37 | 'PSYCHO'

Le salon était silencieux, froid comme la mort. Actuellement, pas à ce point là, mais Marie aurait vraiment préféré s'étouffer avec un coussin plutôt que d'attendre encore quelques secondes dans cette ambiance là. Le seul bruit étant le 'tic' et le 'tac' de l'horloge, ça ne la détendait pas vraiment. Les grands yeux émeraudes de son fils divagaient d'elle à l'homme assis à côté d'elle au rythme des aiguilles. Elle n'appréciait pas qu'il puisse percer son âme avec son regard. Il pouvait être vraiment glacial quand il le souhaitait. Seulement, il avait vraiment l'air d'essayer de déceler des réponses.

Il était debout, se tenant droit comme un piquet, les sourcils légèrement froncés, les lèvres pincées, caressant Nishinoya dans ses bras d'un geste répétitif, comme si c'était un réflexe, comme s'il ne remarquait même pas ce qu'il était en train de faire.

Qui c'est ça ? finit-il par demander sèchement, laissant finalement son regard s'arrêter sur l'inconnu qui était assis sur sa place du canapé.

Après une minute de torture silencieuse, il avait finalement déclaré quelque chose.

Il s'appelle Simon, bredouilla rapidement Marie en tournant la tête vers l'homme à ses côtés.

Un jeune homme de vingt-sept ans, donc un peu plus âgé qu'elle, aux yeux bruns tournant au rouge, ses cheveux étaient dorés et recouvraient presque son œil droit. Il avait un sourire qui lui donnait un air de gentleman, un air poli et bien éduqué. Vêtu d'un trench-coat et de chaussures cirées, cet air de bonne famille ne faisait que se confirmer.

Kyle, c'est ça ?

Je ne réponds pas aux inconnus, fit remarquer l'adolescent sur un ton insolent.

Le rouquin ne le connaissait pas, mais il ne l'aimait déjà pas.

Kyle, gronda sa mère, Sois un peu poli !

— Ne t'inquiètes pas Marie. Je l'éduquerai comme il faut.

Pardon ?! s'indigna le garçon, scandalisé qu'il ose lui dire ça.

Kyle, Simon est mon petit ami. Il viendra vivre chez nous dorénavant.

— Je m'en fiche ! Ce n'est pas un mec un peu pété dont je n'ai jamais entendu parler qui va me donner des ordres sur ma conduite ! C'est pas mon père !

Marie se prit la tête entre ses mains. Ça n'aurait pas pu tourner de pire manière. Ça avait été sa hantise toute la journée. Elle avait eu une boule au ventre, redoutant l'instant où elle devrait présenter Simon à son fils. Ça se passait exactement comme elle ne voulait pas que ça se passe. Mal.

Sérieusement maman ! continua le rouquin, la faisant relever la tête, Tu aurais pu choisir plein d'autres personnes ! Le prof de sciences nat', Carla, même le CPE si tu le voulais tant que ça ! Alors pourquoi il a fallut que tu choisisses un mec de ce type là ?!

— Kyle je ... Je l'aime, balbutia la brune en triturant ses doigts.

Je pense que c'est un peu gonflé de la part d'un garçon qui est amoureux de son meilleur ami.

Kyle resta bouche bée, outré que sa mère ait osé lui parler de sa vie personnelle. Il était d'autant plus outré qu'un inconnu vienne lui faire la morale et le rabaisse sans raisons particulières.

VA CHIER PAUVRE TÂCHE ! s'écria-t-il, TU NE ME CONNAIS PAS ! TU NE CONNAIS PAS MA VIE, CE QUE J'AI DÛ VIVRE, LES PERSONNES QUI M'ENTOURENT ! TU N'AS AUCUN DROIT DE ME FAIRE LA MORALE, TU M'ENTENDS ?! ALORS FERME TA GUEULE !!

— KYLE ! s'offusqua sa mère en se redressant brusquement.

Il ne répondit rien et fit volte-face, serrant son chat fort contre lui. Il partit d'un pas rapide vers sa chambre et claqua violemment sa porte derrière lui.

Je suis désolée Simon, murmura Marie en baissant la tête, Il ne se comporte jamais de cette manière d'habitude. Mais s'il te plaît, évite de lui parler de Stan, de son passé ou de ce qu'il a vécu au cours des derniers mois. C'est encore vraiment difficile pour lui.

— Je vais aller lui parler, essayer de le raisonner, lui déclara gentiment son petit ami.

Il lui embrassa le front et partit en direction de la chambre de l'adolescent.

