Chapitre 15 - À coeur ouvert

Après avoir passé cinq minutes à s'envoyer des coussins. Ou plus exactement, après qu'Adrien ait passé cinq minutes à se faire victimiser par Marinette, ils purent reprendre leur conversation entre gens civilisés.

-Aïe ! Arrête ou j'utilise Cataclysme !

-Mon miraculous pourra tout remettre en place et je continuerai ! Alors économise l'énergie de ce pauvre Plagg !

Enfin, presque civilisés. Comme répondant à un appel, le kwami noir surgit de nulle part pour acquiescer.

-Tout à fait ! Je dirais même plus que c'est honteux de me laisser sans vivres !

Adrien fusilla son kwami du regard.

-Je te signale que la moitié de mon frigo est réservé au stockage de camembert...

-Justement ! Ils s'affinent mieux à l'air libre et température ambiante ! Et moi qui pensais que tu apprendrais une chose ou deux sur l'affinage après toutes ces années. Mais tu es perdu pour la cause camembérienne, se désola-t-il.

-Bonjour, Plagg, fit Marinette amusée.

-Ah, enchanté, Ladybug ! Ravi de faire enfin ta connaissance.

-Bonjour, Adrien, fit Tikki en sortant à son tour.

Ce dernier sourit devant le kwami rouge à pois noirs, cela devait lui évoquer le costume d'une certaine personne.

-Tikki, Plagg ? Puisque vous êtes là, comment cela s'est passé pour nos prédécesseurs ? Est-ce déjà arrivé qu'ils connaissent leur identité ? demanda Marinette.

Les deux créatures se regardèrent, l'air de converser par un moyen inconnu de leur porteur.

-C'est déjà arrivé par le passé, en de rares occasions, confirma Plagg. Mais...

-Mais cela n'arrivait que lors d'évènements tragiques, continua Tikki.

-Comme la mort, précisa le kwami noir. Mais il ne faut pas vous en faire pour si peu. Adrien a raison sur un point, cela me facilitera la vie. Tu n'imagines pas ce que j'ai enduré pendant toutes ces années ! Ladybug par-ci, ladybug par-là ! Eh !

Adrien tentait d'attraper Plagg pour le faire taire. Tikki eut un petit rire partagé avec sa porteuse. Marinette eut soudainement des sueurs froides et jeta un regard au kwami qui lui fit signe qu'elle ne dirait rien sur ses propres « Adrien par-ci ! Adrien par-là ! ».

-Bon, soupira la jeune femme, que je le regrette ou non, ce qui est fait est fait.

-Exactement, renchérit Adrien avec une étincelle victorieuse dans le regard.

Il la saisit par la taille et l'attira à lui avant de l'embrasser avec fougue. Marinette fut surprise sur le moment avant de lui répondre avec un soupir de contentement.

-Beuargh ! Je m'en vais, c'est dégoûtant ! fit Plagg avant de foncer vers le frigo.

Tikki émit un rire puis reprit :

-Tant que le secret de vos identités reste entre vous, cela devrait aller.

Sur ces bonnes paroles, le kwami partit en quête d'un cookie ou deux.

- Dis, commença le jeune homme contre ses lèvres. Ce n'était pas ta première fois, je me trompe ?

S'arrachant à son étreinte, Marinette écarquilla les yeux puis les détourna. Elle reprit à son compte le tic d'Adrien, elle se frotta la nuque de la main.

-Non. En effet.

Elle anticipait son jugement mais il ne fit aucune remarque. Il affichait une expression curieuse.

-L'été dernier s'annonçait horrible, alors j'ai fait la seule chose qu'une jeune fille au cœur brisé tout juste majeure est en droit de faire.

-Se farcir de crème glacée devant Bridget Jones ?

