Chapitre 20 - L'union fait la force
Adrien avait tout juste eu le temps d'atterrir dans une allée déserte qu'ils se detransformaient.
-Plagg ! Tikki ! De qui elle parlait ? C'est qui le gardien ? s'exclama-t-il paniqué.
-Quelqu'un... qui pourra la soigner, expliqua Tikki en se posant dans la poche de son manteau, affaiblie par le combat.
-Donne-moi à manger et... et je t'y conduirai, murmura Plagg dans le même état que sa consoeur kwami.
Après avoir dévoré un morceau de camembert, il lui donna l'adresse. Une fois renseigné, il appela un taxi où il déposa sa compagne avec toutes les précautions du monde. Fort heureusement, le chauffeur était taciturne et ne lui adressa quasiment pas la parole.
Lorsqu'ils arrivèrent, Adrien aurait enfoncé la porte si elle ne s'était pas ouverte d'elle-même, comme par magie. Il s'engouffra à l'intérieur sans hésitation et fut surpris de tomber dans l'entrée sur un vieil homme aux traits asiatiques, vraisemblablement chinois. La porte se referma dans son dos, puis une créature verte avec une carapace entra dans son champ de vision latérale avant de se poser sur l'épaule du gardien. Celui-ci observait Marinette d'un air soucieux.
-Par ici, Chat Noir.
Il s'écarta et l'invita d'un geste à passer une porte occultée par un rideau. Le héros s'exécuta, rongeant son frein. Il lui montra une couchette où allonger sa compagne inconsciente. Adrien l'y déposa avec toute la délicatesse du monde avant de s'écarter. Le gardien s'agenouilla et examina ses bras. Des rides plissèrent son front.
-La victoire fut coûteuse aujourd'hui, il va falloir que j'use de mon pouvoir. Wayzz, transforme-moi.
Le kwami vert fut aspiré par le bracelet de jade et le gardien revêtit le costume du héros de la tortue. Son masque ressemblait au visage d'un démon chinois.
-Guérison suprême, déclara-t-il sobrement.
Il se mit à rayonner d'une aura verte qui sembla se répandre dans toute la pièce. Lorsque le phénomène cessa, Adrien se sentit étrangement reposé et serein. Le gardien en revanche était à quatre pattes et haletait comme s'il avait couru le cent mètres.
-Tout va bien, Gardien ? s'enquit-il en l'aidant à se relever.
-Merci, mon garçon. Toujours aussi généreux à ce que je vois, fit-il en se détransformant.
-On se connaît ?
Il lui sourit avec bienveillance.
-Allons dans la salle à côté, laissons Ladybug reprendre des forces.
Le kwami dénommé Wayzz couvrit l'héroïne avec une couverture et les suivit. Les jambes un peu tremblantes, le gardien l'emmena dans ce qui devait être une cuisine. Il mit de l'eau à chauffer et sortit une part de pizza qu'il mit au micro-ondes. Une fois chaude, Wayzz se jeta dessus avec une voracité comparable à celle de Plagg avec le camembert. Adrien sortit délicatement le kwami de la coccinelle et la déposa sur la table. Le gardien alla chercher des cookies qu'elle mangea avec reconnaissance.
-Merci, Maître. Est-ce que... ?
-Ses bras sont ressoudés, Tikki. Il n'en paraîtra rien, ne t'en fais pas.
Il tendit le bras et lui caressa doucement la tête. La bouilloire se mit à siffler, il se leva pour verser l'eau chaude dans une vieille théière. Puis il sortit trois tasses avant de s'asseoir. Le vieil homme se passa les mains sur le visage avant d'encourager le héros à prendre la parole.
-Je suppose que tu as beaucoup de questions.
-Qui êtes-vous ? Comment cela se fait que vous ayez un miraculous ? Et pourquoi je n'ai pas entendu parler de vous alors que Marinette était au courant ?
-Je suis maître Fu, dernier représentant des Gardiens. Notre ordre a veillé sur les miraculous pendant des millénaires et a choisi avec soin les mortels à qui les confier pour les élever au rang de héros.
Il versa le thé dans les trois tasses. Il en réserva une pour son kwami, proposa la seconde à Adrien et prit la troisième qu'il but avec joie.
-C'est vous qui m'avez donné la bague de Chat Noir ?
-Oui, tu voulais aller au collège et tu as sacrifié cette chance pour m'aider, moi, un vieil homme en difficulté auquel tout le monde était indifférent. La marque d'un coeur pur et généreux.
-Et je suppose que vous avez également donné ses boucles d'oreilles à Marinette de la même manière.
-On ne peut rien te cacher. Pour mon miraculous, c'est une nécessité. Je suis seul et dois veiller à la sécurité des autres.
-Les autres ?
-Bien que vous soyez les porteurs des deux plus puissants artefacts, il en existe d'autres. Juste en-dessous de vous en terme de puissance se trouvent les miraculous du papillon que vous connaissez déjà, celui du renard, de la tortue -le mien, de l'abeille et du paon qui est malheureusement perdu. Et il y a encore ceux de troisième rang mais c'est une autre histoire.
