Chapitre 6 - À nos amours !


- Eh ben, tu en fais une tête ! lança Nino en s'asseyant à la terrasse d'un café. Tu t'es encore disputé avec ton père ?

- Pourquoi ce serait nécessairement avec mon père ? rétorqua Adrien, l'air moribond, la tête posée sur ses bras croisés.

- Oh ! Alors c'est du côté sentimental ! Attends... avant de continuer cette conversation passionnante, est-ce que Will va nous rejoindre ? demanda-t-il, pas à l'aise.

Son meilleur ami hocha distraitement de la tête. Nino le rejoignit sur la table, tête sur ses bras.

- Tu ne l'apprécies vraiment pas ?

- Ce n'est pas que je ne l'apprécie pas, c'est plus que je n'aime pas de me faire rentrer dans le lard à n'importe quelle occasion par "Mademoiselle Bulldozer".

- Mademoiselle Bulldozer ? J'aime bien ce surnom ! lança joyeusement une voix féminine dans son dos.

Nino sursauta et se retourna tout rouge face à la flamboyante Will qui lui souriait d'un air malicieux. Il tenta de formuler quelques mots d'excuse sans parvenir à être grammaticalement correct. Riant de son désarroi, Will lui tapota l'épaule.

- Détends-toi, je n'ai jamais mordu personne !

Elle prit une chaise et commanda à boire au serveur.

- Vous en faîtes des têtes, constata-t-elle en avisant ses compagnons de table. Qu'est-ce qu'il vous arrive ?

Adrien préféra ne rien dire. Nino releva la tête soutenue par sa main.

- Alya me manque terriblement. Les relations à distance, ça craint !

- Hm... C'est dur, il n'y a aucun doute. Mais si vous arrivez à passer cette épreuve, rien ne pourra vous séparer. Et puis ce n'est pas bientôt les vacances ? Elle devrait revenir, non ? l'encouragea-t-elle.

Nino eut un sourire qui illumina son visage.

- Oui, tu as raison. Et cela fera du bien à beaucoup de monde qu'elle revienne en plus ! approuva-t-il avant de se rendre compte qu'il venait peut-être de faire une boulette.

Will haussa un sourcil, perplexe. Elle remarqua que Nino jeta un rapide coup d'œil à leur ami commun. Sirotant sa limonade, elle eut le temps de faire rapidement un calcul mental. Nino le comprit avec horreur et lui fit désespérément signe de se taire.

- Alya est bien la meilleure amie de Marinette, la fille qui t'a fait une déclaration ?

Le souvenir de cette journée lui était douloureux. Il avait perdu une amie très chère et ne l'avait plus jamais revue depuis. Parfois, dans un instant de faiblesse, il se disait qu'il aurait au moins pu essayer. Marinette était gentille, courageuse et, pour ne rien gâcher, très jolie. Au moins, ses sentiments étaient véritables. Et dans l'instant suivant, il se sermonnait. Ça n'aurait pas été juste pour elle d'espérer alors qu'il pensait à une autre. Depuis la fin du lycée, leur groupe d'amis s'était dispersé et il remarquait son absence avec une acuité coupable lorsqu'il revoyait Nino ou un ancien camarade.

Adrien se redressa lentement, l'air encore plus abattu.

- Merci de toujours mettre les pieds dans le plat, Will, conclut-il en se passant une main sur le visage. Et toi, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Sa camarade d'escrime sembla se ratatiner instantanément à son tour et garda le silence. Chose très inhabituelle. Du doigt, elle traça des lignes sur la table avec la condensation de son verre. Adrien et Nino s'en inquiétèrent.

- Elle s'est fiancée.

Les deux garçons ne comprirent pas tout de suite.

- Et elle m'a demandée d'être son témoin.

- Et ? demanda prudemment son meilleur ami.

- Et j'ai accepté, bien sûr ! Parce que quand elle rayonne de bonheur comme ça, je me vois mal tout gâcher en lui disant non ! s'exclama soudainement la jeune femme, les larmes aux yeux.

A son tour, elle se coucha sur la table, l'air désespéré.

- Pourquoi je tombe toujours amoureuse des personnes qui ne m'aiment pas en retour ? désespéra-t-elle la voix tremblant d'émotion contenue.

