Chapitre 24 - Vérité

Marinette faisait des recherches en ligne de tissu pour sa collection à la fin de l'année. Elle s'était calée sur sa banquette, enveloppée dans un plaid avec un Adrien très câlin. Son ordinateur portable sur les genoux, elle naviguait d'une main et caressait distraitement les cheveux du jeune homme à moitié allongé contre elle.

Au treizième soupir, la jeune femme abaissa l'écran et le déposa sur sa table de chevet.

-Qu'est-ce qu'il y a, mon cœur ? lui demanda-t-elle en l'embrassant sur les cheveux.

Il eut un frisson avant de presque ronronner de plaisir. Elle se rendit compte de l'expression soucieuse de son compagnon mais attendit patiemment qu'il finisse par lui parler. Si l'héroïne était tout à fait consciente de son caractère borné, il n'était pas en reste.

-Tu sais cette fameuse discussion sur tes préoccupations qu'on a reporté sans arrêt ?

-Tu souhaites l'avoir maintenant ?

Il hocha de la tête.

-D'accord.

La jeune styliste rassembla ses idées avant de prendre une inspiration.

-Je... je me demandais si Papillon ne mettait pas moins de conviction à la tâche qu'auparavant, commença-t-elle.

-Comment ça ?

-Les akumas sont ridiculement faibles et faciles à battre depuis un an à peu près. Et ce n'est pas uniquement parce que nous sommes devenus plus forts. Et puis, les attaques s'espacent de plus en plus. A nos débuts, il devait y en avoir au moins trois par semaine. Aujourd'hui, il n'est pas extraordinaire qu'une semaine passe sans la moindre attaque.

-Tu crois qu'il se fait vieux ?

-Vieux, ou las. Comme nous, fit-elle son menton dans une main.

-Tu te lasses des combats, ma Lady ?

-Pas toi ? lui répondit-elle. J'ai envie d'avoir une vie... normale. Pouvoir partir de Paris du jour au lendemain si je veux, que notre couple s'encroûte dans la routine, avoir la possibilité de faire mon stage de fin d'études à Milan...

Adrien se redressa pour mieux voir Marinette.

-Tant que je suis avec toi, le reste m'importe peu.

Elle lui sourit, sentant une chaleur dans le creux de son ventre se répandre. Elle l'attira à lui et l'embrassa.

-Mais je ne regrette pas que nous nous soyons trouvés, que les choses soient claires, lui assura-t-elle avec un sourire.

Le jeune homme rayonnait avant de reprendre.

-Et donc ? Où est-ce que toutes ces réflexions t'ont mené ?

-Tu ne trouves pas étrange que le Gardien donne d'un coup trois miraculous ? Un, ça passe. Mais trois ? Et pourquoi maintenant ? Pourquoi pas dès le début ? A cinq, ça aurait été plus facile à vivre.

-Il est vrai qu'on dirait qu'il nous manque des informations. Mais je ne connais pas vraiment le Gardien, commenta Adrien.

Toujours le menton dans la main, Marinette tapotait sa joue du bout des doigts.

-Et si... le gardien savait des choses qu'on ignorait à propos du Papillon ?

Adrien se raidit légèrement à l'évocation du nom de leur adversaire. Il craignit un instant qu'elle remarque sa réaction mais l'élue de son cœur était trop absorbée par ses réflexions.

-Pourquoi nous le cacherait-il ? Il a tout intérêt à ce qu'on l'arrête rapidement.

Ses cheveux noir de jais glissèrent de son épaule quand elle tourna la tête vers lui, les yeux écarquillés.

-Ou pas, justement. Erh... je ne sais pas. Il y a quelque chose qui m'échappe dans cette histoire et la traduction du livre qui n'a pas avancé d'un pouce ! se plaignit-elle.

Il voyait clairement les expressions de Ladybug passer sur son visage pendant qu'elle réfléchissait à toute allure à une solution. Adrien n'avait jamais douté qu'elle était intelligente, mais il ne s'était pas rendu compte à quel point être dans la peau de la coccinelle avait développé ses talents.

-C'est le nombre, c'est ça. C'est la force du nombre. Les spécificités de chacun qui peuvent nous apporter la victoire !

Elle se leva soudainement et fit les cent pas dans sa chambre, sous le regard admiratif de son compagnon.

-Réfléchis ! Qu'est-ce qui définit le Papillon ? lança-t-elle soudainement fiévreuse.

Le jeune homme se tourna vers la petite maison de poupées que Marinette avait aménagé pour laisser de l'intimité à leur kwami. Peine perdue s'il s'était attendu à un quelconque soutien de leur part.

Bon, il n'était pas à la ramasse non plus. Il y avait un cerveau sous cette masse de cheveux blonds. Il se prit le menton, l'autre main saisissant son coude, comme il en avait l'habitude quand il portait son masque. Il releva la tête après une rapide analyse.

