Chapitre 7 - Ce qui ne te tue pas...


Lorsque ses sanglots se calmèrent, elle expliqua aussi clairement que possible les raisons de son état. Ses parents tentèrent de lui apporter tout le réconfort possible, chose à laquelle elle fut sensible malgré l'apathie dans lequel elle plongea. Elle se coucha, épuisée, l'âme ravagée, et sombra dans un sommeil sans rêve.

Peu de temps après, Tikki la secouait de toutes ses forces, lui criant presque dans l'oreille :

- MARINETTE ! REVEILLE-TOI !

La jeune femme ouvrit les yeux et découvrit avec horreur ce qui avait motivé un réveil aussi violent.

Un akuma. Noir comme la nuit. Il voletait paisiblement dans sa direction, elle hoqueta puis se jeta du lit par-dessus le garde-corps. Amortissant sa chute par une roulade, elle se redressa bien vite pour fixer le parasite avec une détermination teintée de colère.

- Tikki, transforme-moi !

En un battement de paupière, elle revêtit les atours de Ladybug. Comme des centaines de fois auparavant, elle lança son yoyo et captura l'akuma pour le purifier avant de le relâcher.

Encore sous le choc, Marinette s'effondra sur le sol de sa chambre. Elle se détransforma en entendant quelqu'un monter.

- Marinette ? Tout va bien ?

- Oui, papa. Ce n'est rien, j'ai fait un cauchemar. Je vais me recoucher, dit-elle d'une voix blanche.

- D'accord, bonne nuit, lui répondit-il après un instant d'hésitation avant de refermer la trappe.

La jeune femme ramena ses jambes contre elle, tremblant à l'idée qu'elle était passée tout près de la catastrophe. Tikki jaillit de sa cachette et se colla au visage de sa porteuse.

- Tout va bien, tu es hors de danger maintenant !

- Ce n'est pas dit, Tikki. Le Papillon a dû déjà réaliser que son akuma n'a pas atteint son objectif et qu'il a été purifié avant de pouvoir parasiter sa cible. Il y a de fortes chances pour qu'il sache qui je suis, gémit Marinette.

- Rien n'est moins sûr, affirma le kwami. Le Papillon peut sentir les émotions négatives mais il ne sait rien de ses cibles avant de les infecter. Il pourra toujours supposer que Ladybug patrouillait et qu'elle l'a intercepté par hasard.

- Ce serait un gros hasard, alors.

- Ou de la chance, souligna Tikki avec un clin d'œil.

Marinette sourit à son amie et alla chercher sa boîte à cookies avant de monter sur la terrasse. Elle avait besoin de prendre l'air. Un vent léger soufflait. La nuit était fraîche mais claire. Elle inspira et expira à fond, se remettant de ses émotions. Le kwami rouge dévora un cookie avant de s'enquérir de l'état de sa porteuse.

- Comment te sens-tu, Marinette ?

Accoudé à la rambarde, la jeune femme se frotta un peu les bras avant de répondre.

- Étrangement mieux. Je me sens toujours encore un peu sous le choc de ma crise de tout à l'heure mais l'effraction de l'akuma m'a remis les idées en place. Je pourrais vivre toutes les tragédies possibles, le Papillon ne nous laissera aucun répit. Je me dois de rester forte et déterminée. Sinon, il mettra la main sur nos miraculous et obtiendra le pouvoir absolu. Ce qui n'arrivera pas tant que je serai là.

Tikki se réjouit que sa porteuse reprenne du poil de la bête mais en conçut également de l'inquiétude.

- Et Adrien ? Et tes sentiments pour Chat Noir ? lui demanda-t-elle timidement.

La jeune styliste la regarda avec l'air d'y réfléchir intensément.

- Pour le premier, j'ai déjà eu ma réponse. Alors je n'ai plus qu'à laisser le temps faire son œuvre. Pour le second... si Hassan m'a appris quelque chose, c'est qu'il ne faut pas se précipiter. Je ne souhaite pas prendre de décision hâtive. Ce ne serait respectueux pour personne. Et je tiens trop à lui pour lui infliger ça, expliqua-t-elle avec un triste sourire.

- Donc, pas d'échange hors travail ?

- Non. Pas pour l'instant.


