- De qui il- balbutia-t-il avant que son ami ne pointe la maison des Broflovski du doigt comme toute réponse.

Cartman resta quelques instants confus, avant de réaliser que Broflovski, c'était Kyle. Il éclata de rire à son tour en tapant vivement le dos de Stan qui était au bord de les frapper. Ils s'arrêtèrent de rire quand un ambulancier avança vers eux, bien que Kenny continua de pouffer en silence, tentant tant bien que mal d'arrêter ses tremblements qui trahissaient son fou rire.

- Il s'est réveillé, mais je vous préviens c'est pas beau à voir.

Là, les trois garçons se tûrent instantanément, se souvenant réellement de la gravité de la situation. Ils avancèrent lentement, comme s'ils redoutaient le moment où ils allaient voir leur ami. Et ils avaient raison.

Ils finirent par voir Kyle, en caleçon, seulement recouvert d'une couverture de survie. Ses cheveux n'avaient pas leur brillance habituelle, ses yeux paraissaient ternes et perdus dans le vide. Il avait toujours son cocard, maintenant accompagné d'une entaille au niveau de l'arcade sourcilière. Du sang séché était resté coagulé sur la partie gauche de son visage, ses lèvres étaient couleur rouge sang elles aussi, un énorme bleu s'étalait sur son nez. Et ce n'était que son visage. Son torse était recouvert de traces rouges dont Stanley n'avait même pas envie de penser aux origines, ses bras étaient recouverts de taillades et de sang, et ses jambes tachées de bleus et d'hématomes plus grand et colorés les uns que les autres. Il était d'un blanc cadavérique.

Pourtant, quand il aperçut Stanley, il releva la tête et ses yeux se mirent à briller.

- Qu'est ce que tu fais ici ?

- Je suis venu voir mon meilleur ami.

À côté, Éric toussa bruyamment, lui valant un énorme coup de coude dans le côtes de la part de Kenny.

- Ça va ? finit par hésiter le gros en jetant un regard sur son corps.

- J'ai l'air d'aller bien ?

- Ton père aussi il a été emmené par la police ?

- Il sait ce que ma mère faisait et il a jamais rien dit. D'après les ambulanciers je risque d'être mis en orphelinat. Je sais même pas comment je suis arrivé là, j'étais dans ma chambre et pouf l'instant d'après je me réveille sur une civière. Mon frère va retourner au Canada avec ses parents.

Il but doucement une gorgée du chocolat chaud qu'on lui avait donné quelques instants plus tôt, essayant de calmer les larmes qui recommençaient à brouiller sa vue. Ses amis restaient silencieux, voyant bien à quel point il se sentait mal.

- C'est où l'orphelinat ?

- Il ne va pas y aller, fit remarquer une voix derrière eux.

Ils se retournèrent pour faire face à Madame Lefèvre, qui sourit timidement.

- Désolée je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter votre conversation.

- Madame ? bredouilla le bouclé, confus de la raison de sa venue ici.

- C'est elle qui a appelé les services sociaux elle a tout de suite remarqué que quelque chose n'allait pas quand ta mère est arrivée en classe ! s'exclama Kenny, des étoiles dans les yeux.

On aurait cru qu'il parlait d'une super-héroïne, c'était assez amusant.

- Kyle, je sais que ça va paraître bien impoli de ma part, mais je ne voulais pas te laisser aller à l'orphelinat. Tu as déjà assez de problèmes comme ça pour te retrouver sans ceux que tu aiment en plus de ça. Alors comme de toute façon je suis stérile je me suis dit que j'aurais pu ...

Les quatre adolescents restèrent médusés en entendant ses mots.

- Vous l'avez adopté ? s'étonna Cartman, bien qu'être étonné était un faible mot pour le choc qu'il ressentait.

- À peu près, oui.

Kyle n'y croyait pas. Chose logique en même temps, c'était assez dur de croire que sa professeure de français devenait sa tutrice légale. Il se retrouvait avec une toute nouvelle famille, et ce n'était sûrement pas pour le pire.

~je vous avais prévenues que ce chapitre contenait du lourd. Je vais en avoir des choses à dire.
Déjà, Kyle se débarrasse d'une grosse partie de ses problèmes. Après tout, ils venaient de sa mère, mais ne venez pas croire qu'il est complètement libéré maintenant ! Je parie que vous ne vous y attendiez pas au coup de la professeure qui l'adopte. Pour être honnête, moi non plus ! J'ai totalement écrit ça sur un coup de tête, et au final c'est franchement important (logique c'est une toute nouvelle famille pour notre rouquin !)
Sinon, Stanley. Ce n'est que le début ! Notre pauvre garçon, il va finir complètement désespéré. Ne croyez pas non plus que les sentiments et les émotions qu'il ressent sont claires, c'est tout cafouillis dans son cerveau, et sa relation avec Wendy n'est pas non plus terminée, du moins pas pour l'instant !
Ce que je vais ensuite vous dire n'a aucun rapport, mais Kenny pervers c'est toujours amusant, pas vrai ? C'est tellement irréel que ça me fait rire, ahahah mais comment c'est possible de deviner qu'un mec s'est masturbé rien qu'en l'entendant parler. Il est fort ce Kenny, il est très fort.
Je pense que je peux vous dire à dans deux jours mes louloutes, je ne trouve plus rien à vous dire. À dans deux jours~

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