Cette plainte trouva un douloureux écho chez Adrien qui jeta distraitement un coup d'œil à son téléphone. Fatigué d'espérer à chaque nouvelle notification qui n'était pas celle qui l'intéressait, il avait tout désactivé pour ne recevoir que celle qu'il attendait. Toujours rien, bien sûr. Trois semaines, trois semaines de silence. Et pas un seul akuma ! Jamais il n'aurait cru autant vouloir que le Papillon parasite quelqu'un, juste pour pouvoir la revoir. Pour revoir son sourire, revoir cette étincelle farouche de détermination dans ses yeux, pour juste la revoir. Il ressentait douloureusement son absence comme un trou noir dans sa poitrine.

Il posa une main sur son épaule et la caressa dans un geste réconfortant. Elle releva la tête et lui sourit avec reconnaissance. D'un revers de main, elle s'essuya les yeux et sortit un mouchoir pour se moucher. Au bruit tout féminin qu'elle fit, il ne put s'empêcher de rire puis il se souvint d'une autre circonstance similaire. Son rire mourut aussitôt et il se gifla intérieurement.

- Et toi ? lui demanda-t-elle. Toujours la même histoire ?

Il grommela en détournant le regard, les mains dans les poches.

- J'ai raté quelque chose ? demanda Nino, interloqué.

- Je... commença Adrien en rassemblant son histoire. J'ai rencontré quelqu'un par hasard lors d'une soirée professionnelle. J'ai eu un coup de foudre, et elle a l'air de m'apprécier mais cela ne va pas au-delà de ça. On se revoit régulièrement mais elle tient à garder ses distances et à compartimenter sa vie privée et professionnelle. Dernièrement, je lui ai donné mon numéro pour qu'on puisse se parler plus souvent et en-dehors du boulot. Mais comme je le craignais, c'est silence radio. Je ne vaux pas mieux que toi, Will.

La jeune femme eut un sourire triste où se mêlaient ironie et compassion. Elle leva son verre pour faire un toast.

- À nos amours contrariées ! lança-t-elle avec un enthousiasme qu'elle était loin de ressentir. Que Cupidon ait pitié de nous !

Les deux garçons trinquèrent avec elle, souriant devant son courage face aux épreuves de la vie. Elle leva son coude avec vivacité puis jeta un coup d'œil à sa montre.

- Je vais devoir vous quitter. On se revoit plus tard dans la semaine ! Bises !

Elle laissa de quoi régler sa note et se leva en les saluant. Nino la regarda partir, encore sous le choc de ses réactions en dent-de-scie.

- Sacrée tornade, commenta-t-il. Rappelle-moi comment vous vous êtes connus déjà ?

- Au cimetière. Sa sœur aînée est enterrée au même endroit que ma mère.

- Ah mince.

- Je venais y mettre des fleurs et elle aussi. Elle m'a tendu une flasque, on a commencé à discuter et voilà. Will était très proche d'elle et disait que sa famille ne s'était jamais tout à fait remise de sa disparition. C'était trop familier pour que je ne lui prête pas une oreille attentive, conclut-il en haussant les épaules.

- C'est fou comme elle paraît plus sympathique quand c'est toi qui parle d'elle !

- T'es vache, elle a un bon fond.

- Ma critique se fait plutôt sur la forme, concéda Nino d'un air entendu. Mais puisque tu l'apprécies, je fais des efforts.

Adrien lui sourit, reconnaissant.

Un bip résonna en même temps qu'il sentit des vibrations émanant de sa poche. N'osant croire ce que cela signifiait, il n'osa bouger le moindre petit doigt. Puis, dans un accès de fébrilité, il sortit précipitamment son téléphone et le consulta.

« LB : Akuma. Cité des Arts. »

Le jeune homme fut à la fois souverainement ravi et eut en même temps le cœur au bord des lèvres. La Cité des Arts, Marinette étudiait là-bas. Il se leva de sa chaise et avisa Nino qui buvait sa boisson.

- C'est elle ?

- Oui, je...

- Va la retrouver. Je paie pour toi, fit son meilleur ami avec un clin d'œil complice.

- Merci, mec ! T'es le meilleur !

Filant à toute allure, il entendit Nino lui répondre « Ouais, je sais » dans son dos. Il connaissait une ruelle non loin de là où il pourrait se transformer tranquillement.

- Maintenant que tu vas la revoir, j'espère que tu vas arrêter de me casser les oreilles avec ta « chère Ladybug », grommela Plagg en sortant de sa cachette.

- Plagg, transforme-moi !

Le kwami noir roula des yeux avant d'être aspiré par l'anneau de son porteur. Il revêtit son habituelle combinaison moulante de cuir noir et s'élança à l'assaut des toits de Paris. Il n'y avait pas une seconde à perdre.


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Déjà six jours que je poste un chapitre tous les soirs ! Pourvu que ça dure ! ^^

A demain ! /o/

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