Le paon... cela lui évoquait quelque chose mais plus il y pensait moins il s'en souvenait.
-Pour répondre à ta dernière question, Marinette me connaît parce qu'elle m'a apporté le livre des anciens. Un compendium de toutes les connaissances que nous avons sur les héros du passé et leurs pouvoirs. Un livre qu'elle a rendu à ton père pour te permettre d'aller au collège, lui expliqua-t-il en se reservant en thé.
Adrien cligna des yeux en se remémorant cet épisode. Il se retourna pour regarder la silhouette allongée de Marinette.
-Je ne savais pas que c'était elle qui l'avait récupéré.
Il réalisait peu à peu tout ce qu'elle avait fait pour lui durant toutes ces années. Sa reconnaissance n'eut d'égale que son amour pour elle.
-Si. Mais j'ai pu en faire une copie que j'étudie afin de le déchiffrer.
-Pourquoi ne m'avez-vous pas contacté ?
-Tu ne m'écoutes pas, mon garçon ? Je suis le dernier gardien et je n'ai pas encore d'apprenti pour prendre ma suite. Il est dangereux que vous sachiez qui je suis et où je me trouve avec des objets de grands pouvoirs. La même raison pour laquelle, Ladybug et toi-même ne deviez pas vous révéler, dit-il avec un ton sévère.
-C'était un accident, se justifia le héros, comme un enfant pris en faute.
Maître Fu lui sourit, plissant ses yeux avec indulgence. Pendant ce temps, les kwamis s'étaient isolés dans un coin pour discuter entre eux.
-Je sais. Ladybug m'a déjà tout expliqué. De toute façon, la coccinelle et le chat ne sont jamais restés très longtemps des étrangers l'un pour l'autre. Le karma a une façon bien à lui de s'accomplir.
-Comment cela ?
-Vos miraculous sont si puissants parce qu'ils ont crées en même temps, ils entrent en synergie, si tu veux. Si je devais faire une comparaison, un miraculous de deuxième rang pourrait s'en sortir face à l'un de vous en combat singulier. Ceux-là ont été pensé pour être solitaires, enfin... sauf l'abeille. Mais il a une histoire un peu particulière. Ensemble, vous êtes quasiment invincibles. Il n'est pas étonnant que les porteurs aient toujours été si proches, souvent amoureux.
Adrien intégrait petit à petit tout ce que le gardien lui révélait.
-Mais pourquoi avoir confié ces miraculous à des enfants de quatorze ans ? C'est totalement irresponsable ! Ne vous méprenez pas, ça a été le plus beau jour de ma vie. Sans cela, je n'aurais jamais rencontré Marinette mais...
-Parce qu'un coeur pur, sincère et généreux est rare à l'âge adulte, déclara Maître Fu avec tristesse. Trop de choses altèrent votre... innocence, votre envie de vivre et l'amour de votre prochain. Toutes ces choses auxquelles on demande à l'adolescent de renoncer pour devenir un "adulte accompli". L'âme semble perdre sa "souplesse", sa résilience à pouvoir changer et sa capacité à aimer sans craindre de souffrir. Et à renoncer à la souffrance.
-Renoncer à la souffrance ?
Maître Fu sembla prendra dix ans de plus lorsqu'il soupira.
-Les miraculous sont des artefacts de bien, Adrien. Le papillon élève des champions pour combattre le mal quelle que soit sa forme. Aujourd'hui, il est porté par un homme plein de souffrance et de colère. Pour rien au monde, il ne renoncera à sa poursuite du pouvoir. C'est pour ça que l'amour que vous vous portez est une lame à double tranchant. L'un comme l'autre, vous pouvez sombrer dans la souffrance et devenir un nouveau papillon.
-Jamais de la vie.
Ils se retournèrent pour voir Marinette, un peu pâle, sur le pas de la porte. Adrien se leva vers elle, inquiet.
-Est-ce que ça va ?
La jeune femme lui sourit et lui montra ses bras qu'elle bougea sans problème.
-Comme tu peux le constater. Merci, Maître, dit-elle en s'adressant au gardien.
-Je t'en prie, Ladybug.
-Nous n'allons pas abusé plus longtemps de votre hospitalité, maître, commença-t-elle en faisant mine de partir.
-Un instant, je vous prie.
Ils s'arrêtèrent, attendant que le vieil homme parle. Wayzz vint se poser sur l'épaule de son porteur et lui caressa sa joue avec tendresse. Ne semblant pas vouloir prendre la parole tout de suite, les deux héros s'assirent à la table.
Lorsque le gardien releva la tête, il avait pris une expression solennelle.
-J'y réfléchis depuis un moment et les événements d'aujourd'hui me semblent être le signe que j'attendais.
Adrien jeta un regard à Marinette qui ne comprenait pas plus que lui.
-Je vais choisir d'autres héros pour vous soutenir dans votre combat contre le Papillon, déclara-t-il.
Ils en restèrent abasourdis. La jeune femme se leva en repoussant sa chaise.
-Maître ! Ce n'est que la première fois que je suis obligée de venir vous voir ! protesta Marinette. Cela ne justifie pas d'exposer d'autres miraculous pour qu'ils tombent aux mains du Papillon !