-Noyer son chagrin au fond d'une bouteille de rhum, répondit-elle, pas du tout fière. Aux alentours du 14 juillet, j'ai rencontré Alvaro. Il noyait son propre chagrin dans une bouteille de vodka. Il venait de se faire plaquer par sa copine. Deux cœurs brisés, nous nous sommes mutuellement réconfortés le temps que ça nous convenait. L'été passa d'horrible à supportable. Puis il y a eu Hassan, mais il n'y a pas grand-chose à en dire.

Elle était mal à l'aise d'avoir parlé de ses expériences passées.

-Et toi ? lança-t-elle pour ne plus être sous le feu des projecteurs.

-C'était ma première fois.

Marinette trébucha et elle le regarda, abasourdie.

-Vraiment ?!

-Vraiment.

-Waouh.

L'onomatopée fit naître un petit sourire satisfait aux coins des lèvres d'Adrien.

-Quoi ? Ne fais pas l'étonnée. Quand tu es mannequin et plutôt bien fait de ta personne -tu en conviendras, ce ne sont pas forcément les occasions qui manquent. Mais aucune ne m'en a jamais donné envie. Sauf toi.

-Ok, je me sens nulle, maintenant, fit-elle en se couvrant le visage des deux mains.

-Pourquoi ? lui demanda-t-il en la prenant tendrement dans ses bras.

-Parce que tu n'as pas été le premier, gémit-elle contre lui.

Il eut un rire de gorge amusé.

-Oh tu sais, tant que je suis le dernier...

Marinette s'écarta à nouveau de lui et scruta son visage, soupçonneuse.

-Qu'est-ce que tu entends par là ?

-Revenons-en d'abord à nos chatons, fit-il visiblement satisfait de son effet. On est d'accord pour dire qu'on sort ensemble ?

-Je suppose, oui.

Ce fut son tour d'afficher un air soupçonneux.

-Comment ça « je suppose, oui » ?

-Adrien, comment je suis censée expliquer à mon entourage que le mec qui m'a brisé le cœur et que je me suis efforcée d'oublier s'est soudainement jeté dans mes bras en me vouant un amour éternel suite à une révélation divine ?

-Cela me paraît pas mal comme explication, dit-il en se prenant le menton.

Elle lui fit une moue boudeuse. Adrien leva les mains en l'air.

-Eh ! C'est plutôt vrai quand on y regarde de près. Ces derniers mois, je pensais beaucoup à toi. Tu me manquais mais je ne savais pas à quel point. Ce n'est qu'hier que je me suis rendu compte à quel point tu me plaisais. En même temps, c'était l'une des rares fois où tu me parlais sans rougir, ni bafouiller.

Marinette lui donna une pichenette dans le nez.

-Aïe ! Ecoute-moi jusqu'au bout. J'ai vu la « vraie » Marinette hier, et je pense, un peu de Ladybug. Tu ne m'as jamais laissé voir que la jeune fille maladroite et timide. Pas la jeune femme brave, courageuse et sûre d'elle. Et au vu de nos dernières conversations en ligne, entreprenante. Aïe ! C'est fini, oui ?!

La jeune femme avait les joues rosies, et une pensée lui vint.

-J'ai l'impression que c'est un peu pareil pour moi. Chat Noir est si sûr de lui, blagueur et dragueur. Il me paraissait être juste un fanfaron qui flirtait avec Ladybug comme il l'aurait fait avec n'importe quelle autre. Cette fameuse Saint-Valentin m'a fait reconsidérer les choses. C'est là que j'ai réalisé que tu étais sincère, et je suis désolée de t'avoir blessé.

Le jeune homme la regardait avec ses yeux verts envoûtants. Il semblait détailler chaque parcelle de son visage pour le graver dans sa mémoire.

-C'est du passé. Nous portions tous les deux des masques à ce moment-là, nous avons grandi et mûri. J'espère, rit-il.

Ils joignirent leur front.

-Et du coup, pourquoi soudainement ce rentre-dedans monstre ? lança-t-il avec un amusement évident.