-Il ne se bat jamais lui-même, il envoie un champion à qui il donne un pouvoir.

-Oui. Et c'est également un miraculous, ne l'oublions pas. Il doit avoir un kwami et ne pouvoir utiliser son pouvoir qu'une seule fois avant sa détransformation.

-Il s'appelle Nooroo, lança Plagg qui se posa sur l'épaule de son porteur.

-Cela fait des siècles qu'il a été perdu, compléta Tikki en se posant à côté de lui.

-On a une idée de l'identité du dernier porteur ?

-C'était un moine tibétain un peu farceur qui a créé -entre autres- un champion que vous connaissez tous, marmonna Plagg.

-Attends, on parle bien du yéti ? s'étonna Adrien en comprenant.

Le kwami du chat noir hocha de la tête.

-Alors il est probable qu'à sa mort, le miraculous a dû rester dans les parages, reprit Marinette dont l'esprit carburait à fond. Tout comme le miraculous du paon et le livre, ajouta-t-elle.

Adrien se sentit nauséeux à l'évocation du dernier miraculous disparu. Qui ne l'était plus tellement puisqu'il s'était souvenu. Il savait où il était. Enfin, il savait où il se trouvait à l'époque. Aujourd'hui, il n'était plus sûr de rien.

Il hésitait. Il hésitait à lui en parler. Mais il n'était sûr de rien, vraiment pas. Cependant, une petite voix dans sa tête lui faisait savoir qu'il usait -encore- du bon vieux déni, qu'il ne voulait pas faire face aux implications de trouver le miraculous du paon là où il s'en souvenait.

Elle lui faisait confiance, c'était sa partenaire, sa compagne, son âme sœur. Il ne pouvait pas ne pas lui dire. Durant tout son dialogue intérieur, il avait suivi le cheminement de pensées de l'héroïne qui continuait à faire les cent pas. Il assista au moment précis où la compréhension se fit dans son regard bleu.

-Le livre... souffla-t-elle avant de croiser son regard.

Il se passa tant de choses dans cet échange visuel, des choses qui ne nécessitaient pas de mots. Elle comprit, elle ne lui en voulait pas. Il comprit, il était dévasté qu'elle en arrive aux mêmes conclusions que lui.

-Mon père, dit-il finalement en se levant à son tour, fait à nouveau partie des suspects.

Marinette avait remarqué une certaine distance de la part de son amour. Bien qu'elle ait paniqué au début en s'imaginant qu'il s'éloignait d'elle, elle comprit bien vite que quelque chose le tracassait. Quelque chose qui le hantait presque au point qu'il n'arrive tout simplement pas à l'exprimer.

-Et il est probablement... le seul suspect, précisa-t-il d'une voix atone. Parce que même s'il a été akumatisé...

-Il a pu faire en sorte de se détransformer avant de s'infecter lui-même, continua Marinette en emmêlant ses doigts dans les siens.

-Pour mieux brouiller les pistes, conclut-il en fermant les yeux.

Elle n'ajouta rien de plus et le prit dans ses bras. Il lui rendit son étreinte dans le même état qu'à leur sortie de l'hôpital.

En état de choc.

À suivre...
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Ce chapitre m'a pris teeeeeeeellement de temps pour l'écrire.
Pour réussir une histoire, il faut savoir comment elle commence et comment elle se termine. Et surtout, SURTOUT, ne pas rater la fin.

D'ordinaire, mes chapitres font le double de longueur mais la quantité ne doit pas nuire à la qualité.

Ce chapitre clôture donc le premier tome de Mensonges et Vérités.

Cette histoire m'est venue à l'esprit sur le rapport au secret que le superhéros entretient en permanence. Il doit mentir pour préserver ses proches alors qu'il défend ardemment des valeurs nobles notamment l'amour, la justice et... la vérité.

Ajoutons à cela l'amour chassé-croisé, les mensonges qu'on se raconte à soi-même pour éviter de douloureuses vérités... et vous comprendrez d'où vient le titre de cette fanfiction.

Il est toujours confortable de se vautrer dans le déni mais seule la vérité libère. Aussi difficile soit-elle à affronter.

À bientôt pour le tome 2.

Ps : cela fait donc un mois que j'ai écrit et publié pratiquement tous les jours \0/

Ps2 : j'ai une autre idée de fanfiction en tête qui ne me lâche pas... je vais très certainement jeter tout ça sur un brouillon et vous le proposer plus tard.

Ps3 : nous sommes le 20 juillet et nous avons passé la barre des 1000 vues ! Merci à vous /o/

PS4 : 1er août 2018 +2200 vues ! Je suis joie *_*

Sarastre

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