Les semaines suivantes furent difficiles pour Marinette mais beaucoup moins qu'elle ne l'avait envisagé en premier lieu. L'akuma avait été un brutal rappel à la réalité, brutal mais salvateur. La douleur était toujours latente mais supportable. Les larmes lui vinrent de moins en moins souvent aux yeux quand quelque chose lui évoquait son premier amour. Ce qui, dans une école de stylisme avec un mannequin de sa renommée, arrivait souvent. Une affiche par-ci, un spot publicitaire par-là. Un magazine mis sous son nez ou des soupirs d'admirations d'une bande de filles à peine sortie de l'adolescence. Dont elle se souvint faire partie avec une certaine amertume, et avoir fait bien pire que juste gloussé en regardant un magazine. Comme apprendre son emploi du temps par cœur, tapisser les murs de sa chambre de ses photos, regarder en boucle des spots publicitaires etc.

Mais bientôt, elle retrouva le sourire et travailla à son projet de fin d'année avec un enthousiasme renouvelé. Elle griffonnait à foison, faisait du tri, en discutait avec ses professeurs qui montraient un intérêt poli pour certains, une admiration certaine pour d'autres. Le travail lui permit de se remettre sur pied et de retrouver cette joie de vivre qui lui avait manqué ces derniers mois. Elle le réalisait maintenant, à quel point elle avait été l'ombre d'elle-même. Elle se souvenait avec une précision horrifiante les sourires inquiets de ses parents, les messages d'Alya laissés sans réponse auxquels elle envoya un très très long message pour se faire pardonner. Et bien sûr, l'appréhension dans le regard de Tikki dès qu'elle regardait ailleurs.

Cela lui permit de sympathiser avec ses camarades, enfin dans la mesure du possible. Il y régnait une atmosphère de compétition, et très vite, on désigna des cibles à abattre. Marinette découvrit avec dépit qu'elle en faisait partie. Elle n'envisageait pas de vivre sa passion comme quelque chose destructeur. Et certains de ses camarades la voyait comme celle qui leur volait leur chance de réussir. Elle tenta de se réconforter en se disant que malgré ces circonstances désolantes, cela signifiait qu'ils reconnaissaient son talent, même à contrecœur.

Marcia n'était pas du tout dans cet état d'esprit, heureusement. La jeune styliste en éprouva du soulagement. Mais peut-être était-ce lié au fait que sa camarade était elle aussi une cible ? Marinette ne manqua cependant pas cette occasion pour rattraper son comportement depuis la rentrée. Elle en rougissait de honte d'avoir été si... peu elle. Mais c'était du passé et elle décida d'aller de l'avant.

Malgré ces nouvelles réjouissantes, Alya lui manquait beaucoup. Heureusement, elle devait rentrer dans quelques jours pour la semaine de vacances. Elle partagerait sa meilleure amie avec son copain mais elle devrait pouvoir passer du temps ensemble quand même.

- Assez ! Mademoiselle Élise, veuillez revenir me voir que lorsque vous aurez des idées POTABLES !

Marinette sursauta sur sa chaise, et à l'instar de toutes les personnes dans la salle de leur promo, elle se tourna vers le bureau du professeur. Où une de leur camarade se décomposait littéralement sous leurs yeux ébahis. Elle serrait son carnet de croquis contre elle, comme un bouclier contre l'agressivité de l'enseignant.

- Mais monsieur Maréchal ! La semaine dernière, vous me disiez qu'ils étaient très bien !

- Aucune chance ! La médiocrité habite votre trait de crayon, je n'aurais jamais dit une chose pareille ! rétorqua l'orageux professeur. Hors de ma vue !

Élise fondit en larmes et s'enfuit en courant. Sans la moindre hésitation, Marinette la suivit avec la très clairvoyante intuition qu'elle serait une victime idéale pour le Papillon. Si elle avait l'opportunité de prévenir une confrontation, elle ne s'en plaindrait pas. A un croisement, la jeune femme regarda à droite et à gauche. Où pouvait-elle être passée ?! Vite. Vite. Les toilettes, bien sûr ! Elle prit à gauche et s'engouffra dans les toilettes des femmes. Une dizaine de cabines faisaient face à une demi-douzaine de lavabos et de miroirs.

- Élise ! appela Marinette dans l'espoir qu'elle lui réponde.

Elle fut soulagée lorsqu'elle repéra des sanglots derrière l'avant-dernière porte. Elle toqua doucement à la porte.

- Élise, c'est moi, Marinette. Ouvre, s'il te plaît.

- À ton service, Papillon ! lui répondit une voix déformée.

La jeune styliste sentit son sang ne faire qu'un tour. Trop tard. Elle était arrivée trop tard. Sans perdre un instant, elle s'enfuit au moment où la porte de la cabine de la nouvelle victime du Papillon s'ouvrait avec fracas. Elle trouva refuge en face, dans les toilettes des hommes et sortit son portable de son sac à main. Le kwami rouge en sortit, anticipant ses actions.