Dans sa chambre, Kyle avait eu comme réflexe d'appeler Stanley, justement. Depuis la semaine dernière, dans la forêt, ils étaient redevenus assez proches. D'ailleurs, en sortant des bois, ils étaient allés manger des frites pour goûter, et le brun avait appelé ça pour rire, leur premier rendez-vous. Au final, ça les avait tous les deux rendus assez embarrassés, et ils s'étaient quittés, les joues rouges pivoines. Depuis ce jour, ils étaient repassés au stade d'amis et se parlaient presque comme avant. Kyle avait encore du mal à lui faire entièrement confiance et il restait toujours un peu en retrait, mais là il était vraiment frustré. Et il savait que Stanley était un des seuls à pouvoir le canaliser quand il était dans cet état là.

Kyle ?

La voix du Marsh résonna dans son portable.

Stan ma mère a un petit ami, déclara-t-il à toute vitesse, C'est monsieur connard–

Alors qu'il s'apprêtait à lui expliquer tout ce qu'il venait de se passer, la porte s'ouvrit sur Simon. Le rouquin manqua de feuler comme un chat (ce que Nishinoya ne s'empêcha pas de faire. À croire que lui et son maître étaient connectés) et il s'écria :

SORS DE MA CHAMBRE TÊTE À CLAQUES !

— Je veux juste te parler–

— ON ENTRE PAS SANS TOQUER, C'EST MA RÈGLE NUMÉRO 1 ALORS TU DÉGAGES !!

Il était vrai que depuis la fois, il y a quelques mois, ou Marie était entrée dans sa chambre alors qu'il était en train d'avoir des rapports avec Craig, il avait établi quelques règles.

Règle numéro 1, on entre pas sans toquer et on attend une réponse avant d'entrer.

Règle numéro 2, on n'a pas le droit de m'obliger à ranger ma chambre (ma chambre c'est ma chambre merde).

Règle numéro 3, on entre pas quand je ne suis pas là et on ne fouille pas dans mes affaires.

Ce n'était que trois petites règles auxquelles Marie avait donné sa parole. Ce n'était pas grand chose, ça ne concernait que sa chambre, son lieu de vie principal.

C'était lui Stan, reprit l'adolescent en un souffle alors que la porte se refermait, Je peux pas le saquer il se prend déjà pour mon père.

— Oh je vois ce genre de types.

— Ouais–

Il se fit couper par le son de Simon qui toquait bruyamment à la porte. Kyle murmura des insultes sous son souffle, faisant rire son ami à l'autre bout du fil.

Entre.

Le blond entra dans sa chambre, prenant bien soin de fermer derrière lui.

Tu veux bien couper ton appel ? J'ai besoin de te parler.

— Bien sûr, sussura Kyle en souriant faussement.

Seulement, il ne raccrocha pas. Il fit semblant et plaça son téléphone sur son lit, écran contre le drap. Ce Simon n'allait quand même pas croire qu'il allait l'écouter alors qu'il se comportait de cette manière avec lui.

Bien, murmura le jeune homme sur le même ton que lui.

Le rouquin se contenta de le regarder d'un air las, un air blasé sur le visage. Un air insolent, provoquant presque.

Il arrêta de titiller les nerfs du petit ami de sa mère quand ce dernier lui attrapa le poignet violemment et enfonça ses ongles dans sa peau, pile à l'endroit de ses cicatrices. Son air mielleux et bien élevé eut l'air de s'évanouir en un instant, pour faire place à un homme dominant, violent. Une lueur de rage brillait dans le fond de ses yeux, et Kyle sentit son cœur louper un battement alors qu'il grimaçait de douleur. Il ne se sentait vraiment pas en sécurité.

Lâche moi, gémit-il, se crispant encore plus.

Comme tout réponse, Simon enfonça encore plus ses ongles dans sa peau. Kyle poussa un petit cri de douleur et en sentant l'autre main de l'homme venir appuyer sur son autre poignet, il ferma sa bouche instantanément, les larmes lui montant aux yeux.

Pendant un instant, il eut un flash. En face de lui, il crut voir sa génitrice. Il eut soudainement du mal à respirer et essaya de lutter contre la boule dans le fond de sa gorge. Il cligna des yeux plusieurs fois, essayant de faire disparaitre cette vision d'horreur.

Tu vas arrêter de te comporter comme ça, gamin. Avec moi on ne joue pas.

Un psychopathe. Sa mère était tombée sur un psychopathe.

Arrête, le supplia-t-il en secouant la tête.

Il n'avait pas assez de forces pour se débattre lui-même. Après tout, c'était quelqu'un de dix ans de plus qui le maintenait.

Non. Je ne crois pas. Donc tu vas m'écouter quand je te donne des ordres. Tu vas obéir. Tu vas m'obéir à moi. Après tout, tu obéis bien à Marie alors que ce n'est pas ta mère.

— Pourquoi tu fais ça ?

— J'aime ta mère. Je ne t'aime pas. C'est aussi simple que ça.

Il était fou. Complètement timbré. Alors que Kyle réalisait à peine ça, il sentit ses cicatrices se rouvrir, et le sang commencer à s'imprimer sur son sweatshirt vert.

S-Stop, hoqueta-t-il, complètement terrorisé, Arrête ça.