-Tu t'es juré de me mettre mal à l'aise, hein ?

Elle soupira et se passa une main dans les cheveux.

-Mon projet étant de passer à autre chose, la seule autre personne pour qui j'avais de l'affection et à qui je faisais une confiance aveugle... C'était Chat Noir. Ça peut sonner comme lot de consolation mais je ne l'envisageais pas du tout ainsi. Même si je n'avais pas vraiment songé au côté pratique.

-Du genre ?

-Du genre, comment préserver notre identité secrète tout en partageant un moment d'intimité. Par exemple.

-En éteignant la lumière ? suggéra-t-il malicieusement.

-Tu vois ce que je veux dire...

Adrien eut un sourire rêveur et acquiesça.

-La nuit, tous les chats sont gris, ma Lady.

Il attrapa sa main avant qu'elle ne lui envoie une autre pichenette et l'embrassa un peu trop sensuellement pour être innocent.

-Adrien... tu m'en veux ? demanda-t-elle, craintive.

Il secoua la tête.

-Pourquoi je t'en voudrais ? Tu es allée chercher de l'affection où tu pouvais en trouver. J'ai été plutôt chanceux, pour une fois. Tu t'es tournée à la fois vers Chat Noir et Adrien qui ne sont qu'un. Ça veut dire que tu m'aimes pour tout ce que je suis.

-Ah ? J'ai dit que je t'aimais ? fit-elle innocemment.

Il se pencha pour parler à son oreille :

-La nuit dernière, tu l'as dit à plusieurs reprises. À moins que tu ne veuilles que je te refraichisse la mémoire ?

Marinette rougit violemment, les lèvres pincées.

-Au fait, j'ai gagné le défi, lança-t-il de but en blanc.

-Pardon ?

-On avait dit que tu faisais les blagues et que j'étais sérieux. Et c'est toi qui es sortie du rôle la première.

Abasourdie, la jeune femme n'en revenait pas qu'il ramène ce sujet sur la table.

-Le défi n'est-il pas annulé au vu de la situation ? demanda-t-elle, perplexe.

-Il n'y avait pas de clause particulière concernant la révélation de nos identités alors c'est toujours valable ! argua-t-il fier comme un paon.

Marinette était un peu perdue.

-Pourquoi y tiens-tu tant ? On a largement dépassé le stade du "baiser", il me semble, non ?

-C'est vrai mais c'est pour le principe. Et pour ton information, j'aurais fait en sorte de perdre sans hier soir.

La protectrice de Paris n'en fut pas plus émue que ça. C'était prévisible.

-Et je l'aurais fait pour savoir quelles étaient tes fleurs préférés.

Elle écarquilla les yeux. Ça, c'était inattendu.

-Pas mon prénom ?

-Non, répondit-il avec un sourire. Je savais que tu tenais à garder ton identité secrète. Je voulais que tu me le dises de ton plein gré, pas te l'arracher. J'étais déjà très heureux que tu fasses un énorme pas en avant, un pas vers moi. Alors je ne voulais pas pousser ma chance. Et comme ça, j'aurais pu t'offrir des fleurs dès que j'en avais la poss-mmmphf !

Marinette l'embrassa avec fougue. Si c'était encore possible, il venait de la faire tomber encore plus amoureuse de lui que jamais. Elle lui offrit un sourire radieux lorsqu'elle lui permit de respirer.

-Les pivoines, dit-elle radieuse.

Haletant un peu, Adrien ne comprit pas tout de suite.

-Les pivoines sont mes fleurs préférés, précisa-t-elle.

Le jeune homme était aux anges.

-Parce que tu rougis comme une pivoine ? Aïeuh !

-Moque-toi, va ! Tu riras moins quand je mettrais Alya au courant.