- C'est le moment d'envoyer un appel à l'aide, dit-elle avec détermination en verrouillant son téléphone. Tikki ! Transforme-moi !

Marinette était déjà sur les starting blocks lorsque sa transformation s'acheva. Elle bondit littéralement dans le couloir où elle traqua le nouvel akumatisé. Élise retournait sur ses pas, en direction de leur classe. Très certainement pour s'en prendre à leur professeur pour le moins indélicat. Lorsqu'elle arriva à la porte, ses craintes furent confirmées. Monsieur Maréchal prenait la pose d'une figure de croquis, droit comme un i, le bras droit replié, la main posée sur sa hanche. Il portait un tutu blanc constellé de strass digne d'un ballet du Lac des Cygnes. Tous ses camarades étaient dans le même état, robe de bal, robe de mariée, smoking de James Bond etc.

- Bonjour, Ladybug ! s'écria la nouvelle Élise. Prends la pose, s'il te plaît ! Tu es à croquer !

L'héroïne bondit en esquivant un projectile griffonné et contrattaqua en lançant son yoyo vers Élise dont l'apparence de vilaine n'aurait pas fait tâche dans un tableau d'Andy Warhol. Elle déplaça une de ses victimes pour faire bouclier. Ladybug ne put arrêter son geste, son arme percuta abruptement un camarade grimé en Jagged Stone. Il ne réagit pas mais bascula sur Élise qui s'écarta vivement et tenta à nouveau de la croquer. Elle griffonna fiévreusement sur son carnet avant de lui envoyer un nouveau projectile. La protectrice de Paris voulut s'écarter mais des camarades qui s'étaient cachés tentèrent leur chance et s'élancèrent vers la porte. Elle fut en proie à un choix cornélien, esquiver et les laisser prendre l'attaque à sa place ou les protéger et risquer d'être neutralisée. Ladybug n'eut même pas à réfléchir, elle lança son yoyo et tira une table pour se protéger. Le projectile se dispersa. Ainsi, elle ne pouvait affecter les objets inanimés. Bon à savoir.

Ses camarades s'enfuirent sans demander leur reste. Elle referma la porte de la salle et chercha un terrain plus dégagé que les couloirs où elle serait une cible facile. Elle sauta par une fenêtre ouverte et atterrit souplement dans la cour. Élise la suivit de près avec un sourire mauvais.

- Alors Ladybug, où est Chat Noir ? Il t'a abandonné pour une héroïne mieux sapée que toi ?!

- Oh ! Il prend juste son temps parce qu'il aime faire des entrées fracassantes. C'est un fanfaron dans son genre, lui répliqua-t-elle presque sur le ton de l'excuse.

Sur sa droite, une ombre féline arriva sur ces entrefaites et exécuta une petite danse avant de prendre une pose digne d'un chanteur de K-pop.

- Pour votre plus grand émerveillement, en exclusivité et sous vos yeux ébahis, Chat Noir ! Un héros nommé désir !

Ladybug soupira tout en riant sous cape. Elle se tourna vers la vilaine avec l'air de dire "Regarde ce que j'endure". Cette dernière était en état de choc devant le petit manège du héros et lui envoya un projectile qu'il esquiva en continuant sa petite danse. L'héroïne dut reconnaître qu'il était bon danseur et faillit perdre sa concentration lorsqu'il exécuta un célèbre moonwalk en enchaînant toute la chorégraphie qui allait avec. Il esquivait effrontément les projectiles d'Élise qui enrageait, insensible au talent du héros.

Avec cette diversion, Ladybug n'eut aucun mal à l'entraver avec son yoyo et la tirer vivement en arrière, lui faisant perdre son carnet de croquis. Chat Noir, sans cesser sa danse, s'en empara et le déchira en deux avant de finir dans une pose victorieuse. Sa partenaire, ébahie devant tant d'aplomb, purifia néanmoins l'akuma.

- Bye bye, petit papillon !

Et c'est une Élise désorientée qui la vit lancer son yoyo en l'air libérant des coccinelles magiques qui rendirent leur forme première à ses camarades et réparèrent instantanément les dégâts causés. Chat Noir acheva sa danse en levant la main initiant un high five que Ladybug compléta.

- Bien joué ! lancèrent-ils ensemble.

Ladybug constata avec une certaine autodérision qu'elle était contente que Chat Noir fasse à nouveau le pitre.

- Aurais-tu cinq minutes à m'accorder, mon chaton ? demanda-t-elle avec un sourire qui s'élargit quand elle vit l'air perdu de son partenaire.


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Déjà une semaine... j'espère que ça vous plaît toujours autant !

A demain /o/

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