Obéis moi.

Kyle secoua la tête de gauche à droite. Il se souvint que sa mère était dans l'appartement, et que son ami était encore en train d'écouter la conversation.

Je vais appeler la police, sale fou ! s'exclama-t-il.

Je ne crois pas non. Ta 'mère' m'aime moi. Tu crois vraiment qu'elle va te croire ? Elle va simplement être blessée. Tout ce qu'elle verra, c'est son fils qui n'accepte pas ses choix et essaye de se débarrasser de l'amour de sa vie !

Kyle ne répondit rien. Il ne savait pas quoi répondre à ça. Qu'était-il sensé répondre après tout ? S'il était vraiment aussi fou, alors il mentirait effectivement à Marie et se débrouillerait pour qu'elle le croit. Il allait devoir vivre avec ce fou.

Sors de ma chambre je t'en supplie, finit par quémander l'adolescent, les larmes prenant entièrement le dessus.

Il éclata en sanglots, le plus silencieusement possible. Il savait que s'il était trop bruyant, Simon le frapperait. Il avait déjà vécu cette situation. Il savait ce qu'il lui arriverait. Il connaissait ça si bien. Lui qui croyait en être finalement débarrassé. Lui qui croyait finalement pouvoir essayer d'oublier celle qui l'avait traumatisé. Il pouvait plutôt mourir maintenant. Les vagues de souvenir affluaient tellement vite devant ses yeux, il se mit à pleurer encore plus fort.

Simon finit par le lâcher et partit en reprenant son visage poli. Il ferma la porte doucement derrière lui, et le rouquin s'effondra complètement sur son lit.

Kyle ? Il est parti ? résonna la voix de Stan dans son téléphone.

Il attrapa l'appareil en tremblant et continua de pleurer.

Kyle, calme toi. Je t'en supplie calme toi. Ça va aller. Ça va aller.

— Il est comme ma mère ! murmura-t-il, suffoquant presque entre ses cordes de sanglots.

Il y eut un silence à l'autre bout de la ligne alors qu'il continuait de hoqueter.

Stanley était un peu angoissé, pour ne pas dire qu'il était au bord de la crise d'angoisse. Rien que d'entendre la scène à travers le téléphone l'avait paralysé. Et Kyle était habitué à ce genre de choses. C'est cette réalisation qui lui avait vraiment fait mal. Et à travers un téléphone, il ne pourrait pas le réconforter.

Reste dans ta chambre, surtout ne sors sous aucun prétexte. J'arrive.

~en imaginant le personnage de Simon ce matin, j'avais pensé à en faire comme un type qui se prend trop au sérieux, s'imagine avoir le droit de se comporter comme le père de Kyle et serait plutôt strict, seulement devant Marie. J'avais déjà prévu en imaginant le chapitre de le rendre violent avec Kyle. Je voulais qu'ils se détestent mutuellement, mais Simon a des problèmes psychologiques, on va dire. Il est fou, vraiment, et Kyle est bien le seul à le remarquer avec Stan.

Et puis alors que j'étais sur le point de finir d'écrire, je me suis rendue compte qu'il était comme un parent violence. La similitude avec Sheila était trop évidente pour que je n'en parle pas. Ça aurait été stupide de ma part de laisser ça de côté.
Kyle est traumatisé par sa mère, et après environ quatre mois il commençait enfin à se libérer de ses chaînes. Seulement, pouf, voilà Simon. Il vient bien remuer le couteau dans la plaie et raviver ses souvenirs assez horribles. Quand je me suis rendue compte de ça, j'ai vraiment réalisé le nombre de possibilités que j'avais devant moi.

Ses cauchemars vont revenir et il se sentira moins bien. Ça, ce sera sûrement la cause 'Sheila'. Après, tout ce qui tourne autour de Simon, je n'ai aucune idée de comment je vais tourner ça. Je vais vraiment essayer de ne pas tourner ça trop wtf, mais je ne promets rien, surtout après ce chapitre. Il va falloir que j'essaye de canaliser tout ça, et dieu sait que c'est difficile.

Faut savoir aussi que j'invente pas ce genre de choses hein. J'avais une amie, son beau-père la frappait sans que personne ne le sache. Je ne sors pas ça du fin fond de l'univers wtf et dramatique des fanfictions (genre le père qui viole et séquestre le petit ami avant de se faire tuer par son fils,,,, oui oui j'ai déjà lu ce genre de choses un nombre assez incroyable de fois pour être honnête. C'est vraiment choquant).

Enfin voilà, je n'arrive pas vraiment à dire exactement tout ce que je pense à propos de toute cette affaire Simon. C'est juste encore assez flou et brouillon dans ma tête, et j'espère vraiment que je n'irais pas trop loin comme je le fais d'habitude.

Enfin bon, à dans deux jours (seigneur il était long ce paragraphe de fin)~

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