Elle ne se put retenir de rire en voyant le visage décomposé de son copain. Cela lui fit bizarre d'associer "Adrien" et "copain" dans la même phrase. C'était un rêve devenu réalité auquel elle peinait encore à croire. C'était si récent, tout s'était enchaîné de manière si brutale et si rapide. Il lui faudrait du temps pour se remettre de ses émotions.

-Marinette ? On est vraiment obligé d'en parler à Alya ? demanda-t-il, blanc comme un linge.

-Si tu le dis à Nino, elle finira par l'apprendre. Et puis Will ne manquera pas une occasion pareille pour t'embêter, souligna-t-elle comme une évidence.

Adrien lui prit les épaules et la fixa de ses beaux yeux verts habités par la panique.

-Si tu m'aides à dissimuler son corps, ce ne sera plus un problème, déclara-t-il d'un ton grave.

Marinette pouffa de rire.

-Tu crains tant que ça la réaction d'Alya ?

-Je préférai affronter le Papillon qu'Alya ! affirma-t-il sans détour. Je t'ai brisé le coeur et je me mets à sortir avec toi moins d'un an après ? Elle va me prendre entre quatre yeux et me les arracher, les faire frire et me les faire manger si je ne t'épouse pas dans la seconde qui suit et que je ne te fais pas une myriade d'enfants. Et encore, même à ce moment-là, elle se réservera le droit de m'exécuter si je ne te rends pas super heureuse. Et pas juste heureuse, hein ! SUPER heureuse !

Il faisait les cents pas en gesticulant sous l'oeil amusé de Marinette.

-Enfin, s'arrêta-t-il en se tournant vers elle. C'était mon projet. Enfin, non ! Enfin... Si mais pas tout de suite ! Euh, je veux dire que si, je veux te rendre super heureuse dès maintenant. Mais pour le mariage et les enfants, ça peut attendre. Oh non ! Et maintenant que je l'ai dit à voix haute, tu vas flipper, t'enfuir et me jeter !

Il tomba à genoux et la prit par la taille, enfouissant son visage dans la peau tendre de son ventre. Elle lui caressa ses mèches blondes avec douceur. Il leva des yeux craintifs vers elle.

-Emma, Louis et Auguste, dit-elle avec un grand sourire.

Il cligna des yeux, réalisant peu à peu ce qu'elle venait de dire.

-Un chien et un hamster.

Il rit en la regardant avec adoration.

-Heureux de constater que tu es au moins aussi névrosée que moi, conclut-il avec amusement.

-Si tu savais...

Adrien haussa un sourcil avec curiosité mais Marinette ne lui laissa pas le temps de parler.

-Si tu ne souhaites pas qu'on se cache, il faudra en parler à tout le monde. Même Alya, insista-t-elle avec compassion.

Il se releva en soupirant comme un condamné à mort. Le jeune homme sembla réaliser quelque chose et eut un sourire goguenard.

-Donc, il faudra aussi que j'en parle à mon père ? demanda-t-il avec un grand sourire.

Marinette eut elle aussi soudainement envie d'affronter le Papillon plutôt que son idole et potentiel futur beau-père.

-Alors tu apprendras qu'une tombe déjà creusée est le parfait endroit pour se débarrasser d'un corps ni vu, ni connu. Comme tu aimes beaucoup Will, je peux m'occuper de lui donner le coup fatal. Ça me fait plaisir.

Adrien l'embrassa avec douceur.

-On est ensemble, princesse. À nous deux, rien ne peut nous résister, affirma-t-il en la regardant dans les yeux.

-Rien, sauf Alya et ton père, hein ?

Il lâcha un long soupir, exprimant toute sa résignation.

-Il y a donc des choses que mon catalysme et ton lucky charm ne peuvent résoudre, dit-il avec philosophie. Je ne l'aurais pas parié.

________________________________________
Fin de la groooosse discussion ^^
Mais qu'est-ce qui va donc un peu se passer pour la suite ?
Vous le verrez dans le prochain chapitre de Mensonges et vérités >:3

Merci de m'avoir lu /0/

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top