-Oui, je le sais bien. Mais tu as eu de la chance jusqu'à maintenant, fit-il avant de rire et de lui faire un clin d'oeil malicieux. Mais les augures me disent que la fin approche, et que vous aurez besoin de toute l'aide disponible.
Passant sa main dans son dos pour rasséréner sa compagne, Adrien ne put qu'hocher de la tête. Il venait à peine de le rencontrer, il se voyait mal prendre position comme elle l'avait fait. Elle se rassit enfin et soupira.
-Je vous ai fait confiance, douterais-tu de mes compétences ?
-Non, maître, non. C'est juste que... c'est un honneur et un fardeau. Nous avons eu le temps de nous y faire, mais nous avons été seuls et démunis en ignorant l'identité de l'autre. Nous aurions pu nous soutenir mutuellement au qotidien dans la tâche à accomplir, déclara Marinette.
Le héros cligna à plusieurs reprises. Est-ce qu'elle était en train de dire ce qu'elle était en train de dire ?
-Tu voudrais pouvoir révéler ton identité aux nouveaux élus ? demanda Maître Fu en exprimant les pensées d'Adrien.
-Un secret nous protège jusqu'à ce qu'il nous tue, dit-elle, un peu sombre. Il nous faudrait pouvoir veiller les uns sur les autres. Leur vie va considérablement se compliquer dès lors qu'ils devront renoncer à une partie. Nous serons leurs mentors et nous les guiderons mais cela me semble plus censé ainsi. La confiance est essentielle.
-Et tu voudrais les prendre sous ton aile ? continua le gardien, amusé.
-Bien évidemment. Enfin, se reprit-elle en se tournant vers son compagnon, si tu es d'accord.
-Ton idée est excellente, lui sourit-il. Je pourrais leur enseigner l'art des jeux de mots ! Aïe !
Nouvelle pichenette dans le front de la part de sa chère et tendre.
-N'y pense même pas, le menaça-t-elle, un sourire en coin.
Maître Fu retourna dans la pièce principale et en revint avec trois boîtiers noirs, semblables à ceux que les jeunes adultes avaient reçu. Wayzz se posa sur la table et regarda le gardien avec émotion.
-Vous êtes certain, maître ?
-Certain, Wayzz. Il est temps que la tortue change de porteur. Tu me manqueras, mon ami.
Il caressa la tête du kwami puis retira son bracelet, le kwami vert disparut soudainement.
-Wayzz, je renonce à toi, déclara-t-il solennellement en remettant le bijou dans son écrin.
Les deux héros étaient muets de stupeur.
-Mais maître, comment allez-vous vous défendre sans votre miraculous ? s'inquiéta Marinette.
-J'ai d'autres ressources, ne t'inquiète pas, lui dit-il en souriant.
Il leur tendit les boîtiers.
-Je n'ai pas été tout à fait honnête avec vous, confessa-t-il. J'ai déjà choisi les porteurs.
Ils écarquillèrent les yeux de surprise.
-Et vous les connaissez, c'est pourquoi vous allez les leur remettre. Le collier du renard s'accorde avec les personnalités facétieuses. Le bracelet de la tortue apprécie les esprits sereins. Et le peigne de l'abeille préfère de loin les êtres "piquants". Cela vous évoque-t-il quelqu'un ?
Le visage d'Adrien se décomposa instantanément.
-Non, pas elle. Pitié, elle va me rendre la vie impossible ! Encore plus !
Marinette le regarda, intriguée.
-A qui tu penses ?
Il la regarda comme un supplicié.
-A ton avis, qui n'a pas sa langue dans sa poche et fait toujours "mouche" ?
Les lèvres de sa compagne s'arrondirent en un "o" parfait avant de plaquer sa main pour retenir son rire.
-Merci pour le soutien, ma Lady, fit-il, vexé.
-Non mais j'imaginais juste ta tête quand je te dirais à qui je pensais pour le Renard.
-Ah ? Qui ?
Elle lui dit le nom, et il écrasa sa tête sur la table dans un gros "bong". Marinette hurla de rire accompagnée de Plagg qui ne manquait jamais une occasion pour rire aux dépens de son porteur.
-D'accord, mais je pense savoir à qui confier la tortue et il sera dans mon camp, lui ! répliqua-t-il.
-On sera quand même plus nombreuses. Girl power, mec ! lui dit-elle dans un clin d'oeil en lui tirant la langue.
-Bien, je vois que vous recoupez mes choix. Je vous fais confiance pour prendre la suite, conclut le gardien en souriant.
Ils se levèrent et partirent, prévoyant déjà comment donner les miraculous aux prochains proteurs.
Cette nuit-là, Adrien dormait très mal en se retournant sans arrêt. Soudain, il se réveilla en nage, une expression d'horreur sur le visage. Plagg, inquiet, vint le voir.
-Ça va pas, Adrien ?
-Plagg, je sais où est le miraculous du paon. Je m'en souviens...
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Tantantaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan ! /o/
L'attente en valait-il la peine ? =3
Merci de m'avoir lu jusque là et à bientôt >:D
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